Texte intégral
Patrick ROGER
Bonjour Bruno LE MAIRE.
BRUNO LE MAIRE
Bonjour.
PATRICK ROGER
On va parler économie, les résultats du chômage, emploi, souveraineté, dans un instant, dossier aussi des retraites, mais depuis hier il y a des informations qui circulent sur la vie privée de Benjamin GRIVEAUX, sur une vidéo à caractère sexuel. Est-ce que vous attendez vous-même des explications, est-ce que vous avez d'ailleurs, aussi, des informations ?
BRUNO LE MAIRE
Je n'ai aucune information, aucune confirmation, donc aucun commentaire particulier à faire Benjamin GRIVEAUX, je crois, s'exprimera dans quelques minutes, donc attendons que Benjamin GRIVEAUX s'explique.
PATRICK ROGER
En tout cas c'est un petit séisme politique pour l'instant déjà, non ?
BRUNO LE MAIRE
Attendons, une fois encore, la confirmation des informations, et ce que Benjamin GRIVEAUX souhaitera dire d'ici quelques instants.
PATRICK ROGER
Le dossier des retraites Bruno LE MAIRE, on est à 3 jours de la présentation à l'Assemblée, on ne connaît pas encore très précisément l'impact financier. Vous avez eu des rencontres hier soir, avec des députés de La République en marche, qui travaillent sur cet impact financier, est-ce que vous-même vous êtes rassuré, est-ce que vous les avez aussi rassurés sur cet impact financier, parce qu'on a du mal à y voir clair quand même ?
BRUNO LE MAIRE
Ce que nous avons surtout décidé, avec Laurent SAINT-MARTIN hier, le rapporteur général du budget, c'est de regarder dans le détail quel sera l'impact financier après 2027. Il y a une première étape, c'est jusqu'en 2027 comment est-ce qu'on trouve 12 milliards d'euros pour parvenir à l'équilibre, ça c'est le rôle de la commission de financement, qui se réunit, qui va rendre des conclusions en avril, et j'espère que nous arriverons à un compromis, dans ce cadre-là, avec les organisations syndicales, avec le Premier ministre, sur les modalités de financement de ces 12 milliards d'euros, pour qu'on parte avec une réforme à l'équilibre. Ensuite il y a la réforme en régime de croisière, combien est-ce qu'elle va coûter, ça c'est ce sur quoi nous allons travailler, avec Laurent SAINT-MARTIN, avec le ministre des Comptes publics Gérald DARMANIN, et ça dépendra beaucoup des choix qui seront faits par les parlementaires, quels choix seront faits, par exemple, sur les carrières longues, sur un certain nombre de compensations, est-ce qu'il y a des choses qui vont évoluer dans le cours du débat parlementaire. Donc, il faut attendre d'avoir les résultats du débat parlementaire, avoir tous les détails de la réforme des retraites, pour mesurer le financement en régime de croisière. Et puis il y a une troisième chose, c'est un certain nombre de décisions qui ont été prises, par exemple la revalorisation du salaire des enseignants, sur laquelle il faut attendre les discussions entre Jean-Michel BLANQUER et les syndicats enseignants, là c'est des dépenses qui sont immédiates, qui seront inscrites dans le budget pour 2021, qui se chiffrent en centaines de millions, ce n'est pas des milliards d'euros, mais il faut quand même trouver ces centaines de millions, et nous allons y travailler.
PATRICK ROGER
Et pour les professions libérales également, il y a des impacts avec la réforme, aussi, qui touche les professions libérales, il y a beaucoup de choses en cascade comme ça.
BRUNO LE MAIRE
Tout cela va être mesuré, mais il faut prendre son temps, une fois encore il n'y a pas d'urgence, à partir du moment où, pour 2027 c'est 12 milliards d'euros à trouver, et là il faut que la conférence de financement fasse des propositions, et une fois encore j'espère vraiment que nous parviendrons à un compromis dans le cadre de cette conférence de financement, et après il y a le régime de croisière au-delà de 2027. Pour moi la vraie urgence c'est surtout comment est-ce que nous allons financer les revalorisations de certains traitements, par exemple les enseignants, parce que là c'est un impact budgétaire immédiat pour le budget 2021, qui doit être discuté en octobre prochain.
PATRICK ROGER
Alors ensuite il y a cette présentation, la semaine prochaine. S'il y a de nouveau beaucoup d'amendements, est-ce qu'il faudra "passer en force et utiliser le 49.3", Bruno LE MAIRE ?
BRUNO LE MAIRE
Moi je souhaite que le débat parlementaire aille jusqu'au bout, et que ça se fasse dans un cadre…
PATRICK ROGER
Jusqu'au bout c'est quoi, parce que… ?
BRUNO LE MAIRE
Dans un cadre… parce que, dans le fond, qui veut le 49.3 ? C'est les opposants, qui sont en train d'essayer de vous pousser, parce qu'ils ne veulent pas de débat, enfin la France Insoumise, tous ceux qui bloquent, tous ceux qui déposent à chaque fois des amendements d'annulation à chaque article, ils ne veulent pas le débat, ils refusent le débat, ils font obstacle au débat, et vraiment…
PATRICK ROGER
Ils sont anti-démocratiques alors ?
BRUNO LE MAIRE
Je trouve qu'ils font du tort à la démocratie, parce que la démocratie c'est le débat, c'est le dialogue, d'abord entre citoyens…
PATRICK ROGER
Eux vous rétorquent que vous ne les écoutez pas, que vous ne les entendez pas.
BRUNO LE MAIRE
On ne peut pas écouter à partir du moment où la seule proposition que fait la France Insoumise c'est de dire « je bloque le texte, je refuse le texte, et je veux le retrait du texte. » Moi j'aimerais que chaque Français comprenne que ce que bloque actuellement la France Insoumise, ce que bloquent les opposants qui multiplient les amendements de blocage, c'est à la retraite à 1000 euros nets, lorsque vous avez une retraite à taux plein, pour tous les Français…
PATRICK ROGER
Carrières pleines.
BRUNO LE MAIRE
Pour les carrières pleines, ce qu'ils bloquent c'est la revalorisation de 5% quand vous avez un enfant, ce qu'ils bloquent c'est le décompte de votre pension de retraite dès la première heure travaillée, alors qu'aujourd'hui ce n'est pas le cas. Ce qu'ils bloquent, c'est une réforme de justice, et ils ne font aucune proposition alternative pour consolider notre système de retraite par répartition. Donc je pense que c'est un comportement qui est contraire aux principes de la démocratie, qui nuit à la démocratie, et qui empêche les Français d'avoir une réforme des retraites qui soit solide et juste, comme ce que nous proposons.
PATRICK ROGER
Alors, est-ce que justement cette baisse du chômage aussi, d'hier, est solide, vous avez utilisé ce terme à l'instant, parce que certains détracteurs vous attaquent en disant que c'est un contexte mondial, que c'est le produit aussi de certaines radiations, de la réforme de l'Assurance chômage, et puis qu'il y a beaucoup de petits jobs, on a entendu tout à l'heure quelqu'un de Deliveroo qui disait « voyez, je me suis installé, je me suis mis à mon compte, et aujourd'hui je me trouve un petit peu coincé, pris, c'est une forme d'ubérisation ». Qu'est-ce que vous répondez à ça, à ces critiques ?
BRUNO LE MAIRE
Sur ce dernier point non, au contraire, il y a une augmentation très forte des emplois en CDI, en contrats à durée indéterminée, donc il y a une amélioration de la qualité du travail, ce n'est pas nous qui le disons, c'est l'INSEE, c'est-à-dire un organisme qui est totalement indépendant. Mais je vais vous dire, ça fait partie du jeu politique, si le chômage avait augmenté, ça aurait été la responsabilité de la politique économique du gouvernement, si le chômage baisse, c'est le contexte international et ça n'a rien à voir avec la politique économique du gouvernement, donc c'est le jeu…
PATRICK ROGER
Non, mais vous savez aussi que les chiffres on peut leur faire dire… on peut faire dire des choses aussi différentes aux chiffres quoi, l'interprétation.
BRUNO LE MAIRE
C'est le jeu, je l'accepte, et moi je veux dire des choses très simples. Ces chiffres ce sont ceux de l'INSEE, un organisme indépendant, sur lequel personne n'a de prise, ce n'est pas les chiffres de Pôle emploi, ce n'est pas les chiffres d'un organisme qui dépend du gouvernement, ce sont les chiffres de l'institut national des statistiques dans lequel tout le monde peut avoir confiance. La deuxième chose que je tiens à dire…
PATRICK ROGER
Et pas dans ceux de Pôle emploi ?
BRUNO LE MAIRE
La deuxième chose que je tiens à dire c'est que, effectivement, il reste beaucoup de choses à faire, évidemment que, par exemple, pour les personnes de plus de 50 ans qui cherchent un emploi, ça reste extrêmement difficile et il faut se battre pour faire une place aux seniors dans la vie active, évidemment que sur les jeunes la situation n'est pas satisfaisante, évidemment, et là je le dis en me déplaçant régulièrement en France, je vois bien qu'il y a des départements, on est quasiment au plein emploi, vous avez 26 départements, ou 24, dans lesquels le taux de chômage est à 7%, ou en dessous de 7 %, et puis vous avez d'autres départements, où ça reste très difficile, où le taux de chômage reste au-dessus de 10 %. Donc ça veut dire qu'il faut que cette baisse du chômage touche tous les Français, quel que soit leur âge, quelle que soit leur qualification, et touche tous les territoires, c'est ça le défi que nous avons à relever, avec Muriel PENICAUD, dans les mois qui viennent. Mais je veux redire à quel point, ces chiffres, ils montrent une chose simple, notre politique économique marche, elle est la bonne, la politique de l'offre, la politique de la qualification, la politique du développement de l'apprentissage, avec 490.000 jeunes qui étaient en apprentissage en 2019, la politique qui consiste à baisser les impôts sur le capital, pour que les entreprises puissent investir, innover et réindustrialiser la France, ça marche, puisque pour la première fois depuis 12 ans nous créons des emplois industriels.
PATRICK ROGER
Il ne faut pas en laisser certains sur le côté du chemin, c'est ce que vous dites, et ça…
BRUNO LE MAIRE
Il faut que tout le monde puisse bénéficier de cette baisse du chômage, et j'insiste vraiment sur l'idée de l'unité territoriale, parce que je pense que c'est un des risques pour la France, c'est d'avoir des territoires qui réussissent très bien, qui ont les universités, les emplois, les industries, et puis d'autres qui se retrouvent à la ramasse. Eh bien c'est vers ceux-là qu'il faut se tendre…
PATRICK ROGER
Ou qui n'ont pas de main-d'oeuvre, comme dans le Cantal.
BRUNO LE MAIRE
Et c'est à eux qu'il offrir des solutions, ça fait partie des défis à relever dans les mois qui viennent.
PATRICK ROGER
C'est ça, ou comme des départements qui n'arrivent pas à trouver, à recruter…
BRUNO LE MAIRE
Oui, ou des départements qui perdent tout simplement des personnes, je pense par exemple aux Ardennes, où chaque année vous avez des personnes qui quittent le département parce qu'ils se disent on trouvera de l'emploi ailleurs. Les Ardennes c'est un département magnifique, qui a une belle tradition industrielle, qui a des villes qui sont remarquablement dynamiques, regardons comment est-ce qu'on peut faire pour que ces départements trouvent de l'emploi et de l'activité.
PATRICK ROGER
Et en Occitanie, par exemple aussi, qui est fortement touché, toujours, par le chômage. Emmanuel MACRON a voulu amorcer hier un tournant vert pour le quinquennat, est-ce que l'écologie, Bruno LE MAIRE, est compatible avec l'industrie et l'emploi ? Parce que pour certains, il faut moins consommer, moins dépenser et moins se déplacer.
BRUNO LE MAIRE
Elle doit être compatible…
PATRICK ROGER
C'est tout le défi, non ?
BRUNO LE MAIRE
Le défi que nous avons à relever c'est comment est-ce que l'on conjugue prospérité et respecter de l'environnement. Moi je crois que personne n'a envie, chez les auditeurs qui nous écoutent, d'avoir un système de soins qui soit dégradé, d'avoir des soins de moins bonne qualité, d'avoir une vie quotidienne qui soit moins facile, de ne plus pouvoir se déplacer parce qu'on aurait supprimé toutes formes de transport, non. Les gens, légitimement, ils veulent que leur vie s'améliore, ils veulent avoir une vie plus prospère, et surtout que leurs enfants aient une meilleure vie. Mais, dans le même temps, on doit conjuguer ça avec le respect de l'environnement, le respect de la planète, la lutte contre le réchauffement climatique, c'est tout le défi que nous avons à relever, et moi je pense…
PATRICK ROGER
Oui, mais comment faire, pour l'industrie notamment ?
BRUNO LE MAIRE
Pour l'industrie ça passe justement par des innovations, par de l'investissement et par les nouvelles technologies. C'est mieux d'avoir une voiture électrique – je ne dis pas que la voiture électrique est parfaitement propre, qu'il n'y a pas des problèmes avec les batteries – je dis simplement qu'en termes d'émissions de CO2 une voiture électrique est aujourd'hui préférable à une voiture thermique. Donc, on investit massivement, pour avoir nos propres usines de production de batteries électriques, c'est ce que nous avons inauguré, avec le président de la République, il y a quelques semaines, à Nersac en Nouvelle Aquitaine, on va ouvrir une usine de batteries électriques dans le Nord de la France d'ici 2 ans, et on va créer une filière de batteries électriques pour les véhicules, et on va conjugueur, donc, mobilité, développement et respect de l'environnement.
PATRICK ROGER
Oui, parce que parmi les actions concrètes, il y a la rénovation justement des logements…
BRUNO LE MAIRE
La rénovation des logements, bien entendu.
PATRICK ROGER
Il y a 30 millions de logements ; oui, mais est-ce que vous allez mettre sur la table des aides, il y a 30 millions de logements à rénover.
BRUNO LE MAIRE
Mais, sur l'aide à la rénovation, nous dépensons déjà des sommes qui sont très importantes, et je pense que ce sont des sommes qui sont extraordinairement bien employées, que de dire aux Français "vous rénovez votre logement et vous avez un avantage fiscal." On va développer l'hydrogène, parce que je pense que l'hydrogène est une des possibilités, notamment pour le transport collectif, demain, un peu plus tard, pour le transport aéronautique, qui va nous permettre de conjugueur déplacements, prospérité et respect de l'environnement. Donc il y a plein de solutions, et nous le défi que nous voulons relever, avec le président de la République, dans le cadre du Pacte productif, dont il va présenter les grandes orientations en avril, c'est de dire aux Français : nous serons la première économie décarbonée en Europe, la première économie qui va conjuguer croissance et respect de l'environnement.
PATRICK ROGER
Et, Bruno LE MAIRE, en attendant il y a aussi des emplois qu'il faut garder, éventuellement, c'est le cas dans l'industrie. Il y a actuellement l'usine Photonis, qui est basée du côté de Brive-la-Gaillarde…
BRUNO LE MAIRE
A Brive.
PATRICK ROGER
Voilà, c'est ça, à Brive-la-Gaillarde, qui est menacée de rachat par les Américains, est-ce que vous pouvez la sauver ou pas ?
BRUNO LE MAIRE
D'abord c'est une très belle entreprise, elle fait, pour que nos auditeurs soient bien au courant, des instruments pour des lunettes de vision nocturne…
PATRICK ROGER
Photodétection.
BRUNO LE MAIRE
Voilà, de photodétection pour la vision nocturne, c'est une technologie qui est très avancée, une technologie de pointe. Aujourd'hui ça appartient à un fonds, Ardian, qui veut céder cette entreprise, donc nous allons regarder toutes les options industrielles. Ce qui compte pour moi c'est que Photonis soit intégrée dans une chaîne de valeur industrielle, qui valorise cette technologie, et qui permette à l'entreprise de se développer. Aucune décision n'a encore été prise. Moi je lis la presse, on me dit "on va céder Photonis à une entreprise américaine", je dis aucune décision n'a encore été prise, nous regardons toutes les options, pour intégrer Photonis dans une chaîne de valeur industrielle, qui permette le développement de l'emploi et la protection de cette technologie, et nous serons très attentifs au respect de nos intérêts de souveraineté.
PATRICK ROGER
Oui, parce qu'on l'a vu bien souvent, il y a une forme de protection, et puis il y a des entreprises qui viennent, qui désossent l'entreprise et qui repartent, là vous apporterez des garanties ?
BRUNO LE MAIRE
Mais je n'hésite pas moi, je n'hésite pas à employer ce terme de protection, le ministre de l'Economie et des Finances est là aussi pour protéger un certain nombre de technologies, pour protéger les intérêts économiques des Français et pour garantir que les technologies sensibles ne passent pas sous contrôle étranger, c'est aussi sa responsabilité. Protéger, si on revient à l'environnement, ça veut dire aussi…
PATRICK ROGER
La souveraineté, ça ne vous fait pas peur la souveraineté ?
BRUNO LE MAIRE
Ce n'est pas que ça me fait peur, c'est que c'est un de mes combats. Enfin, quand je me bats par exemple pour que FACEBOOK abandonne son projet de monnaie digitale privée, Libra, dont le cours aurait été adossé sur l'Euro et sur le Dollar, ce qui veut dire qu'avec les 2,7 milliards de consommateurs de FACEBOOK, de clients de FACEBOOK, il aurait suffi que FACEBOOK change la valeur de son portefeuille pour que le cours de l'Euro soit modifié, notre politique monétaire elle ne doit pas dépendre de FACEBOOK, elle doit dépendre de la Banque Centrale Européenne et de Christine LAGARDE, pas d'une entreprise privée. Je me suis opposé à Libra pour protéger notre souveraineté, je n'hésite pas à employer ce terme, notre souveraineté monétaire, et je le ferai sur tous les autres sujets, je crois à la souveraineté.
PATRICK ROGER
Oui, sur les GAFA, votre bras de fer contre les GAFA ?
BRUNO LE MAIRE
Mais nous le gagnerons ce bras de fer, parce que c'est un bras de fer de justice, nous voulons…
PATRICK ROGER
Ce n'est pas évident que ça puisque les Américains eux aussi…
BRUNO LE MAIRE
Nous voulons que tous les géants du numérique, qu'ils soient américains, chinois ou européens, ça ne vise pas du tout spécifiquement les géants du numérique américains, sauf qu'ils sont plus nombreux, mais ça concerne aussi les entreprises européennes ou les entreprises chinoises, nous voulons que ces gens du numérique payent le même montant d'impôts que n'importe quelle PME qui se trouve à Brive-la-Gaillarde ou ailleurs, c'est une question de justice. Alors, les Américains nous ont menacé de sanctions, ils ont dit « on va mettre 100% de sanctions sur le vin », pour nos auditeurs viticulteurs qui nous écoutent, ils savent ce que ça aurait représenté, donc nous avons conclu un armistice avec les Américains, un cessez-le-feu, et je leur ai dit « nous allons reporter le paiement de la taxe », les entreprises auraient dû payer en avril de cette année, c'est-à-dire d'ici 2 mois, nous leur donnons jusqu'à décembre pour payer, et dans l'intervalle on va essayer de trouver une solution à l'OCDE, qui soit une solution internationale. Je pense qu'il est bien préférable qu'il y ait une solution internationale plutôt qu'une multiplication de taxes nationales sur les géants du digital, c'est l'argument que j'avance auprès de nos amis Américains. Après on va se retrouver en décembre, soit il y a une solution internationale, elle sera appliquée, soit il y a un échec de cette négociation internationale à l'OCDE et les entreprises du numérique paieront leur taxe nationale. En tout état de cause, vous le voyez, les gens du numérique, en 2020, paieront une taxe.
PATRICK ROGER
Bruno LE MAIRE, dernier chapitre, Emmanuel MACRON devrait présenter dans les jours qui viennent un plan de lutte contre le séparatisme, d'ailleurs on ne parle plus de communautarisme, on parle de séparatisme. Qu'est-ce que vous attendez, vous, de ce plan, parce que la République n'est pas respectée dans certains quartiers ?
BRUNO LE MAIRE
Quand je vous parle d'unité de la nation, je pense que c'est un des combats les plus importants que nous avons devant nous, retrouver un projet collectif, ce projet collectif je pense qu'il peut tourner justement autour de l'environnement, du respect de la planète, de la biodiversité. Rassembler la nation française plutôt que d'avoir des oppositions permanentes entre les uns et les autres, et lutter contre tous ceux qui ont décidé de livrer la guerre, à la République, à l'unité de la nation, comme par exemple l'islam politique, dont je dis depuis des années qu'il gangrène la nation française. L'islam politique c'est quoi ? C'est absolument l'opposé de ce que peut être une pratique religieuse acceptable, ça n'a rien à voir avec la pratique de l'islam telle que la pratiquent des millions de musulmans qui le font sereinement, c'est un projet politique de destruction de nos valeurs culturelles et de destruction de la République. Il doit être combattu à tous les instants, à la fois par…
PATRICK ROGER
Parfois les politiques aussi, locaux, qui font du clientélisme ?
BRUNO LE MAIRE
J'ai vu effectivement les analyses sur certains comportements locaux, moi je crois que le vrai combat…
PATRICK ROGER
Jean-Christophe LAGARDE qui est cité.
BRUNO LE MAIRE
Est fondamentalement culturel, c'est en réaffirmant la culture française, en réaffirmant l'égalité entre les femmes et les hommes, en réaffirmant la mémoire de notre nation, l'histoire de notre nation, la liberté de penser, la liberté de s'exprimer, qu'on combattra l'islam politique. L'islam politique n'a pas sa place dans la société française et dans la nation française. Toutes les religions…
PATRICK ROGER
Il est temps qu'Emmanuel MACRON prenne la parole sur ce sujet, parce que ça fait un petit bout de temps… ?
BRUNO LE MAIRE
Ce sera à lui de le décider, ce sera à lui de savoir quand est-ce qu'il veut prendre la parole sur ce sujet. Ce combat contre l'islam politique je le livre depuis des années, parce que je pense que c'est un combat pour la nation et pour notre culture.
PATRICK ROGER
Vous ne vous étiez pas prononcé Bruno LE MAIRE, vous étiez Mila ou pas ?
BRUNO LE MAIRE
Je n'aime pas tellement qu'on me mette dans des cases je suis Mila ou je ne suis pas Mila…
PATRICK ROGER
Mais quand même, cette affaire ?
BRUNO LE MAIRE
Mais je vais vous dire ce que je pense de cette affaire. La liberté d'expression ne se négocie pas en France. Est-ce que j'aime ce genre de propos à l'emporte-pièce sur les religions ? Non. Que ça touche l'islam, que ça touche le catholicisme, que ça touche la religion juive, je n'aime pas ce genre de propos, parce que je pense que ce sont des propos qui blessent. Est-ce que pour autant je condamne cette jeune fille ? Certainement pas. Est-ce que j'estime qu'il faut mettre des restrictions à cette liberté d'expression ? Encore moins. Et je vais vous dire le problème de l'affaire Mila, c'est qu'elle n'aurait jamais dû avoir lieu, elle n'aurait jamais dû soulever ces torrents de haine et de violence, elle n'aurait jamais dû provoquer ces menaces contre cette jeune fille, et que dans la nation française, qui est la nation des Lumières, qui est la nation de la liberté d'expression, une jeune fille, parce qu'elle a tenu des propos déplacés, puisse être menacée…
PATRICK ROGER
Parce qu'elle avait été attaquée !
BRUNO LE MAIRE
Puisse être menacée, puisse être attaquée, ça me préoccupe profondément, et je pense que tous les citoyens français, sans exception, devrait prendre sa défense, parce qu'à travers elle ils prendraient la défense d'expression, de la France des Lumières et de la République.
PATRICK ROGER
Merci. Bruno LE MAIRE, le ministre de l'Economie et des Finances, était l'invité ce matin de Sud Radio.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 17 février 2020