Interview de M. Gabriel Attal, secrétaire d'État auprès du ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse, à LCI le 30 août 2019, sur la rentrée scolaire et la rémunération des enseignants.

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Intervenant(s) : 
  • Gabriel Attal - Secrétaire d'État auprès du ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse

Média : La Chaîne Info

Texte intégral

ELIZABETH MARTICHOUX
Bonjour Gabriel ATTAL.

GABRIEL ATTAL
Bonjour.

ELIZABETH MARTICHOUX
Merci beaucoup d'être sur LCI. Je vais le redire dans l'ordre quand même, secrétaire d'Etat à l'Education nationale et à la Jeunesse, merci d'être sur LCI donc ce matin. 870.000 profs qui font leur rentrée aujourd'hui même vendredi, est-ce que vous pouvez nous rappeler combien gagne un professeur des écoles, ce qu'on appelait un instit ou une instit en début de carrière.

GABRIEL ATTAL
Professeur des écoles en début de carrière, il gagne autour de 1.300 euros…

ELIZABETH MARTICHOUX
Net ?

GABRIEL ATTAL
Net. Et je vois bien votre question, évidemment c'est de la rémunération des enseignants qui revient régulièrement.

ELIZABETH MARTICHOUX
Alors c'est 2.060 euros brut quand on est titularisé pour être précis ; et après 20 ans d'ancienneté à votre avis ont passe à combien quand on a commencé à 2.000 bruts ?

GABRIEL ATTAL
Après 20 ans d'ancienneté, quand on a commencé à 2.000 brut, on est en dessous de 3.000 euros.

ELIZABETH MARTICHOUX
Voilà ! 2.760, vous aviez presque juste. Pourquoi je vous en parle, ce n'est pas pour vous faire le coup du ticket de métro Gabriel ATTAL, c'est que cette situation elle vient de loin mais est-ce qu'elle est acceptable en 2019 ?

GABRIEL ATTAL
Non mais la question qui est posée, celle de la rémunération des enseignants, c'est une question qui revient régulièrement depuis plusieurs années et qui est une vraie question. Il y a des comparaisons qui sont faites au niveau des pays de l'OCDE, le choix qui a été fait, le nôtre, c'est d'aller vers une augmentation du pouvoir d'achat des enseignants. Un professeur qui commence sa carrière en 2022, il gagnera en moyenne 1.000 euros de plus qu'en 2017, que quand on est arrivé. Donc il y a une dynamique d'augmentation…

ELIZABETH MARTICHOUX
Vous parlez de tous les enseignants ou vous parlez de ceux qui aujourd'hui sont…

GABRIEL ATTAL
Je parle de tous les enseignants en moyenne.

ELIZABETH MARTICHOUX
Par exemple en zone prioritaire ?

GABRIEL ATTAL
Je parle de tous les enseignants en moyenne qui débutent leur carrière. Sur l'ensemble des mesures qu'on a prises, sur la trajectoire qui a été prévue, à la fin du quinquennat un professeur des écoles qui débute gagnera en moyenne 1.000 euros de plus qu'en début de quinquennat, parce qu'on prend des mesures. Evidemment ça coûte de l'argent, c'est un engagement budgétaire…

ELIZABETH MARTICHOUX
Est-ce que l'on ne peut pas… pardon Gabriel ATTAL, est-ce que vous n'avez pas tardé à entamer la revalorisation des enseignants, parce que dans le fond vous dites… maintenant vous donnez un horizon, mais depuis 2017, depuis 2 ans et demi que vous êtes au pouvoir, il n'y a pas eu beaucoup d'efforts de faits !

GABRIEL ATTAL
Si, il y a eu des efforts de faits…

ELIZABETH MARTICHOUX
Mais est-ce que vous n'avez pas tardé…

GABRIEL ATTAL
Non !

ELIZABETH MARTICHOUX
Bien sûr, vous allez me dire « on a fait par exemple en zone prioritaire », mais il y a beaucoup d'enseignants qui ont perdu du pouvoir d'achat.

GABRIEL ATTAL
Non, on n'a pas tardé parce que je vais vous dire, pour décider de l'augmentation des enseignants, vous avez rappelé le nombre d'enseignants qu'il y a en France qui font leur rentrée là, plus de 800.000, il y a un million de personnels dans l'éducation nationale. Quand vous décidez une augmentation, si vous voulez qu'elle soit significative et qu'elle soit perçue concrètement dans le pouvoir d'achat des enseignants, ça veut dire des masses financières importantes. Donc l'important ce n'est pas d'annoncer des augmentations, c'est de permettre de les réaliser. Jean-Michel BLANQUER a parlé de 300 euros supplémentaires à partir de l'année prochaine en moyenne pour tous les enseignants. Il fallait trouver les marges pour le faire, on les a trouvées…

ELIZABETH MARTICHOUX
Alors je vous interromps une seconde parce que précisément, vous êtes en train de répondre sans le dire aux critiques qui ont été faites sur l'annonce de cette augmentation de 300 euros annuels. Regardez le tweet qu'a adressé au ministre Najat VALLAUD BELKACEM, la prédécesseuse, pardon pour ce barbarisme, Jean-Michel BLANQUER à l'Education nationale : rien ne m'étonne dans la communication du gouvernement, chacun aura compris que nous, nous avions adopté cette augmentation en 2016 et quelle avait été gelée par l'actuel gouvernement. Factuellement…

GABRIEL ATTAL
Mais vous voyez bien…

ELIZABETH MARTICHOUX
Factuellement c'est vrai, vous l'aviez gelée !

GABRIEL ATTAL
Vous voyez bien que Najat VALLAUD BELKACEM, elle dit tout dans son tweet, c'est une décision qui a été pris en 2016 à un moment où le précédent gouvernement savait qu'a priori il n'allait pas être reconduit, je suis bien placé pour le savoir, je travaillais dans un ministère à cette époque-là. Il n'y avait aucun budget pour mettre en oeuvre cette augmentation qui avait été annoncée. Donc nous, qu'est-ce qu'on a fait en arrivant ? On a trouvé des marges de manoeuvre pour permettre cette augmentation, c'est 300 millions d'euros qu'il faut trouver l'an prochain…

ELIZABETH MARTICHOUX
2 ans et demi…

GABRIEL ATTAL
Oui mais c'est difficile. Et ce que je veux dire, c'est que contrairement…

ELIZABETH MARTICHOUX
Vous auriez pu le faire plus tôt !

GABRIEL ATTAL
Contrairement à ce que vous disiez, c'est qu'on n'a pas attendu 2 ans avant d'agir sur la rémunération des enseignants. Dès 2017, parce qu'on a une priorité sur les REP et REP+, sur les quartiers difficiles on dédouble les classes pour permettre que les enfants étudient, apprennent dans de meilleures conditions. On a décidé de primes exceptionnelles pour les enseignants qui vont travailler en REP et REP+, c'est 4.500 euros par an de primes qui ont été décidées pour les enseignants qui vont en REP et REP+ pour les attirer aussi vers ces territoires dont on sait qu'ils sont plus difficiles. Donc on voit bien qu'on a commencé à agir, on continue à le faire et sans doute d'autres mesures interviendront ultérieurement.

ELIZABETH MARTICHOUX
Sans doute…

GABRIEL ATTAL
Sans doute oui…

ELIZABETH MARTICHOUX
Quand, quand ?

GABRIEL ATTAL
Jean-Michel BLANQUER a annoncé qu'un chantier était ouvert sur la question de la rémunération des enseignants, qui est par ailleurs liée à la réforme des retraites qui va intervenir…

ELIZABETH MARTICHOUX
Parce que les enseignants vont être parmi ceux qui vont être sérieusement pénalisés par l'universalisation des régimes de retraite !

GABRIEL ATTAL
Non, là vous parlez si des propositions qui ont été faites étaient mises en oeuvre telles quelles. Le président de la République lui-même dans son échange sur France 2 en début de semaine a indiqué que mécaniquement, si les propositions qui avaient été faites étaient appliquées telles quelles, oui ! Les enseignants faisaient partie d'une catégorie qui aurait été pénalisée. Et précisément, le président le dit et Jean-Michel BLANQUER le dis parce qu'on veut l'éviter. Et c'est pour ça qu'on va travailler sur ce chantier, la réforme des retraites elle ne sera pas mis en oeuvre demain, il faudra quelques années, ça nous laisse un peu de temps pour préparer…

ELIZABETH MARTICHOUX
Un an de concertation, c'est ce que vient d'annoncer Gérald DARMANIN ce matin.

GABRIEL ATTAL
On va entamer une concertation, je crois que c'est le Premier ministre qui annoncera la semaine prochaine la manière dont cette concertation va se faire.

ELIZABETH MARTICHOUX
Vous voulez dire que Gérald DARMANIN a grillé la politesse au Premier ministre qui aurait dû annoncer ce calendrier ?

GABRIEL ATTAL
Non, je ne dis pas ça, je dis que je ne peux pas confirmer la durée puisque je crois que l'annonce sera faite la semaine prochaine. Ce qui est important, c'est qu'il y aura une vraie concertation avec les partenaires sociaux et avec les Français. Et ça, ça me semble particulièrement important.

ELIZABETH MARTICHOUX
Ce qu'on entend quand même, c'est que vous allez prendre à bras-le-corps normalement la question des rémunérations, de toute façon c'est obligatoire pour qu'il y ait une forme de justice à l'égard des enseignants au moment de la réforme des retraites. Et ce qu'on sent aussi, c'est qu'il y a une volonté quand même d'apaisement aujourd'hui entre le ministre et les profs. Ecoutez d'ailleurs ce qu'en dit madame POPINEAU du syndicat SNUipp-FSU.

FRANCETTE POPINEAU
Il semblerait à cette rentrée qu'effectivement on aille vers plus de concertation, avec une réelle concertation, c'est-à-dire pas simplement le ministre nous reçoit, mais le ministre nous écoute et écoute ce que disent les professionnels de terrain et ce dont ils ont besoin pour faire réussir les élèves. Si nous avançons comme cela, on peut se dire qu'on pourra améliorer l'école.

ELIZABETH MARTICHOUX
Voilà ce qu'elle dit : on nous entend enfin et même peut-être on nous écoute. C'est nouveau, c'est l'acte 2 du quinquennat ?

GABRIEL ATTAL
Ce qui est certain c'est que le président de la République l'a dit, il y a un acte 2 avec une méthode davantage tournée vers l'écoute, le dialogue et la concertation. On ne peut pas…

ELIZABETH MARTICHOUX
Il y a une forme de réforme interne du gouvernement !

GABRIEL ATTAL
Oui, enfin il y a eu une forme de…

ELIZABETH MARTICHOUX
Vous vous réformez !

GABRIEL ATTAL
Il y a eu une forme de regard critique sur à notre action et notre méthode à la suite du mouvement des gilets jaunes. Mais là je ne dis rien de nouveau, le président de la République l'avait parfaitement assumé à l'occasion de sa conférence de presse. Maintenant il s'agit de le mettre en oeuvre et, donc, c'est vrai que cette volonté de dialogue sur la question de l'école que vous évoquez, notamment sur la réforme du lycée qui avait entraîné une mobilisation de certains professeurs avant l'été sur la correction des copies du bac, mais globalement qui pose des questions chez les enseignants. Jean-Michel BLANQUER a annoncé qu'on mettait en place un comité de suivi, ils en ont seront partie prenante pour regarder la manière dont la réforme du lycée se met en oeuvre et faire évoluer, faire des ajustements en fonction de ce qu'il aura été soulevé…

ELIZABETH MARTICHOUX
Donc il y a un nouveau climat, il y a un nouveau climat aujourd'hui entre l'éducation nationale et le corps enseignant, qui a vu effectivement Jean-Michel BLANQUER imposer un certain nombre de réformes d'en haut. C'est le temps de la concertation, on répare les morceaux !

GABRIEL ATTAL
Non, je rappelle quand même que la réforme du lycée, elle avait été travaillée avec eux. Pierre MATHIOT qui était en charge de cette réforme, que 50.000 lycéens – ce qui me tenait beaucoup à coeur – avaient contribué pour la définir cette réforme. Mais ce que je veux dire, c'est qu'il y a globalement au niveau du gouvernement… oui, un nouveau climat, une nouvelle méthode davantage tournée vers le dialogue, l'écoute et la concertation.

ELIZABETH MARTICHOUX
Est-ce qu'Emmanuel MACRON sera présent au séminaire gouvernemental mercredi prochain ?

GABRIEL ATTAL
Ecoutez oui ! Je crois que le séminaire a lieu…

ELIZABETH MARTICHOUX
A l'Elysée ! D'accord, donc il va le présider et il va développer, irriguer, diffuser cette nouvelle méthode auprès de vous ?

GABRIEL ATTAL
Je pense, en tout cas ça sera…

ELIZABETH MARTICHOUX
Quel est le mot d'ordre de la rentrée pour vous ?

GABRIEL ATTAL
Le mot d'ordre de la rentrée, c'est bien ce que j'évoquais à l'instant, c'est-à-dire poursuivre les réformes mais le faire dans le dialogue, dans l'écoute, ne pas perdre le fil du dialogue avec les Français qui s'est ouvert au moment du grand débat national et, ça, dans chacun de nos chantiers, dans l'ensemble des mesures que l'on porte, c'est important de ne pas perdre ce fil-là. Il y a la question des retraites qu'on a évoquée où il va y avoir des vrais débats avec les Français...

ELIZABETH MARTICHOUX
Y compris d'ailleurs avec le président, il va redescendre ans l'arène ?

GABRIEL ATTAL
Ca, je n'en sais rien…

ELIZABETH MARTICHOUX
Vous le souhaitez ou pas, vous pensez que ce serait de bon aloi et surtout pertinent ?

GABRIEL ATTAL
On n'en est pas là et moi, je ne veux pas donner de consignes là-dessus ou dire ce que je pense. Mais l'important c'est que ce soit appliquée sur l'ensemble des champs gouvernementaux, il y a des réformes importantes qui sont engagées, il y avoir une loi sur l'économie circulaire qui là aussi site nécessite un vrai travail avec les Français, avec les collectivités locales, une loi sur l'engagement des maires qui est portée par Sébastien LECORNU. Voilà ! Sur ces chantiers-là, on porte une méthode nouvelle.

ELIZABETH MARTICHOUX
Gabriel ATTAL, que pensez-vous de l'idée de Gérald DARMANIN, ministre des Comptes publics et du Budget de donner un coup de pouce fiscal aux donations entre vivants, en particulier entre parents et enfants. Il a émis cette idée de défiscaliser davantage.

GABRIEL ATTAL
Oui, il l'a émise en disant qu'aujourd'hui, on n'avait pas tout à fait les marges pour le faire, mais que si à un moment on avait des marges supplémentaires, il serait favorable à ce qu'on puisse aller dans cette direction Moi aussi j'y suis favorable, je considère qu'il faut donner des marges à celles et ceux qui d'abord le peuvent et qui ont la chance de le pouvoir ; et qui veulent pouvoir donner à leurs descendants. On sait qu'aujourd'hui, on hérite en moyenne beaucoup plus tard qu'il y a maintenant quelques décennies, au début du siècle précédent et que ça a un impact sur l'économie puisque c'est des fonds, des moyens qui ne sont pas immédiatement utiles à l'économie. Donc moi évidemment, je suis favorable à ce qu'on regarde ce qu'il est possible de faire, d'être davantage sur les petits-enfants que sur les enfants. Moi je rencontre beaucoup de personnes qui aimeraient pouvoir donner davantage à leurs petits-enfants, aujourd'hui l'abattement fiscal est moins important pour les petits-enfants que pour les enfants. On rentre un peu dans du détail mais au global, il me semble important…

ELIZABETH MARTICHOUX
Donc vous dites « c'est une bonne idée, parlons-en, regardons les marges de manoeuvre ». Mais est-ce que vous êtes favorable à ce qu'il y ait des arbitrages en faveur de cette idée, vous vous dites : il faut attendre, on n'a pas les sous aujourd'hui, on verra ça plus tard.

GABRIEL ATTAL
Moi ce que je dis, c'est : on a une trajectoire qui vise à – à terme – retourner à l'équilibre, trouver des marges de manoeuvre financières. Si on trouve des marges de manoeuvre qui permettent des mesures nouvelles, c'est une idée que je trouve intéressante, en tout cas que je soutiendrai.

ELIZABETH MARTICHOUX
C'est une idée qui est critiquée et d'ailleurs c'est intéressant, sous une forme de philosophie de la fiscalité, elle est critiquée parce qu'elle favorise la reproduction sociale, c'est-à-dire que ceux qui ont et quand ils décèdent ou même de leur vivant donc peuvent donner à leurs enfants, donc qui bénéficient d'une forme de rente sans aucun mérite sinon celui d'être le fils ou la fille de monsieur ou madame. Est-ce que là-dessus, il n'y a pas un problème de justice ?

GABRIEL ATTAL
Moi j'entends ce discours mais c'est un discours qui revient à contester toute forme d'héritage. Et à partir de ce discours en tissant le fil, on pourrait considérer qu'il faut taxer à 100 % les héritages, ne plus permettre…

ELIZABETH MARTICHOUX
Par exemple les Anglo-saxons, les Américains le font !

GABRIEL ATTAL
Et ne plus permettre l'héritage. Moi je ne suis pas sur cette ligne-là, moi je considère que quand on a travaillé….

ELIZABETH MARTICHOUX
Pas touche à l'héritage, avait dit Emmanuel MACRON !

ELIZABETH MARTICHOUX
Moi je suis sur cette ligne, je considère que quand on a travaillé toute sa vie, qu'on a été taxé sur les fruits de son travail, on ne doit pas être à nouveau taxé de manière démesurée au moment de sa succession. Je travaille sur la question de l'héritage moi pour permettre à davantage de grandes fortunes de donner plus aux associations, sur la réserve héréditaire notamment, j'attends un rapport parlementaire pour l'automne avec Nicole BELLOUBET en ce sens. Voilà ! La question, je ne me la pose pas en fonction de ce qu'on pourrait taxer ou prendre, mais des libéralités, des marges de manoeuvre qu'on pourrait donner aux Français qui en ont les moyens et qui peuvent. Encore une fois, c'est bon pour l'économie quand de l'argent est transmis d'une génération à une autre plus tôt.

ELIZABETH MARTICHOUX
Enfin, vous posez des questions aussi pour prendre, parce que vous venez d'annoncer un coup de rabot sur l'avantage fiscal dont bénéficient les très grandes entreprises quand elles font du mécénat, pourquoi ? Vous voulez le passer de 60 à 40 % quand on fait un don de plus de 2 millions, sauf quand c'est dans le domaine de l'aide aux plus démunis.

GABRIEL ATTAL
Alors il n'y a pas de coup de rabot, effectivement il y a une mesure qui a été annoncée pour les entreprises qui donnent plus de 2 millions d'euros, qui sont 78, où là ça passera de 60 à 40 %. Mais de l'autre côté, je rappelle que depuis cette année, on a augmenté justement la défiscalisation à laquelle ont droit les PME et les TPE, pour donner aux associations pour faire du mécénat. Donc si on voulait faire des économies… si on n'avait que les économies pour boussole et qu'on voulait faire du rabot…

ELIZABETH MARTICHOUX
Vous allez en faire quand même…

GABRIEL ATTAL
On n'aurait pas pris cette mesure. Elle produira des économies évidemment, mais ce que je veux dire c'est que le sens de nos décisions sur le mécénat, ce n'est pas d'aller chercher des économies, sinon on n'aurait pas augmenté la défiscalisation pour les PME TPE qui va coûter aussi de l'argent. L'objectif…

ELIZABETH MARTICHOUX
Mais quel est le sens parce que… est-ce qu'il y avait des abus, on a beaucoup parlé au moment de Notre-Dame parce que c'est vrai que ça a été assez controversé, LVMH, PINAULT qui donnaient des sommes extravagantes, il y en a beaucoup qui disent : c'est une fausse générosité, en fait c'est pour récupérer une exonération fiscale.

GABRIEL ATTAL
Non, moi je ne suis pas du tout sur ce débat…

ELIZABETH MARTICHOUX
C'est ça votre état d'esprit ?

GABRIEL ATTAL
Sur le débat sur Notre-Dame, non. Il y a des abus qui ont été constatés mais c'est moins au moment de Notre-Dame que depuis quelques années. Moi je ne suis pas là pour faire du name and shame, citer des entreprises mais on a vu la Cour des comptes produire des rapports, vous les avez peut être consultés, avec des abus qui ont été mis en lumière, avec des dons très importants qui étaient faits par une entreprise, pour créer une fondation culturelle ou une fondation d'une manière générale, avec des retours notamment en termes de publicité pour l'entreprise qui étaient tellement importants, qu'on se demande si on est encore dans du mécénat ou si on est dans du sponsoring. Ca paraît technique, mais la question c'est de savoir si la solidarité…

ELIZABETH MARTICHOUX
Ou de l'optimisation fiscale !

GABRIEL ATTAL
Voilà, si la solidarité doit financer ce type d'opération. Et donc moi ma préoccupation, c'est que le mécénat dans son principe ne soit pas remis en question. Et donc si on laisse des abus être pointés du doigt par la Cour des comptes, par des parlementaires, par des médias aussi qui avaient produit des articles, à la fin le risque c'est que le mécénat soit contestée dans son principe. Et moi, je ne le souhaite pas parce que le mécénat c'est extrêmement positif pour le lien entre les entreprises…

ELIZABETH MARTICHOUX
Vous essayez de garder les…

GABRIEL ATTAL
Donc il faut mettre un cadre, c'est ça que je veux dire, il faut mettre un cadre.

ELIZABETH MARTICHOUX
Gabriel ATTAL, le grand bazar est annoncé au rayon de la République En Marche à Paris ?

GABRIEL ATTAL
Je ne crois pas.

ELIZABETH MARTICHOUX
Cédric VILLANI, déçu, candidat déçu à l'investiture de la République En Marche pour la Mairie de Paris, devrait annoncer très vraisemblablement mercredi prochain, sa candidature. Vous le redoutez ?

GABRIEL ATTAL
Ecoutez, moi, pour l'instant il n'y a pas de candidature qui est annoncé. Ce que moi je souhaite…

ELIZABETH MARTICHOUX
On va on va parler clairement, il a très vraisemblablement l'intention d'annoncer sa candidature mercredi prochain. Benjamin GRIVEAUX est le candidat investi, est-ce que vous redoutez cette annonce ?

GABRIEL ATTAL
Moi, j'ai parfaitement confiance dans la capacité de Benjamin GRIVEAUX à l'emporter, à devenir Maire de Paris. Donc, moi ce que je redoute…

ELIZABETH MARTICHOUX
Alors ça c'est une énorme langue de bois, parce qu'à partir du moment où Cédric VILLANI…

GABRIEL ATTAL
Non…

ELIZABETH MARTICHOUX
Pardon, et vous le savez bien, Cédric VILLANI aura annoncé sa candidature, éventuellement, c'est une candidature qui peut empêcher Benjamin GRIVEAUX d'accéder au poste dont vous dites qu'il lui est…

GABRIEL ATTAL
Je vais vous dire, moi je ne peux pas imaginer que Cédric VILLANI puisse souhaiter ou de prendre des décisions qui conduiraient à ce que l'on empêche la République En Marche de gagner la Mairie de Paris.

ELIZABETH MARTICHOUX
Alors, s'il le fait mercredi prochain, vous l'interprétez comment ?

GABRIEL ATTAL
Eh bien j'en serais très déçu. Je ne peux pas vous dire autre chose, mais encore une fois, vous savez Benjamin GRIVEAUX il a été investi par la Commission nationale d'investiture, il a commencé tout un travail de rassemblement, hier ou avant hier la maire du Ixème arrondissement, qui vient des Républicains, Delphine BURKLI, a annoncé qu'elle soutenait la candidature de Benjamin GRIVEAUX. Donc on voit bien, il y a ce travail-là…

ELIZABETH MARTICHOUX
Il fait des alliances, il fait des alliances d'appareils, Cédric VILLANI, lui, va se lancer avec ça sa liberté. Est-ce que le président va recevoir, à votre avis, Cédric VILLANI ? Est-ce qu'il va intervenir pour essayer d'empêcher ce crash au sein de la majorité ?

GABRIEL ATTAL
Je vais vous dire, le président de la République, on l'a vu encore le week-end dernier au moment du G7, il pèse sur des équilibres qui sont très important dans le monde…

ELIZABETH MARTICHOUX
Vous voulez dire qu'il ne s'intéresse pas à la situation parisienne ?

GABRIEL ATTAL
Je ne dis pas ça, je dis que le président de la République ce n'est pas lui qui a décidé le l'investiture de Benjamin GRIVEAUX. Il y a une Commission nationale d'investiture, on a un mouvement politique, il y a des instances…

ELIZABETH MARTICHOUX
Est-ce qu'il n'aurait pas dû le faire pour éviter cette situation ?

GABRIEL ATTAL
Non, enfin, ce n'est pas le rôle du président de la République, on a un mouvement politique, on a des instances politiques. Certes on est un mouvement nouveau, certes c'est les premières investitures pour des municipales qu'on a à faire, oui c'est sûr, mais si on considère toujours qu'il faut aller chercher ailleurs la décision, à la fin ça ne sert à rien d'avoir un mouvement politique.

ELIZABETH MARTICHOUX
On en reparlera plus tard, ne vous en faites pas la candidature de Benjamin GRIVEAUX, mais quand même, vous ne pouvez pas me dire c'est une situation rêvée.

GABRIEL ATTAL
Mais ce n'est précisément pas ce que je vous dis.

ELIZABETH MARTICHOUX
C'est même une situation très très ennuyeuse est embarrassante pour En Marche à Paris, cette double candidature probable.

GABRIEL ATTAL
C'est ce que je vous ai dit, moi je ne souhaite pas qu'on aille vers plusieurs candidatures qui nous empêcheraient de gagner la Mairie de Paris. Encore une fois il y a sans doute des discussions qui doivent se tenir. Moi je connais Cédric VILLANI, on a été parlementaires ensemble à l'Assemblée nationale…

ELIZABETH MARTICHOUX
Qu'est-ce que vous lui dites ce matin ?

GABRIEL ATTAL
Je ne vais pas m'adresser à lui par voie de presse.

ELIZABETH MARTICHOUX
Pourquoi pas ?

GABRIEL ATTAL
Eh bien parce que ce n'est pas comme ça que ça se fait.

ELIZABETH MARTICHOUX
Alors, vous l'avez appelé au moins ?

GABRIEL ATTAL
Je le connais, c'est quelqu'un qui est d'abord très intelligent, qui est par ailleurs convaincu par ce qu'on fait, qui est un soutien des premiers jours du président de la République, de la majorité, donc je n'imagine pas qu'il puisse prendre des décisions qui nous fassent perdre.

ELIZABETH MARTICHOUX
Et il serait exclu s'il se présentait ?

GABRIEL ATTAL
Là je ne peux pas vous le dire, moi.

ELIZABETH MARTICHOUX
Vous connaissez très bien le parti, vous connaissez très bien la majorité. Il sera exclu logiquement ?

GABRIEL ATTAL
Mais, posez la question aux responsables du parti, moi je ne suis pas responsable du mouvement En Marche.

ELIZABETH MARTICHOUX
Ce serait logique.

GABRIEL ATTAL
Je ne peux pas vous dire.

ELIZABETH MARTICHOUX
Ce serait logique.

GABRIEL ATTAL
Je ne peux pas vous dire, ce qui est certain c'est que…

ELIZABETH MARTICHOUX
Ah ben si, vous pouvez dire : c'est logique ou pas.

GABRIEL ATTAL
Un candidat qui se présente en dissidence contre un candidat investi par la République En Marche, de facto il se met en dehors des instances.

ELIZABETH MARTICHOUX
D'accord.

GABRIEL ATTAL
Alors, après qu'il y ait une exclusion ou pas, ça, ce n'est pas à moi de le dire.

ELIZABETH MARTICHOUX
Il ne faut peut-être pas insulter l'avenir, c'est ce que vous dites, exclusion ou pas, il pourra toujours essayer de rattraper Cédric VILLANI plus tard, si la mayonnaise prend autour de sa candidature. Très très vite, le président de la Communauté d'agglomération de Bourg-en-Bresse en appelle à Marlène SCHIAPPA. Figurez-vous qu'il a une amende de 90 000 €, on en a parlé sur LCI, parce qu'il a mis trop de femmes dans une instance de l'agglomération.

GABRIEL ATTAL
J'ai vu ça sur les réseaux sociaux en arrivant dans le studio, effectivement ça paraît curieux, on voit bien que c'est des règles qui sans doute visent à faire en sorte qu'il y ait une parité et à favoriser l'accès des femmes aux responsabilités politiques, et qui dans certains cas peuvent donner des décisions un peu…très curieux comme celle-ci.

ELIZABETH MARTICHOUX
Absurde même.

GABRIEL ATTAL
Absurde, il faut regarder s'il y a eu la possibilité de faire des recours avant et si on se retrouve dans cette situation comme ça d'un coup, ou si des choses auraient pu être évitées. D'une manière générale, évidemment on souhaite faire en sorte qu'il y ait le plus possible de femmes qui soient aux responsabilités dans les municipalités, c'est d'ailleurs un nos objectifs sur les municipales, on travaille beaucoup avec le Bureau exécutif, la Commission d'investiture, dans cette direction.

ELIZABETH MARTICHOUX
Et le préfet de l'Aude aurait mieux valu féliciter ce maire plutôt que de le pénaliser, donc.

GABRIEL ATTAL
La difficulté c'est que vous savez, quand il y a des règles, même si parfois c'est absurde, sans doute ça donne des applications comme celle-ci, mais c'est peut-être des occasions de regarder si on ne peut pas changer la règle pour que ce type de cas ne se reproduise pas.

ELIZABETH MARTICHOUX
De situation absurde, dites-vous, se produise. Merci beaucoup Gabriel ATTAL d'avoir été avec nous ce matin sur LCI.

GABRIEL ATTAL
Merci.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 13 septembre 2019