Texte intégral
JEAN-JACQUES BOURDIN
Sibeth NDIAYE, bonjour.
SIBETH NDIAYE
Bonjour.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Porte-parole du gouvernement. Avant de parler de Rouen, avant de parler des retraites, des grands sujets d'actualité, il y en a deux sujets qui m'importent, et les informations sont tombées depuis hier soir, la première, c'est la guerre commerciale entre l'Europe et les États-Unis, Washington l'a confirmé, il va y avoir des surtaxes des avions de l'Union européenne, donc des AIRBUS, 10 %, et puis, des autres produits européens à 25 %. Alors beaucoup de pays européens seront touchés, les vins français, les fromages français seront touchés, mais aussi les fromages italiens, je ne sais pas, moi, les cachemires venus de Grande-Bretagne ou des outils venus d'Allemagne. Est-ce que l'Europe, est-ce que la France prévoit des mesures de rétorsion ?
SIBETH NDIAYE
Evidemment que nous prévoirons des mesures de rétorsion, c'est au niveau de l'Union européenne nous devons regarder cela, moi, ce que je voudrais dire, c'est que je regrette que nous soyons engagés dans cette guerre commerciale avec les États-Unis, parce que quand on se fait la guerre, en fait, on a assez peu de chances de voir notre croissance collective augmenter. Et ce que je constate, c'est que les États-Unis font la guerre à la Chine, la Chine fait la guerre aux États-Unis, qu'on a un certain nombre de tensions commerciales à travers le monde qui sont responsables en partie du ralentissement de la croissance mondiale et de la production mondiale, et donc on est dans une situation au final où ça n'apporte rien à personne.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, rien à personne, les vins français par exemple à 25 %, les fromages français à 25 %, est-ce que nous allons taxer des produits américains, par exemple les…
SIBETH NDIAYE
A ce stade, on est dans une menace des Américains, qui nous disent : à compter du 18 octobre, nous allons taxer tel et tel produit, donc moi, j'ai…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, Washington nous dit : les avions de l'Union européenne seront taxés à 10 % et les autres produits à 25 % !
SIBETH NDIAYE
Bien sûr, donc, pour l'instant, c'est : on est dans du futur, on n'est pas dans de la réalisation…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, oui, on va dire du futur, oui, non, mais d'accord…
SIBETH NDIAYE
Donc on va essayer de faire en sorte, et on a un ministre de l'Economie pour ça, Bruno LE MAIRE, qui est très engagé de très longue date sur ces sujets-là, nous avons, nous aussi, il ne faut pas l'oublier que nous avons, nous aussi, vis-à-vis des États-Unis des conflits commerciaux devant l'OMC, on a toujours dit aux États-Unis depuis plusieurs mois que nous considérions qu'il valait mieux trouver des solutions amiables plutôt que de s'engager dans des conflits commerciaux…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais alors, quelles réponses si la solution amiable n'est pas trouvée ?
SIBETH NDIAYE
Et donc la réponse que nous devons avoir, c'est une réponse qui est concertée au niveau européen pour regarder les mesures – entre guillemets – de rétorsion que nous pourrions avoir vis-à-vis…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Quelles pourraient être ces mesures ?
SIBETH NDIAYE
Moi, aujourd'hui, je ne vais pas m'avancer sur le fait qu'on va aller taxer tel ou tel produit…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les géants du Web ? Les géants du Web ?
SIBETH NDIAYE
Tel ou tel produit américain, il ne faut pas confondre tous les débats. Il y a un débat, qui est celui de la manière dont on contrôle des organisations qui sont aujourd'hui devenues tellement importantes qu'elles se comportent quasiment comme des voyous vis-à-vis des États, dans un certain nombre de circonstances, moi, ça, c'est une chose et une autre, et ça n'a rien à voir avec la nationalité de ces entreprises-là. Il y a une autre chose, qui est la tension commerciale que nous avons avec les États-Unis, cette tension commerciale-là, nous, on a cherché à l'apaiser, après, s'ils ne sont pas dans une attitude d'apaisement, évidemment, l'Europe ne se laissera pas faire…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et donc, il y aura des mesures de rétorsion.
SIBETH NDIAYE
On peut d'abord espérer discuter avec les gens avant d'en arriver là.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, il faut aller vite là, il y a dix jours…
SIBETH NDIAYE
Mais en dix jours, on peut faire beaucoup de choses…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, Sibeth NDIAYE, autre sujet, hier soir, les députés ont donné en commission leur feu vert à la mise en place d'un bracelet anti-rapprochement pour les conjoints violents, est-ce que le gouvernement des amendements vont être déposés dans ce sens – est-ce que le gouvernement va soutenir ces amendements ?
SIBETH NDIAYE
De toute évidence, c'est une des mesures que nous avons voulu faire émerger du Grenelle des violences conjugales, qui a eu lieu au début du mois de septembre, on pense que c'est un moyen qui est important pour permettre aux femmes d'être libérées de l'emprise de leur compagnon ou leur ex-compagnon.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc nous allons développer, vous allez soutenir ces amendements…
SIBETH NDIAYE
Bien sûr, bien sûr.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc nous mettrons en place, enfin, vous mettrez en place des bracelets anti-rapprochement pour les conjoints violents ?
SIBETH NDIAYE
Exactement. Et nous souhaitons que ce soit fait rapidement pour que dès le début de l'année prochaine, ces bracelets anti-rapprochement puissent être utilisés par la justice, y compris avant même que le compagnon violent ne soit condamné, ça, c'est important, c'est ce qu'on appelle le présentenciel, le fait qu'avant qu'un jugement de culpabilité ne soit rendu, on puisse d'ores et déjà garantir à la femme l'éloignement de son conjoint qui a été violent ou de son compagnon.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Rouen, LUBRIZOL, une semaine, c'était il y a une semaine, est-ce que vous seriez restée à Rouen si, imaginons, vous habitez près de l'usine LUBRIZOL, vous seriez restée chez vous ?
SIBETH NDIAYE
J'aurais eu des inquiétudes terribles, parce que vous savez, j'ai 3 enfants, si on voit ses enfants…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Eh bien, justement, c'est pour ça que je vous pose la question…
SIBETH NDIAYE
Quand on voit ses enfants tousser, quand on sent ces odeurs très nauséabondes, cette odeur…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais oui, qu'auriez-vous fait ?
SIBETH NDIAYE
Moi, je serais restée, parce que je suis quelqu'un d'un peu rationnel, et j'essaie de faire confiance dans les gens qui savent. Les gens qui savent, ce sont des experts…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous voyez votre fils ou votre fille en train de vomir, en train d'avoir des difficultés pour respirer, avoir des maux de tête, vous restez ?
SIBETH NDIAYE
Eh bien, je vais éventuellement, s'il y a des troubles qui sont graves, je vais à l'hôpital, on a regardé d'ailleurs – c'est important à savoir – le nombre de passages aux urgences qu'il y avait eu du fait de gens qui se plaignaient de conséquences du panache de fumée ou de conséquences de l'incendie, on a un peu plus d'une centaine de personnes, donc on n'est pas dans des proportions aussi importantes que ce qu'on a pu connaître…
JEAN-JACQUES BOURDIN
A peu près une centaine de personnes en une semaine…
SIBETH NDIAYE
Bien sûr, exactement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
En plus.
SIBETH NDIAYE
En plus. Et donc on n'est pas dans les proportions de ce qu'on a pu connaître pour d'autres catastrophes industrielles, parce qu'au fond, on parle bien à Rouen d'une terrible catastrophe industrielle, mais je pense que dans ces circonstances-là, il faut un peu se raccrocher à de la rationalité, moi, je comprends ce que c'est quand on est un parent, la peur qu'on a au ventre quand le môme ne va pas bien, je le comprends complètement. Après quand on est aux manettes, quand on est dans le gouvernement, on a une obligation de transparence et d'information, parce que la transparence uniquement sans explication de ce qui est en train de se passer, sans explication de ce que sont les produits, de comment ils agissent, sans explication au sujet de leur degré de toxicité et des circonstances dans lesquelles ils peuvent être toxiques pour l'homme, en fait, c'est une transparence qui n'a pas d'intérêt. Notre obligation depuis le début, c'est quand on a une information, on la donne, on l'explique et on n'extrapole pas, et on essaie de ne pas affoler les gens…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pourquoi, alors pourquoi, j'ai des questions très précises, évidemment…
SIBETH NDIAYE
Et j'y répondrai de manière très précise, Jean-Jacques BOURDIN…
JEAN-JACQUES BOURDIN
D'accord. Pourquoi est-ce que les populations n'ont pas eu connaissance, dans les 24 heures, des produits stockés chez LUBRIZOL et des produits qui ont brûlé chez LUBRIZOL. Pourquoi est-ce qu'il a fallu attendre près d'une semaine, cinq jours… ?
SIBETH NDIAYE
Alors, la réponse, je vous la donne de manière extrêmement précise, depuis 2017, il existe un décret qui fait qu'on ne rend pas publics les produits chimiques qui sont sur des sites Seveso pour des questions de sécurité nationale, parce qu'on a eu une vague d'attentats et qu'on a considéré, à un moment donné, qu'il valait mieux que ces listes-là ne se baladent pas partout pour que n'importe quel dingue n'aille dans ces sites-là pour voler ces produits dangereux. Ça, c'est la première chose. Donc, ce dont nous disposions, au moment où l'incendie a éclaté, c'est de la liste de tous les produits potentiellement existants sur le site, parce qu'on donne une autorisation à LUBRIZOL en lui disant : voilà la liste des produits dont vous pouvez disposer sur votre site, et voilà les quantités maximales que vous pouvez avoir pour ces produits-là, donc ça, on le savait depuis le début. Ce que nous ne savions pas, c'est précisément à l'endroit qui a brûlé, donc dans l'entrepôt qui a brûlé, qui représente uniquement 15 % du site de la superficie totale du site, nous ne savions pas exactement ce qu'il y avait, et LUBRIZOL, eux-mêmes, ont mis du temps pour pouvoir déterminer dans quelle quantité chacun des produits étaient présents. Donc il faut vérifier parce que quand on ne sait pas ce qui a brûlé, précisément, en fait, on ne peut pas savoir quelles analyses il faut mener, parce que c'est en fonction des produits qui sont présents qu'on peut déterminer les analyses qui sont nécessaires.
JEAN-JACQUES BOURDIN
On est d'accord, on est d'accord, Sibeth NDIAYE. Mais comme vous le dites, cette liste, on ne la rend pas publique avant la catastrophe, mais une fois la catastrophe arrivée, on doit la rendre publique…
SIBETH NDIAYE
Non, on ne doit pas la rendre publique…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, on ne doit pas, et pourquoi ?
SIBETH NDIAYE
On ne doit pas la rendre publique parce que ça ne sert à rien de parler de produits qui n'ont pas brûlé, ça ne sert à rien, on parle de ce qui a brûlé effectivement…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, d'accord, bon, des produits. Donc LUBRIZOL a mis beaucoup de temps avant de vous dire, de dire aux autorités quels sont les produits qui ont brûlé, on est bien d'accord ?
SIBETH NDIAYE
LUBRIZOL, attention, moi, je n'exonère pas du tout la responsabilité de cette entreprise, et elle aura sans doute à s'expliquer…
JEAN-JACQUES BOURDIN
L'État va se retourner contre elle ?
SIBETH NDIAYE
Mais ce n'est pas à l'État de se retourner contre elle, c'est : il y a des enquêtes administratives, donc on va voir s'ils ont bien suivi toutes les procédures qu'ils auraient dû suivre, ils ont été en amont contrôlés pour cela ; donc on va vérifier que tout a été fait de la bonne manière, il y a des enquêtes judiciaires, ces enquêtes judiciaires, elles mettront peut-être en cause la responsabilité de l'entreprise, moi, je ne crie pas avec les loups avant de savoir. Donc cette entreprise, elle ne pourra pas s'exonérer de ses responsabilités, et je le dis de manière solennelle, si elle a des responsabilités, elles seront mises en cause. Et cette entreprise devra en répondre…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Elle sera poursuivie ?
SIBETH NDIAYE
Exactement…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Elle sera poursuivie devant la justice ?
SIBETH NDIAYE
Elle sera poursuivie devant la justice dès lors que l'enquête nous dira ce qui s'est passé.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais pourquoi n'a-t-on pas eu très vite une carte de la contamination des sols autour de l'usine, par exemple ?
SIBETH NDIAYE
Mais tout simplement parce que, pour pouvoir établir la carte de la contamination des sols, il faut que vous ayez des analyses qui se sont terminées, dès le vendredi, je dis…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, on en est où de ces analyses ?
SIBETH NDIAYE
Je dis que dès le vendredi, nous avons commencé à réaliser des analyses, et on l'a fait dans un ordre scientifique…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Une semaine après, on en est où ?
SIBETH NDIAYE
Aujourd'hui, on peut vous dire que la qualité de l'air est parfaitement respirable, et je pèse mes mots, il n'y a pas de pollution différente de ce qui se passe habituellement à Rouen qui, comme toutes les agglomérations françaises…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, qualité de l'air, très bien…
SIBETH NDIAYE
Sur la qualité de l'eau à Rouen et dans son agglomération, l'eau est potable, on peut ouvrir son robinet et on peut la boire sans aucun problème…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, et les suies qui sont tombées au sol ?
SIBETH NDIAYE
Sur les suies qui sont tombées au sol, on a, d'abord, commencé par chercher une première série de produits, en gros, ce sont les produits, je ne vais pas vous donner les noms scientifiques…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, non…
SIBETH NDIAYE
C'est les produits qu'on trouve habituellement quand il y a des hydrocarbures qui brûlent. Ces produits-là, on a regardé ce qu'il en était, et on a vu qu'il n'y avait pas de toxicité immédiate, mais au nom du principe de précaution, parce que nous n'avions pas terminé les analyses sur d'autres types de produits qui sont plus longs à chercher, au nom du principe de précaution, nous avons dit aux gens de ne pas toucher les suies, de ne pas manipuler des galettes d'hydrocarbures, de le nettoyer à l'eau et au savon, ça, c'est le principe de précaution, parce qu'en fait, pour répondre dans l'urgence aux inquiétudes des gens, il faut leur donner des informations qui sont claires, et en l'occurrence, c'est-ce qu'on a fait sur les suies.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les dioxines ?
SIBETH NDIAYE
Les dioxines, alors, d'abord, il faut savoir…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les dioxines…
SIBETH NDIAYE
Les dioxines, c'est un sujet de préoccupation évidemment. Il faut savoir que quand il y a quelque chose qui brûle, vous avez un bâtiment qui brûle, vous avez toujours de la dioxine qui est dégagée…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, je sais, exact, exact…
SIBETH NDIAYE
On a fait des prélèvements, on a fait deux types de prélèvements, on a regardé là où il y avait eu le panache de fumée et là où il n'y avait pas eu le panache de fumée, et on a comparé les quantités de dioxine dans les deux cas. Ce qu'on a vu, c'est que, avec panache ou sans panache, les résultats étaient à peu près similaires, c'est ce qu'on appelle des résultats qui se rapprochent du bruit de fond, ça ne veut pas dire pour autant que nous arrêtons les investigations sur la dioxine, nous les poursuivons, parce que nous pouvons imaginer qu'il y a eu des dépôts dans des produits alimentaires ou au niveau des élevages, chez les agriculteurs, et donc ça, on cherche, et on les aura, je crois, d'ici la fin de la semaine…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce qu'un suivi médical sera mis en place ?
SIBETH NDIAYE
Oui, bien sûr, c'est très important que l'on puisse suivre s'il y a des choses qui se déclarent, des maladies qui se déclarent avec le temps, et donc on aura un suivi. Alors, on aura à la fois…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Exactement. Il a fallu que le Premier ministre reprenne les choses en main quand même dans la communication !
SIBETH NDIAYE
Mais vous savez, le job du Premier ministre, c'est d'organiser l'activité du gouvernement…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, non, mais j'ai compris…
SIBETH NDIAYE
Il l'a fait avec beaucoup de sérieux, dès le début, c'est lui qui a demandé d'abord à Christophe CASTANER, puis aux trois autres ministres qui se sont rendus sur place…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, d'aller sur place…
SIBETH NDIAYE
D'aller sur place. Il a donné de sa personne en y allant lui-même. Et je peux vous dire qu'il est assez ferme dans les réunions, j'ai assisté à des réunions de près, et il a bien les mains sur le volant…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Christophe CASTANER jeudi matin : il n'y a pas d'éléments qui permettent de penser qu'il y a un risque lié aux fumées. Agnès BUZYN, l'après-midi : je ne peux pas dire qu'il n'y a pas de danger, évidemment, déjà, ça commence à différer. Le préfet le lendemain : état habituel de la qualité de l'air. Didier GUILLAUME : les agriculteurs ont l'interdiction de commercialiser leurs produits. Edouard PHILIPPE : les odeurs sont gênantes, mais pas nocives bon, quand même, il y a eu…
SIBETH NDIAYE
Non, mais là, il ne faut pas tout confondre. Moi, je suis d'accord avec chacune des phrases que vous avez rapportées…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, eh bien, évidemment, vous n'allez pas me dire le contraire !
SIBETH NDIAYE
Non, mais pardon, mais examinons les choses, reprenons vos phrases, quand CASTANER dit : les premières analyses disent qu'il n'y a pas de danger, eh bien, s'il y avait un danger, il l'aurait dit, s'il n'y a pas de danger, vous voulez quoi, qu'il ne le dise pas ? Eh bien, donc, il dit la vérité. Quand BUZYN, elle y va, elle dit : je ne peux pas vous garantir que pour des siècles et dans tous les jours à venir, il n'y aura pas de danger, on dit la vérité, Jean-Jacques BOURDIN, à chaque instant…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous dites la vérité à chaque instant…
SIBETH NDIAYE
On dit la vérité.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, il est dommage que tous les riverains de LUBRIZOL ne connaissent pas et ne sachent pas ce que fait cette usine, c'est regrettable, c'est regrettable…
SIBETH NDIAYE
Alors là, je suis d'accord avec vous…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est un vaste débat…
SIBETH NDIAYE
Pour le coup, je suis d'accord avec vous, parce qu'au fond…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Evidemment.
SIBETH NDIAYE
Au fond, ça entretient la suspicion et la crainte, ça c'est complètement normal, il faut aussi voir qu'à Rouen, on est dans un bassin qui est historiquement industriel où donc il y a un contact entre les sites industriels et les habitations et les endroits où les gens vivent. Il y a aussi un développement des villes, au départ Lubrizol n'était pas collé à Rouen, ce site industriel là et puis la ville s'est étendue, ça nous pose des questions sur la manière dont les sites industriels et en particulier les sites chimiques sont intégrés à la vie de nos territoires. Il ne faut pas oublier que c'est aussi beaucoup d'emplois et qu'il y a des territoires entiers qui vivent parce qu'il y a une usine qui est implantée sur ce territoire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Sibeth NDIAYE, 150 000 policiers en France, 27 000 dans la rue hier, c'est considérable, alors juste une question simple, est-ce que l'État paiera avant la fin de l'année aux policiers les heures supplémentaires dues ? Oui ou non ?
SIBETH NDIAYE
Alors nous avons déjà engagé une revalorisation de la rémunération des policiers.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je ne vous parle pas de cette rémunération, je vous parle des heures supplémentaires…
SIBETH NDIAYE
Je vous dis que les heures supplémentaires qui sont accumulées depuis des années, je ne vais pas d'un coup de baguette magique pouvoir les payer toutes d'un coup, parce que ça n'est pas non plus de la responsabilité de ce gouvernement exclusivement, bon. La deuxième chose…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Enfin vous êtes comptable…
SIBETH NDIAYE
Bien sûr que nous sommes…
JEAN-JACQUES BOURDIN
De ce que l'État a fait avant vous, pardon.
SIBETH NDIAYE
Evidemment qu'on en est comptable aussi et c'est la raison pour laquelle nous avons souhaité qu'il y ait des négociations avec les partenaires sociaux chez les organisations syndicales des policiers, ces négociations elles ont mené à quoi, elles ont mené à une revalorisation salariale mensuelle de quasiment 100 euros, ce n'est pas rien 100 euros par mois. On a signé aussi un protocole qui vise à faire en sorte que l'on ait une organisation du travail qui génère moins d'heures supplémentaires et qui soit meilleure, mais je vous le dis parce que c'est important, ce que les policiers ont exprimé…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais je vous parle des heures supplémentaires dues, Sibeth NDIAYE, est-ce qu'elles vont commencer, quand…
SIBETH NDIAYE
Les heures supplémentaires dues, on ne peut pas les payer d'un coup et on commence à les payer progressivement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Quand commencerez-vous à les payer ?
SIBETH NDIAYE
On commence à les payer progressivement ces heures supplémentaires.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Quand ?
SIBETH NDIAYE
Je n'ai pas le détail donc je ne vais pas vous dire des bêtises, moi ce que je peux vous dire…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Laurent NUNEZ était à votre place en décembre dernier au en janvier dernier, il me disait exactement la même chose, exactement. Alors quand allez-vous…
SIBETH NDIAYE
Là en l'occurrence vous ne ressortez pas l'interview de Laurent NUNEZ d'il y a trois mois, moi ce que je peux vous dire…
JEAN-JACQUES BOURDIN
… commencer à les payer.
SIBETH NDIAYE
Ce que je peux vous dire, c'est que, parce qu'il faut un peu poser le ballon, Jean-Jacques BOURDIN. La première chose à dire, non mais la première chose à dire parce qu'ici à votre antenne on a aussi entendu des choses…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il ne faut pas toujours jouer défensif.
SIBETH NDIAYE
Non mais je ne joue pas que défensive, je joue aussi offensive, je vous le prouve.
JEAN-JACQUES BOURDIN
En me donnant les dates.
SIBETH NDIAYE
Moi, quand je dis je joue offensive, c'est que je veux aussi vous décrire la réalité de l'action politique du gouvernement, mais c'est important. Quand on augmente le budget de la police d'un… le budget du ministère de l'Intérieur d'un milliard d'euros, quand on fait en sorte qu'il y ait des voitures qui roulent, quand on fait en sorte qu'il y ait du matériel de qualité, quand on rénove les commissariats…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais je suis d'accord, vous n'avez pas écouté les policiers de la rue.
SIBETH NDIAYE
Mais bien sûr que si monsieur BOURDIN.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous n'avez pas écouté ce qu'ils vous ont dit. Amélioration de la qualité de vie au travail…
SIBETH NDIAYE
Mais c'est pour ça que j'essaie de vous dire depuis tout à l'heure, qu'on a signé avec une expérimentation pour que les policiers puissent se retrouver chez eux en famille un week-end sur deux, au lieu d'un week-end sur six.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Très bien, Sibeth NDIAYE, c'est ce que m'avait annoncé le ministre de l'Intérieur, ici même, mais je vous repose la question quand commenceront, quand commencera le paiement de ces heures supplémentaires ?
SIBETH NDIAYE
Je ne peux pas vous le dire en détail, moi je peux vous dire ce que je sais, donc ce que je sais c'est qu'on a augmenté, pardon, mais on a augmenté le salaire des policiers, on l'a augmenté tous les mois, il y a du salaire en plus pour les policiers, c'est une manière de reconnaître la difficulté de leur travail.
JEAN-JACQUES BOURDIN
D'accord la loi dépendance, quand ?
SIBETH NDIAYE
La loi dépendance…
JEAN-JACQUES BOURDIN
… Grand âge et autonomie, qui est essentielle.
SIBETH NDIAYE
Bien sûr, je suis bien d'accord avec vous parce que notre population va vieillissant, on fait reposer aujourd'hui beaucoup sur les épaules de la famille des aidants, de l'entourage, la gestion des personnes qui rentrent dans la dépendance. Nous souhaitons que d'ici la fin de l'année, on puisse avoir un projet de loi qui soit présent.
JEAN-JACQUES BOURDIN
D'ici la fin de l'année, avec du financement ?
SIBETH NDIAYE
Evidemment.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Entre 6 et 8 milliards d'euros.
SIBETH NDIAYE
Alors ça, ça appartient à Madame BUZYN de voir en fonction de ce que nous voudrons faire…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Entre 6 et 8 milliard d'euros, vous les avez ?
SIBETH NDIAYE
C'est évidemment considérable, mais notre objectif c'est de faire en sorte qu'il y ait une meilleure prise en charge de la dépendance. Je ne vais pas vous dire, alors qu'on n'a pas rédigé ce projet de loi, l'argent qu'on met en face, mais effectivement l'objectif d'Agnès BUZYN, c'est que d'ici la fin de l'année, on puisse avoir une présentation d'un projet de loi sur la dépendance.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Sur la dépendance.
SIBETH NDIAYE
Déjà au budget cette année on a commencé à faire des choses, on a pour 500 millions d'euros de mesures dans le projet de loi de finances de la Sécurité sociale pour 2020.
JEAN-JACQUES BOURDIN
L'AME sera réformée ?
SIBETH NDIAYE
Ecoutez, on a un débat qui va avoir lieu la semaine prochaine à l'Assemblée nationale sur les questions d'immigration et d'intégration, on verra ce que nous dirons les parlementaires au cours de ce débat-là. Moi, je crois que là aussi…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous n'êtes pas contre une réforme.
SIBETH NDIAYE
Là, je crois aussi qu'il faut redescendre un peu sur terre. L'AME, elle est, un l'aide médicale d'État pour les étrangers en situation irrégulière, elle est indispensable parce qu'il vaut mieux soigner des gens qui sont porteurs de maladies qui peuvent se diffuser dans la population française que de ne pas le faire. Moi, j'ai travaillé très longtemps en Seine-Saint-Denis, je préfère qu'on soigne la tuberculose des étrangers en situation irrégulière, plutôt qu'elle contamine tous nos concitoyens. Donc c'est important de le faire. Après on peut légitimement se poser la question, est-ce qu'il y a des abus ou pas, donc on va le regarder précisément, s'il y en a, on fera en sorte qu'il n'y en ait plus.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien-être animal, interdiction de vendre des animaux sur Internet sauf pour les professionnels, c'est la décision que vous allez prendre ?
SIBETH NDIAYE
Eh bien écoutez, pour le coup je ne sais pas de quoi vous me parlez, donc je ne vais pas vous apporter de réponse.
JEAN-JACQUES BOURDIN
D'accord, d'accord, vous ne savez pas.
SIBETH NDIAYE
Je n'en ai jamais entendu parler.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et l'interdiction de la corrida aux mineurs, c'est ce que demande Aurore BERGE avec insistance.
SIBETH NDIAYE
Eh bien ça n'est pas aujourd'hui envisagé par le gouvernement, l'interdiction de la corrida. Il faut bien peser.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce n'est pas vrai.
SIBETH NDIAYE
Ah bon ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui.
SIBETH NDIAYE
Vous savez des choses que je ne sais pas. Ecoutez, apprenez-moi.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors nous verrons, nous verrons.
SIBETH NDIAYE
Eh bien en l'occurrence nous verrons mais…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous êtes favorable ou pas vous ?
SIBETH NDIAYE
Moi, la corrida personnellement ce n'est pas, si on peut appeler ça un sport ou un spectacle que j'apprécie.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Interdire aux mineurs ?
SIBETH NDIAYE
Interdire aux mineurs…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mouillez-vous, allez.
SIBETH NDIAYE
Interdire aux mineurs…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mouillez-vous.
SIBETH NDIAYE
Oui, oui pourquoi pas, oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, vous êtes favorable.
SIBETH NDIAYE
Mais c'est une opinion personnelle.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Autant la donner et la Coupe du Monde au Qatar, est-ce qu'il faut boycotter cette Coupe du monde ?
SIBETH NDIAYE
Il ne faut pas la boycotter parce qu'aujourd'hui il y a des sportifs qui sont engagés dans cette Coupe du monde, qui croient dans ce qu'ils sont en train de faire et évidemment il faut pouvoir les encourager, mais de toute évidence quand on voit les circonstances, quand on voit l'impact écologique, manifestement ce n'était pas la meilleure idée que les Fédérations internationales aient pu avoir.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci Sibeth NDIAYE.
SIBETH NDIAYE
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 7 octobre 2019