Déclaration de M. Jean-Yves Le Drian, ministre de l'Europe et des affaires étrangères, en réponse à une question sur la situation à Idlib en Syrie, à l'Assemblée nationale le 3 mars 2020.

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Circonstance : Question au gouvernement à l'Assemblée nationale

Texte intégral

Monsieur le Député,


Vous avez bien fait de reposer l'ensemble des questions dans leur histoire et dans leur contexte, parce que la cause profonde, je l'ai exposée tout à l'heure en répondant à plusieurs parlementaires qui m'ont interrogé, la cause profonde, c'est bien le pilonnage engagé par le régime syrien, avec l'appui de la Russie, pour récupérer le territoire d'Idlib. Il faut dire la vérité telle qu'elle est, c'est cela la cause profonde !

À partir de ce moment-là, les conditions des populations dans la zone concernée deviennent dramatiques, puisqu'un million de personnes se retrouvent de nouveau déplacées. Après avoir été une première fois déplacées, elles se retrouvent soumises à des bombardements, les centres d'accueil sont saturés. Les déplacés s'entassent dans des conditions terribles à proximité de la frontière turque, à la merci du froid, de la faim et des épidémies ; on observe une recrudescence des violences contre les femmes et les filles.

L'offensive du régime syrien, rendue possible par le soutien aérien russe, est aussi marquée par des violations systématiques du droit international humanitaire, c'est la raison pour laquelle, Monsieur le Député, je vous le dis, mais je le dis aussi à M. Lecoq, nous considérons qu'aujourd'hui, ces violations sont potentiellement susceptibles d'être considérées comme des crimes de guerre, en tout cas nous allons les documenter. C'est le premier point.

Parallèlement à cela, il y a eu un accord entre les Russes et les Turcs pour préserver un minimum de cessez-le-feu sur la zone d'Idlib. Il n'est pas respecté, cela se traduit par une conflictualité grave entre la Turquie et la Russie.

Nous voulons que l'on revienne aux accords de Sotchi pour que le cessez-le-feu puisse être retenu et respecté, et concernant la Turquie, nous considérons, je l'ai dit à deux reprises tout à l'heure, que le fait d'utiliser les réfugiés comme des otages pour faire pression sur l'Europe est parfaitement inacceptable et nous le refusons.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 11 mars 2020