Texte intégral
JEAN-JACQUES BOURDIN
Julien DENORMANDIE, bonjour.
JULIEN DENORMANDIE
Bonjour.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci d'être avec nous. Ministre chargé de la Ville et du logement. La ville, les villes dans le Val-de-Marne, nouvelle coupure d'électricité sauvage, la CGT revendique, la CGT Energie, en disant : de toute façon, ce n'est pas la fin du monde. Que répondez-vous ?
JULIEN DENORMANDIE
Eh bien, c'est scandaleux, je le dis très clairement, très fermement, c'est en plus irresponsable. J'ai entendu comme vous, vous l'avez interrogé ce matin, le représentant CGT Energie du Val-de-Marne, il explique à vos auditeurs que ça n'est pas la fin du monde de couper le courant, comme ça, des personnes qui vivent dans le Val-de-Marne, mais enfin, ce n'est pas la fin du monde, vous imaginez, non seulement le désagrément, mais parfois, la mise en danger des personnes. Quand vous êtes dans un ascenseur et que tout d'un coup, le courant s'arrête. Quand vous êtes sous assistance respiratoire, parce que ça existe, et que chez vous, vous avez besoin des machines à oxygène, et que le courant s'arrête. Donc c'est scandaleux, c'est irresponsable, et je dirais même plus, ça détruit le dialogue social. Donc ces personnes, elles doivent s'arrêter, pour beaucoup, ces actes, en plus, sont illégaux. Et donc il faut mettre fin à ces actions qui, encore une fois, dégradent, dégradent le climat du dialogue social…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais comment, comment pouvez-vous mettre fin à ces actions-là ? Aujourd'hui, le climat social est tellement dégradé dans ce pays, et ça devrait vous inquiéter, et j'imagine que ça vous inquiète…
JULIEN DENORMANDIE
Mais bien sûr, mais bien sûr…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Comme ça nous inquiète, comme ça inquiète tous les Français…
JULIEN DENORMANDIE
Mais il faut le dénoncer. Il faut que le leader de la centrale le dénonce clairement, clairement, mais dans…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est un appel que vous lancez à Philippe MARTINEZ.
JULIEN DENORMANDIE
Mais bien sûr. Mais dans quel pays vit-on lorsque vous avez, même si c'est un petit groupe, parce qu'il ne faut pas mélanger tout le monde, même si c'est un petit groupe, mais quand vous avez un groupe de personnes d'une centrale syndicale qui vient faire une intrusion dans une autre centrale syndicale, je pense évidemment à ce qui s'est passé pour une deuxième fois hier, au siège de la CFDT, mais dans quel monde vit-on ? Ça n'est pas à l'image de la démocratie sociale qui est la France. Et donc, effectivement, il faut qu'il y ait des responsables de la centrale, des politiques qui dénoncent clairement ces actes.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, le dialogue syndical en a pris un coup, c'est tout… le dialogue entre les syndicats et le gouvernement….
JULIEN DENORMANDIE
Pas partout, non, je ne suis pas d'accord…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pas partout, non, mais enfin, attendez…
JULIEN DENORMANDIE
On ne peut pas dire ça alors qu'avec la CFDT et l'UNSA, on arrive à un compromis.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais vous avez écouté Nicolas SARKOZY hier…
JULIEN DENORMANDIE
J'ai lu des passages…
JEAN-JACQUES BOURDIN
"Je ne peux pas accepter ce spectacle de haine en France, ces scènes de violences qui détruisent la France." N'a-t-il pas raison dans ce qu'il dit ?
JULIEN DENORMANDIE
Mais bien sûr qu'il a raison, mais bien sûr qu'il a raison, mais rien ne justifie la violence, rien. Rien ne justifie l'intimidation, rien. Et aujourd'hui, on voit un changement dans un certain nombre d'actions, on passe à de l'intimidation, à de la violence. Ça, c‘est inacceptable. Et donc moi, je dis clairement : il faut dénoncer ces actes scandaleux, et puis, il faut apaiser, apaiser le débat, on ne peut pas dire que le dialogue social…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais n'êtes-vous pas en partie responsable, Julien DENORMANDIE ?
JULIEN DENORMANDIE
Mais c'est trop facile…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais le président, c'est la personne du président de la République qui est en cause, non, aujourd'hui, je vous pose la question, chaque fois qu'il essaie de se déplacer maintenant en France, il y a des manifestations de contestation, il y en a partout !
JULIEN DENORMANDIE
Vous savez, réformer, c'est difficile, réformer, c'est difficile. Quand on met, avec cette réforme des retraites, fin aux régimes spéciaux, eh bien, effectivement, vous avez des personnes qui sont farouchement opposés, bon, mais, réformer, c'est difficile est-ce que, parce que vous avez certains qui aujourd'hui sont en plus dans des actions violentes, cela doit vous conduire à arrêter de réformer ? Eh bien, là aussi, je le dis clairement, on n'arrêtera pas, on ne remettra pas à demain ce qu'on doit faire aujourd'hui, d'abord, parce que c'est pour ça qu'on a été élu, et deuxièmement, parce que c'est ça dont a besoin.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que vous n'êtes pas inquiet franchement ?
JULIEN DENORMANDIE
En tout cas, on est concentré…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Inquiet devant le climat, devant le climat qui existe en France…
JULIEN DENORMANDIE
En tout cas, on est concentré, on est déterminé, et encore une fois, je le redis, il faut cet apaisement, quand on arrive à ce compromis avec les organisations syndicales comme la CFDT et l'UNSA, c'est une vraie avancée…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Comment trouver un apaisement. Comment aujourd'hui dans ce pays, trouver un apaisement, Julien DENORMANDIE ?
JULIEN DENORMANDIE
Eh bien, d'abord, en dénonçant les actes, quand ils sont violents, je crois que c'est essentiel, et tout le monde doit le faire. Et deuxièmement, en étant dans cette ouverture et ce dialogue, la réforme, c'est quelque chose de difficile, c'est difficile, et notre pays le sait très bien. Ça fait 20 ans qu'on repousse toujours à plus tard des réformes, nous, on a pris un engagement, et le président l'a redit dans ses voeux, on n'arrêtera pas ces réformes parce qu'elles sont nécessaires. Maintenant, et c'est aussi ça l'acte 2 du quinquennat, il faut le faire avec méthode, avec couverture, avec cette envie de dialogue, c'est ça aussi qui permettra l'apaisement…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je vous dis ça parce que tout le monde le dit : je suis inquiet du climat social, Nicolas SARKOZY et François HOLLANDE – qui dit ça aussi – tous les anciens présidents. Est-ce que le président, Emmanuel MACRON, le président de la République est inquiet du climat social, sincèrement ?
JULIEN DENORMANDIE
En tout cas, il en a conscience, pleinement conscience. Mais vous savez, vous ne gouvernez pas dans l'inquiétude…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je vous pose la question parce que je sais que vous êtes un proche…
JULIEN DENORMANDIE
Non, mais vous ne gouvernez pas dans l'inquiétude, vous gouvernez en prenant en compte ce qui se passe dans le pays, et évidemment que le président de la République en a conscience, évidemment que le gouvernement en a conscience, et c'est d'ailleurs pour ça, dans la réforme des retraites, qu'il y a eu tout ce travail de fait dans la négociation, dans la concertation, et donc, il faut effectivement avoir cet apaisement, le retrouver dans notre pays ; faire société, ce n'est pas s'opposer les uns aux autres, ça c'est clair.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien, Julien de Normandie. La réforme des APL, j'avais envie de vous en parler ce matin, quand ?
JULIEN DENORMANDIE
1er avril…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le 1er avril ?
JULIEN DENORMANDIE
1er avril…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça fait trois fois qu'elle est reportée cette réforme…
JULIEN DENORMANDIE
Non, ça fait – depuis que j'en ai la charge – ça fait une fois, et peut-être juste expliquer ce que c'est que cette réforme des APL pour celles et ceux qui nous écoutent.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, oui…
JULIEN DENORMANDIE
On ne le sait pas, mais quand on vous verse des APL, six millions et demi de foyers, on vous les verse en fonction de qui vous étiez il y a deux ans, c'est aberrant. C'est-à-dire qu'on va regarder s'il y a deux ans, vous aviez un emploi à mi-temps, à temps plein, si vous étiez marié, pas marié, si vous aviez des enfants, pas d'enfant. Et donc la réforme que je porte, c'est de dire : ce système qui vous verse des aides au logement en fonction de qui vous étiez il y a deux ans, c'est aberrant, il faut qu'à partir de maintenant, on vous les verse en fonction de qui vous êtes aujourd'hui. C'est un chantier technique très important, très important, et l'entité qui en a la charge, la CNAF, la Caisse Nationale d'Allocations Familiales, m'a demandé de décaler de trois mois cette réforme pour la mettre en oeuvre au 1er avril…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Au 1er avril, oui, ça veut dire que ces APL seront calculées sur la situation d'aujourd'hui…
JULIEN DENORMANDIE
Actuelle…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Actuelle…
JULIEN DENORMANDIE
Exactement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc, est on est bien d'accord, l'Etat va faire des économies avec cette réforme…
JULIEN DENORMANDIE
Mais pourquoi ? Mais moi, vous savez…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Combien ? Un milliard ?
JULIEN DENORMANDIE
A peu près un milliard. Mais moi, je n'ai pas l'économie honteuse. Pourquoi ça fait faire des économies ? Parce qu'il s'avère qu'en fonction de qui vous étiez il y a deux ans, et par rapport à aujourd'hui, eh bien, dans notre pays, vous avez 500.000 personnes qui ont retrouvé un job. Vous avez eu 300.000 créations d'emplois, eh bien évidemment, ces personnes-là, qui, lorsqu'elles étaient au chômage, avaient des APL, à partir du moment où elles retrouvent un job, elles n'ont pas ce même niveau d'APL. Donc ça fait faire des économies, mais c'est très bien, ça prouve que des gens ont retrouvé un boulot, on va s'en réjouir quand même, je ne vais pas m'en plaindre. Inversement, si demain, vous avez – je ne le souhaite pas évidemment – mais vous avez un retournement de cycle, vous avez plus de chômage, eh bien, dans ce cas-là, ce serait une réforme qui coûtera de l'argent à la République. Et là aussi, c'est très bien, c'est le filet de sécurité.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Julien DENORMANDIE, la FNAIM, la Fédération nationale de l'immobilier, veut – et j'avais le président de la FNAIM en direct ce matin sur RMC, qui insiste – il veut absolument créer un fichier national des locataires mauvais payeurs, dispositif qui serait opérationnel en 2021, ce fichier recenserait les locataires en retard de trois mois dans le paiement de leur loyer, vous approuvez ou pas ?
JULIEN DENORMANDIE
Pas du tout, je suis totalement…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pas du tout ?
JULIEN DENORMANDIE
Pas du tout, je suis totalement opposé, d'abord, parce que moi, je ne crois pas, vous savez à cette société des listes noires, parce que c'est quoi ce truc, c'est une liste noire, c'est-à-dire qu'un jour, vous avez un accident dans votre vie, parce que vous avez des gens de mauvaise foi, mais enfin, vous avez aussi des gens qui, parce qu'ils ont un accident, ils n'arrivent pas à payer pendant un mois, deux mois, leur loyer, eh bien, là, vous êtes blacklisté, moi, je ne crois pas dans une société…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais c'est au bout de trois mois de non-paiement, dit la FNAIM…
JULIEN DENORMANDIE
Oui, enfin, vous pouvez… parce que justement, vous perdez un job, parce que vous avez un drame, parce que quoi que ce soit, vous pouvez, à un moment dans votre vie, avoir un accident, c'est quoi cette société où dès que quelqu'un est en difficulté, on le blackliste, on le met sur une liste noire, donc ça, je n'y crois pas. Et puis, deuxièmement, moi, c'est à l'opposé de la politique que je mène, vous savez, c'est quoi le drame dans notre pays, c'est qu'on n'oppose les propriétaires et les locataires, on stigmatise les deux, on dit : un propriétaire, c'est un nanti, quelqu'un qui a plein d'argent, plus de la moitié des propriétaires sont des ménages modestes, et puis, on dit : un locataire, vous savez, c'est quelqu'un, son principal jeu, c'est de faire quoi, c'est de dégrader le bien du propriétaire. Les impayés, vous savez combien il y a d'impayés dans notre pays, 1 %, peut-être un tout petit peu plus de 1%. Et donc, par de tels fichiers, on va encore stigmatiser, on va envoyer d'abord un message aux propriétaires en disant : attention, les locataires ne payent pas. Mais c'est fou, les locataires dans notre pays, ils paient…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais que pouvez-vous faire ? Comment, vous ne pouvez pas interdire la création de ce fichier, si ? Comme vous pouvez faire ? Suspendre, je ne sais pas…
JULIEN DENORMANDIE
Alors, d'abord, il y a la CNIL…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, il y a la CNIL mais la CNIL…
JULIEN DENORMANDIE
La CNIL qui va regarder…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Apparemment, la FNAIM dit que la CNIL n'est pas opposée sous certaines conditions.
JULIEN DENORMANDIE
On va voir ce qu'ils vont proposer, on va voir ce qu'ils vont proposer. Donc il y a la CNIL qui va regarder, moi, je vais en parler avec cette personne, ce président…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le président de la FNAIM, oui…
JULIEN DENORMANDIE
Que je respecte beaucoup, on travaille, de manière constructive sur beaucoup de sujets, avec monsieur TORROLLION…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est les agents immobiliers…
JULIEN DENORMANDIE
Exactement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, ce sont les agents immobiliers, des administrateurs de biens.
JULIEN DENORMANDIE
Et puis, troisièmement, moi, je vais leur dire : on met en place d'autres choses, j'invite tout le monde à aller sur un site…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais comment ?
JULIEN DENORMANDIE
Visale.fr…
JEAN-JACQUES BOURDIN
D'accord, vous mettez peut-être en place d'autres choses, mais vous ne pouvez pas vous opposer à la création de ce fichier !
JULIEN DENORMANDIE
Mais on verra, on verra, ça dépend qu'est-ce que contient ce fichier, vous savez, moi…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc vous n'êtes pas complètement contre ?
JULIEN DENORMANDIE
Ah, si, moi, je suis complètement contre, je l'ai vécu dans le milieu bancaire, les gens ne le savent pas, mais dans le milieu bancaire, qu'est-ce qui s'est passé, quand vous créiez une entreprise et que l'entreprise se cassait la figure, vous aviez la BANQUE DE FRANCE qui vous mettait dans un listing qui s'appelait le listing 050. Et ce listing, il vous collait aux fesses pendant des années et des années, et à chaque fois que vous alliez voir votre banquier, votre banquier, il avait un truc, en disant : warning, warning, cette personne avait créé une entreprise, et elle a planté. C'est Emmanuel MACRON, quand il était ministre de l'Economie, qui a mis fin à ce listing, mais la société de confiance, ça n'est pas la société des listes noires, et donc, moi, j'en appelle à tous ceux qui nous écoutent, un propriétaire qui a un bien vacant, il va sur un site, ça s'appelle Visale.fr, c'est l'Etat qui le garantit, c'est gratuit, c'est Action Logement, les partenaires sociaux, avec qui on a fait ça, c'est gratuit.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais c'est gratuit pour tous ?
JULIEN DENORMANDIE
Gratuit pour tous, il faut simplement que vous louiez votre bien à quelqu'un de moins de 30 ans, de moins de 30 ans…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Eh bien, oui, eh bien, déjà, c'est déjà une condition restrictive, pourquoi ne pas étendre, pourquoi ne pas l'étendre ?
JULIEN DENORMANDIE
Eh bien, on l'a étendu par exemple…
JEAN-JACQUES BOURDIN
A tous les logements loués ?
JULIEN DENORMANDIE
Parce que, est-ce que c'est le rôle de l'Etat de garantir ou d'Action Logement, les partenaires sociaux, de garantir tout le monde, vous voyez, on le fait déjà pour tous les moins de 30 ans…
JEAN-JACQUES BOURDIN
La FNAIM dit : "Le risque locatif serait apaisé."
JULIEN DENORMANDIE
Oui. Enfin la même personne ce matin a dit : "Vous savez, le risque locatif en fait dans notre pays, il est faible." Moi c'est cette phrase que je veux entendre et répéter. Réconcilions les propriétaires et les locataires ! Et quand un propriétaire a un doute, qu'il aille sur le site VISALE.FR. C'est ça qu'on a fait.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est une atteinte à la vie privée la création d'un tel fichier pour vous ?
JULIEN DENORMANDIE
En tout cas, moi je pense que ce n'est pas ça…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Une stigmatisation ?
JULIEN DENORMANDIE
Une stigmatisation, oui. Une société de confiance, ce n'est pas la stigmatisation.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors pourquoi ne pas créer un fichier des mauvais propriétaires ?
JULIEN DENORMANDIE
Par exemple. Et jusqu'où on s'arrête ? Jusqu'où on s'arrête. Donc moi les fichiers des mauvais, ce n'est pas ma façon de faire. Moi je suis plutôt dans l'accompagnement. Encore une fois, on a créé des dispositifs pour ça. C'est comme ça qu'on fait avancer les choses.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y a une proposition de loi pour réconcilier propriétaires et locataires. Vous la suivez de très près. Par exemple le dépôt de garantie qui serait confié à un professionnel de l'immobilier.
JULIEN DENORMANDIE
Pourquoi pas. Dans certaines conditions…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous y êtes favorable ou pas ?
JULIEN DENORMANDIE
Pourquoi pas dans certaines conditions
JEAN-JACQUES BOURDIN
Parce que le dépôt de garantie, ça pose problème aussi. Il y a des propriétaires qui ne rendent pas le dépôt de garantie ou des locataires qui…
JULIEN DENORMANDIE
Oui, ou des locataires qui partent un mois avant.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Evidemment.
JULIEN DENORMANDIE
Mais c'est quoi cette proposition de loi ? C'est une demande que j'ai fait un député en disant : "Moi je pense que dans la relation…"
JEAN-JACQUES BOURDIN
Député NOGAL, député de Haute-Garonne.
JULIEN DENORMANDIE
Je pense que dans la relation entre les propriétaires et les locataires, je voudrais qu'on essaie de s'interroger sur un nouveau système où quand je suis propriétaire, je loue directement mon bien à une agence immobilière. Mon locataire devient l'agence immobilière et l'agence immobilière, elle m'assure le paiement du loyer, elle m'assure la remise en état du bien, et c'est l'agence immobilière ensuite qui le loue un locataire. C'est ça l'idée. C'est de créer un nouveau bail où moi, propriétaire, je loue non plus à un individu mais une agence immobilière pour renouer la confiance. Voilà. Ça, vous voyez, ça fait avancer les choses parce que ça permet de réconforter certains quand il faut. C'est très novateur et je pense que c'est bien plus efficace que des listes noires.
JEAN-JACQUES BOURDIN
J'ai eu plusieurs appels, plusieurs mails concernant la rénovation énergétique ce matin. Tiens, je vous lis simplement celui de Christelle. "Pouvez-vous demander à Julien DENORMANDIE s'il est normal d'avoir au moins quatre mois d'attente pour le changement d'une chaudière dans le cadre des aides à la rénovation énergétique ?"
JULIEN DENORMANDIE
Vous savez, c'était même pire. C'est quoi l'aide aujourd'hui à la rénovation énergétique ? C'était un crédit d'impôt. J'ai entendu d'ailleurs de manière honteuse, je dois le dire honteuse, Ségolène ROYAL sur ce plateau critiquer ce que nous faisions.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui.
JULIEN DENORMANDIE
Ségolène ROYAL a créé un crédit d'impôt de transition écologique qui permettait de financer les chaudières. Ce crédit d'impôt, ça faisait quoi ? C'est-à-dire que l'Etat finançait une partie de ces chaudières mais payait dix-huit mois après puisque c'est un crédit d'impôt. Dix-huit mois après. On arrête ce crédit d'impôt parce qu'on a constaté quoi ? Que plus de la moitié de ce crédit d'impôt n'était utilisée que par les ménages aisés. Tout simplement parce que les autres ne pouvaient pas supporter d'attendre dix-huit mois. L'effet de trésorerie. Et donc on a arrêté ce crédit d'impôt pour les ménages modestes et on a créé, et j'incite auditrice à y aller, une nouvelle prime qui est efficace depuis le 1er janvier, qui vient d'être créée. Ça s'appelle Ma Prime Rénov. Cette prime, on la verse entre quinze jours et trois mois pour justement accélérer…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce sont les foyers modestes qui ont accès à cette prime, la Prime Rénov.
JULIEN DENORMANDIE
Les 50 % des foyers français les plus modestes, et on va l'étendre à partir de l'année prochaine à tout le monde.
JEAN-JACQUES BOURDIN
A tout le monde ?
JULIEN DENORMANDIE
A tout le monde. On en fera 200 000 cette année et 400 000 l'année prochaine.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça, c'est intéressant. A tout le monde quels que soient les revenus ?
JULIEN DENORMANDIE
Sous conditions de ressources évidemment et puis en fonction des ressources.
JEAN-JACQUES BOURDIN
J'imagine, j'imagine. Bien, dites-moi, deux choses politiques, deux questions politiques, deux sujets. Pourquoi Rachida DATI devance-t-elle Benjamin GRIVEAUX et s'impose-t-elle comme l'adversaire principal d'Anne HIDALGO ?
JULIEN DENORMANDIE
Parce que La République en Marche est désunie sur Paris.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Complètement désunie.
JULIEN DENORMANDIE
Complètement et je le regrette profondément. Il y a un candidat La République en Marche, il s'appelle Benjamin GRIVEAUX. Je le connais depuis longtemps. C'est souvent d'ailleurs…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il plafonne Benjamin GRIVEAUX. Il ne perce pas. Ça fait des semaines, il patine. Pourquoi patine-t-il ?
JULIEN DENORMANDIE
Je n'ai pas dit "il patine". Je dis il pâtit du fait qu'aujourd'hui vous avez un autre candidat qui s'appelle Cédric VILLANI et qui a un comportement dissident.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Qui est un candidat de La République en marche aussi ?
JULIEN DENORMANDIE
Non, non, je le dis clairement, il y a un seul candidat la République en marche, c'est Benjamin GRIVEAUX, un seul, il n'y en n'a pas deux.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, enfin ce n'est pas ce que pensent les électeurs. Pourquoi est-ce que les électeurs…
JULIEN DENORMANDIE
Ce n'est pas ce que pensent les soutiens de Cédric VILLANI.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais ils sont pratiquement à égalité, comment se fait-il que les électeurs ne soutiennent pas Benjamin GRIVEAUX, les électeurs de La République en marche ? Emmanuel MACRON a fait de très gros scores à Paris, mais pas Benjamin GRIVEAUX, pourquoi ?
JULIEN DENORMANDIE
Mais parce que vous avez, aujourd'hui, une désunion entre les personnes qui portent des valeurs de La République en marche, et moi, j'appelle de manière très claire, là aussi, Cédric VILLANI à arrêter ce qu'il fait depuis maintenant de nombreuses semaines…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous l'appelez à quoi là, ce matin ?
JULIEN DENORMANDIE
Mais à se rallier à Benjamin GRIVEAUX de manière très claire, de manière très claire…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et s'il ne se rallie pas, que se passe-t-il ?
JULIEN DENORMANDIE
On perdra Paris, très probablement, et c'est ça qu'on souhaite ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous perdrez Paris, est-ce que vous allez l'exclure ?
JULIEN DENORMANDIE
Mais ce n'est pas la question de l'exclure.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais si !
JULIEN DENORMANDIE
Non. Non.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il faudrait savoir. Il est candidat… attendez Julien DENORMANDIE, vous êtes assez curieux, d'ailleurs Emmanuel MACRON n'a rien dit, il n'a rien dit, est-ce qu'il va dire quelque chose ?
JULIEN DENORMANDIE
Vous savez qui a demandé de ne pas l'exclure ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, allez-y.
JULIEN DENORMANDIE
C'est Benjamin GRIVEAUX, au premier jour. Pourquoi ? Parce qu'il sait très bien, et en politique on ne va pas se tirer des cartes entre gitans, vous savez très bien que si demain vous excluez Cédric VILLANI, quelle est la conséquence de ça ? Eh bien vous lui créez un nouveau souffle. Donc Benjamin GRIVEAUX, qui a très bien compris ça, au premier jour il a dit « surtout, surtout, n'excluez pas Cédric VILLANI, parce que moi, en plus, je suis convaincu que Cédric VILLANI va finir par se rallier à ma candidature. » Donc moi, j'appelle à la raison, à la raison, la désunion mène toujours à la défaite, donc soyons suffisamment intelligents pour que Cédric VILLANI rejoigne le candidat La République en marche.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais est-ce qu'Emmanuel MACRON pense comme vous ?
JULIEN DENORMANDIE
Ça c'est à lui de le dire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non mais d'accord, mais il ne le dit pas.
JULIEN DENORMANDIE
Oui, mais parce qu'il est président de la République.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc il ne se prononcera pas, il n'enverra pas de signe, rien ? Enfin il ne va pas se prononcer sur Paris, mais il peut envoyer un signe. C'est vous le signe ?
JULIEN DENORMANDIE
Je ne sais pas combien de signes il faut, mais entre des soutiens…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est vous le signe.
JULIEN DENORMANDIE
Eh bien entre des soutiens de la première heure, comme moi, qui sommes aux côtés de Benjamin GRIVEAUX, entre des ministres qui sont sur des listes de Benjamin GRIVEAUX, je crois que les signes ils sont assez clairs, il me semble.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Agnès BUZYN sera candidate dans le 15e ?
JULIEN DENORMANDIE
Ah ça je ne peux pas vous le dire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous ne savez pas.
JULIEN DENORMANDIE
Un, je ne sais pas, et deux, c'est à elle de le dire, en tout cas c'est une personne que j'apprécie énormément.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous n'allez pas me dire le contraire, remarquez Julien DENORMANDIE, ça, ça serait…
JULIEN DENORMANDIE
Non, mais c'est une personne avec qui on travaille beaucoup sur des sujets importants comme l'adaptation et le vieillissement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Tiens, le vieillissement, on attend. Ça fait tellement longtemps que je suis journaliste et que j'entends parler du vieillissement et de plans…
JULIEN DENORMANDIE
Alors, est-ce que je peux faire un point ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, un point.
JULIEN DENORMANDIE
Un site Internet qui s'appelle adaptation-douche.gouv.fr. Aujourd'hui, avec les partenaires sociaux, on a lancé un plan qui fait que dans 200.000 salles de bains de personnes de plus de 70 ans on enlève la baignoire et on met une douche. Ça peut paraître anecdotique, mais il y a plus de morts dans les salles de bains, chez les personnes de plus de 70 ans, que sur la route, dans notre pays. Et donc moi j'ai lancé le premier plan, qui est un plan, peut-être, que certains vont raller, parce qu'en se disant en fait ce ministre c'est le Jacob DELAFON du logement, eh bien moi j'en suis très fier, on va changer 200.000 baignoires et on va mettre 200.000 douches chez des personnes de plus de 70 ans.
JEAN-JACQUES BOURDIN
A la place.
JULIEN DENORMANDIE
On sauvera des vies, très clairement, et en plus de ça on permettra aux gens de rester chez eux plus longtemps. Un site, adaptation-douche.gouv.fr.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous allez engager votre tour de France anti Rassemblement national quand ?
JULIEN DENORMANDIE
Là, ça débute dans les tous prochains jours.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Payé par votre ministère ?
JULIEN DENORMANDIE
Non, bien sûr que non, mais ça j'adore recevoir des leçons de morale du Rassemblement national sur des sujets de comptes de campagne, j'adore ça, je trouve ça absolument fabuleux. Evidemment non. Je suis ministre, mais je suis militant…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais pourquoi tout à coup partir marcher, vous préparez la présidentielle ?
JULIEN DENORMANDIE
Mais attendez, depuis toujours, moi je suis ministre, mais je suis un engagé politique, mon engagement politique il est de mener un combat politique contre le Rassemblement national, je ferai tout ce que je peux pour que jamais, jamais, le Rassemblement national n'arrive au pouvoir dans notre pays, c'est mon engagement politique, c'est très clair. Et je continuerai à le faire, comme je l'ai fait par le passé, comme je le fais aujourd'hui. Donc oui, dans les municipales je mènerai campagne contre le Rassemblement national, et demain aux départementales pareil, après aux régionales pareil, et à la présidentielle pareil, parce que je ne veux pas du Rassemblement national à la tête de ce pays.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci Julien DENORMANDIE.
JULIEN DENORMANDIE
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 23 janvier 2020