Texte intégral
ELIZABETH MARTICHOUX
Merci beaucoup d'être avec nous ce matin sur LCI. Bonjour Muriel PENICAUD.
MURIEL PENICAUD
Bonjour Elizabeth MARTICHOUX.
ELIZABETH MARTICHOUX
On est à la veille de l'entrée en vigueur d'une réforme de l'assurance chômage, c'est une réforme majeure, c'est une réforme qui avait été voulue dès sa campagne, dans ses grands principes, par le président, par le candidat à l'époque, président aujourd'hui. On va y revenir évidemment pour essayer de comprendre la philosophie et les conséquences sur les chômeurs ou futurs chômeurs. D'abord revenons sur un chiffre, la semaine dernière, le taux de chômage a baissé une nouvelle fois, une baisse du chômage continue maintenant depuis plusieurs mois, je crois qu'on peut le voir sur…
MURIEL PENICAUD
Depuis 3 ans ça baisse chaque trimestre.
ELIZABETH MARTICHOUX
Donc ça c'est un acquis. Muriel PENICAUD, combien prévoyez-vous de créations d'emplois pour cette année 2019 ?
MURIEL PENICAUD
Les prévisions de l'INSEE c'est que cette année on devrait créer en France entre 200 et 250 000 emplois nets, c'est-à-dire une fois qu'on a retiré les destructions, après deux années, depuis que nous sommes là, on a créé un demi-million d'emplois. Donc on est sur un bon rythme, on a une croissance qui est riche en emplois, plus riche en emplois qu'avant.
ELIZABETH MARTICHOUX
Et est-ce que ce rythme va être le même en 2020 ?
MURIEL PENICAUD
Alors, si la condition macro-économique mondiale ne change pas, il y a quand même des tensions internationales qui peuvent avoir un effet sur l'économie et donc sur l'emploi, mais à conditions similaires, le chômage va continuer à baisser, parce qu'on a beaucoup d'indicateurs qui sont au vert.
ELIZABETH MARTICHOUX
D'accord. S'il n'y a pas de crise systémique, s'il n'y a pas une grosse crise internationale, vous dites : le chômage continue de baisser en 2020…
MURIEL PENICAUD
Je n'ai pas de boule de cristal, mais on a toutes les raisons de penser que le chômage continuera à baisser.
ELIZABETH MARTICHOUX
Et vous confirmez l'objectif de chômage à 7 %.
MURIEL PENICAUD
Eh bien nous pensons que si ces conditions ne changent pas, oui, parce qu'il y a encore des emplois non-pourvus, parce qu'il y a une dynamique d'investissement, parce qu'il y a une belle dynamique de création d'emplois, et donc oui, on pourra permettre à plus de demandeurs d'emploi de retrouver un emploi. Là depuis 2 ans, c'est 300 000 demandeurs d'emploi qui ont trouvé un emploi.
ELIZABETH MARTICHOUX
Alors, voilà en tout cas des chiffres assez positifs. D'ailleurs, par parenthèse, comment vous expliquez que les Français ne le ressentent pas ?
MURIEL PENICAUD
Je crois que les Français le ressentent, mais parce que ça commence à aller un peu mieux, on est passé de 9,6 à 8,5 % de chômage, même c'est encore très élevé, il y a beaucoup à faire. Quand l'emploi repart, que le chômage baisse, eh bien du coup on porte son attention un peu sur d'autres sujets. Donc je crois qu'aujourd'hui ce n'est pas forcément le premier sujet qui est abordé par des Français, mais tout le monde y est attentif, notamment dans son entourage, et ce qui est important c'est que le chômage des jeunes baisse aussi, et ça c'est des premiers effets de la réforme de l'apprentissage, et je crois que tout le monde attend ça très fortement dans notre pays.
ELIZABETH MARTICHOUX
Et c'est vrai que si le chômage de masse a été un thème central pendant des années, aujourd'hui c'est plutôt le pouvoir d'achat et ce sont les Gilets jaunes en particulier qui ont mis ce thème comme un marqueur dans la conjoncture française. Alors, vous espérez Muriel PENICAUD, que la grande réforme de l'assurance chômage qui entre en vigueur à partir de demain, incite à revenir à l'emploi plus vite. C'est une réforme assez technique, les chômeurs eux vont vite comprendre les changements des règles à partir de demain et jusqu'au printemps prochain. Première règle, la principale mesure, dès demain, c'est une règle plus dure pour toucher, si vous me permettez il y en a plusieurs, mais il y a au moins celle-là, pour toucher une allocation, jusque-là il suffisait de travailler 4 mois sur 28 mois, pour avoir droit à une allocation, demain ce sera travailler 6 mois sur une période de 24 mois. Donc factuellement, effectivement, c'est plus dur.
MURIEL PENICAUD
Il faudra travailler un jour sur quatre pendant 2 ans pour pouvoir avoir droit au chômage. C'est logique pour deux raisons. D'abord parce que lorsque la règle avait été changée, c'était au moment de la crise, là on est en pleine dynamique de création d'emplois, on est en plein rebond de l'emploi. Par exemple si vous allez sur le site de Pôle emploi ce matin, eh bien il y a 706 000 offres d'emploi et chaque jour c'est comme ça, on a une dynamique, il y a de l'emploi, et donc il est logique qu'à ce moment-là les règles s'adaptent et reviennent à un moment où elles étaient un jour sur quatre. Ça reste quand même avec un jour sur quatre le système parmi les plus généreux d'Europe, et on ne change pas la règle que si vous travaillez un jour, vous avez le droit à un jour d'indemnisation chômage. Donc si vous avez travaillé 6 mois, eh bien vous aurez droit à 6 mois de chômage, si vous avez travaillé 12 mois vous aurez droit à 12 mois de chômage, on ne change pas cette règle qui est parmi les plus protectrices en Europe.
ELIZABETH MARTICHOUX
Mais, la philosophie générale, on reviendra sur d'autres éléments de la réforme, mais la logique c'est que le système est généreux, il est en tout cas plus généreux, vous l'avez dit, que dans certains pays voisins d'Europe, et aujourd'hui donc si on serre les boulons, votre conviction à vous…
MURIEL PENICAUD
Non, ce n'est pas ça…
ELIZABETH MARTICHOUX
... c'est qu'on reviendra, les chômeurs reviendront donc à l'emploi plus vite.
MURIEL PENICAUD
Non, ce n'est pas. Ma conviction c'est que d'abord on peut être très fier et on tient beaucoup à notre système d'assurance chômage, qui est un filet de sécurité. Mais c'est un filet de sécurité qui a été créé pour, entre deux emplois, pouvoir être protégé et avoir un revenu. Et donc le but, le but du chômage, enfin, un demandeur d'emploi, son but dans la vie ce n'est pas d'être au chômage, c'est de trouver un travail, et le plus vite possible, et que le chômage soit le plus court possible entre deux emplois. Et pour cela il faut que les règles elles encouragent aussi au retour à l'emploi. Il faut qu'elles soient protectrices, et qu'elles incitent au retour à l'emploi. Aujourd'hui, on a des règles qui enferment dans le chômage, parce que dans certaines situations on a plus intérêt à rester au chômage qu'à aller travailler. Ce n'est pas logique, enfin je ne sais pas, il faut du bon sens. Et puis aussi, vous pouvez demander autour de vous, vous verrez partout, moi je sillonne la France, des artisans, des commerçants, des petites entreprises, des grandes entreprises, qui cherchent du monde et il y a parfois des refus d'emplois, parce que les gens disent : « J'attends la fin de mes droits ». Et ça il faut évidemment que ce soit protecteur.
ELIZABETH MARTICHOUX
« J'attends la fin de mes droits ».
MURIEL PENICAUD
Oui, parce qu'il y a des règles, c'est très technique et très compliqué, mais qui fait que parfois on gagne plus à l'assurance chômage que la moyenne de ce qu'on travaillait le mois d'avant, quand on alterne les contrats courts, et ça ce n'est pas juste, c'est pas logique. Ceux qui travaillent ne peuvent pas comprendre.
ELIZABETH MARTICHOUX
Il y a un changement de règles, en effet.
MURIEL PENICAUD
Et il faut aussi que les règles soient les mêmes pour tout le monde. Aujourd'hui, si vous êtes en contrat court ou à temps partiel, vous travaillez la même durée de temps, vous avez gagné le même argent, eh bien vous n'avez pas le même chômage. Ça ce n'est pas juste non plus. Donc ce qu'on fait, c'est qu'on fait quelque chose qui est protecteur des plus vulnérables, mais qui incite aussi ceux qui ont la capacité à reprendre un emploi, et quand il y a l'emploi, à le reprendre.
ELIZABETH MARTICHOUX
C'est-à-dire qu'aujourd'hui c'est vrai qu'il y a des chômeurs qui travaillent à mi-temps, et qui touchent moins que ceux qui travaillent un jour sur deux, c'est ce que l'on appelle la permittence.
MURIEL PENICAUD
Je vous prends un exemple…
ELIZABETH MARTICHOUX
Et ça, vous dites : avec les nouvelles règles, c'est terminé.
MURIEL PENICAUD
Quelqu'un qui travaille en alternant des contrats, 15 jours par mois en moyenne, à une référence de fois et demie le Smic, il va gagner 880 € par mois quand il travaille. Quand il entre au chômage, aujourd'hui il gagne 1 200 € pendant quelques mois. La personne qui a travaillé la même durée de temps, pour le même salaire, à temps partiel, à 80 % c'est des femmes, par hasard, eh bien elle, elle va avoir 600 € d'indemnisation chômage. Ce n'est pas logique, tout le monde travaille à temps plein, à temps partiel ou en alternant les contrats courts, on doit avoir les mêmes règles.
ELIZABETH MARTICHOUX
Un petit mot pour les cadres, qui changent aussi de règles, il y aura une dégressivité, à partir…
MURIEL PENICAUD
Ce n'est pas les cadres, c'est les plus hauts revenus.
ELIZABETH MARTICHOUX
Les plus hauts revenus, oui…
MURIEL PENICAUD
Ce n'est pas toujours exactement la même chose.
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous avez raison, pas toujours le cas.
MURIEL PENICAUD
Et beaucoup de cadres, du coup, ne sont pas concernés. Pour ceux qui quand ils sont salariés, gagnent plus de 4 500 € brut par mois, uniquement ceux-là, au bout de 6 mois il y aura 30 % d'abattement de leur indemnisation chômage, elle ne sera jamais inférieure à 2 600 €. Pourquoi ? Parce que là aussi on voit que, en termes de comportement, il y a plus de chômage des cadres, donc on s'adapte à ces règles, aujourd'hui le taux de chômage c'est 2,8 % en France. Il n'y a plus de chômage des cadres. Par contre on a protégé les seniors, parce que ça c'est un de nos combats, il y a des comportements d'entreprises qui évincent les seniors de l'entreprise, on le sait très bien, donc là on protège les seniors.
ELIZABETH MARTICHOUX
Alors, il y a des critiques parfois violentes, je citais Laurent BERGER tout à l'heure, il a dit que votre réforme c'était « une tuerie », c'est quand même un mot très expressif, parce que dans son esprit, le patron…
MURIEL PENICAUD
…
ELIZABETH MARTICHOUX
Pardon ?
MURIEL PENICAUD
Moi, je n'emploie pas…
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous dites « agressif » ?
MURIEL PENICAUD
Non, excessif, je n'emploie pas un vocabulaire comme ça, c'est très excessif. Nous nous battons contre la précarité. On investit un milliard d'euros pour l'insertion par l'économique des plus vulnérables, on est en train de former les jeunes pour qu'ils aient un emploi, on est en train de former les demandeurs d'emploi comme on n'a jamais fait, on rajoute des postes à Pôle emploi pour que les personnes soient mieux accompagnées. Donc, notre but, notre but c'est l'emploi, plus d'emplois, moins de précarité, et ce vocabulaire qui ne correspond pas à la réalité moi que j'observe sur le terrain, voilà c'est sa liberté d'expression, mais moi je trouve que c'est un vocabulaire très excessif.
ELIZABETH MARTICHOUX
Oui, mais vous, vous considérez, vous nous l'avez dit tout à l'heure, qu'il y a effectivement des personnes qui vont jusqu'au bout de leurs droits au chômage sans reprendre un boulot, alors qu'ils pourraient peut-être le faire. Pour Laurent BERGER, le chômeur est une victime donc le chômeur ne peut pas subir un durcissement des règles comme vous le faites aujourd'hui.
MURIEL PENICAUD
Personne ne choisit d'aller au chômage, ce n'est pas un but dans la vie, et c'est souvent beaucoup de souffrance, beaucoup de perte d'estime de soi si ça dure, donc c'est pour ça qu'on fait tout cet accompagnement et qu'on investit pour que les demandeurs d'emploi aient une chance de retrouver un emploi, quel que soit leur âge, quelle que soit leur situation, notamment les moins qualifiés, parce que le plus grand marqueur du chômage c'est le manque de qualification. Les personnes qui ont une qualification, il y a 6,5 % de chômage, ceux qui n'en ont pas, c'est 18 %. Et donc nous on met le paquet pour permettre, par la formation, par l'accompagnement, ceux qui sont les plus loin de l'emploi, de trouver un emploi. Ça c'est quelque chose, on fait cet investissement d'une façon qui n'a jamais été faite de façon aussi forte. Et moi je crois que nul n'est inemployable, et qu'il faut aider chacun. Mais après il y a des règles sur l'indemnisation, qui ont été faites par les partenaires sociaux, c'est ça qui les fâche un peu…
ELIZABETH MARTICHOUX
Oui, parce que vous avez repris la main après…
MURIEL PENICAUD
C'est la loi qui prévoit que s'ils n'y arrivent pas, on le fait. Mais, et dans leurs règles il y a des conséquences qui font qu'il y a des personnes... Ce n'est pas la faute des personnes, c'est la faute des règles, les responsables des règles doivent changer les règles si elles ont des effets qui ne sont pas bons. Eh bien qui encouragent, et l'employeur, et le salarié à être dans la précarité. Mais il oublie aussi de dire les nouveaux droits, demain il y a deux nouveaux droits très importants qui arrivent, pour les…
ELIZABETH MARTICHOUX
Alors, des conditions drastiques, on peut le dire tout de suite, d'entrée ?
MURIEL PENICAUD
Non.
ELIZABETH MARTICHOUX
Pour les démissionnaires, pour ceux qui démissionnent.
MURIEL PENICAUD
Non, moi je ne suis pas d'accord que ce soit drastique. Qu'est-ce qu'on dit ? On dit qu'un salarié qui a travaillé 5 ans ou plus, en continu, il va pouvoir, s'il a un projet de reconversion, créer ou reprendre une entreprise, se former, une formation longue pour changer de métier, changer d'entreprise, besoin d'air, envie de faire le métier qu'on a toujours rêvé, envie de changer de métier puisque l'on en a assez, il va pouvoir avoir 2 ans d'assurance chômage pour financer et avoir une sécurité dans son projet. Eh bien ça c'est un droit très important. Alors oui, il faut préparer le projet, vous avez toutes les informations sur un site qu'on a ouvert hier qui s'appelle : demission-reconversion.gouv.fr.
ELIZABETH MARTICHOUX
Combien de personnes ? Vous avez évalué, vont en bénéficier, compte tenu des conditions qui sont mises ?
MURIEL PENICAUD
Ça peut être 30 000, ça peut être 50 000, ça peut être 100 000, on ne sait pas l'avance, parce que c'est un droit.
ELIZABETH MARTICHOUX
Les conditions…
MURIEL PENICAUD
Les conditions ont été demandées par les partenaires sociaux, Laurent BERGER notamment, en disant : il ne faut pas que les gens démissionnent, et il a raison là-dessus, démissionnent, et après ils se retrouvent dans la mouise parce que finalement ils auront rien. Il faut qu'ils aient un vrai projet, donc la condition c'est de rencontrer un conseiller en évolution professionnelle, qui est gratuit, qu'on doit rencontrer, qui va vous aider à préparer votre projet et que ça passe devant une commission qui va pouvoir vous conseiller et vous dire : ouh la, attention là vous allez aller au casse-pipe, ou là vraiment allez-y. Et ça ils ont 2 mois pour répondre, si au bout de 2 mois ils n'ont pas répondu c'est oui et ça marche.
ELIZABETH MARTICHOUX
Il y a tout ça sur le site. Le deuxième droit, très vite, c'est…
MURIEL PENICAUD
Important pour les indépendants, agriculteurs, artisans, commerçants, qui jusqu'ici n'ont pas d'assurance chômage, là sans payer de cotisations, ils auront un filet de sécurité de 800 € pendant les premiers mois, pour au moins avoir le temps de se retourner, aujourd'hui il y a des drames humains terribles.
ELIZABETH MARTICHOUX
Quelques questions rapides, et on y reviendra bien sûr sur LCI, est-ce que Pôle emploi, alors il va y avoir, vous avez dit, des nouveaux accompagnements, c'est on va dire la contrepartie au durcissement des règles, les chômeurs seront mieux accompagnés, est-ce que Pôle emploi peut subir ce choc, ce choc j'allais dire presque physique, psychologique d'absorber tous ces chômeurs qui vont venir dès lundi prochain pour essayer de comprendre et être mieux accompagnés ?
MURIEL PENICAUD
Pôle emploi, j'étais encore à Douai dans une agence lundi, je recrute beaucoup d'agences, d'abord je voudrais saluer les agents de Pôle emploi, ils sont 50 000, et je peux vous dire que le niveau d'engagement il est énorme. Ils se lèvent le matin, chaque matin pour permettre à des demandeurs d'emploi de trouver un emploi, et à des entreprises de trouver les ressources dont elles ont besoin, et ils se préparent depuis des mois à cette réforme. Donc les agents ont été formés, les outils sont en place, ils sont prêts à le faire, ce n'est pas un travail facile mais c'est un travail vraiment utile pour la République et moi je les salue.
ELIZABETH MARTICHOUX
Il y a beaucoup d'emplois non pourvus en France, il y a un chiffre à peu près stable, ce n'est pas toujours les mêmes, mais c'est toujours à peu près la même difficulté en tout cas le même mal français. Par rapport à ça, Edouard PHILIPPE a évoqué à l'Assemblée lorsqu'il a parlé immigration dans la représentation nationale, du fait que le gouvernement étudiait l'hypothèse de quotas d'immigration professionnelle, s'appliquerait qu'à l'immigration économique, est-ce que vous êtes en train vous, Muriel PENICAUD, d'identifier les filières qui pourraient être concernées par des quotas ?
MURIEL PENICAUD
Alors, d'abord je voulais dire que par rapport à ces 300, 400 000 emplois qui n'ont pas été pourvu l'année dernière, on met le paquet sur la formation, parce que souvent les compétences recherchées n'existent pas sur le marché, et là aussi l'apprentissage est une solution. Et puis nous sommes en train de travailler effectivement sur les sujets d'immigration professionnelle. L'immigration professionnelle, c'est des personnes qui vont venir dans le pays parce que nous le voulons, donc c'est choisi, sur des filières ou des métiers où on n'arrive pas à recruter, on est en train de travailler dessus mais il faut le faire évidemment dans des métiers où on a besoin et où on n'arrive pas à trouver les réponses en France.
ELIZABETH MARTICHOUX
Par exemple.
MURIEL PENICAUD
Eh bien il y a des listes qui ne sont pas à jour, donc on est en train de regarder tout ça.
ELIZABETH MARTICHOUX
Donc vous êtes en train d'actualiser les listes…
MURIEL PENICAUD
On va regarder ça.
ELIZABETH MARTICHOUX
A la demande du Premier ministre…
MURIEL PENICAUD
Non, on regarde comment on peut faire pour que dans l'intérêt du pays, on puisse accueillir des personnes, qui viendront avec leurs compétences, sur des compétences qui nous manquent dans le pays, en même temps qu'on construit les compétences.
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous êtes pour des quotas, vous, Muriel PENICAUD ?
MURIEL PENICAUD
Je ne parle pas forcément de quotas.
ELIZABETH MARTICHOUX
Comme au Canada, par exemple.
MURIEL PENICAUD
Oui, ils ont un peu renoncé, enfin en tout cas, ce qu'on se dit, il y a des métiers qu'on flèche, en se disant : là on sait qu'on a des besoins, eh bien c'est logique, c'est l'intérêt de tout le monde, et après il faut bien intégrer, mieux intégrer, et je pense notamment aux demandeurs d'asile, aux réfugiés, et aujourd'hui on met en place des programmes importants, pour des raisons à la fois républicaines et puis aussi de solidarité, c'est l'honneur de la France, pouvoir les accueillir mieux et donc pouvoir les former aussi aux métiers en tension où on cherche, c'est une manière de s'intégrer en France.
ELIZABETH MARTICHOUX
Emmanuel MACRON, d'ailleurs, aborde ce sujet-là dans Valeurs Actuelles, il a consacré une longue interview, un long entretien aux journalistes de Valeurs Actuelles, qui est un journal, un hebdomadaire qui se situe très ouvertement sur l'échiquier, à la droite, la droite dure.
MURIEL PENICAUD
La droite droite, oui.
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous dites droite, journal de droite ?
MURIEL PENICAUD
Oui.
ELIZABETH MARTICHOUX
Un journal qui a multiplié les couvertures sur l'immigration envahissante selon lui, est-ce que ce choix, le choix de cet hebdomadaire par le président vous a surpris ?
MURIEL PENICAUD
Non parce que je pense que le président, c'est le président de tous les Français et il parle à tous les Français y compris ceux…
ELIZABETH MARTICHOUX
C'est naturel pour le président d'aller expliquer sa politique d'immigration, clarifier un certain nombre de points sur ces questions très sensibles dans cet hebdomadaire-là ?
MURIEL PENICAUD
Je pense que le rôle du président, du gouvernement aussi, c'est parler à tous les Français de tous les sujets, ensuite je pense que c'est aussi une manière de montrer qu'il y a beaucoup de fantasmes, beaucoup d'amalgames, on fait beaucoup de mélanges et c'est aussi une manière de l'expliquer aux Français.
ELIZABETH MARTICHOUX
Muriel PENICAUD, j'aimerais qu'on réécoute ensemble le Premier ministre à l'Assemblée nationale fin septembre lorsqu'il a officialisé la volte-face du gouvernement sur un dispositif, une économie que vous aviez prévue dans votre budget.
EDOUARD PHILIPPE, PREMIER MINISTRE
Cette décision aurait mérité une concertation beaucoup plus approfondie, cette concertation, elle n'a pas eu lieu, en tout cas pas dans les conditions qui sont conformes à ce que je fixe comme objectifs, et ce que je veux suivre comme méthode s'agissant de l'acte 2 du quinquennat. C'est la raison pour laquelle, monsieur le Député, j'ai demandé à la ministre du Travail de renoncer à cette mesure.
ELIZABETH MARTICHOUX
Et est-ce que vous avez trouvé la mesure remplaçante d'abord Muriel PENICAUD ?
MURIEL PENICAUD
La réponse est oui.
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous l'annoncez quand ?
MURIEL PENICAUD
Je l'ai annoncé hier en commission à l'Assemblée nationale, il s'agit, en fait ça représente 120 millions d'euros et nous avons un grand programme dans le plan d'investissement compétences où on a une certaine marge de manoeuvre sur la programmation entre ce qu'on peut faire en décembre et en janvier l'année prochaine ; donc sans pénaliser les demandeurs d'emploi et les entreprises ; on se donnera les moyens de récupérer ces 102 millions.
ELIZABETH MARTICHOUX
Quand le Premier ministre vous admoneste, parce que c'est un peu ça devant tous les députés, ce n'est pas très agréable.
MURIEL PENICAUD
Je vais vous dire…
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous êtes dans quel état d'esprit à ce moment-là ?
MURIEL PENICAUD
Je peux vous dire que tout va très bien avec le Premier ministre, qu'il y a des moments de tous ordres. Moi, j'ai vécu beaucoup de choses dans ma vie.
ELIZABETH MARTICHOUX
Des bons, des mauvais, des moins bons.
MURIEL PENICAUD
J'ai vécu beaucoup de choses dans ma vie, je sais pourquoi je suis là, je sais pourquoi le président de la République et le Premier ministre m'ont choisi et ils me le disent, et ensemble on va réussir à faire baisser le chômage, on va réussir à faire un pays où les gens se sentent mieux. Moi, mon but c'est que …
ELIZABETH MARTICHOUX
Donc vous n'êtes pas déstabilisé ?
MURIEL PENICAUD
C'est l'écume des jours.
ELIZABETH MARTICHOUX
C'est l'écume des jours.
MURIEL PENICAUD
Ce n'est pas grave.
ELIZABETH MARTICHOUX
Ce n'est pas grave.
MURIEL PENICAUD
Non.
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous avez connu plus grave.
MURIEL PENICAUD
Ce qui compte, d'abord il y a plus grave dans la vie et surtout avec le Premier ministre, on travaille très bien ensemble et donc je n'ai pas d'inquiétude.
ELIZABETH MARTICHOUX
Et quand on dit que vos relations sont froides puisque ça a été écrit par un certain nombre de journaux effectivement…
MURIEL PENICAUD
Il ne faut pas croire tout ce qu'il y a dans les journaux.
ELIZABETH MARTICHOUX
Avec le Premier ministre c'est…
MURIEL PENICAUD
Oui, il ne faut pas croire tout ce qu'il y a dans les journaux.
ELIZABETH MARTICHOUX
C'est la vie aussi, c'est la vie d'un gouvernement aussi, madame PENICAUD.
MURIEL PENICAUD
Il y a..., tout va très bien que le Premier ministre.
ELIZABETH MARTICHOUX
Tout va très bien madame la marquise. Guillaume PEPY est en train de ranger son bureau peut-être, le patron de la SNCF, il part aujourd'hui, il laisse la place à Jean-Pierre FARANDOU. Une question très précise, il a hier dit, il a été très ferme sur Europe 1, aucun client, aucun Français ne comprendrait que l'on paye les jours de grève, à propos de cette grève sauvage qui pénalise les liaisons vers l'Atlantique. Est-ce que vous dites en un mot à Jean-Pierre FARANDOU qui prend l'entreprise, vous arrivez, peut-être que ce serait bien de faire un petit geste pour apaiser le climat interne ?
MURIEL PENICAUD
Alors d'abord je voudrais saluer l'action de Guillaume PEPY qui a incarné le visage de la SNCF pendant longtemps, qui est un visage connu des Français et ce n'est pas facile l'avenir de la SNCF, ça intéresse tout le monde, pas facile et je trouve que ça a été un grand capitaine d'industrie, je voudrais le dire. Et après le dialogue social, il est important dans une transformation, la SNCF se transforme, il y a un plan de transformation et donc je sais, nous attendons tous du nouveau président qu'il maintienne le dialogue social.
ELIZABETH MARTICHOUX
C'est bien de commencer par un geste d'apaisement quand on arrive.
MURIEL PENICAUD
Non, on n'apaise pas sur quelque chose qui est illégale, une grève illégale, on ne paye pas les jours de grève, ça c'est autre chose.
ELIZABETH MARTICHOUX
C'est ferme, et c'est la conviction de Muriel PENICAUD qui était notre invitée ce matin.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 14 novembre 2019