Texte intégral
ROMAIN DESARBRES
La fin des certificats médicaux pour les enfants qui font du sport, ou encore le fiasco sportif des Mondiaux d'athlétisme au Qatar, Roxana MARACINEANU, la ministre des Sports, parle ce matin sur Cnews, avec Jean-Pierre ELKABBACH.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Au Qatar, c'est une anomalie, doublée d'un début de scandale. Je suis heureux de vous accueillir, Roxana MARACINEANU. Bonjour, merci d'être avec nous.
ROXANA MARACINEANU
Bonjour.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Le premier scandale, il est à Rouen. Il y a l'inquiétude et la colère des populations qui est en train de monter, on ne croit aucune explication officielle, l'Etat ne rassure pas, est-ce qu'on va finir par connaitre la vérité, et je veux dire la vérité vraie et indépendante ?
ROXANA MARACINEANU
Ecoutez, dans ce gouvernement nous sommes tous des pères et des mères de famille, donc forcément on est en empathie avec ce qui s'est passé jeudi dernier, et évidemment toute la transparence est déjà faite aujourd'hui, puisqu'hier ont été publiés…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais ça ne suffit pas, vous vous rendez bien compte, vous entendez.
ROXANA MARACINEANU
Oui, bien sûr, mais on le fait au jour le jour, il a fallu une semaine maintenant pour faire les analyses nécessaires, on est en capacité aujourd'hui de dire que l'air qu'on respire est bon, que l'eau est potable, et petit à petit les résultats de ces analyses arrivent et évidemment toute la transparence sera faite, comme la liste qui a été publiée hier soir par le Premier ministre.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais qu'est-ce que vous pensez du fait que contre les élites, les élus, les gouvernants et même les scientifiques, la défiance aujourd'hui est totale ?
ROXANA MARACINEANU
Vous savez, dans ce cas bien précis il y a une odeur nauséabonde qui s'est dégagée au moment de cet incendie, donc forcément on vit avec, au jour le jour, et quoi qu'on dise à l'extérieur, eh bien c'est les gens qui souffrent, voilà, c'est les gens qui sont en défiance, comme on est de toute manière dans la société aujourd'hui en défiance permanente par rapport à tout. Mais notre rôle c'est aussi de rassurer et d'être là et de dire ce qui est entendable...
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ou d'être cru quand vous voulez rassurer. Et en même temps il faut éviter l'obscurantisme qui est en train de gagner le pays.
ROXANA MARACINEANU
Bien sûr, il faut faire attention aussi à toutes les fausses nouvelles qu'on entend partout, parce que ça vient de là aussi, les fausses nouvelles qui sont propagées. On a eu une fausse liste des produits, préfectorale, qui a été publiée, enfin si on en arrive là, comment vous voulez que s'il n'y a plus rien qui est respecté, eh bien on ne pourra pas non plus faire entendre une parole publique qui est importante et nécessaire pour la population.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et qu'est-ce que vous pensez du fait que les oppositions politiques jouent leur rôle, mais qu'elles récupèrent l'événement ? Ça complique ou au contraire ça vous force à être plus près de la vérité ?
ROXANA MARACINEANU
Leur dire de faire attention, parce qu'il y a des choses importantes qui touchent la santé des Français, qui touchent l'intégrité de nos concitoyens et il faut qu'on puisse être crus quand c'est des choses importantes qui doivent être dites, comme ça a été le cas hier quand on a publié la liste des produits qui ont brûlé.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
On est à peu près sûr que quand le président de la République sera à Rodez demain, on lui posera des questions aussi sur des problèmes de sécurité, et justement, est-ce que le gouvernement peut revoir la sécurité des installations qui contiennent des produits chimiques, explosifs et dangereux, aux abords des villes ?
ROXANA MARACINEANU
Tout ce qui devait être fait a été fait pour que cette usine puisse faire son activité en toute sécurité. C'est la priorité du gouvernement et du président de la République de veiller à la sécurité de nos concitoyens, et ont fait au jour le jour ce qu'on doit faire pour ça.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais il y aura une réflexion sur la sécurité dans la proximité des villes, parce qu'on voit les dangers que ça représente. Le Qatar, d'ailleurs pourquoi vous n'êtes pas au Qatar ? Il fait trop chaud ?
ROXANA MARACINEANU
Non, parce que je reviens du Japon et que l'on évite aussi de faire beaucoup de voyages lointains, c'est aussi notre contribution à l'empreinte carbone, en tant que ministre, c'est important aussi de ne pas voyager en permanence. Les athlètes savent qu'on les soutient, à distance, et on les suit tient du mieux qu'on peut, au quotidien, quand ils s'entraînent ici en France.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Parce que vous êtes en charge de la sécurité et de la santé des athlètes. Là ils se plaignent. Vous avez vu que ceux qui sont engagés dans les Championnat du monde souffrent des canicules, d'une chaleur étouffante, est-ce que vous comprenez qu'ils protestent ?
ROXANA MARACINEANU
Bien sûr et c'est un phénomène qu'on voit de plus en plus, on l'a vu déjà à Rio aux Jeux olympiques, on l'a vu en France chez nous, pour la Coupe du monde de football, et on va le voir surtout à Tokyo l'année prochaine. C'est vrai qu'à Doha, même le soir il fait 32°, ce n'est pas des conditions optimales pour des sportifs et on voit qu'il y a énormément d'abandons, on voit les sportifs, la voix des sportifs s'élever…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais est-ce que ça vous touche, ça vous choque Doha ?
ROXANA MARACINEANU
... contre la température.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
De par exemple…
ROXANA MARACINEANU
J'ai été athlète et je sais que c'est la priorité dans une compétition, de pouvoir…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous auriez protesté, si vous aviez été là-bas, vous la grande nageuse, championne ?
ROXANA MARACINEANU
Bien sûr, parce que... Maintenant il faut qu'on fasse aussi attention à intégrer ce facteur de chaleur, c'est ce que je voulais dire en disant que ce n'est ni la première fois, ni la dernière où ça va se reproduire, donc moi en tant que ministre des Sports et responsable de la haute performance aussi en France, on fait aussi passer ce message aux entraîneurs d'intégrer ce facteur, de pouvoir aller bien en amont dans ces pays pour pouvoir s'habituer à la chaleur, on le voit avec les rugbymen…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Peut-être d'éviter ces pays, dans certains cas.
ROXANA MARACINEANU
Peut-être d'éviter ces pays, mais vous savez…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Parce que regardez, ils découvrent, les athlètes découvrent des installations immenses pour la clim, je ne sais pas combien il y a, des milliers de climatiseurs, le vide dans les stades, les courses la nuit, les épreuves hors des stades, il y a de quoi être choqué.
ROXANA MARACINEANU
Avec pas beaucoup de public aussi pour encourager les athlètes. Il se trouve que le cahier des charges des grands événements sportifs, il est géré, il est sous la responsabilité des fédérations internationales. Si on veut agir là-dessus, vous savez le mouvement sportif il est autonome et indépendant, si on veut agir là-dessus, il faut entrer en dialogue avec ces instances internationales…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, parce que les…
ROXANA MARACINEANU
... nous les gouvernements, parce que c'est nous qui payons quand on accueille des événements sportifs, on met à la clé un certain budget pour que nos fédérations puissent accueillir ces événements, donc c'est de l'argent public et on doit discuter avec ces fédérations internationales.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est-à-dire que vous dites ici, là ce matin, que les Etats, les gouvernements, doivent beaucoup plus être présents au moment où les fédérations votent et adoptent parfois dans des circonstances étranges, que le Parquet national financier avait déjà repérées, des décisions et en plus les sportifs ne sont pas consultés.
ROXANA MARACINEANU
Moi je vois deux solutions, celle de rentrer en dialogue avec les fédérations internationales, ce qui ne s'est jamais encore fait, on a l'occasion de le faire en 2021 parce qu'on va présider l'Union européenne, et il faut qu'on arrive à rassembler, qu'on mette à l'agenda de cette présidence française le sujet sport, qu'on arrive à réunir plusieurs Etats, gouvernements européens, pour aller discuter et établir le dialogue avec les fédérations européennes et internationales. Et d'autre part il faut qu'on permette aux athlètes français, aux dirigeants français, d'avoir une plus grande place dans les instances internationales, dans les fédérations internationales, pour qu'elles puissent porter la parole de la France, qui évidemment est pour l'universalité du sport, mais dans un cadre bien précis et pas à n'importe quel prix.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Qu'ils aient la parole, mais pas à la Saint Glinglin, assez prochainement.
ROXANA MARACINEANU
Voilà, qu'on puisse agir.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous voyez monter la colère, et vous avez entendu des appels au boycott de la Coupe du monde de foot à Doha, des appels au boycott ou la menace de boycott. Est-ce que c'est une manière de peut-être faire changer ou d'avoir davantage de garanties sur ce qui va se passer au Qatar ?
ROXANA MARACINEANU
Ecoutez, il y a l'universalité du sport qui est importante, il faut aussi que tous les territoires, toutes les zones géographiques puissent bénéficier de l'apport des événements sportifs, parfois c'est un apport économique, c'est un levier économique pour certains pays. Là je reviens du Sénégal où on va organiser les Jeux olympiques de la jeunesse, et c'est un apport énorme pour la population dakaroise et sénégalaise, que d'avoir ces Jeux olympiques de la jeunesse chez eux. Au Qatar, c'est une autre problématique, plus sociétale qu'économique, parce qu'on va dire qu'ils n'ont pas tellement besoin d'argent là-bas, mais plutôt d'éducation pour leur société, et…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est vrai qu'au passage, et je ne veux pas remettre en cause la qualité de l'accueil, les moyens qui sont offerts par l'émir du Qatar, qui est francophile, qui est en même temps moderne, mais c'est vrai que se posent les conditions du déroulement des sports, l'absence de droits des travailleurs immigrés, et en même temps les mystérieux choix, vous l'avez laissé entendre, des Ligues et des Fédérations.
ROXANA MARACINEANU
Bien sûr, c'est pour ça aussi que lorsqu'on y va, dans ces pays-là, c'est pour veiller à ça aussi et pour leur porter la parole de la France, pour leur dire aussi que les Jeux olympiques qu'on va organiser à Paris en 2024, ils doivent être exemplaires, pas seulement pour la France mais aussi pour le reste du monde, que ce soit dans l'empreinte écologique mais aussi dans le respect des travailleurs qui vont bâtir les installations olympiques. Maintenant chaque pays a ses problématiques. Au Qatar il y a un grand plan sur l'éducation de la population, qui passe aussi par l'éducation physique, par le sport, qui est engrangé par l'émir du Qatar aujourd'hui et qui est mis en place, et c'est vrai qu'il compte beaucoup sur ces événements sportifs pour y arriver aussi.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Roxana, si je peux me permettre de vous appeler par votre prénom, parce que vous étiez une grande championne, sans être expert, moi j'observe par exemple à Doha, quelques championnes qui viennent des Etats-Unis, j'entends les résultats etc., elles reviennent après une pause maternité. C'est nouveau et ce n'est pas encore accepté partout de suspendre une carrière pour cause de maternité, et de pouvoir revenir dans le sport. Est-ce que c'est un exemple à suivre, parce qu'en France il y a des fédérations etc. qui sont plutôt hostiles, qui licencient, qui ne veulent pas revoir les femmes qui sont enceintes ?
ROXANA MARACINEANU
C'est vrai qu'on a vu cette championne, 4 fois championne du monde du 100 m, en revenir avec un bébé de 2 ans dans les bras, après son quatrième titre. On a vu aussi Alison FELIX qui avait réussi à faire plier un grand équipementier pour faire accepter le fait qu'il continue son contrat de sponsoring alors qu'elle était enceinte, et là elle revient et elle gagne le titre sur le 4 x 100.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, mais ça c'est des Américains.
ROXANA MARACINEANU
C'est des Américains. Nous, en France…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais en France ce n'est pas possible, il reste un machisme un peu caduque.
ROXANA MARACINEANU
En France, il faut vraiment qu'on prenne à bras le corps, là je viens de recevoir la semaine dernière des filles, des femmes qui ont eu un enfant pendant leur carrière sportive ici en France, ça n'a pas toujours été bien accueilli ni par les entraîneurs, ni par les sponsors, ni par les clubs, parfois même une fois qu'elles avaient annoncé le fait qu'elles étaient enceintes, elles ont reçu quelque chose même d'illégal de la part du club, de dire : bon ben ça y est, ton contrat il est terminé. Dans le monde professionnel c'est impossible.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ça vous luttez, vous lancez un appel ici pour dire aux clubs, aux fédérations…
ROXANA MARACINEANU
Il faut déjà qu'on en parle, que ses filles puissent en parler, puissent raconter leur histoire, c'est ce qu'on a fait la semaine dernière au ministère, et derrière c'est un sujet qu'on va traiter, on a créé un fonds de dotation pour le sport au féminin et pour la création de la structuration du sport au féminin, suite à la Coupe du monde de foot en France qui a concerné les filles, plus particulièrement. Et il faut qu'on avance sur des mesures qui concernent les femmes et les jeunes filles dans le sport.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
A bas le machisme dans le sport. Et il y a tout un boulot qui est grand à faire. En France, je parle d'un autre sujet, j'ai vu que la pratique des sports de combat va être officiellement autorisée ou qu'elle commence à être autorisée. C'est ici une manière de lutter contre des sports qui ont lieu d'une manière un peu sauvage et clandestine souvent dans les banlieues. C'est vrai qu'ils sont autorisés dans la plupart des pays européens mais pas ici, et c'est vous qui allez choisir la fédération qui aura à s'en occuper. Quelles garanties vous demandez et quand vous allez le faire ?
ROXANA MARACINEANU
Donc là vous parlez du…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Des sports de combat.
ROXANA MARACINEANU
...MMA.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
MMA, c'est-à-dire Mixed Marshall Arts (sic).
ROXANA MARACINEANU
Martial Arts, exactement.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, Martial Arts.
ROXANA MARACINEANU
C'est un mélange tous les sports de combat…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
La lutte, la boxe thaï.
ROXANA MARACINEANU
Exactement, la boxe. Donc c'est quelque chose de très ludique pour les jeunes enfants, c'est quelque chose qui a du succès dans la pratique chez les jeunes, et l'idée c'est qu'on arrive à le légaliser dans sa pratique amateur, puisque…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Là aussi il y a beaucoup d'argent.
ROXANA MARACINEANU
... aujourd'hui on est un des sports ou un des pays où ce n'est pas légal, et effectivement ça donne lieu peut-être aussi à des dérives, à des entraîneurs qui ne sont pas forcément diplômés, qui enseignent à haut niveau et qui préparent nos sportifs pour devenir professionnels, puisqu'un circuit professionnel existe, où il y a de l'argent.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous reconnaissez qu'il y a beaucoup d'argent qui circule.
ROXANA MARACINEANU
Voilà, c'est un circuit professionnel, où il y a beaucoup d'argent en jeu et donc il y a des jeunes aujourd'hui qui sont formés en France, alors que ce n'est pas encadré cette formation et que ça doit l'être désormais dans le cadre d'une fédération, à qui on va donner la délégation de ce sport.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Laquelle ?
ROXANA MARACINEANU
Il faut qu'on choisisse. On a fait un…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Quelles garanties vous voulez d'elle ?
ROXANA MARACINEANU
En fait on a on va mettre en place un jury, qui va nous permettre d'avoir cette expertise pour choisir la meilleure des fédérations, celle qui saura le mieux gérer cette discipline où effectivement il y a beaucoup d'argent, en jeu dans le circuit professionnel, donc il faut que ce soit une fédération qui soit capable de tenir les rênes.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ces combats ils ont souvent lieu dans des cages, et ce qui me frappe moi aujourd'hui, c'est un paradoxe des paradoxes, on sort les animaux des cages et on autorise les combats des hommes en cage.
ROXANA MARACINEANU
Alors il s'agit d'un ring qui est protégé…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, sans règle, où on se tape dessus…
ROXANA MARACINEANU
Pas du tout. Il y a beaucoup de règles. Ça c'est l'image qu'on en a…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il faut qu'ils la changent.
ROXANA MARACINEANU
Les règles ont beaucoup évolué aussi ces dernières années, justement, on arrête les combats puisque c'est un sport qui est censément, voilà on peut mettre beaucoup de prises en place qui viennent de différents sports, donc on y fait plus attention que dans ces autres sports, et l'avantage c'est qu'on peut toucher toutes les parties du corps et pas que la tête comme en boxe, par exemple, donc du coup ça réduit aussi les risques.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous mettez des médecins autour. J'ai relu, parce que je savais qu'il parlait de vous, le récent rapport des deux députés, Eric BIARD qui est LR et Eric POULLIAT qui est En Marche, et ils disent que dans les sports de combat il y a beaucoup d'infiltration des radicalisés et des fichés S, et que c'est un fait. Vous vous en êtes occupé de ça ?
ROXANA MARACINEANU
Alors, la radicalisation dans le sport c'est un phénomène qui touche des sports de combat, des sports comme le football aussi, le football en salle, particulièrement.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, et le football amateur, et il paraît qu'il y a des endroits où il faut être musulman pour entrer, où il y a la prière avant le match, pendant le match, j'allais dire à l'entracte, pendant la mi-temps.
ROXANA MARACINEANU
Alors, on est très vigilant sur la radicalisation dans le sport, on est un des secteurs de notre société où on fait le plus attention, nous avons des référents…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et vous confirmez que c'est infiltrer les sports de combat.
ROXANA MARACINEANU
Nous avons des référents pour veiller justement à ce que la laïcité soit respectée dans les mesures où elle peut l'être dans le sport. Et voilà on est très vigilant avec les fédérations, avec les centres sportifs, l'Etat.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais par exemple les deux rapporteurs ont été reçus par les Nicole BELLOUBET, monsieur BLANQUER et Christophe CASTANER. Pourquoi vous ne les avez pas reçus ?
ROXANA MARACINEANU
Ah mais on est très au courant de ce sujet…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Non, très bien, mais pourquoi vous ne les avez pas reçus ?
ROXANA MARACINEANU
C'est eux qui nous reçoivent en fait, c'est les parlementaires qui nous auditionnent.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Alors pourquoi vous n'êtes pas allée vous faire auditionner ?
ROXANA MARACINEANU
Parce qu'ils ne me l'ont pas demandé.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il y en a un qui vous l'a demandé, celui qui est En Marche, de votre parti, vous l'a demandé.
ROXANA MARACINEANU
Ah bon, eh bien ça veut dire qu'on va y aller bientôt, bien sûr.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
D'accord. Vous irez.
ROXANA MARACINEANU
Bien sûr.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et par exemple les deux recommandent que les préfets, non plus les fédérations, puissent retirer l'agrément aux clubs qui se laissent infiltrer par les islamistes, les radicalisés, les fichés S. Vous êtes d'accord avec ça ?
ROXANA MARACINEANU
Bien sûr, mais ça se fait déjà. Ça se fait déjà aujourd'hui. C'est-à-dire, quand on trouve qu'il y a une anomalie dans un club, qu'elle soit de l'ordre sécuritaire ou de sécurité publique ou de prosélytisme, on ferme le club, comme toutes les associations d'ailleurs.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous voyez, vous avez eu raison de venir, il y a beaucoup de sujets. Est-ce qu'il est vrai que les enfants ne seront plus obligés de fournir un certificat médical pour s'inscrire dans des clubs sportifs, que ce ne sera plus obligatoire ?
ROXANA MARACINEANU
Alors, les enfants vont pouvoir suivre les examens qui sont « obligatoires », en tout cas pris en charge intégralement par la Sécurité sociale, que madame BUZYN a mis en place dès l'année dernière. Il y a 20 examens obligatoires, qui vont de 0 à 18 ans, donc un suivi beaucoup plus important, de prévention des jeunes, et moi j'ai proposé que le certificat médical, cette visite, cet examen, qui se faisait habituellement au mois de septembre, avec un peu les bouchons si vous voulez qu'on pouvait rencontrer chez les médecins…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ça concerne des millions de familles et d'enfants ça.
ROXANA MARACINEANU
Bien sûr, ça concerne tous les enfants qui doivent s'inscrire dans des associations sportives, au mois de septembre. Donc il y avait des bouchons, la queue leu leu chez les médecins, au mois d'août ou au mois de septembre pour ceux qui s'y prenaient trop tard, et là ça va être réparti sur toute l'adolescence, l'enfance et l'adolescence, et le pré-âge adulte grâce à cette mesure de santé qu'on a mis en place dès l'année dernière, et on va pouvoir mettre ce certificat médical dans ces examens qui seront désormais pris en charge intégralement, sans avoir besoin d'avancer de l'argent, par la Sécurité sociale. Donc c'est un vrai service qu'on rend aux citoyens, pour un suivi beaucoup plus étalé dans le temps et beaucoup plus suivi et remboursé, plus simple, et de l'autre côté un service aussi qu'on rend aux parents et aux associations, parce que c'était vraiment la tannée de gérer 40 000 certificats médicaux et on donnait…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Avec des excès.
ROXANA MARACINEANU
Voilà, et puis tous les présidents des fédérations avaient une responsabilité, les présidents des associations, c'est comme si quand vous allez à la boulangerie on vous demandait un certificat médical de non contre-indication au gluten pour acheter votre baguette. Voyez, ce n'est pas au boulanger d'assumer cette responsabilité.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
L'objectif, c'est donner le goût et la volonté du sport aux jeunes.
ROXANA MARACINEANU
A tout le monde, et que ça ne soit pas, voilà, il faut que ce soit notre pain quotidien, finalement, l'activité physique.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, on récupère avec cette prévention, ce qu'on dépense après pour la Sécurité sociale, pour soigner…
ROXANA MARACINEANU
Bien sûr, il faut…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il y a une deuxième chose, ici même il y a quelques jours, nous recevions avec Romain à Cnews, Agnès BUZYN, et elle avait annoncé que les femmes opérées ou soignées et après un cancer du sein, allaient bénéficier d'attention particulière et d'activités sportives qui seraient remboursés par la Sécurité sociale. Vous vous occupez de ça, est-ce que c'est vrai, est-ce que ça va se faire, et à partir de quand ? Si ça se fait.
ROXANA MARACINEANU
Oui, on s'occupe de ça, puisqu'on a une vraie stratégie sport santé ensemble, avec madame BUZYN depuis cette année, et l'activité physique va être intégrée dans le parcours de soins, remboursée de manière forfaitaire pour les personnes qui se remettent d'un cancer du sein. Et c'est très important, parce que l'activité physique aujourd'hui est essentielle à la guérison du cancer, parce que les personnes sont atteintes du cancer de plus en plus jeunes, elles peuvent du coup, elles peuvent supporter des traitements plus forts pour guérir, mais la condition pour ça, c'est qu'il faut qu'elles soient en forme physiquement pour que leur corps puisse supporter ce type de traitement. Et donc l'activité physique devient indispensable pour la guérison des personnes atteintes de cancer.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous allez changer leur vie et leur donner encore un peu d'espoir, ça se fait je crois à l'Institut Pasteur, ça se fait aussi dans quelques instituts privés, financés par des privés. Et pour faire plaisir à tellement de gens, aux supporters, à Romain, à Pascal PRAUD, et peut-être à moi, vous avez été plus approuvée que critiquée, quand vous avez demandé l'arrêt des matchs en cas d'insultes homophobes. Après de vives discussions avec le président LE GRAËT, aujourd'hui il faut dire que c'est désormais l'arbitre et le délégué de la Ligue qui peut suspendre ou arrêter un match. Et quelle va être la décision définitive ?
ROXANA MARACINEANU
Eh bien écoutez, ça faisait partie déjà du règlement de la Ligue d'arrêter les matchs, c'est préconisé par l'UEFA, c'est préconisé par la FIFA.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous maintenez la position que vous avez exprimée.
ROXANA MARACINEANU
Nous n'avons fait que le dire, que dire ce règlement, qui n'était peut-être pas assez dit, parce qu'il y avait des habitudes dans les stades, de chant, avec certaines paroles…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Non mais vous le répétez, aujourd'hui vous répétez : s'il y a des insultes homophobes on arrête. S'il y a des insultes racistes, on arrête, on suspend.
ROXANA MARACINEANU
L'arbitre à la liberté d'arrêter, mais c'est marqué dans le règlement, il doit respecter le règlement, c'est marqué dans le règlement : toute discrimination raciale, homophobe, eh bien doit conduire à une interruption de match, au bout de trois interruptions l'arrêt du match. Donc, voilà, c'est…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais s'il y a désaccord entre l'arbitre, au moment du match, et le délégué de la Ligue, le délégué monsieur LE GRAËT, qu'est ce qui se passe ?
ROXANA MARACINEANU
En fait, le délégué est là pour attirer l'attention de l'arbitre, sur ce qui se passe dans les tribunes, parce que l'arbitre est occupé plus par le jeu, plus par le match, et il n'entend pas forcément ce qui se dit dans les gradins. Mais moi j'appelle aussi à la conscience et à la responsabilité finalement des supporters, qui je pense ont assez mis de banderoles ces derniers temps me concernant, pour montrer qu'ils avaient entendu ce que j'avais dit, et nous allons les accueillir au ministère des Sports pour discuter avec eux, des manières peut-être de chanter différemment leur passion pour le football, et je pense que monsieur LE GRAËT et moi-même nous serons entendus, avec la présidente de la Ligue, pour qu'on puisse évoluer sur ce sujet, qui est important pour la société, car il est important pour les personnes homosexuelles dans notre société, qui doivent... à qui on doit le respect.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
A elles-mêmes, comme les ceux qui sont racistes, antisémites, etc. Mais vous dites que ce sont des délits qui seront combattus et sanctionnés, s'il le faut.
ROXANA MARACINEANU
Qui seront combattus, qui seront prévenus à l'avance, il va falloir qu'on fasse un beau travail de prévention, tous ensemble, et évidemment qui seront, non pas sanctionnés, parce qu'on ne sanctionne pas les supporters, mais simplement on applique le règlement qui fait que l'on interrompt le spectacle si le spectacle prend une mauvaise tournure.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et ça, sans trop tarder, ces décisions, parce qu'elles sont attendues.
ROXANA MARACINEANU
Ça s'est déjà fait dès le début septembre, ça a été un peu, voilà, remis en question, mais…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais est-ce qu'il est vrai que le ministère des Sports allait disparaître ? A un moment il a été dit, non, heureusement que vous êtes là, vous avez bien fait, on a dit : il va y avoir des Directions qui vont absorber, etc.
ROXANA MARACINEANU
Dès que je suis arrivée, en fait, on m'a dit : le ministère des Sports allait disparaître. Alors déjà j'ai été accueillie, je ne savais pas trop pourquoi j'étais accueillie comme ça. Vous voyez, on travaille bien là, on vient d'annoncer un budget en hausse de 10 %.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, mais c'était un budget de malheureux et de fauchés. On vous augmente un tout petit peu.
ROXANA MARACINEANU
Mais 10 % pour un budget, 10 % pour un budget, alors qu'on a promis des baisses d'impôts aux Français, alors qu'on a promis une baisse de la dette pour, voilà, pour nos générations futures, avoir 10 % sur un budget qui augmente, c'est vrai heureusement qu'il y a les Jeux olympiques et il faut qu'on respecte nos engagements pour les Jeux olympiques, mais l'Etat et le gouvernement veut investir dans le sport et je suis heureuse d'être à la tête de ce ministère pour pouvoir porter tous ces beaux projets.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Qui continue à exister. Très bien. Merci, et on voit que vous vous habituez à la politique aussi. Bienvenue et à la prochaine.
ROXANA MARACINEANU
Merci.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 4 octobre 2019