Interview de Mme Emmanuelle Wargon, secrétaire d'État auprès de la ministre de la transition écologique et solidaire, à France Bleu Auvergne le 24 janvier 2020, sur la mise en œuvre de la transition écologique dans le Puy-de-Dôme.

Prononcé le

Intervenant(s) : 
  • Emmanuelle Wargon - Secrétaire d'État auprès de la ministre de la transition écologique et solidaire

Média : France Bleu

Texte intégral

JOURNALISTE
Emmanuelle WARGON, secrétaire d'État à la Transition écologique et solidaire est ce matin avec nous dans les studios de France Bleu Pays d'Auvergne, elle passe deux jours dans le Puy-de-Dôme, Pascal GAUTHIER, pour parler budget environnement, mais aussi rencontrer les citoyens.

PASCAL GAUTHIER
Emmanuelle WARGON, bonjour.

EMMANUELLE WARGON
Bonjour.

PASCAL GAUTHIER
Vous êtes dans la région alors que le Puy-de-Dôme et l'Allier sont en alerte aux particules fines, ce qui veut dire notamment des restrictions de vitesse sur les routes, également pour les industriels, va-t-on vers des mesures de plus en plus contraignantes pour limiter les différentes pollutions auxquelles on est soumis ?

EMMANUELLE WARGON
D'abord je pense qu'on va vers une vigilance de plus en plus grande, on sait mieux capter, on sait mieux analyser, donc on sait mieux réagir, et après, oui, quand on est dans des seuils d'alerte pour lesquels ce n'est pas bon pour la santé, il faut absolument qu'on réduise les vitesses, plus ces demandes d'essayer d'éviter les activités physiques quand c'est possible. Il faut qu'on soit vigilant, réactif, parce que ces épisodes, maintenant, touchent de plus en plus de régions, vous le disiez, c'est assez rare en Auvergne.

PASCAL GAUTHIER
Clermont n'a pas encore de pastille de type Crit'Air, faut-il généraliser ça à toutes les villes ?

EMMANUELLE WARGON
Je crois que l'objectif c'est surtout d'améliorer la qualité de l'air, donc l'objectif ce n'est pas seulement de réagir aux épisodes quand ils se produisent, c'est de trouver les alternatives qui permettent d'avoir un air de meilleure qualité, ça veut dire moins de trafic automobile, si possible plus de covoiturage, ça veut dire retravailler aussi sur les émissions industrielles, donc en fait c'est vraiment notre modèle qui doit s'adapter pour que notre santé n'en pâtisse pas.

PASCAL GAUTHIER
Vous avez participé au lancement du budget écologique citoyen par le Conseil départemental, l'idée c'est de mettre 2 millions sur la table pour financer des actions décidées par les habitants, c'est quand même une goutte d'eau par rapport aux défis présents et à venir pour la planète.

EMMANUELLE WARGON
En fait je suis en Auvergne pour trois jours, Cantal, Puy-de-Dôme, et puis ensuite en Rhône-Alpes dans le Rhône, pour montrer aussi qu'il se passe beaucoup de choses sur la transition écologique. Alors le budget du département c'est au-delà de ce qu'il fait sur d'autres actions, là c'est un budget participatif, citoyen, dans lequel on dit avec 2 millions d'euros ce sont les habitants du Puy-de-Dôme qui vont dire ce qu'ils veulent faire, quelles sont leurs priorités, quelles sont les actions qu'ils proposent. Ce n'est pas seulement une question d'argent, c'est aussi une question de devenir acteur, parce que les personnes qui vont proposer un projet vont le porter, vont le faire, donc on passe du, voilà ce que vous devriez faire, et ça ne va pas assez vite, à voilà ce que je veux faire, et je suis accompagné pour le faire.

PASCAL GAUTHIER
On a entendu tout à l'heure une puydômoise qui vous a rencontrée lors d'une permanence citoyenne, une jeune femme qui se met dans les pas de Greta THUNBERG, qui dit que la France notamment ne fait pas grand-chose contre le changement climatique, qu'est-ce que vous répondez ?

EMMANUELLE WARGON
Eh bien je réponds qu'en trois jours moi j'en ai vu beaucoup des actions. j'ai signé deux contrats de transition écologique dans le Cantal, pour 10 millions d'euros d'investissement concret dans la transition écologique, j'ai rencontré des élèves dans une école primaire, des jeunes éco-citoyens dans leur collège qui veulent agir et qui agissent à l'échelle de leur établissement, sur la rénovation énergétique du bâtiment on a un plan massif, et ces contrats s'inscrivent dans ce plan, donc en réalité il y a un décalage entre la perception, notamment des jeunes, qui nous disent la maison brûle et il ne se passe rien, la maison brûle, on le voit bien, l'Australie brûle physiquement, mais en fait il se passe beaucoup de choses, à la fois à l'échelle nationale, et à l'échelle locale. je vais rencontrer cette jeune femme, et je lui ai demandé ce qu'elle souhaitait faire, ce qu'elle voulait, elle, faire de sa vie, elle est étudiante, enfin elle a fini ses études, et on va voir avec elle si on peut l'aider à ce qu'elle puisse s'engager aussi.

PASCAL GAUTHIER
De l'autre côté on a Donald TRUMP, qui dénonce les prophètes de malheur.

EMMANUELLE WARGON
En fait, pour moi, il y a deux choses. Le fait de dire, c'est grave, c'est urgent, il faut changer, il faut changer profondément, c'est vrai, c'est aussi ce que je pense, et c'est la raison pour laquelle je suis engagée, et après il y a le fait de dire, mais personne ne fait rien, c'est terrible, ça ce n'est pas vrai. On investit 7 à 8 milliards d'euros par an chaque année dans les énergies renouvelables, on a fondamentalement changé les règles sur la rénovation énergétique, on travaille avec les agriculteurs sur une transition agricole qui va être massive, les transports, on pose d'énormes sur les constructeurs de voitures pour que les voitures soient moins polluantes, il se passe des choses, nationalement et localement, donc il ne faut pas rentrer dans le défaitisme ambiant.

EMMANUELLE WARGON
Justement, vous parliez d'agriculture, on est dans une région où la question des pesticides est sensible, il y a beaucoup d'élevages notamment, vous êtes prête à aller plus loin dans les restrictions d'usage de ces pesticides ?

EMMANUELLE WARGON
La question c'est comment produire avec moins de pesticides, mais comment produire durablement, pas en restrictions ponctuelles. On s'est engagé à baisser l'usage des pesticides d'environ 50% pour 2025, on n'est pas encore sur cette trajectoire, c'est les pratiques agricoles elles-mêmes qui doivent évoluer, ce qui est vrai pour les pesticides, et ce qui est vrai pour l'eau. On a beaucoup parlé avec les élus de la question de l'eau, il y a eu une sécheresse forte en France l'année dernière, notamment en Auvergne, qui n'y est pas habituée, là aussi on passe de crises ponctuelles à il va falloir produire avec moins d'eau, comment en fait, c'est vraiment un changement de pratiques agricoles qui est devant nous.

PASCAL GAUTHIER
Emmanuelle WARGON, on est en plein conflit sur la réforme des retraites, vous avez aussi rencontré hier les ex-salariés de LUXFER en conflit avec les dirigeants de l'entreprise pour pouvoir garder une activité. Le social est plus important que l'écologie aujourd'hui ?

EMMANUELLE WARGON
Le social et l'écologique, en fait c'est très lié, parce qu'on ne fait pas de transformation écologique sans justice sociale, et la justice sociale de moyen terme elle n'existe que dans une planète dans laquelle on peut toujours vivre, sur laquelle on peut toujours vivre, dont on n'épuise pas les ressources, donc en fait les deux problématiques sont indissociables. J'ai effectivement rencontré une délégation de salariés de LUXFER, qui sont dans une situation difficile puisque l'entreprise a décidé de fermer, et on a discuté possibilité de reprise ou pas du site…

PASCAL GAUTHIER
Ils demandent une intervention de l'État.

EMMANUELLE WARGON
Possibilité de continuer à exploiter, moi je vais en parler, bien sûr, à mes collègues principalement concernés au gouvernement. On a aussi les questions de dépollution d'ailleurs, et on voit bien que le social et l'écologique se retrouvent. Ce site, c'était un site industriel, c'est un site industriel aujourd'hui, qu'est-ce qu'il devient, comment est-ce qu'on fait pour protéger les salariés et les riverains ? Les deux questions sont vraiment liées.

PASCAL GAUTHIER
Vous revendiquez d'être à l'écoute donc des salariés, mais aussi des citoyens, qui sont nombreux à protester en ce moment dans les rues contre la réforme, vous en tenez compte ?

EMMANUELLE WARGON
Comme vous le savez, le projet de loi est présenté aujourd'hui, mais qui dit projet de loi, dit débat parlementaire, donc le texte il va évoluer, il sera soumis à des amendements, donc on va pouvoir intégrer un certain nombre de choses, et puis la partie financement, on fait confiance aux organisations syndicales et patronales, la conférence de financement démarre fin janvier, là aussi il y aura de la marge pour savoir quelle est la manière la plus juste d'équilibrer à moyen terme le système de retraites. Donc, il y a de la marge de discussion, dans ces deux cadres.

PASCAL GAUTHIER
Les élections municipales c'est bientôt, beaucoup de candidats se mettent au vert, y compris à Clermont. La République en marche a quelque chose à proposer en plus que les écologistes ?

EMMANUELLE WARGON
La République en marche a vraiment mis l'écologie au cœur de son programme à Clermont, moi je suis allée soutenir notre candidat Eric FAIDY, je pense que c'est très important, il a un programme en trois piliers, l'écologie, la démocratie participative et la sécurité. Sur l'écologie c'est la question, par exemple, de comment verdir la ville elle-même, il propose une coulée verte à l'intérieur de la ville, moi je crois que c'est très intéressant, on a à la fois une ville qui est toute proche d'un très grand site classé au patrimoine mondial de l'UNESCO, la chaîne des puys, sur laquelle d'ailleurs j'irai ce matin, mais la ville elle-même elle pourrait s'aérer, se verdir, d'autres villes qui l'ont fait. Donc, oui, la transition écologique elle est vraiment à l'intérieur de son programme.

PASCAL GAUTHIER
Eric FAIDY est donc candidat la République en marche à Clermont, sachant que les Verts sont sur la liste du maire sortant Olivier BIANCHI, vous y croyez quand même ?

EMMANUELLE WARGON
En fait je crois qu'on a vraiment dépassé le moment où les Verts, Europe Ecologie-Les Verts, a le monopole de l'écologie, de la réflexion écologique, et de cette transformation, donc oui ils portent cette vision, après ils portent souvent une vision un peu catastrophiste, justement nous on porte une vision pragmatique, de progrès, de progrès écologique et de progrès social, c'est à notre candidat, c'est à Eric FAIDY de convaincre, mais je suis assez sûre qu'il a les éléments, dans son programme et dans son équipe, pour le faire.

PASCAL GAUTHIER
Dernière question. Vous labourez, la proximité pourrait-on dire, avec vos déplacements en province, est-ce que c'est une consigne d'Emmanuel MACRON, après la crise des Gilets jaunes et avant les municipales ?

EMMANUELLE WARGON
Vous savez, moi j'ai co-animé le Grand débat avec Sébastien LECORNU, donc pendant toute cette période je suis vraiment allée à la rencontre des Français dans des réunions publiques, certaines en présence du président de la République, d'autres de réunions de petite taille, avec 50, 100, 150 personnes, j'en ai gardé ce goût du contact. On a besoin de proximité, on a besoin d'échanges directs. Moi je reviens toujours de ces déplacements avec des sujets écologiques, que je n'avais pas complètement vus, ou dont je n'avais pas compris la difficulté, donc c'est extrêmement utile de ne pas dépendre que des relais, pour comprendre ce qui se passe, comment décoincer, comment faire avancer, c'est pour ça que je prends beaucoup de plaisir à être sur le terrain.

PASCAL GAUTHIER
Merci Emmanuelle WARGON d'avoir été sur France Bleu ce matin, je rappelle pour ceux qui ne le seraient pas que vous êtes secrétaire d'État à la Transition écologique et solidaire, bonne journée.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 28 janvier 2020