Texte intégral
Monsieur le préfet,
Mesdames et messieurs les élus,
Officiers, sous-officiers, marsouins et personnel civil du 21e RIMa,
Chacun a sa façon d'aborder un départ.
Certains ont besoin de calme. Ils iront peut-être flâner sur les bords de Méditerranée sur la Corniche d'or, se perdre dans le massif rouge de l'Estérel ou prendront la route du Muy, en solitaire.
D'autres ont besoin d'être entourés. Ils profiteront des dernières sorties entre amis, du dimanche en famille ou apprécieront chaque seconde de l'histoire du soir.
Chacun a sa façon d'aborder un départ, mais je pense que la veille venue, tous font face aux mêmes questions, aux mêmes appréhensions mêlées d'excitation.
Partir, c'est laisser une part de soi.
C'est laisser de la place à l'absence. Une absence pour vos familles et cela, je le sais, ce n'est jamais facile.
Je sais aussi que votre engagement pour la France, il se vit en famille. Un soldat recruté, c'est une famille engagée. Longtemps, c'est une réalité qui n'a fait l'objet d'aucune politique d'ensemble, chacun des régiments s'organisait avec ses moyens propres. On portait toute son attention sur la préparation opérationnelle, qui bien sûr, est fondamentale. Mais on oubliait trop celles et ceux qui soutiennent le militaire. Celles et ceux qui font partie intégrante de cette préparation –toujours moins visibles mais si essentiels.
Et pourtant, l'absence laissée par un départ en opération, c'est une question purement militaire. Il n'existe pas d'autre profession où l'on est séparé si régulièrement des siens, sur des périodes si longues, pour défendre son pays au péril de sa vie.
J'ai donc souhaité que cette question soit au coeur de mon action. J'ai souhaité que l'on simplifie la vie de vos familles lorsque vous êtes en opérations et que l'on accompagne mieux vos conjoints, vos enfants durant cette absence. C'est pourquoi nous avons lancé le Plan Famille il y a maintenant plus de deux ans pour compléter, soutenir et amplifier ce qui se faisait dans les unités avec la seule énergie de la bonne volonté.
Grâce au Plan Famille, vos proches peuvent voyager simplement et à des tarifs préférentiels sur tout le réseau SNCF. Chaque régiment et chaque groupement de soutien des bases de défense oeuvrent pour faciliter les démarches administratives en leur sein, par exemple pour des procurations électorales, et bientôt je l'espère pour du courrier, de l'accès aux loisirs ou de l'habillement. Car en 2020, un espace ATLAS – pour "Accès en tout temps tout lieu au soutien" – verra le jour au Camp Le Cocq. Cet espace, c'est le comptoir de la facilité, le soutien à portée de main. Et j'espère qu'il changera votre quotidien.
Durant cette absence, je sais que le régiment est d'un soutien précieux à vos proches et à vos familles. La carte famille leur permet d'avoir accès au quartier, à des cours de théâtre, à l'action sociale des armées. Alors à ceux qui restent, merci de votre engagement. Merci de prendre soin des familles comme si elles étaient les vôtres. Et je crois que ce ne serait pas mentir de dire qu'elles sont aussi un peu les vôtres.
L'absence, elle se ressent aussi pour vos camarades, pour la "base arrière". Durant votre mission loin d'ici, vos camarades de régiment assurent le même nombre de missions : les gardes, les permanences, les cérémonies, l'animation des journées de défense et de citoyenneté continuent de rythmer leur quotidien.
Officiers, sous-officiers, marsouins,
Parmi vous, certains rejoindront Barkhane, au Tchad ou au Niger, auprès de vos frères d'armes du 1er régiment étranger de cavalerie. Votre mission, protéger, défendre et dissuader. Partir pour le Sahel, c'est partir pour un combat exigeant. J'étais il y a deux jours avec vos camarades au Tchad. Ils ne le disent pas toujours, mais on le sent, c'est un combat exigeant qui demande force, courage et abnégation. Et tout cela, c'est en vous. Je le vois dans vos regards et je sais que vous êtes prêts.
Pour d'autres, vous partez pour être pré-positionnés en Afrique. Ce sont parmi les départs les plus difficiles, car il faut être prêt à tout. Vous devez vous préparer comme si vous partiez au Mali ou en Centrafrique, mais sans être certain d'y être engagé au cours de cette mission.
Vous partez donc pour l'inconnu, mais je sais « votre âme au danger toujours prête ». Toujours en avant, " pour faire un soldat de marine, il faut avoir dans la poitrine, le coeur d'un matelot et celui d'un soldat" : au 21e RIMa, vous êtes les héritiers d'un passé glorieux avec de nombreuses « entrées en premier » durant ces 25 dernières années.
L'héritage de vos anciens, vous le portez dignement. Sur tous les théâtres, la détermination féroce est votre seconde nature, un honneur que vous faites, chaque jour, à votre devise : "Croche et tiens."
Vous le savez, avant un départ, ce qui compte le plus c'est le travail de préparation, sans relâche : la préparation opérationnelle, individuelle et collective ; la préparation matérielle et logistique, le "colisage" ; la préparation administrative ; la préparation physique et psychologique et bien sur la préparation humaine.
Ce travail de préparation engage énormément d'acteurs : des sous-officiers adjoints aux RH, du bureau maintenance et logistique au bureau environnement humain, des GSBDD aux amicales du régiment qui sont toujours là pour aider, ainsi que les deux compagnies de réserve.
Officiers, sous-officiers, marsouins,
"Croche et tiens", c'est une devise qui marque et sachez que je m'en souviendrai. On y sent la volonté et la ténacité. Comme vous, elle m'accompagnera dans les prochaines semaines et les prochains mois.
Quant à vous, profitez bien de ces derniers instants. Partez le coeur léger, la tête haute, l'âme engagée. Et soyez certains que "du Bosphore à la Martinique, du Sénégal au Pacifique, on verra de votre drapeau resplendir les couleurs."
Vive le 21e RIMa ! Vive la République ! Vive la France !
Source https://www.defense.gouv.fr, le 23 janvier 2020