Déclaration de M. Emmanuel Macron, président de la République, sur la situation en Ukraine, à Paris le 9 décembre 2019.

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Circonstance : Conférence de presse à l'issue du Sommet au format Normandie

Texte intégral

Bien, messieurs les présidents, madame la Chancelière, messieurs les ministres, mesdames, messieurs, nous avons fait attendre, mais c'était le prix d'une discussion riche, nourrie et fructueuse. Et je suis très, très heureux d'avoir accueilli aujourd'hui à Paris avec la chancelière fédérale d'Allemagne, le président de la Fédération de Russie et le président d'Ukraine pour ce premier sommet en format Normandie depuis le sommet de Berlin d'octobre 2016. Et le fait que nous soyons aujourd'hui côte à côte à Paris est en soi un résultat important à plusieurs égards, une relance crédible qui n'était en aucune mesure acquise d'avance compte tenu de l'absence d'avancées concrètes depuis plusieurs années. Je crois que la tenue de ce sommet et des heures de discussions que nous venons d'avoir est en soi un acquis. Il s'agit aussi de la première rencontre entre le président POUTINE et le président ZELENSKY, depuis l'élection de ce dernier en avril 2019. Et je tiens à saluer à cette occasion le courage politique et la détermination dont a fait preuve le président d'Ukraine depuis son élection pour ramener la paix dans le conflit qui ravage l'est de son pays. Les gestes qui ont été faits au cours des derniers mois ont été clairement un élément décisif de la relance du processus de rétablissement de la confiance, qui était nécessaire à toute avancée sur une base réciproque. Notre rencontre permet également de réaffirmer au plus haut niveau notre objectif partagé pour parvenir à une paix juste et durable et mettre un terme à un conflit qui n'est en aucune mesure gelé, qui a fait plus de 13 000 morts depuis son déclenchement, continue à faire chaque semaine des victimes, et constitue une blessure ouverte au coeur du continent européen. J'ai eu l'occasion de m'exprimer à cet égard sur ce sujet ces derniers jours. La stabilité du continent européen et la construction d'une nouvelle architecture de confiance et de sécurité passent par le règlement du conflit dans l'est de l'Ukraine, et dans le cadre des accords de Minsk. Et c'est à ce titre que les discussions d'aujourd'hui étaient importantes. Cette rencontre a enfin été rendue possible par un travail préparatoire très important, relancé au cours de l'été, dans lequel chacun ici s'est engagé. Et ce travail a permis des progrès importants afin de créer une atmosphère de confiance. Le désengagement des 3 zones pilotes qui avaient été définies en 2016, débuté en juin, est désormais effectif. Sur le volet politique, un accord a été obtenu le 1er octobre au Groupe de contact trilatéral sur la formule dite « Steinmeier », et, sans être directement lié au conflit, l'échange de 70 prisonniers entre la Russie et l'Ukraine, le 7 septembre dernier, a permis là aussi de restaurer la confiance. Nos discussions ont permis aujourd'hui, et je vais laisser chacun s'exprimer, d'avancer sur tous ces points : le sujet du désengagement, le sujet des prisonniers, la clarification du cessez-le-feu, un agenda aussi de confiance sur les évolutions politiques des prochains mois. Nous avons aussi acté, je conclurai là-dessus, un travail demandé à nos ministres des Affaires étrangères et nos conseillers diplomatiques pour les 4 mois à venir, consistant à oeuvrer pour les conditions sécuritaires et politiques, entre autres en vue de l'organisation d'élections locales, avec l'objectif d'ici 4 mois d'avoir un nouveau sommet en format Normandie pour parachever ces travaux. Je laisserai chacun s'exprimer, mais je veux ici redire combien nous croyons très profondément à ce travail de rétablissement de la paix et à cette relation de confiance, et à ce titre, combien les discussions du jour, y compris les discussions inédites, si je puis dire, ont permis d'avancer utilement pour la première fois depuis un peu plus de 3 ans. Madame la chancelière, chère Angela.