Texte intégral
RENAUD BLANC
Nous sommes en ligne avec Marlène SCHIAPPA, secrétaire d'Etat à l'Egalité entre les Femmes et les Hommes. Bonjour Madame.
MARLENE SCHIAPPA
Bonjour.
RENAUD BLANC
Alors, nous allons bien sûr revenir sur les propos de Guillaume TABARD et cette candidature de Marine LE PEN, sur la réforme des retraites mais j'aimerais débuter cet entretien avec les municipales, vous êtes candidate dans le 14e arrondissement de Paris, vous deviez ce matin être dans notre studio mais hier réunion publique, une réunion extrêmement violente qui s'est tenue et qui a été assez difficile pour vous, Marlène SCHIAPPA.
MARLENE SCHIAPPA
Alors non, ça n'a pas été difficile. Je ne suis pas là ce matin mais c'est sans rapport direct, il y a une grippe qui circule pour tout vous dire et donc c'est un peu compliqué mais effectivement oui, hier nous avions une réunion publique dans le 14e arrondissement à Paris et des manifestants, des Gilets jaunes, des gens assez hostiles se sont infiltrés dans la réunion en plus d'une manifestation qui s'est tenue devant et ont commencé à être très menaçants, à faire des gestes de violence, de menace, à crier des injures vis-à-vis de moi mais aussi vis-à-vis des colistiers qui étaient présents et, en fait, à faire de l'intimidation pour empêcher la réunion de se tenir, en hurlant, en faisant du bruit, en tapant sur les murs ou avec des verres sur la fin et de façon très intimidante pour les gens qui étaient venus pour parler de la campagne des municipales.
RENAUD BLANC
Alors, vous, vous avez tweeté, je crois, au respect de la démocratie, vous remerciez vos colistiers, ça signifie quoi Marlène SCHIAPPA ? Que c'est de plus en plus compliqué pour un ministre et qui fait de la politique, qu'on soit pour ou qu'on soit contre ces propos, de s'exprimer aujourd'hui ?
MARLENE SCHIAPPA
Je ne crois pas que ce soit lié au fait d'être ministre mais je crois qu'on voit qu'il y a des gens qui sont anti-démocratiques, c'est-à-dire le fait que chacun vienne dans une réunion publique et pose des questions, y compris avec impertinence, y compris des questions critiques vis-à-vis de l'action du gouvernement, vis-à-vis du projet, c'est normal et cela fait partie de la démocratie et moi, ça fait longtemps que je suis engagée en politique, j'ai toujours répondu à toutes les questions, j'ai toujours tenu des permanences, j'ai toujours tenu des réunions publiques et échanger, discuter, essayer de convaincre mais là, on n'avait pas des gens qui sont venus pour faire des critiques ou essayer de nous convaincre, on a ajuste des gens-là pour l'intimidation et pour empêcher le débat démocratique de se tenir. Quand on a présenté les colistiers, ils ont hurlé que ça ne les intéressait pas, qu'ils ne voulaient pas les voir, fait du bruit pour empêcher les colistiers de parler et d'ailleurs, je voudrais saluer le sang-froid des candidats de la République en Marche et des candidats UDI, MoDem qui étaient présents pour défendre la liste de Benjamin GRIVEAUX parce qu'ils ont été pris à partie de façon assez menaçante et ils ont vraiment gardé leur sang-froid, ils sont restés très calmes et ils ont poursuivi la réunion pour qu'elle se termine et que la démocratie gagne autour de notre candidat qui est Eric AZIERE dans le 14e arrondissement à Paris.
RENAUD BLANC
Marlène SCHIAPPA, vous êtes candidate à Paris justement dans ce 14e arrondissement. Pourquoi Paris ? Pourquoi pas Le Mans ou la Corse ? Vous aviez même évoqué Marseille. Emmanuel GREGOIRE, premier adjoint d'Anne Hidalgo, parle vous concernant de « nomadisme municipal » !
MARLENE SCHIAPPA
Je trouve ça un peu curieux parce que je n'ai jamais évoqué Marseille, c'est faux, ni Lille d''ailleurs ni Lyon, ce sont les médias. J'ai eu la chance d'être à la Une de La Provence en disant « elle va peut-être être candidate à Marseille », à la Une de La Voix du Nord en disant « elle va peut-être être candidate à Lille », en Corse aussi. Jamais, moi je n'ai dit cela ; si vous reprenez toutes mes déclarations, j'ai toujours dit que pour moi, la logique c'est de se présenter dans son bassin de vie, là où on vit et donc pour moi, c'est Paris. Moi, je suis parisienne, je suis née à Paris, j'ai été à l'école, au collège, au lycée, à la fac, j'ai travaillé, je me suis mariée, j'ai eu des enfants …
RENAUD BLANC
Vous êtes toujours conseillère au Mans aujourd'hui, Marlène SCHIAPPA ?
MARLENE SCHIAPPA
Je termine, j'ai eu des enfants à Paris et quand j'ai eu ma deuxième fille, comme beaucoup de Parisiens de la classe moyenne, j'ai été chassée par les loyers prohibitifs de Paris et je suis partie vivre au Mans. Et donc au Mans, j'ai vécu trois ans et demi, j'ai eu la chance d'être élue immédiatement après être arrivée au Mans et maintenant, j'habite de nouveau à Paris et donc je me présente là où je vis avec Benjamin GRIVEAUX très simplement, ça je trouve ça incroyable que des gens du PS qui ont passé leur temps à parachuter les uns et les autres, à envoyer des candidats dans le Sud-ouest alors qu'ils habitaient à Paris , etc., etc., se permettent de me fustiger parce que j'ai déménagé dans ma vie, ils devraient plutôt se demander pourquoi autant de Parisiens avec des jeunes enfants sont chassés de Paris puisque ça a été mon cas.
RENAUD BLANC
Alors, vous êtes, je le rappelle, candidate dans le 14e arrondissement ; dans le 14e arrondissement, il y a également Cédric VILLANI. Ma question, votre adversaire aujourd'hui, c'est Cédric VILLANI ou c'est Anne HIDALGO ?
MARLENE SCHIAPPA
Non nous, ce qu'on veut, c'est proposer une alternance pour Paris et donc dans le 14e, il y a plusieurs candidats et c'est la démocratie, chacun a droit de se présenter et nous, ce qu'on propose autour de Benjamin GRIVEAUX, c'est un grand rassemblement, vous avez vu que Pierre-Yves Bournazel d'AGIR a rejoint Benjamin GRIVEAUX hier, l'UDI a rejoint également Benjamin GRIVEAUX et puis beaucoup de personnalités, des maires sortants dans le 20e, dans le 5e, dans le 9e qui font toutes le même constat, qu'elles viennent du PS ou qu'elles viennent des Républicains, elles disent que le fonctionnement de la mairie actuelle est trop centralisé, trop autocrate et qu'il est trop difficile de pouvoir proposer des projets et les mettre en oeuvre. On veut sortir de l'idéologie, c'est c'est ce que disent ces maires sortants. Donc il y a une vraie dynamique derrière Benjamin GRIVEAUX qui s'amplifie chaque jour.
RENAUD BLANC
Alors une vraie dynamique. Pour l'instant, dans les sondages, vous êtes quand même derrière Anne HIDALGO et vous êtes talonnés par Cédric VILLANI. Une question assez directe : faut-il exclure Cédric VILLANI aujourd'hui de la République en Marche ?
MARLENE SCHIAPPA
Moi, ce que j'observe, c'est que nous sommes les challengers, c'est-à-dire, il y a une maire sortante et qu'effectivement, la maire sortante à ce stade est plus haut et Benjamin GRIVEAUX est le challenger.
RENAUD BLANC
Mais vous êtes talonnés quand même par, j'allais dire, le dissident de Paris, Cédric VILLANI ?
MARLENE SCHIAPPA
Tout à fait mais j'observe, c'est ce qu'il faut regarder, ce sont les trajectoires et la trajectoire, elle est du côté du candidat Benjamin GRIVEAUX qui n'a eu de cesse de prendre des points et d'augmenter dans les sondages. A mesure que les gens connaissent Benjamin GRIVEAUX, ils sont davantage convaincus, ils veulent davantage voter pour lui.
RENAUD BLANC
Au deuxième tour, il faudra forcément des alliances pour pouvoir remporter Paris ; ça veut dire que vous vous espérez continuer de discuter avec Cédric VILLANI ? Avec d'autres ?
MARLENE SCHIAPPA
Alors, la porte est ouverte pour discuter avec Cédric VILLANI ; je crois que Benjamin GRIVEAUX lui a fait un certain nombre d'appels, Pierre-Yves BOURNAZEL avant de rejoindre Benjamin GRIVEAUX avait proposé que les trois candidats, Pierre-Yves BOURNAZEL, Benjamin GRIVEAUX, Cédric VILLANI se rencontrent, Cédric VILLANI ne l'a pas souhaité. Donc, maintenant, moi, je ne peux pas parler à sa place et dire à sa place ce qu'il souhaiterait faire.
RENAUD BLANC
Marlène SCHIAPPA, vous êtes secrétaire d'Etat à l'égalité entre les Femmes et les Hommes, on en parlait avec Guillaume TABARD. Cette candidature très tôt de Marine LE PEN pour la présidentielle de 2022, MACRON / LE PEN, c'est-ce que vous espérez pour le second tour de la présidentielle ?
MARLENE SCHIAPPA
Non, moi, ce n'est vraiment pas ce que j'espère. Moi, je fais partie de la génération qui était offusquée quand le Front national était à 15% et maintenant, on prend comme un fait acquis que Marine LE PEN sera au deuxième tour de la présidentielle. Donc ce que je voudrais dire, c'est que nous, ce n'est pas un souhait que nous avons à la République en Marche d'affronter Marine LE PEN ; c'est un état de fait. Si on regarde les élections, de longue date, le choix démocratique des Français, ça a été que Marine LE PEN et que le Rassemblement national obtiennent des suffrages. Si vous voulez aux européennes, qui a gagné les élections européennes ? C'est Marine LE PEN ; je pense qu'il ne faut pas l'oublier, c'est elle qui est arrivée en tête avec son candidat Jordan BARDELLA. Il ne faut pas se voiler la face, il faut voir la réalité en face et la réalité, c'est qu'il y a une proportion importante de Français qui votent pour le Rassemblement national et qui votent pour Marine LE PEN par choix. Je crois qu'il ne faut pas masquer la réalité.
RENAUD BLANC
MACRON / LE PEN, MACRON évidemment candidat pour vous, c'est une évidence en 2022 ? Ça va de soi ?
MARLENE SCHIAPPA
Ecoutez, en tout cas c'est mon souhait mais là, on est déjà très attelé à réussir ce premier quinquennat du président Emmanuel MACRON et il nous reste énormément à faire. On arrive dans la deuxième moitié du quinquennat et donc on commence, les uns les autres, à regarder nos engagements de campagne, voir ce qui a été mis en oeuvre, quelles lois ont été votées, quelles lois ont été surtout mises en application, qu'est-ce qu'on a transformé dans la vie des gens et là je crois qu'il nous reste énormément à faire sur ce dernier sujet. Donc on est vraiment attelé à transformer, à améliorer la vie des gens au quotidien pour le temps qu'il va nous rester avant la fin de ce premier quinquennat.
RENAUD BLANC
Alors justement, vous parliez des réformes, la réforme des retraites. Il y a un sondage ELABE très intéressant qui indique que les Français renvoient dos à dos les syndicats et le gouvernement dans l'enlisement de la crise. Est-ce que vous reconnaissez que vous, quand je dis vous c'est bien sûr le gouvernement, avez été approximatifs, hésitants, cafouilleux ?
MARLENE SCHIAPPA
Ecoutez, je ne fais pas partie de gens qui font de l'auto-flagellation mais je ne fais pas non plus partie des gens qui blâment ceux qui ne comprennent pas. Quand quelqu'un comprend mal, quand un message est mal compris, c'est que le message a été mal émis. Je pense que c'est un principe de base et donc s'il y des choses qui ont été mal comprises, c'est que probablement, nous ne les avons pas assez bien émises et donc qu'il faut remettre la copie sur la table comme l'a fait le Premier ministre Edouard PHILIPPE, poursuivre les négociations, je crois que là, tout le monde a compris qu'il y avait un compromis qui était en train d'être trouvé et que Premier ministre avait …(mot inaudible) l'âge pivot à la demande des syndicats réformistes mais moi, si vous voulez que je sois sincère, le sentiment que j'ai, c'est surtout que les gens ont envie qu'on passe à autre chose et qu'on a passé énormément de temps sur les retraites. Si on regarde un peu l'actualité ….
RENAUD BLANC
Passer à autre chose, Marlène SCHIAPPA, c'est quand même qu'il y a toujours des mouvements importants, il y a toujours des difficultés pour prendre les transports. Donc c'est bien de vouloir passer à autre chose mais aujourd'hui en Ile-de-France, la situation reste compliquée.
MARLENE SCHIAPPA
Bien sûr mais ça fait partie des raisons pour lesquelles les gens, j'en ai le sentiment tout cas, veulent passer à autre chose. Si on regarde les actualités des dernières semaines, c'étaient des retraites, Carlos GHOSN, les retraites, Carlos GHOSN, les retraites, Carlos GHOSN. J'ai le sentiment que là …
RENAUD BLANC
Les retraites, la mère des réformes, selon le gouvernement, je reprends le mot, donc c'est quand même une réforme extrêmement importante.
MARLENE SCHIAPPA
C'est une réforme extrêmement importante mais je pense qu'au bout d'un moment, on tourne un peu en rond dans un certain nombre de débats. Moi, là, je souhaite que maintenant, on arrive à trouver ce compromis sur la question du financement, il y aura ensuite un débat parlementaire, il faut que le débat parlementaire se passe et que le trafic, les transports reprennent normalement à Paris, en Ile-de-France France et partout ailleurs.
RENAUD BLANC
Marlène SCHIAPPA, une question politique avec le départ de Ségolène ROYAL de son poste d'ambassadrice des pôles, c'est logique pour vous ?
MARLENE SCHIAPPA
Ecoutez, moi, d'abord j'ai beaucoup de respect pour Ségolène ROYAL, je ne vais pas l'attaquer ad hominem. C'est la première femme au second tour de l'élection présidentielle et je pense que son parcours mérite qu'on la respecte en tant que personne. Maintenant, effectivement, il y a des règles quand on est ambassadeur, il y a de nombreux ambassadeurs partout dans le monde qui représentent la France, il y a une vingtaine d'ambassadeurs thématiques dont l'ambassade des pôles et quand on est ambassadeur, la règle, c'est qu'il y a un devoir de réserve et ce n'est pas attaquer le gouvernement de la sorte. Sinon, ça rend très compliquée la mission de diplomatie et de représentation de la France à l'étranger. Donc oui, il y a des règles, elles ont été rappelées à Ségolène ROYAL et Ségolène ROYAL a précisé qu'elle était une femme politique avant tout et qu'elle n'entendait pas renoncer à sa liberté de parole et donc ce n'est pas compatible avec le fait d'être ambassadrice des pôles. Je ne juge pas les choix, les deux rôles sont éminemment importants, ambassadrice des pôles et femme politique, mais on ne peut pas être une femme politique et une ambassadrice, ce n'est pas possible et donc Ségolène ROYAL a quelque part fait ce choix elle-même.
RENAUD BLANC
Dernière question justement, vous parlez d'une femme politique, Ségolène ROYAL bien sûr. Vous préférez un match MACRON / ROYAL en 2022 qu'un match MACRON / LE PEN ?
MARLENE SCHIAPPA
Mais je préfère un deuxième tour Emmanuel MACRON et qui que ce soit d'autre que le Rassemblement national, je vous le dis tout net parce que je pense que la démocratie, c'est aussi que chacun puisse présenter son projet mais le choix, il sera fait par les Françaises et les Français, ce sont les Français qui ont mis Marine LE PEN au deuxième tour de la précédente élection présidentielle ; ce sont les Français qui ont mis le parti de Marine LE PEN en tête des élections européennes et donc si ceux qui vont voter sont ceux qui votent pour le Rassemblement national et que les autres ne votent pas ou attendent ou ne sont pas convaincus, c'est extrêmement difficile et donc ce sera à nous d'être convaincants et de proposer un projet qui suscite l'adhésion et ça c'est notre responsabilité de personnes, responsables politiques.
RENAUD BLANC
Merci, merci beaucoup Marlène SCHIAPPA d'avoir été en ligne ce matin, secrétaire d'Etat.
MARLENE SCHIAPPA
Merci à vous, je vous souhaite une bonne journée.
RENAUD BLANC
Merci également, elle est secrétaire d'Etat à l'Egalité entre les Femmes et les Hommes.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 20 janvier 2020