Texte intégral
FRÉDÉRIC RIVIERE
Bonjour Olivier DUSSOPT.
OLIVIER DUSSOPT
Bonjour.
FREDERIC RIVIERE
Le ministère de l'Intérieur a lancé un appel à la vigilance face à de possibles actes de vengeance après la mort du chef de Daesh, Abou BAKR Al-BAGHDADI. Le gouvernement a de bonnes raisons de penser qu'aujourd'hui la France pourrait être une cible prioritaire ?
OLIVIER DUSSOPT
Le gouvernement a de bonnes raisons, et malheureusement l'actualité, le travail des services, l'ont démontré. Le chef de l'Etat l'a dit, la disparition du chef autoproclamé d'un califat tout aussi autoproclamé, est un pas important dans la lutte contre Daesh, mais ça n'est qu'une étape, et donc nous devons les uns et les autres restés mobilisés et continuer cette lutte là au Levant, mais aussi par la vigilance sur notre territoire.
FREDERIC RIVIERE
On entend des analyses extrêmement différentes, certains parlent de véritable coup dur, d'autres disent qu'au fond ça ne va pas changer grand-chose, qu'un autre chef va émerger très vite et que la capacité de nuisance de l'Etat islamique ne sera pas tellement diminuée. Quelle est votre analyse, à vous ?
OLIVIER DUSSOPT
Les jours et les semaines prochaines nous le diront, mais je pense que ce qui compte c'est la vigilance, c'est de faire attention et de ne pas considérer effectivement que la disparition d'un homme signifie la fin de cette bataille.
FREDERIC RIVIERE
Le trafic à la SNCF va une nouvelle fois être très perturbé aujourd'hui, notamment pour les trains qui doivent se diriger vers l'Ouest, en raison d'un mouvement de grève. Est-ce que c'est le gouvernement qui ne sait pas bien dialoguer ou est-ce que se sont les syndicats qui abusent du droit de grève ou parfois du droit de retrait ?
OLIVIER DUSSOPT
Nous avons vu dans les semaines précédentes que le droit de retrait était parfois contourné, et cela a donné lieu à des grèves sauvages, en tout cas organisées, mais sans dépôt de préavis, ce qui a posé des problèmes assez incommensurables aux usagers. Aujourd'hui les choses se poursuivent. Il y a une forme d'incompréhension. D'incompréhension, car nous travaillons notamment sur la question de la réforme des retraites. Le président de la République s'est exprimé, le Premier ministre aussi. Nous prenons le temps de la concertation, nous prenons le temps de discuter pour construire un système universel de retraites, et construire la période de transition, pour faire en sorte que chacun des 42 régimes de retraite, puisse converger vers cette maison commune, vers ce système commun. Et aujourd'hui nous sommes face à des mouvements, le mouvement de grève, avant même que les choses soient posées, avant même que les choses soient définies et avant même que les discussions de fond aient véritablement commencé, sur cette transition-là…
FREDERIC RIVIERE
En l'occurrence, là c'est un conflit précis, qui concerne un centre de maintenance. Ça n'est pas spécifiquement la question des retraites.
OLIVIER DUSSOPT
Oui, mais ça relève d'opérations…
FREDERIC RIVIERE
C'est en arrière-plan, mais…
OLIVIER DUSSOPT
Ça relève d'opérations perlées, et lorsqu'on écoute les déclarations de certains responsables syndicaux, y compris très locaux, ou en tout cas dans ces équipes-là, on sent bien qu'il y a derrière le discours local, une perspective nationale, et la volonté de mener un combat essentiellement politique contre le gouvernement.
FREDERIC RIVIERE
Oui, vous dites que vous prenez le temps du dialogue, le temps de la concertation, pourtant on voit que les relations sont tendues, donc ce sont les syndicats de la SNCF, en tout cas certains syndicats, qui ne jouent pas le jeu et qui sont dans une forme de radicalité ?
OLIVIER DUSSOPT
Je pense que parfois c'est le cas, mais surtout je pense que sur la question des retraites, il y a un caractère assez anxiogène aux réformes, et c'est assez logique, puisque finalement, des réformes des retraites il y en a eu de nombreuses. Une, parfois plus par quinquennat, à chaque fois ça a été des réformes présentées comme la dernière réforme, mais en réalité ça n'a jamais été une réforme systémique. Aujourd'hui, nous proposons de construire un nouveau modèle de retraite, un nouveau modèle de système de retraite, avec des assurances, le fait qu'aucun retraité actuel ne soit concerné. Le fait qu'aucun actif à moins de 5 ans de la retraite, de son départ à la retraite, ne soit concerné aussi. Avec la volonté de garantir l'égalité, parce qu'aujourd'hui nous avons un système qui défavorise les femmes, qui défavorise les carrières hachées ou marquée par des formes de précarité. La volonté de faire en sorte qu'un euro cotisé puisse rapporter le même niveau de pension, à chacun des assurés, à chacun des cotisants. Cela prend du temps, c'est un changement qui est extrêmement important et pour lequel nous devons d'abord poser, c'est ce que nous ferons dans quelques mois, les bases du système universel, construire les transitions, et emmener, génération après génération, l'ensemble des Français vers ce nouveau modèle.
FREDERIC RIVIERE
L'examen du projet de loi de finances est en cours à l'Assemblée nationale, les discussions doivent durer à peu près jusqu'à Noël, 9 milliards d'euros de réduction d'impôts sont prévus l'année prochaine, notamment via la baisse de 5 milliards de l'impôt sur le revenu, qu'Emmanuel MACRON avait annoncé après le Grand débat. Ce sont les classes moyennes et les classes moyennes supérieures qui vont le plus profiter de ce projet de loi de finances, autrement dit vous visez d'abord les Français qui paient des impôts, par conséquent les plus pauvres bénéficieront le moins du PLF.
OLIVIER DUSSOPT
Vous savez, quand on diminue les impôts, on diminue les impôts de ceux qui en paient, c'est une forme de logique absolue…
FREDERIC RIVIERE
Une Lapalissade, en effet.
OLIVIER DUSSOPT
Une forme de Lapalissade, effectivement, mais au-delà de cela, c'est un effort sans précédent que nous faisons en matière de baisse d'impôts. Sur la durée du quinquennat, ce sont 40 milliards d'euros de baisses d'impôts, à peu près 13 milliards pour les entreprises, 25 à 27 milliards pour les ménages, parce qu'il y a des baisses d'impôts sur le revenu, parce qu'il y a la baisse et la suppression progressive de la taxe d'habitation. Pour les Français les plus modestes, celles et ceux qui ne paient pas d'impôts, qui parfois paient la taxe d'habitation, et elle est en train de disparaître, parfois en sont exonérés. Nous avons aussi des actions qui sont fortes dans d'autres domaines, je pense par exemple, pour ceux qui relèvent des minimas sociaux, que ce soit l'allocation adulte handicapé, que ce soit le minimum vieillesse, des revalorisations comme il n'en est jamais arrivé jusqu'à présent. C'est aussi pour ceux qui travaillent et qui ont des niveaux de revenus relativement modestes, le fait que nous ayons énormément augmenté la prime d'activité, là aussi dans des considérations qui n'avaient jamais été connues, puisque la prime d'activité « va coûter à l'Etat », plus de 4 milliards d'euros, alors qu'elle ne coûtait les quelques centaines de millions d'euros, il y a un peu plus de 2 ans. C'est la démonstration que même pour celles et ceux qui ne paient pas d'impôts, ce que nous mettons en oeuvre au travers de la Loi de finances, au travers de la Loi de financement de la Sécurité sociale, est de nature à augmenter le pouvoir d'achat, et d'ailleurs les différents indices, les différentes études, le démontrent, tant en 2019 que 2020, se caractérisent par des augmentations du pouvoir d'achat des Français, qui n'ont jamais ou rarement été atteintes au cours des dernières années. C'est plutôt une bonne nouvelle, couplée à la reprise d'activité et à la baisse du chômage, c'est une deuxième bonne nouvelle, et c'est aussi de nature à conforter l'activité et la croissance.
FREDERIC RIVIERE
Edouard PHILIPPE se serait récemment agacé au cours d'une réunion de groupe de la République En Marche, que trop peu de députés se mobilisent pour convaincre précisément les Français que les impôts ont baissé, car c'est vrai dit-il, et pourtant ça n'est pas le ressenti actuel. Vous confirmez ce petit mouvement d'humeur du Premier ministre ?
OLIVIER DUSSOPT
Je ne sais pas si on doit parler de mouvement d'humeur, mais en tout cas il est bien de pouvoir compter sur toute la majorité. Nous avons des députés…
FREDERIC RIVIERE
Il y en a en effet qui ne font pas assez le boulot ?
OLIVIER DUSSOPT
Nous avons d'abord des députés talentueux qui font très très bien le boulot, et puis…
FREDERIC RIVIERE
Et des paresseux ?
OLIVIER DUSSOPT
Non, non non, il ne s'agit pas... On ne peut pas utiliser ces terme-là, mais dans une majorité c'est normal que certains aient des préoccupations qui soient très liées à leur terrain d'élection, à la préparation de municipales, qui soient concentrés sur tel rapport ou tel ou tel sujet, et l'essentiel c'est que chacun puisse aller dans le même sens, faire en sorte que ce ressenti justement rejoigne la réalité. Le ressenti des Français sur la question de la fiscalité, on peut comprendre qu'il mette un peu de temps à arriver. Cela fait 30 ans que la fiscalité ne cesse d'augmenter. Quand on commence à la baisser, il faut que ça se traduise. Ça se traduit sur la taxe d'habitation, 80 % des Français ne paient cette année qu'un tiers de la taxe d'habitation qu'ils payaient il y a 3 ans, et pour les 20 % restants elle sera totalement supprimée d'ici 2023. Ça va se traduire rapidement aussi pour l'impôt sur le revenu, puisque grâce au prélèvement à la source, il ne faudra pas attendre le mois de septembre 2020 pour voir la traduction de la baisse d'impôt, mais dès les prélèvements, dès le prélèvement à la source de janvier, celles et ceux qui paient des impôts sur le revenu verront leurs prélèvements, leur impôt payé mensuellement diminuer, en même temps que le rythme de diminution que nous avons voté.
FREDERIC RIVIERE
Où en est l'entreprise que vous conduisez avec Jean-Yves LE DRIAN, pour constituer un pôle de gauche au sein de la République En Marche ?
OLIVIER DUSSOPT
Elle prospère. L'objectif est effectivement de rassembler des élus qui viennent de gauche, qui sont pour beaucoup issus…
FREDERIC RIVIERE
Comme vous.
OLIVIER DUSSOPT
Comme moi, comme Jean-Yves LE DRIAN, comme bien d'autres au gouvernement, qui sont issus du Parti socialiste, du Parti radical de gauche, parfois des élus sans étiquette partisane mais qui se revendiquent de cette culture, de cette histoire de la gauche, et qui considèrent que ce que nous faisons au gouvernement, ce que fait le président de la République, va dans le bon sens. Qui considèrent parfois avoir ici ou là quelques critiques, quelques nuances, mais qui souhaitent participer à la réussite du quinquennat, sans nécessairement rallier, adhérer directement à la République En Marche, mais en s'inscrivant dans la majorité présidentielle. Plusieurs dizaines d'élus nous ont déjà rejoints, d'autres se manifestent. Ils souhaitent apporter leur pierre à la réussite du quinquennat, souhaitent évidemment que la France reste une forme d'exception en Europe dans la capacité que nous avons eue en 2017 à empêcher l'accès au pouvoir des populismes. Et donc toutes celles et ceux qui veulent nous rejoindre, sont évidemment les bienvenus, nous le faisons en bonne intelligence, avec les différents acteurs de la majorité, pour faire en sorte que cette majorité rassemblée autour d'Emmanuel MACRON s'élargisse, et s'élargisse encore.
FREDERIC RIVIERE
Et qui est à l'origine de cette initiative ?
OLIVIER DUSSOPT
Beaucoup. Beaucoup sont à l'initiative, à l'origine de cette initiative…
FREDERIC RIVIERE
Non mais parce que vous avez envoyé un petit message à un certain nombre d'élus, leur disant : cette initiative que je pilote avec Jean-Yves LE DRIAN, que je pilote sur commande.
OLIVIER DUSSOPT
Je ne l'aurais pas fait, je n'aurais pas lancé cette initiative, et Jean-Yves LE DRIAN non plus.
FREDERIC RIVIERE
Donc c'est qui, c'est l'Elysée qui vous l'a demandé ?
OLIVIER DUSSOPT
Le plein accord, à la fois de l'Elysée…
FREDERIC RIVIERE
La pleine volonté peut-être plus que l'accord.
OLIVIER DUSSOPT
Les deux.
FREDERIC RIVIERE
Oui.
OLIVIER DUSSOPT
Les deux, effectivement.
FREDERIC RIVIERE
Donc c'est Emmanuel MACRON qui souhaite élargir sa majorité…
OLIVIER DUSSOPT
Il y a une volonté partagée par tous d'élargir et…
FREDERIC RIVIERE
Il trouvait peut-être que ça penchait un peu trop à droite ?
OLIVIER DUSSOPT
Ce n'est pas la question, la question c'est élargir et rassembler les bonnes volontés.
FREDERIC RIVIERE
Merci Olivier DUSSOPT, bonne journée.
OLIVIER DUSSOPT
Merci.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 29 octobre 2019