Texte intégral
ALI BADDOU
L'invité du "Grand entretien" ce matin avec Alexandra BENSAID, nous recevons le ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation, vos questions dans une dizaine de minutes au 01.45.24.7000, ou sur l'application France-Inter. Bonjour Didier GUILLAUME.
DIDIER GUILLAUME
Bonjour.
ALI BADDOU
Merci d'être avec nous ce matin. Beaucoup de questions à vous poser. Il y a un sujet majeur, celui des négociations autour des réformes de la PAC qui sont tendues et qui se poursuivent, la PAC qui est la plus ancienne et la plus emblématique des politiques communautaires, beaucoup craignent une renationalisation des politiques agricoles en Europe et donc une concurrence féroce entre les différents pays de l'Union. Où est-ce qu'on en est aujourd'hui ?
DIDIER GUILLAUME
Ça je crois que c'est abandonné et que nous avons gagné la partie. La PAC est une politique agricole commune, c'est la première politique européenne intégrée et elle doit rester européenne, il n'est pas question de la nationaliser, parce que si chaque Etat prenait l'argent de l'Europe et faisait ce qu'il voulait, alors ce serait la concurrence terrible entre les Etats membres de l'Union, ce serait une catastrophe absolue. Le sujet aujourd'hui de la PAC n'est pas tant cette question-là, mais le budget dont nous allons avoir… Un exemple, pour la France, jusque ces dernières années, nous avions environ 9,5 milliards d'euros qui vient de la PAC, et les aides de la France, du budget français, les aides directes aux agriculteurs, c'est 3 milliards, imaginez ! La PAC donne trois fois plus d'aides aux agriculteurs français que n'en donne le budget national. C'est dire si le budget de la PAC sur lequel nous nous battons, et contre la Commission, d'ailleurs, qui veut le baisser, la Commission estime que le libre-échange doit avoir lieu en Europe et qu'il s'agit moins de réguler l'économie agricole que de se servir pour autre chose, la bagarre que nous menons, à 20 Etats membres, 20 sur 27, c'est de dire : "ne touchez pas à mon budget agricole."
ALI BADDOU
Il y a une question budgétaire évidemment, mais il y a aussi d'autres questions qui sont posées par la PAC. Nicolas HULOT donne une interview dans le magazine GQ ce mois-ci, et il dit la chose suivant : " qu'attendre de la réforme de la Politique Agricole commune menée par le seul ministre de l'Agriculture, alors que cette réforme devrait être copilotée par le ministère de la Transition écologique."
DIDIER GUILLAUME
Mais je crois qu'il se trompe, il se trompe, mais je connais sa position, lorsqu'il était au gouvernement il la défendait déjà vis-à-vis de mon prédécesseur. Elle n'est pas menée par le seul ministre de l'Agriculture, elle est menée par le gouvernement, c'est le Premier ministre qui donne les lignes sur lesquelles nous nous battons, mais la Politique Agricole Commune c'est la politique agricole, et donc c'est normal que ce soit le ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation. Le A de PAC d'ailleurs c'est Agriculture, mais c'est aussi Alimentation, nous devons faire entrer l'alimentation dans ce projet de PAC. Donc, je connais la position de Nicolas HULOT, qui souhaiterait que ce soit le ministère de l'Environnement qui copilote.
ALI BADDOU
Et qu'il y ait un changement de modèle, de modèle agricole.
DIDIER GUILLAUME
Oui, mais le changement de modèle il y est, nous travaillons beaucoup, la semaine dernière encore avec ma collègue Elisabeth BORNE, aujourd'hui la France porte, et je porte, que les aides agricoles soient vraiment axées sur la transition agro-écologique, pas d'aide directe s'il n'y a pas la transition agro-écologique, nous menons cela. Et pour la première fois la France porte l'obligation, l'obligation, pour les Etats, de mettre le pourcentage – on discute, 20, 30%, on ne sait pas encore comment, parce que le problème de l'Europe c'est que si la France était seule ce serait simple, mais il faut négocier avec 27 Etats, donc il faut trouver une majorité – qu'on mette l'environnement, la transition agro-écologique au coeur de la Politique Agricole Commune.
ALEXANDRA BENSAID
Didier GUILLAUME, le dialogue est plus que tendu entre de nombreux agriculteurs et le gouvernement, il y a eu des manifestations la semaine dernière et l'un des mots d'ordre était "MACRON répond-nous", il paraît que ce mot d'ordre vous a choqué.
DIDIER GUILLAUME
Oui, je l'ai dit, il m'a choqué, on ne s'adresse pas comme ça au président de la République, d'autant plus que le mot d'ordre principal des manifestations agricoles ce n'était pas tant vis-à-vis du gouvernement, je vais vous répondre, mais vis-à-vis de la société. Aujourd'hui on ne peut pas continuer à ce dénigrement permanent, ce qu'on appelle "l'agri-bashing." On ne peut pas continuer à montrer tous les agriculteurs du doigt, alors qu'ils font des efforts pour faire la transition agro-écologique, ils font des efforts pour utiliser moins de pesticides.
ALI BADDOU
On va y venir, mais ce n'est pas ce que signifie le slogan « MACRON répond-nous. »
DIDIER GUILLAUME
Donc, « MACRON répond-nous », c'est quoi ? C'est tout simplement, il y a eu des Etats généraux de l'alimentation, les syndicats agricoles, la grande distribution, s'étaient mis d'accord pour une meilleure répartition de la valeur, et aujourd'hui, au bout d'1 an, cette meilleure répartition de la valeur n'a pas lieu, elle ne se passe pas. Pourquoi est-ce qu'elle ne se passe pas ? Parce que tout le monde ne joue pas le jeu.
ALEXANDRA BENSAID
Attendez. L'outil, est-ce qu'il était bien conçu au départ ? L'outil c'est un peu de dire on va augmenter le prix du pastis et puis ça va faire un peu plus de marge aux producteurs de tomates.
DIDIER GUILLAUME
Vous avez raison, je n'ai jamais pensé une seule fois, vous faites référence à l'augmentation du seuil de revente à perte, je n'ai jamais pensé une seconde qu'en augmentant le Coca-Cola, le Ricard, le Nutella et je ne sais trop quoi – excusez-moi pour les pubs – ça allait payer mieux les agriculteurs. Non, l'idée ce n'est pas cela, c'est de dire, compte tenu de la répartition globale de la valeur il faut que la grande distribution redistribue des… on ne peut pas vendre à perte les produits d'entrée de gamme, ceux pour lesquels les gens viennent dans les grandes surfaces, et puis faire 40% de bénéfice, par exemple, sur les légumes et sur les fruits, et là la grande distribution n'a pas joué le jeu.
ALEXANDRA BENSAID
C'est-à-dire, elle a déplacé le problème ?
DIDIER GUILLAUME
Exactement, et aujourd'hui, ce qu'il faut absolument arriver à faire, nous entrons – alors c'est compliqué – dans les nouvelles négociations commerciales pour l'année prochaine, il faut absolument que les choses changent. Ce seuil de vente à perte c'était expérimental pour 2 ans, nous avions dit que nous allions avancer pour 2 ans, en vérifiant si les choses allaient marcher. Je rappelle que mis à part Michel-Edouard LECLERC, qui n'avait pas accepté les conclusions des Etats généraux, tout le monde les avait acceptées, toutes les grandes surfaces…
ALI BADDOU
Mais ils n'ont pas joué le jeu.
DIDIER GUILLAUME
Non.
ALI BADDOU
Est-ce que vous allez les contraindre, et de quelle manière, à payer de manière plus satisfaisante les agriculteurs ?
DIDIER GUILLAUME
Oui, bien sûr, la Direction de la Concurrence, Répression des Fraudes, a annoncé qu'elle allait faire 6000 contrôles, nous en sommes à plus de 3000 contrôles, il y a déjà eu des avertissements, il y a déjà eu des amendes qui ont été données. Il faut respecter la loi, tout simplement. On ne peut pas obliger, nous vivons dans une économie de marché, on ne peut pas obliger les gens de faire cela, mais il y a une chose qui est quand même évidente, c'est que, on ne peut pas continuer à étrangler les agriculteurs, on ne peut pas continuer à acheter…
ALI BADDOU
La preuve que si Didier GUILLAUME.
DIDIER GUILLAUME
C'est pour ça qu'on est en train de faire changer ça, vous avez raison Ali BADDOU…
ALI BADDOU
Mais vous dites qu'on est dans une société de libre-concurrence et que donc on ne peut pas contraindre la grande distribution.
DIDIER GUILLAUME
C'est pour ça que nous avons mis une loi, qui s'appelle la loi EGalim, c'est pour ça que nous voulons, dans le cadre de la loi, obliger à la meilleure répartition de la valeur. Qu'est-ce qui a été fait au moment de ces Etats généraux ? C'était de dire les filières agricoles - là encore je ne rentre pas dans le détail – vont fixer à combien leur revient 1 litre de lait, à combien leur revient 1 kilo de viande. Je vais prendre l'exemple du lait par exemple, il a été accepté par tout le monde, toute la chaîne d'amont en aval, en disant 1 litre de lait, en gros, pour que l'agriculteur s'en sorte, c'est 39 centimes, à moins de 39 centimes il vend à perte. Aujourd'hui, en moyenne, le lait est acheté à 33, 34 centimes, 32 centimes, c'est une honte, c'est une honte. A moins de 35 centimes…
ALEXANDRA BENSAID
Mais là où est la sanction ?
DIDIER GUILLAUME
La sanction c'est ce sur quoi nous travaillons, avec les coopératives, avec les grandes surfaces, avec les filières agricoles. J'ai réuni encore la semaine dernière toutes les filières, et notamment celles-ci, pour dire" il faut monter les prix." Alors après on me répond "oui, mais il y a une concurrence mondiale", eh bien c'est le choix, et c'est ce que je veux faire maintenant avec l'étiquetage, il faut dire au consommateur, à un moment, "choisissez, lorsque vous poussez votre caddy dans la grande surface, faites un choix patriotique." Le patriotisme agricole, le patriotisme économique, ça doit encore exister.
ALI BADDOU
Est-ce que vous ne vous sentez pas impuissant, Didier GUILLAUME, devant la crise, la crise morale, la profonde crise qui touche de très nombreux agriculteurs, les faillites en série, les journées à rallonge, la solitude, les suicides de beaucoup d'entre eux, cette impuissance-là est-ce qu'elle est, au fond, votre horizon de ministre de l'Agriculture ?
DIDIER GUILLAUME
Non justement, je crois que ce n'est pas un problème d'impuissance, je pense qu'il y a plusieurs choses. Le métier d'agriculteur – moi je suis fils d'éleveurs, fils de paysans – le métier d'agriculteur est un métier très difficile, très dur, et c'est la raison pour laquelle il faut les remercier nos paysans, nos amis paysans, parce que sans eux on ne mangerait pas cette alimentation de qualité. Je rappelle, malgré les polémiques qu'il y a pu y avoir, que l'agriculture française est une des plus durables du monde, si ce n'est la plus durable du monde, pour la troisième année consécutive, il y a un critère, sur l'ensemble, dans lequel on n'y est pas, mais enfin voilà quoi ! Aujourd'hui notre alimentation elle est sûre, elle est saine, elle est tracée. Il faut que les agriculteurs, les éleveurs, gagnent leur vie. Mais aujourd'hui il y a "l'agri-bashing", il y a la sécheresse, il y a le dérèglement climatique, aujourd'hui ils n'ont pas les moyens assez de vivre. Moi j'ai rencontré, il y a de cela quelques jours, toute l'équipe de Monsieur BERGEON, le réalisateur de « Au nom de la terre », avec Guillaume CANET, la maman…
ALI BADDOU
Film qui rencontre un très grand succès en salles.
DIDIER GUILLAUME
Un très grand succès en salles, en zones rurales, pas en métropoles, et c'est là où je voulais venir. Il faut que les habitants des villes, les habitants des métropoles, peut-être se comportent différemment, on ne peut pas être dans son salon, on ne peut pas être sur Twitter, on ne peut pas lire tous les meilleurs magazines, montrer du doigt les agriculteurs, et puis le week-end aller se promener, on est bien content quand on va se promener le week-end, quand on vient de Paris, de Lyon, de Marseille…
ALEXANDRA BENSAID
Vous dites que ce sont les urbains qui sont déconnectés de la terre, c'est ça ?
DIDIER GUILLAUME
Oui, les urbains…
ALEXANDRA BENSAID
Vous leur dites il faut acheter plus cher, et puis…
DIDIER GUILLAUME
Non, non, je ne leur dis pas qu'il faut acheter plus cher, du tout, non, non, au contraire Madame…
ALEXANDRA BENSAID
Ça coûte plus cher, si le lait on l'achète à plus cher.
DIDIER GUILLAUME
Non, non, je connais des gens qui, le 15 du mois, n'ont plus les moyens de vivre. Quand je vous parle du lait par exemple, quand un éleveur laitier vend son litre de lait 34 centimes, et qu'il est en vente à 1 euro en grande surface, excusez-moi, ces 70 centimes ils reviennent dans la poche de quelqu'un, eh bien ces 70 centimes il faut les répartir différemment, c'est ça la question. Donc, je ne leur demande pas d'acheter plus cher, que le litre de lait continue à valoir 1 euro en grande surface, mais que la répartition, le bénéfice, ce ne soit pas toujours pour les mêmes.
ALEXANDRA BENSAID
Alors, sur "l'agri-bashing" quand même, ce que vous appelez "l'agri-bashing", c'est-à-dire les critiques, est-ce qu'il n'y a pas le risque qu'en qualifiant toutes les critiques "d'agri-bashing", sur les pesticides, sur le bien-être animal, en fait on soit en train de les disqualifier, est-ce que ça n'empêche pas les agriculteurs de s'adapter plus rapidement ?
DIDIER GUILLAUME
J'aime beaucoup ce que vous dites parce que c'est exactement ce discours que je tiens, je dis il faut faire très attention, tout n'est pas de "l'agri-bashing", vous avez raison Madame, tout n'est pas de "l'agri-bashing ", mais on ne peut pas, lorsqu'un agriculteur est dans son champ, qu'il se fait descendre de son tracteur en lui disant « tu vas empoisonner mes gosses », lorsqu'on entre dans les élevages, c'est ça que j'appelle le dénigrement permanent, on n'a pas le droit de rentrer dans des élevages, aller leur dire "vous faites n'importe quoi", et parallèlement ce…
ALI BADDOU
Même s'ils font n'importe quoi ?
DIDIER GUILLAUME
Non, non, ils ne font pas n'importe quoi…
ALI BADDOU
Même si vous ne vous saisissez pas de la question du bien-être animal ? Hier, Didier GUILLAUME, vous receviez les associations de protection animale, résumé de la rencontre par 30 Millions d'amis. "J'avais promis de vous recevoir" - ils vous citent – "donc, vous êtes là, mais je ne ferai des annonces qu'en novembre." "Conclusion : circulez, il n'y a rien à voir." Régulièrement il y a des vidéos extrêmement choquantes qui se passent, pas nécessairement seulement dans des élevages, mais aussi dans des abattoirs, encore une vidéo tournée récemment qui montrait des scènes monstrueuses de maltraitance animale, cette fois sur des porcelets. Pourquoi tarder à agir ? Là, pour le coup, il y a une vraie préoccupation qui, j'imagine, ne vous est pas étrangère.
DIDIER GUILLAUME
Vous, qui êtes une radio de service public, qui pointez toujours, qui regardez vos sources, vous vous apercevez que sur les dizaines d'associations que j'ai reçues hier, il n'y en a qu'une qui a fait ce Tweet, mais je le savais avant, nous en avons parlé d'ailleurs, donc moi je ne m'occupe pas de cela, je ne m'occupe pas de ceux qui ne pensent qu'à leur nombril, moi je m'occupe des Français. Je veux à la fois avancer sur le bien-être animal, et à la fois faire en sorte de ne pas…
ALEXANDRA BENSAID
Alors, qu'est-ce qui prend du temps ?
DIDIER GUILLAUME
Il prend du temps, tout simplement… vous parliez des images dans les élevages de porcs, c'est ce qu'on appelle la castration à vif des porcelets, pour des raisons économiques, etc.…
ALI BADDOU
On voit les testicules coupés au scalpel, sans anesthésie, des porcelets qui hurlent de douleur.
DIDIER GUILLAUME
Oui, voilà, eh bien, par exemple, dans les mois qui viennent, ça va être terminé tout cela, ça va être terminé parce que le gouvernement va prendre des décisions, c'est ce que j'ai dit hier aux associations welfaristes qui étaient là.
ALEXANDRA BENSAID
Quand ?
DIDIER GUILLAUME
Je dis simplement, ça ne peut pas se faire contre la profession. Quand nous annonçons la semaine dernière, à Toulouse, avec ma collègue ministre de l'Agriculture allemande, qu'on allait arrêter le broyage des poussins, qui aujourd'hui n'est plus supportable, c'est de mesures que nous prenons. Mais dire on va arrêter le broyage des poussins, on a dit fin d'année 2021, pourquoi ? On nous dit il faut le faire de suite, et si on le fait de suite, qu'est-ce qui se passe ? Eh bien il n'y a plus d'oeufs, il n'y a plus de… voilà, c'est ça la question, c'est à la fois tenir le temps de l'agriculture et le temps de la société. Et moi ce que j'appelle "l'agri-bashing", c'est il faut, moi mon travail c'est…
ALI BADDOU
Ça ce n'est pas de "l'agri-bashing", ce souci du bien-être animal.
DIDIER GUILLAUME
Non, pas du tout, mais on parlait de "l'agri-bashing" tout à l'heure, moi je veux réconcilier, en gros, les villes et la ruralité. Il y a le temps de la nature, le temps de l'élevage, et puis le temps de la société et des 170 signes sur Twitter, et c'est tout à fait ça…
ALI BADDOU
Et le claquage des porcelets ?
DIDIER GUILLAUME
Non mais, c'est des annonces que nous allons faire dans les semaines qui viennent.
ALEXANDRA BENSAID
C'est-à-dire en novembre ?
DIDIER GUILLAUME
Novembre ou décembre, on verra ce qui se passera, avec le Premier ministre, ce qui sera décidé. J'ai réuni hier soir toutes les associations welfaristes, pas toutes les associations, pas celles qui rentrent en intrusion dans les élevages, mais toutes les associations, il y avait beaucoup de monde, j'ai expliqué comment nous allions avancer, les mesures qui vont être prises par le gouvernement sont des mesures qui sont très fortes, ça avait d'ailleurs été accepté par tout le monde, simplement ce que me demandait cette personne que vous citiez tout à l'heure, c'est des dates. Je dis non, il y aura des dates, mais je ne vous les donne pas ce soir les dates, je les négocie avec les agriculteurs, les éleveurs.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 31 octobre 2019