Texte intégral
MARC FAUVELLE
Bonjour Emmanuelle WARGON.
EMMANUELLE WARGON
Bonjour.
MARC FAUVELLE
Quatre morts, un disparu, des dégâts qui se chiffrent centaines de millions d'euros dans le sud-est, est-ce que c'est juste un phénomène météo exceptionnel qu'on vient de connaître ou est-ce qu'il faut s'interroger également sur le rôle de l'homme et de l'urbanisation ?
EMMANUELLE WARGON
Alors c'est sûr qu'on a vécu beaucoup d'épisodes météo exceptionnels, je voudrais commencer par saluer le rôle des secours, des pompiers, des gendarmes, etc, dans cette crise il y a eu énormément de sauvetages, de prises en charge. Après je crois que c'est deux choses qui se cumulent. D'abord des précipitations qui reviennent de façon exceptionnelle, des pluies, on en a de plus en plus et c'est évidemment lié d'une manière ou d'une autre au dérèglement climatique, on ne peut pas dire que c'est tel événement humain qui crée tel événement, telle perturbation, mais c'est évidemment lié. Et puis on est dans des endroits, le Var, les Alpes-Maritimes, où les sols ont été beaucoup bétonnés, imperméabilisés et donc on a des précipitations des pluies exceptionnelles dans des endroits dans lesquels progressivement on a urbanisé de plus en plus au long des années précédentes, des décennies précédentes. Et du coup les sites sont plus fragiles, l'eau s'écoule moins bien et ça crée ces difficultés.
RENAUD DELY
Cette urbanisation que vous évoquez dans la région Sud-est, précisément votre collègue, Christophe CASTANER, le ministre de l'Intérieur, qui s'est rendu sur place ce week-end, il l'a évoqué, écoutons-le.
CHRISTOPHE CASTANER, MINISTRE DE L'INTERIEUR
La nature doit être respectée, elle doit être entendue, elle doit être écoutée. Nos politiques d'aménagement doivent prendre cela en compte, depuis 40 ans, depuis 50 ans, il y a eu des fautes d'aménagement et nous devons les prendre en compte.
RENAUD DELY
Des fautes d'aménagement depuis 50 ans, dit Christophe CASTANER, comment les prendre en compte et comment les corriger, Emmanuelle WARGON ?
EMMANUELLE WARGON
Alors je vais vous donner un exemple parce que j'ai travaillé sur l'un des dossiers des Alpes-Maritimes à côté de Biot. Il y a une rivière qui s'appelle la Brague et elle a été en inondation, il y a 3 ans et ça a été terrible avec des morts.
RENAUD DELY
Et Biot a été à nouveau terriblement touché ce week-end.
EMMANUELLE WARGON
Et Biot a été de nouveau inondée et depuis on a commencé à travailler, à rendre des terrains qui étaient des terrains constructibles et construits, non constructibles, racheter des maisons…
RENAUD DELY
Et les détruire.
EMMANUELLE WARGON
Réouvrir le lit de la rivière et les détruire. Alors ça n'est pas fini, il y a encore des endroits sur lesquels il faut finir de racheter les constructions, mais là où on a renaturé, c'est-à-dire là où on a détruit des habitations, après qu'on ait voilà racheté les maisons, et là où on arrêt réélargit le lit de la rivière, ça se passe mieux ou moins mal. Je pense qu'il va falloir qu'on fasse ça beaucoup plus souvent, d'abord qu'on soit stricte sur les permis de construire et aussi qu'on revoit à la lumière des crises, des crues, là oui il faut rendre des terrains à la rivière, là où il faut rendre des terrains à la nature, on ne pourra plus urbaniser comme avant et je crois qu'on le sait tous maintenant.
MARC FAUVELLE
Quand sera décidé l'état de catastrophe naturelle pour les communes concernées, vous le savez ?
EMMANUELLE WARGON
Alors Christophe CASTANER a dit hier, quand il s'est rendu sur place que se serait fait aussi vite que possible, qu'il allait convoquer la commission qui fait ça au ministère de l'Intérieur, donc c'est une affaire de jours.
MARC FAUVELLE
Prochain conseil des ministres peut-être ?
EMMANUELLE WARGON
Je ne crois pas que ça passe au conseil des ministres, mais en tout cas ça sera fait très, très rapidement. Ça a été fait pour la Drôme et l'Ardèche, vous savez qu'il y a eu un tremblement de terre, il y a quelques jours, il y a une dizaine de jours, ça y est la catastrophe naturelle a été reconnue, donc là c'est pareil, c'est en jours.
MARC FAUVELLE
Et on sait que cet état permet notamment d'allonger sur les procédures pardon d'assurance qui sont normalement de 5 jours et qui sont doublées à dix uniquement, je crois, quand les communes sont placées en état de catastrophe, c'est bien ça ?
EMMANUELLE WARGON
Tout à fait ça permet de d'améliorer les procédures.
RENAUD DELY
Alors Emmanuelle WARGON, il ne reste plus qu'une dizaine de jours avant la fameuse date du 5 décembre, celle de l'appel à la grève, une grande grève interprofessionnelle contre la réforme des retraites. Le Premier ministre, Edouard PHILIPPE reçoit à nouveau à partir d'aujourd'hui l'ensemble des partenaires sociaux, en tout cas des syndicats à Matignon, est-ce que ça veut dire qu'il y a encore une chance pour le gouvernement de réussir à éviter cette grève du 5 décembre ?
EMMANUELLE WARGON
Nous souhaitons que le dialogue continue au maximum, c'est pour ça que le Premier ministre reçoit toutes les organisations syndicales et patronales aujourd'hui et demain. En fait nous sommes clairs sur l'intention de la réforme, nous avons des régimes de retraite qui ne sont plus équilibrés pour tous les régimes spéciaux depuis longtemps, nous avons besoin de plus de justice, de plus de simplicité, de plus d'universalité dans les retraites, ça se sont les principes qui fondent la réforme. Après pour les modalités, elles sont encore très ouvertes, le texte n'est pas encore écrit et donc nous sommes à un moment où nous sommes prêts à discuter avec chacune des professions concernées, les professions des régimes spéciaux, avec les organisations syndicales et patronales pour trouver le bon point d'équilibre, sur comment faire cette réforme et bien sûr nous écouterons ce qui se passe le 5 décembre.
RENAUD DELY
Ce sont des négociations qui débutent aujourd'hui, la loi n'est pas encore écrite ?
EMMANUELLE WARGON
La loi n'a pas encore été présentée en conseil des ministres, le texte n'a pas encore été présenté à la concertation avec les partenaires sociaux, nous sommes encore dans une phase de construction et d'ailleurs de débat avec les Français, puisque vous savez que Jean-Paul DELEVOYE tient de nombreux débats avec les Français pour présenter les principes et les grandes lignes de la réforme, nous en sommes là.
MARC FAUVELLE
Est-ce qu'il y aura forcément des mesures d'économies dans cette réforme pour remettre le régime à l'équilibre en 2025 ou est-ce que ça aussi c'est sur la table ?
EMMANUELLE WARGON
Le point de départ de l'action du gouvernement sur le sujet des retraites, ça n'est pas de rééquilibrer à court terme. Le point de départ, c'est de refonder un régime de retraite parce que notre régime de retraite il a été fondé en 45 et que maintenant il est dépassé, il faut qu'on passe à un régime différent. Donc notre objectif, c'est de refonder pour plusieurs dizaines d'années. Lorsque nous avons commencé, le COR, le Conseil d'Orientation pour les Retraites, qui est l'organisme indépendant qui nous dit où en sont les régimes de retraite, nous disaient que pour les 5 ou 10 ans qui viennent les régimes de retraite étaient équilibrés. Donc on était bien dans une réforme de système. Maintenant le COR vient de nous rendre un rapport pour nous dire que finalement il va peut-être falloir rééquilibrer, donc c'est une deuxième question qui se pose, mais on ne veut pas mélanger les deux questions.
RENAUD DELY
Ça veut bien dire que la réforme a changé en cours de route ?
EMMANUELLE WARGON
Non.
RENAUD DELY
Entre le programme d'Emmanuel MACRON qui disait réforme de justice sociale et celle aujourd'hui réforme de justice sociale plus économie, ce n'est plus la même.
EMMANUELLE WARGON
Non, ça ne veut pas dire que le projet a changé, le projet c'est toujours un projet de justice sociale et d'universalité, en revanche le contexte a changé, maintenant les évaluations nous disent que nous avons aussi une question d'équilibre et nous traiterons aussi cette question d'équilibre, mais le projet c'est un projet de refondation.
MARC FAUVELLE
Quand vous dites juste que la loi n'est pas encore écrite, ça signifie que par exemple les régimes spéciaux qui mobilisent notamment les personnels de la RATP de la SNCF, ils sont encore négociables ou ils sont de toute façon supprimés, ils seront supprimés ?
EMMANUELLE WARGON
Encore une fois il faut vraiment séparer les objectifs et le comment, les objectifs sont clairs, ils ont été posés depuis maintenant un an et demi…
RENAUD DELY
Donc il n'y aura plus de régimes spéciaux, c'est ce que vous dites…
EMMANUELLE WARGON
… depuis les premières concertations avec Jean-Paul DELEVOYE et tout le gouvernement. Maintenant à quelle vitesse, dans quelles conditions, avec quelle contrepartie, quelle prise en compte des personnes qui doivent partir plus tôt compte tenu de leur rôle en matière de police de sécurité par exemple, toutes ces questions sont encore ouvertes.
MARC FAUVELLE
Emmanuelle WARGON, vous restez avec nous dans quelques instants on se posera la question du service minimum, faut-il une nouvelle loi comme le réclame une partie de la droite aujourd'hui ?
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MARC FAUVELLE
Et puis toujours avec la secrétaire d'Etat auprès de la ministre de la Transition écologique et solidaire, Emmanuelle WARGON, et cette question maintenant à 10 jours de la grève notamment dans les transports du 5 décembre prochain, le patron de la droite au Sénat Bruno RETAILLEAU vous demande de légiférer une nouvelle fois sur le service minimum, écoutez.
BRUNO RETAILLEAU
Mon service minimum garanti, c'est un tiers du trafic aux heures de pointe, c'est-à-dire le matin et le soir. Il y a des millions de Français désormais qui utilisent les services publics et on a un enjeu écologique, si on veut développer des transports en commun, il faut qu'ils soient sûrs.
MARC FAUVELLE
Est-ce que vous êtes favorable à une nouvelle loi Emmanuel WARGON ?
EMMANUELLE WARGON
Moi, je suis favorable à l'exercice du droit de grève. Le droit de grève est un droit en France important. Donc il faut trouver le bon point d'équilibre entre droit de grève et service minimum. Il me semble que les textes actuels sont satisfaisants, donc non je ne suis pas favorable à une nouvelle loi.
MARC FAUVELLE
Pas de réquisition des grévistes comme le suggère Bruno RETAILLEAU notamment ?
EMMANUELLE WARGON
De toute façon on va aussi voir comment les choses se déroulent, si la grève est ponctuelle le 5 décembre ou si elle continue, mais à ce stade il me semble que l'équilibre que nous avons, est un équilibre qui a été trouvé après de nombreux textes successifs et je ne vois pas de raison d'aller chercher un nouveau texte.
MARC FAUVELLE
Est-ce qu'à vos yeux, Emmanuelle WARGON, les grévistes du 5 décembre notamment dans les transports portent des revendications corporatistes ?
EMMANUELLE WARGON
Ils portent un système qui n'est plus justifié aujourd'hui, quand on a créé ces régimes spéciaux, on avait des départs très tôt qui étaient liés à une forme de pénibilité particulière au travail, mais conduire un train aujourd'hui ou un métro ou un bus, ça n'est pas du tout la même chose que conduire un train quand on était cheminot dans les années 50. Donc ils portent une défense d'un système qu'il faut remettre à plat aujourd'hui.
MARC FAUVELLE
Un système qui est dépassé pour vous aujourd'hui.
EMMANUELLE WARGON
Qui est un système qui n'a plus le sens qu'il avait dans les années 45 ou 50, aujourd'hui.
MARC FAUVELLE
Est-ce que vous n'êtes pas en train de sous-estimer ce qui va se passer le 5 décembre, c'est-à-dire penser qu'il y aura uniquement des cheminots dans la rue ?
EMMANUELLE WARGON
Ecoutez, on verra ce qui se passe le 5 décembre, on est encore une fois…
MARC FAUVELLE
Une caissière par exemple qui s'inquiète du montant de sa future pension, quelqu'un qui a eu une carrière très hachée qui s'inquiète de ce qu'elle va devenir avec la réforme peut avoir des motifs d'inquiétude aujourd'hui.
EMMANUELLE WARGON
En fait le paradoxe, c'est que cette réforme elle va favoriser les personnes avec des carrières hachées, précisément c'est une réforme qui parce que, elle va valoriser chaque euro cotisé de la même manière, va plutôt favoriser les femmes qui ont travaillé, puis se sont arrêtées, les personnes à temps partiel avec des horaires incomplets, alors qu'aujourd'hui les règles de liquidation d'une retraite, notamment dans le régime général, favorisent le fait d'avoir des annuités complètes sur une période assez longue. Donc je comprends que chacun s'inquiète. On a aussi à continuer à expliquer les principes et les modalités de cette réforme, mais cette réforme elle est plutôt faite pour favoriser notamment les femmes et puis elle crée aussi un minimum de retraite puisqu'on ne pourra pas partir à la retraite avec moins de 1 000 euros par mois et ça aussi c'est un progrès social.
MARC FAUVELLE
Pour être certain, Emmanuelle WARGON, de ce que vous dites, il faudrait connaître les détails de la réforme, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui, écoutez ce qu'en dit notamment le président du MEDEF, Geoffroy ROUX DE BEZIEUX.
GEOFFROY ROUX DE BEZIEUX
Le gouvernement doit d'une certaine manière dire où il va, tout le monde est contre sans savoir ce qu'il y a dedans. Je pense que la première chose à faire, c'est de dire ce qu'il y a dedans, essayer de donner des axes clairs après les uns, les autres pourront se prononcer.
MARC FAUVELLE
Il est temps de savoir, non ?
EMMANUELLE WARGON
Nous la construisons cette réforme, c'est une réforme extrêmement ambitieuse, très lourde et donc c'est pour ça que les concertations ont eu lieu dans une première phase. Nous allons bientôt arriver à un texte et effectivement …
MARC FAUVELLE
Bientôt c'est quand ?
EMMANUELLE WARGON
Et effectivement quand nous aurons un texte, je n'ai pas de date aujourd'hui mais…
MARC FAUVELLE
C'est cette année ?
EMMANUELLE WARGON
Nous allons bientôt arriver à un texte.
RENAUD DELY
Avant Noël ?
EMMANUELLE WARGON
Bientôt et quand nous aurons un texte, ce sera évidemment plus simple pour tout le monde de se positionner, mais on ne peut pas à la fois nous dire, il y a encore beaucoup de choses à clarifier collectivement, nous devons continuer à discuter et il est temps pour le gouvernement de déposer sa copie. Mais la copie arrivera dans quelques semaines.
MARC FAUVELLE
Et l'entrée en vigueur c'est bientôt aussi 2025-2050 ?
EMMANUELLE WARGON
Ça, ça fait vraiment partie des points en discussion, de savoir pour quelle génération l'entrée en vigueur se fera, en tout cas ça ne se fait ni pour les retraités actuels, je le redis parce que je sais que certains s'inquiètent, ni pour ceux qui sont proches de la retraite.
RENAUD DELY
Alors en matière de dons environnement, Emmanuelle WARGON, il y a un texte porté par le gouvernement pour une économie circulaire, c'est un une loi anti gaspi et anti gaspillage qui portait notamment jusqu'à présent une mesure qui a été très contestée par les élus locaux, en particulier par les maires, c'est une mesure de la consigne pour le recyclage des bouteilles en plastique. La semaine dernière lors du congrès des Maires de France, Emmanuel MACRON a expliqué que rien ne se fera sans les maires, si les maires ne se ne veulent pas de consigne, il n'y aura pas de consigne, cette mesure, elle est définitivement enterrée ?
EMMANUELLE WARGON
Ce qu'a dit le président de la République, c'est qu'il faut qu'on trouve comme toujours la conciliation entre la lutte contre le plastique, la lutte contre le plastique elle est indispensable et le fait que les communes ont toutes mis en place des systèmes de recyclage et que on a besoin de ne pas déstabiliser les systèmes de recyclage locaux. En fait les communes, il l'a dit aussi, en parlant d'écologie territoriale, les communes sont en première ligne sur beaucoup de sujets sur l'écologie, sur le recyclage mais aussi sur l'alimentation et les circuits courts…
MARC FAUVELLE
Ce sera au libre choix des maires ?
EMMANUELLE WARGON
Mais aussi sur l'électricité et l'énergie. En tout cas l'idée c'est de trouver un point d'équilibre qui permet de ne pas déstabiliser les systèmes de recyclage de déchets, de collecte et de recyclage des déchets, pour qu'on arrive à notre objectif, c'est-à-dire recycler toujours plus de plastiques, laisser le moins de plastiques possibles dans la nature.
RENAUD DELY
J'essaie de comprendre, Emmanuelle WARGON, ce que signifie ce mot, le point d'équilibre, ma bouteille en plastique, je la mets dans ma poubelle où ça part au recyclage ou je la ramène à la consigne ?
EMMANUELLE WARGON
D'abord le plus important c'est que votre bouteille en plastique, elle ne finisse pas dans le bac de déchet normal, pire dans la rue.
RENAUD DELY
Comptez sur moi. Mais je la mets où ?
EMMANUELLE WARGON
Ca dépendra des endroits, dans certains endroits, il y aura des systèmes de consigne, dans d'autres ce sera du recyclage général …
RENAUD DELY
Et ça dépendra de qui alors, c'est le maire qui décidera ?
EMMANUELLE WARGON
D'abord le texte arrive pour discussion à l'Assemblée nationale aujourd'hui, donc je crois que la discussion, elle ne se fera pas dans ce studio, elle se fera plutôt dans l'hémicycle, mais en tout cas c'est la question, que ce soit dans un système de recyclage dédié ou que ce soit dans le bac plastique qui permet de recycler le plastique, l'important c'est que la bouteille, elle ne traîne pas.
MARC FAUVELLE
Ce que disent les maires c'est que si on crée une consigne ça risque de déstabiliser toute la filière qui aujourd'hui commençait, enfin, à s'organiser, leur faire perdre beaucoup d'argent et donc faire que cette filière ne fonctionne plus, y compris pour les autres produits qu'on met à la poubelle.
EMMANUELLE WARGON
C'est pour ça que je vous dis qu'il faut trouver le point d'équilibre entre un système dédié pour les bouteilles en plastique, ou un système général pour tous les déchets, plastiques, cartons, etc., qui s'est, et c'est quand même une bonne nouvelle, beaucoup développé en France. Après, on recycle peu le plastique en France, on doit recycler environ à 30%, dans les grandes villes on doit recycler à 10%, alors qu'on a des objectifs français et communautaires autour de 70%, donc il faut qu'on fasse des progrès collectifs.
RENAUD DELY
Alors, en matière de points d'équilibre cherchés par la majorité, la majorité a eu du mal à trouver l'équilibre sur une autre mesure, la semaine dernière finalement les députés ont fini par supprimer les avantages fiscaux dont jouissaient jusque-là des produits à base d'huile de palme, on se souvient qu'il y a eu deux votes à l'Assemblée avant que la majorité se résolve à supprimer ces avantages, et cette décision elle ne plaît pas du tout à Patrick POUYANNE, le PDG de TOTAL, qui assure que cette décision va mettre en danger la bioraffinerie de La Mède, c'est dans les Bouches-du-Rhône. Ecoutons-le.
PATRICK POUYANNE, PDG DE TOTAL
Nous continuerons à faire des biocarburants à base d'huile de palme à La Mède pour les exporter, en Allemagne, en Belgique. Je souhaite que maintenant, qu'on trouve le cadre économique, j'espère qu'on le trouvera, parce que sinon, malheureusement, cette survie économique de cette usine sera en jeu.
RENAUD DELY
D'après Patrick POUYANNE, la survie économique de cette usine c'est 250 emplois qui sont en jeu.
EMMANUELLE WARGON
Moi je n'ai pas l'impression que l'entreprise TOTAL soit en telle difficulté qu'elle n'arrive pas à assumer la survie économique d'une usine qui fait 250 emplois, donc il me semble que l'équation, pour le groupe, doit être possible. Moi je suis tout à fait contente du résultat de ces discussions, cet avantage fiscal avait été supprimé une première fois en 2020, il y a eu un débat parlementaire…
RENAUD DELY
Pourquoi ça a été si difficile ?
MARC FAUVELLE
Pourquoi est-ce que le gouvernement a changé d'avis sur cette question ?
EMMANUELLE WARGON
Pour moi ce qui est important c'est qu'on ne donne aucun signal qui puisse inciter à la déforestation…
MARC FAUVELLE
C'en est un, de prolonger l'avantage fiscal de l'huile de palme est-ce que ce n'était pas justement…
EMMANUELLE WARGON
Ce dont on parle c'est de savoir comment est-ce qu'on importe, en France, des produits qui sont des produits qui peuvent créer de la déforestation, notamment en Asie du Sud-est, et c'est catastrophique parce que ce sont des forêts qui brûlent, ce sont des puits de carbone qui brûlent, on parlait dérèglement climatique au début, on ne peut pas continuer à accepter ça. Après, il existe des cas dans lesquels il y a des certifications, qui permettent d'être sûr que l'huile de palme, ou d'autres produits d'ailleurs, qu'on importe, sont produits de façon durable, et pour moi c'est ça la bonne piste, c'est être sûr qu'on a des produits, produits de façon durable. Nous avons prévu un groupe de travail avec les ONG, les organisations internationales, qui sont vigilantes sur ce sujet, et TOTAL, je pense que la question elle est plutôt posée comme ça.
MARC FAUVELLE
C'est clair et net, ça ne changera plus, désormais l'huile de palme perd ses avantages dès l'an prochain ?
EMMANUELLE WARGON
En tout cas c'est ce que l'Assemblée nationale a voté.
MARC FAUVELLE
Et c'est la position du gouvernement que vous défendez ce matin ?
EMMANUELLE WARGON
Moi ça me paraît être la bonne solution.
MARC FAUVELLE
Merci Emmanuelle WARGON. Vous restez avec nous encore, on va parler dans quelques minutes de la prochaine COP, vous nous expliquerez pourquoi Emmanuel MACRON n'a pas l'intention d'y aller, on parlera également de la chasse à la glue dans quelques instants.
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MARC FAUVELLE
Vous confirmez, Emmanuelle WARGON, qu'Emmanuel MACRON ne se rendra pas à la COP qui débute dans une semaine en Espagne ?
EMMANUELLE WARGON
Non non, je ne confirme rien du tout, ce n'est pas moi qui annonce l'agenda du président de la République. En tout cas c'est COP, c'est une COP importante, parce qu'il faut qu'on arrive à démontrer les uns et les autres qu'on est capable de se mettre sur le chemin de l'atteinte de l'Accord de Paris. Vous savez, l'Accord de Paris c'est l'accord qui dit : on va essayer de limiter le réchauffement climatique à 2° maximum en 2050. En France on a amorcé sa de cette transition, on a baissé nos émissions de gaz à effet de serre de 4 % pour la première fois l'année dernière, 3 % pardon…
RENAUD DELY
Mais la France n'atteint pas ses objectifs, ceux qui sont inscrits dans l'Accord de Paris.
EMMANUELLE WARGON
La France est sur une trajectoire qui est encore trop haute par rapport à l'Accord de Paris, comme à peu près tous les Etats du monde, même si on a baissé nos émissions l'année dernière après deux années de hausse. Et donc c'est important que tout le monde se retrouve en se disant : l'objectif est toujours là, il n'y a pas grand monde qui y arrive aujourd'hui. Après, chacun est dans une tendance plus ou moins positive, il faut qu'on continue…
RENAUD DELY
Mais le problème, ce n'est plus l'objectif, c'est selon les moyens, désormais, ce n'est pas simplement de se retrouver effectivement à Madrid pour dire : bon ben l'objectif est toujours là, on ne change pas d'objectif, c'est peut-être l'enjeu de trouver de nouveaux moyens pour essayer d'atteindre cet objectif ?
EMMANUELLE WARGON
Oui, vous avez raison. L'enjeu c'est de dire : l'objectif est toujours là, il est impératif de faire le bilan pour voir qui se positionne, comment les efforts actuels suffisent ou ne suffisent pas. Pour la majeure partie des pays on n'y est pas encore, c'est ce que je vous disais, et nous c'est aussi pour ça qu'on a créé cette convention citoyenne pour le climat avec 150 personnes qui délibèrent actuellement et qui vont nous aider à passer aux étapes d'après, au-delà de ce qu'on fait déjà sur les énergies renouvelables, sur le bâtiment, sur les transports etc. Donc c'est un rendez-vous important.
MARC FAUVELLE
C'est une COP très importante, Emmanuelle WARGON, dites-vous, qui représentera la France alors ? C'est lundi prochain.
EMMANUELLE WARGON
De nombreux membres du gouvernement représenteront la France. Moi, vous savez…
MARC FAUVELLE
Vous pouvez nous dire qui, ou on ne sait pas encore ?
EMMANUELLE WARGON
Moi, vous savez, je m'occupe plutôt d'écologie territoriale, donc je ne suis pas en charge de la partie négociations internationales.
MARC FAUVELLE
Il y aura un ministre présent ?
EMMANUELLE WARGON
Il y aura forcément des membres du gouvernement présents.
MARC FAUVELLE
Et pas le président ?
EMMANUELLE WARGON
Encore une fois ce n'est pas moi qui vous répondrai…
MARC FAUVELLE
J'ai lu ça, toute la Presse a annoncé sans démenti de l'Elysée, qu'il n'irait pas pour cause de…
EMMANUELLE WARGON
Ce n'est pas moi qui vous répondrai sur l'agenda du président de la République, mais en tout cas, ce que ce que je voudrais dire, c'est que ces engagements internationaux, qui sont indispensables, on a vraiment besoin de respecter cette feuille de route, il se respecte dans ces accords internationaux, dans les trajectoires nationales, et dans ce qu'on peut faire vraiment concrètement sur le territoire, et c'est aussi pour ça que moi je travaille vraiment sur des sujets locaux, avec des communes, avec des collectivités territoriales, parce que les énergies renouvelables, les panneaux solaires, on les met quelque part, les éoliennes on les met quelque part, les mobilités alternatives, c'est-à-dire comment moins prendre sa voiture ça se fait localement, et donc c'est tout le travail que je mène avec des contrats locaux, dans des grandes villes, mais dans des villes moyennes, dans des communautés de communes, à Montbard, à Arles, à Briançon. Etc. En fait l'écologie en général elle s'incarne localement, et je pense que c'est ça l'un de nos enjeux.
MARC FAUVELLE
Une question justement qui agace très fortement en ce moment les associations écologistes, c'est celle de la chasse à la glue.
RENAUD DELY
Vous êtes d'interpellée, Emmanuelle WARGON, par ces associations, notamment par la Ligue de Protection des Oiseaux, puisque cette chasse à la glue, donc elle est autorisée dans cinq départements, elle est supposée ne concerner que des espèces de merles et de grives, mais d'autres oiseaux sont pris au piège justement par cette colle. Il y a des images qui sont diffusées, qui sont extrêmement choquantes. Est-ce que le gouvernement va interdire la chasse à la glue ?
EMMANUELLE WARGON
Alors, la chasse à la glue, c'est une chasse traditionnelle qui existe dans cinq départements dans le sud-est en France…
RENAUD DELY
De PACA, oui.
EMMANUELLE WARGON
Essentiellement dans la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. En fait c'est assez limité en nombre d'oiseaux et en nombre de chasseurs. Ce qu'on fait cette année, déjà, c'est une énorme campagne de contrôle. Moi j'ai demandé à l'organisme de contrôle qui s'appelle l'Office national de la chasse et de la faune sauvage, de faire des contrôles dans les cinq départements, à différents moments de la journée, de la semaine, on a fait plus de 500 contrôles sur les dernières semaines, avec d'ailleurs des résultats et des contraventions. On en discute régulièrement avec la LPO la Ligue de Protection des Oiseaux…
MARC FAUVELLE
Qui vous a envoyé les images pour vous vous fassiez votre avis justement sur le fait que d'autres espèces sont piégées. C'est le cas ou pas ?
EMMANUELLE WARGON
On a constaté dans ces contrôles quelques cas dans lesquels d'autres espèces sont piégées. Dans ces cas-là bien sûr on verbalise. Après la LPO ne nous dit pas…
MARC FAUVELLE
Comment on peut vérifier qu'une colle n'arrête que les grives et les merles, puisque ce ne sont que les deux espèces qui sont légalement chassées. Ils font le tri, les oiseaux, avant de se poser sur une branche ?
EMMANUELLE WARGON
D'abord, la LPO nous alerte et elle a bien raison, mais elle ne nous dit pas où est-ce qu'elle constate des débordements ou des manquements, et donc on a aussi besoin d'elle, si elle, elle constate des choses, pour que nous on puisse aller verbaliser. C'est une chasse qui est en fait extrêmement encadrée, puisque le chasseur doit être à côté, et donc si un oiseau se pose et que ce n'est pas l'oiseau qui peut être chassé dans ce type de chasse, le chasseur doit le libérer instantanément. En fait, on doit être à côté de ces pièges, en permanence. Si ça n'est pas le cas, dans ce cas-là nous on est en capacité d'aller chercher la personne qui a posé le piège, et puis qui n'est pas restée à proximité, donc normalement tout ceci est très encadré. Après, on a besoin aussi de l'aide de la LPO pour nous dire où se passent les débordements, les manquements, et on ira les sanctionner.
RENAUD DELY
Vous évoquez des contrôles accrus, des verbalisations de chasseurs, est-ce que ce ne serait pas plus simple de la supprimer, cette chasse, ce mode de chasse ?
MARC FAUVELLE
Comme l'ont fait je crois tous les autres pays d'Europe.
EMMANUELLE WARGON
Ça fait partie de traditions, de modes de vie, de gens qui ont toujours chassé comme ça. Pour l'instant…
RENAUD DELY
Mais il y a des traditions qui changent, il y a des modes de vie qui changent.
EMMANUELLE WARGON
Oui, il y a des modes de vie qui changent, il y a évidemment des évolutions de la société. Des choses qui étaient évidentes, normales il y a 10 ans, 15 ans, 20 ans, 50 ans, le sont moins aujourd'hui. Pour l'instant, notre politique pour cette année c'est vraiment le renforcement très fort des contrôles, pour être sûr que ça se pratique comme c'est sensé se pratiquer de façon juridique. Je vous avoue que moi, mon sujet actuellement sur la chasse, c'est plutôt le fait qu'on a eu deux accidents mortels récemment. Moi j'ai écrit au président de la Fédération nationale de la chasse pour lui dire que ces accidents mortels, qui se sont tenus dans des conditions où les gens n'ont pas respecté les règles de sécurité, ça n'est pas admissible, et qu'il faut que les règles de sécurité à la chasse soient respectées, c'est indispensable.
MARC FAUVELLE
Merci à vous Emmanuelle WARGON, secrétaire d'État auprès de la ministre de la Transition écologique et solidaire. Vous étiez ce matin sur France Info.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 26 novembre 2019