Interview de Mme Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d'État auprès du ministre de l'économie et des finances, à Sud Radio le 3 mars 2020, sur l'impact économique de l'épidémie de COViD-19 , la réforme des retraites et la lutte contre le réchauffement climatique.

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Média : Emission La Tribune Le Point Sud Radio - Sud Radio

Texte intégral

CECILE DE MENIBUS
"Le petit déjeuner politique". Ce matin c'est Agnès PANNIER-RUNACHER qui est secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie et des Finances.

PATRICK ROGER
Bonjour Agnès PANNIER-RUNACHER.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Bonjour.

PATRICK ROGER
Les premiers bilans des effets du coronavirus sur l'économie, eh bien arrivent, le tourisme notamment, on dit qu'un tiers des professionnels est touché. Quels sont les premiers chiffres dont vous disposez ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, le chiffre qui est fiable, c'est celui que nous avons donné il y a une semaine, et qui repose sur une épidémie limitée à la Chine, et c'est 0.1% d'impact sur le PIB. Les autres chiffres qui circulent, et qui sont censés donner un impact sur l'économie, sont assez fantaisistes. Nous réunissons demain les économistes de différents... publics et privés, pour faire le point, mais c'est beaucoup trop tôt pour donner un impact sur l'économie française, de la généralisation de cette épidémie, à l'Europe.

PATRICK ROGER
Oui, mais quand on donne…

AGNES PANNIER-RUNACHER
En revanche, on a des chiffres épars, on sait par exemple, c'est Thierry BRETON qui l'a dit, que l'on a perdu, au niveau de l'Europe, 2 millions de nuitées chinoises, 2 millions de nuitées à 500 €, parce que ce sont plutôt des gros consommateurs, ils paient de gros tickets, et ça fait un milliard d'euros pour l'ensemble de l'Europe, au niveau du tourisme. Après, il faut savoir raison garder, c'est-à-dire que vous avez…

PATRICK ROGER
Et là il y a une ventilation sur toute l'Europe, et notamment aussi bien sûr sur la France.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Exactement. Il faut savoir raison garder, parce que l'impact il est de différente nature. Il y a les entreprises françaises, qui travaillent en Chine, qui sont exposées, vous avez les professionnels du tourisme, tout ce qui est événementiel, tout ce qui est traiteurs, salles de spectacles, qui sont touchés, et puis vous avez, troisième impact, comme les chaînes de production sont imbriquées, vous pouvez avoir des problèmes de stocks, c'est-à-dire que vous attendez la pièce qui permet de finir de monter votre porte, pour la livrer ensuite pour une voiture ou une pièce de moteur, et là on va avoir des moments peut-être un peu compliqués dans certains sites de production industrielle.

PATRICK ROGER
Oui, d'où l'impact sur la croissance qu'a évoqué hier le ministre Bruno LE MAIRE. Pour l'instant, donc…

AGNES PANNIER-RUNACHER
Pour l'instant, je pense que notre rôle au gouvernement c'est de faire en sorte d'anticiper le plus possible, et c'est pour ça que nous réunissons aujourd'hui l'ensemble des représentants de toutes les activités de l'économie, pour faire en sorte de limiter l'impact sur l'économie.

PATRICK ROGER
Alors c'est ça, parce que vous les recevez ce matin, pour la seconde fois, donc les représentants des organisations professionnelles, des acteurs économiques. Qu'est-ce que vous allez leur dire ? Vous allez prendre leur ressenti et puis leur donner quelques conseils, quelques recommandations ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, d'abord je crois qu'il est très clair pour nous qu'il faut leur faciliter la vie et notamment éviter qu'ils se trouvent dans des situations de trésoreries restreintes, qui les amèneraient à prendre des décisions qui ne sont pas les bonnes décisions. Donc on est en train de regarder tout ce qui peut être fait de manière plus automatique, pour leur donner plus de trésorerie, et ça peut passer par, on le sait, on repousse les échéances fiscales et sociales, mais on voudrait que ce soit plus facile et qu'il n'y ait pas besoin de demander, parce qu'on voit bien qu'on risque d'avoir un impact qui est un peu plus diffus, plus large, sur l'économie. La deuxième chose, c'est évidemment de faciliter le travail partiel, le chômage partiel, de le financer, mais de mettre à profit cette activité partielle. On en a parlé avec certains industriels qui disent : c'est le moment de déployer des formations professionnelles. On sait qu'on en a besoin, on a toujours du mal à les positionner dans l'année à cause de l'activité, essayons d'être intelligents et de saisir ces moments de baisse de production pour en faire quelque chose pour les. Salariés. Et puis, ce que l'on souhaite, c'est anticiper les épisodes suivants. Et il faut que les filières travaillent ensemble, parce que certaines entreprises peuvent être la solution d'autres. D'abord il y a toutes les relations sous-traitants donneurs d'ordres, il ne faut pas qu'un donneur d'ordre dise à son sous-traitant : tu m'as livré en retard, c'est scandaleux, je te donne une pénalité comme celle du contrat, puisqu'on sait tous que ce n'est pas la faute du donneur d'ordres. Donc il faut qu'il y ait un petit peu de bienveillance dans ces relations, mais c'est aussi, est-ce qu'à un moment la pièce manquante quelqu'un d'autre ne peut pas la fabriquer ?

PATRICK ROGER
Oui, alors, sur ce que vous avez dit tout à l'heure, c'est-à-dire que vous demandez aussi aux administrations d'être bienveillantes, éventuellement, sur des reports de paiement sur l'URSSAF ou pas, dans les semaines qui viennent ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Tout à fait, c'est-à-dire qu'une entreprise elle a beaucoup de relations avec l'Etat, elle paie des cotisations sociales, elle prélève la TVA, elle paie de l'impôt sur les sociétés, c'est un peu le moment de dire : eh bien au fond, peut-être que cet argent que vous avez, on ne va pas vous le demander tout de suite, mais on va un petit peu le reporter, de façon à ce que vous ayez un matelas de trésorerie et que vous puissiez voir venir, le temps d'être au clair.

PATRICK ROGER
Oui mais pour ça, il faut qu'il y ait des consignes en fait très claires, pour ne pas que des entreprises se trouvent pénalisées par les administrations…

AGNES PANNIER-RUNACHER
Mais les consignes, elles sont déjà passées, je vous rassure.

PATRICK ROGER
Elles sont passées.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Elles ont été passées la semaine dernière et on va voir si on ne peut pas élargir.

PATRICK ROGER
Donc, les entrepreneurs, etc., les entreprises, là, elles peuvent dire : écoutez, c'est le gouvernement qui…

AGNES PANNIER-RUNACHER
Les entreprises, aujourd'hui, elles peuvent appeler le Fisc et demandé des reports d'échéances sociales et fiscales. Et la question que nous nous posons, c'est comment faire, peut-être, pour que cela soit plus automatique, c'est-à-dire qu'il n'y ait même pas besoin d'appeler.

PATRICK ROGER
Quels sont les secteurs qui souffrent le plus de cette épidémie, en fait, pour l'instant ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Pour l'instant, en termes de chiffre d'affaires, vous avez le luxe, l'hôtellerie, tout ce qui est événementiel, et puis vous avez également le secteur de l'automobile qui est un peu touché, parce qu'il est très intriqué avec un certain nombre de plates-formes de production qui sont aujourd'hui touchées. Quand l'Italie est touchée, ça veut dire que vous allez avoir des fournisseurs de pièces détachées qui ne vont pas arriver, enfin qui sont bloqués, et qui risquent de donner leurs livraisons avec du décalage. Or, c'est une industrie qui fonctionne en temps réel, et donc si vous avez 2 jours, 3 jours, une semaine de décalage, eh bien vous pouvez arrêter une ligne.

PATRICK ROGER
Est-ce qu'il pourrait y avoir un rôle joué aussi par la BPI, la Banque…

AGNES PANNIER-RUNACHER
Bien sûr, la BPI a été actionnée. La BPI, elle irrigue l'économie avec beaucoup de financements, de prêts bancaires. Ce qu'on nous lui avons demandé c'est de regarder si elle ne peut pas rééchelonner ces prêts, et puis, pour l'industrie automobile, nous avions réuni déjà le 2 décembre, pas dans le cadre du coronavirus, mais parce qu'on voyait qu'il y avait une petite difficulté sur le marché de l'automobile, l'ensemble de la filière, et nous avons mis en place un système de garantie qui permet de réinjecter quasi immédiatement 150 millions d'euros, pour accompagner les entreprises de l'automobile.

PATRICK ROGER
Agnès PANNIER-RUNACHER, donc secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie et des Finances, quelles sont les consignes que vous donnez aussi aux entreprises sur le télétravail ou face au droit de retrait de certains salariés, on l'a vu par exemple hier dans l'Essonne avec des chauffeurs de bus qui refusent en fait de travailler ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, le sujet, on le dit, et on le répète, c'est que la contamination elle ne se fait pas par l'air, elle se fait par des gouttelettes. Donc il est important que chacun comprenne…

PATRICK ROGER
Mais il peut y avoir aussi des postillons, enfin, c'est ce que disent les chauffeurs de bus.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Oui, mais c'est des gouttelettes, ça s'appelle des gouttelettes.

PATRICK ROGER
Oui, c'est des gouttelettes. Oui oui, c'est vrai.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Mais ce n'est pas l'air, et ça change tout, vous voyez bien que, ça veut dire que si vous êtes à un mètre d'écart, le risque de contamination est juste inexistant. En revanche, il faut se laver les mains et il faut effectivement éviter de postillonner sur son petit camarade. Ça paraît très basique, ça paraît presque anecdotique par rapport à cette épidémie, et pourtant c'est fondamental. Donc, ce que nous demandons aux entreprises, c'est de passer, de renouveler ces consignes de ne pas se faire la bise, ne pas serrer la main, aller se laver la main toutes les heures, et donc mettre à disposition les produits pour se laver les mains, et de préférence pas un savon que tout le monde partage, parce que sinon rebelote, c'est plutôt un système où chacun peut prélever un petit morceau de... un petit bout de savon, et faire en sorte d'accompagner et de conseiller les salariés, mais avec l'appui des organisations syndicales. Je crois qu'il faut savoir raison garder. J'étais avec mon homologue néerlandaise hier, qui me disait : mais enfin, ce n'est pas tellement différent d'une grande grippe ou d'une mauvaise grippe. Et ce qu'elle dit n'est pas complètement infondé, c'est-à-dire que si on avait un compteur tous les matins dans les médias, qui disait : nous sommes au un millionième cas de grippe, un millionièmes 100 000, un millionième 200 000, je veux dire, la grippe c'est plus de deux millions…

PATRICK ROGER
Oui, d'accord, non mais c'est vrai, mais…

AGNES PANNIER-RUNACHER
C'est plus de 2 millions de cas contaminés, plus de 9 000 morts.

PATRICK ROGER
Eh bien oui, d'accord, Agnès PANNIER-RUNACHER, sauf que dans ces conditions vous n'annulez pas les matchs dans les…

AGNES PANNIER-RUNACHER
Parce qu'on fait notre travail. C'est-à-dire que notre travail...

PATRICK ROGER
Non non, mais les rassemblements de plus de 5 000 personnes, aussi, en fait, en lieux confinés.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Tout à fait, mais parce qu'on fait notre travail, et notre travail c'est de faire en sorte qu'on ralentisse la progression de ce virus. Et pourquoi on le ralentit ? Parce qu'on n'a pas envie, d'abord, d'avoir des gens qui rencontrent ceux qui ont la grippe dans les hôpitaux en ce moment, puisque vous savez que le pic de grippe c'était la semaine dernière. Donc il faut éviter de mettre une pression massive sur les systèmes sanitaires, il y a quand même cette autre épidémie de la grippe qu'il faut gérer, et la deuxième chose c'est parce que c'est notre intérêt bien compris, que tout le monde ne soit pas malade au même moment. Donc nous ralentissons le coronavirus, et nous sommes aujourd'hui en phase 2. Et nous adaptons à chaque instant notre système, en fonction des informations que nous avons de sa progression, des clusters, etc.

PATRICK ROGER
Oui. Alors il y a une pénurie de gel dans les pharmacies, du fameux gel hydro, voilà, que j'ai, gel désinfectant en fait des mains. Fabrication de masques aussi en question. Est-ce que vous avez un plan pour réapprovisionner justement l'ensemble du secteur ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, déjà vous avez quatre fabricants de masques en France, donc la petite musique qui dit : les masques viennent de Chine, est absurde, nous fabriquons nos propres masques. Deuxièmement…

PATRICK ROGER
Oui, mais pas tous quand même, si ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Nous avons quatre sites qui fabriquent des masques. On est capable sur ces quatre sites, qui tournent aujourd'hui 24/24, de fabriquer. La deuxième chose, c'est que nous avons commandé 200 millions de masques, la troisième chose c'est que nous avons des stocks…

PATRICK ROGER
Ça, nous les avons commandés en France.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Oui, tout à fait.

PATRICK ROGER
200 millions.

AGNES PANNIER-RUNACHER
200 millions.

PATRICK ROGER
Qui arriveront quand ? On a une idée ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Eh bien le temps de livrer.

PATRICK ROGER
Donc dans quelques jours.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Donc ça arrive au fil de l'eau. Le sujet, c'est qu'on a un stock stratégique, c'est-à-dire que notre objectif c'est d'avoir constamment notre niveau de stocks stratégiques, donc ça il n'y a pas de difficultés particulières. Après, il faut que les masques soient destinés aux gens qui en ont besoin, et j'insiste sur ça, parce que, et je crois que la première responsabilité collective qu'on a, c'est d'utiliser des masques quand on... de laisser les masques aux personnes qui sont dans les hôpitaux, aux personnes qui interviennent auprès des malades. C'est eux qui sont exposés aux malades, ce n'est pas nous dans la rue, ça n'a pas de sens, et ce n'est pas très civile. Objectivement, on a besoin de solidarité en ce moment. Ça c'est pour les masques. Sur les solutions hydro-alcooliques, de la même manière, on a…

PATRICK ROGER
Je vous en donnerai un petit peu si vous voulez.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Non mais moi je me lave…

PATRICK ROGER
Vous avez vu, il n'y en a plus beaucoup, donc…

AGNES PANNIER-RUNACHER
Mais moi, je me lave les mains, je n'utilise pas…

PATRICK ROGER
Vous vous lavez les mains, oui, mais d'accord Agnès PANNIER-RUNACHER, sauf que quand vous prenez en fait les transports en commun, quand vous allez au travail, vous n'avez pas partout en fait du savon disponible.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Mais je vous rassure, j'ai trois enfants, un mari, qui prennent les transports en commun.

PATRICK ROGER
Voilà, c'est ça, et comment font-ils ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Donc ils font comme tout le monde, eh bien ils se lavent les mains avant de partir et ils se lavent les mains en arrivant.

PATRICK ROGER
En arrivant, voilà, c'est ça. Mais quand même, sur l'approvisionnement des gels ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Donc, donc sur l'approvisionnement des gels, c'est aussi un des sujets dont on va parler avec les filières, puisque moi j'étais en contact hier soir avec le patron de France Industrie et la personne qui suit la filière santé, qui va nous faire un point très précis, mais a priori il semblerait que ce soit plus une attente, parce que comme la demande est très forte, les sites se demandent s'ils doivent livrer ou pas et comment ils doivent fonctionner par rapport à des réquisitions de cibles…

PATRICK ROGER
Mais en tout cas on fabrique, c'est ce que vous dites, on produit.

AGNES PANNIER-RUNACHER
En tout cas s'est produit et là aussi je pense qu'il faut savoir raison garder, et puis vous connaissez la formule d'un gel hydro-alcoolique, c'est très simple en fait, c'est de l'alcool…

PATRICK ROGER
Ah vous le fabriquez vous-même, vous, non ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Mais vous avez une recette de l'OMS qui vous explique comment le fabriquer.

PATRICK ROGER
Eh bien voilà, eh bien il faut le dire, Agnès PANNIER-RUNACHER.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Sur Internet, vous pouvez le faire à la maison.

PATRICK ROGER
Non mais il faut le dire, dans les fameux points Presse chaque jour il faudrait donner ce type aussi d'information, peut-être, non ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
C'est diffusé.

PATRICK ROGER
Un mot sur la réforme des retraites. Force ouvrière claque la porte de la conférence sur le financement, les syndicats appellent à des manifestations, est-ce que vous craignez de nouvelles mobilisations ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Ecoutez, je crois que les gens qui ne soutiennent pas le projet, ont tout à fait le droit de manifester et de se mobiliser. Ça c'est la démocratie et c'est très bien que ça fonctionne. Nous, on le dit et on le redit, c'est une réforme sociale que nous faisons. C'est une réforme sociale qui bénéficie aux plus précaires, les gens qui aujourd'hui n'ont pas 1 000 € de retraite alors qu'ils ont travaillé toute leur vie. Ça touche les agriculteurs, beaucoup d'indépendants, et surtout les femmes. Et je dis en conscience aux gens qui pensent qu'aujourd'hui ils sont en train de défendre un régime qui est meilleur que celui que nous proposons, que ce n'est pas le cas.

PATRICK ROGER
Bon. Eh bien ça, il y aura de nouveau débat quand ça reviendra aussi à l'Assemblée. Le mot de la fin Agnès PANNIER-RUNACHER, avec Cécile de MENIBUS.

CECILE DE MENIBUS
Avec l'actualité du coronavirus et forcément et du 49.3, on oublie un peu le climat, et selon une étude de 25 entreprises du CAC 40, donc TOTAL, NATIXIS, et AIR LIQUIDE ne respecteraient pas les objectifs de l'Accord de Paris de 2015, justement sur la lutte contre le climat. Une association veut porter plainte et aussi pointe la responsabilité de l'Etat. Est-ce que ça veut dire que l'Etat est trop laxiste ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Je ne crois pas, parce que c'est exactement le contraire que nous sommes en train de faire. Alors, nous on est au pouvoir depuis 2017, donc on a les épaules larges, mais pas sur les 30 années qui ont précédé. Ensuite, ce qu'on fait depuis 2 ans, c'est justement de pousser les entreprises à s'engager de manière plus volontaire et déterminée, dans la transition écologique énergétique. Et c'est très concret, je veux dire, ça s'est vu sur le plastique, ça s'est vu sur la fermeture des centrales à charbon. Ce sont des décisions qui n'avaient jamais été prises avant. Aujourd'hui on travaille sur le pacte productif. Le pacte productif c'est comment produire en France à horizon 2025/2030, en respectant cette trajectoire carbone et en allant dans une direction où en 2050 on est ce qu'on dit « neutre carbone ».

CECILE DE MENIBUS
Oui, mais aujourd'hui elles ne respectent pas, donc ça fait, vous dites depuis…

AGNES PANNIER-RUNACHER
Eh bien justement, c'est très exactement ce que nous faisons, c'est-à-dire que nous sommes en trend, filière par filière, on a pris les plus émettrices, vous savez qu'il y a 30 sites qui représentent l'essentiel des, enfin une grosse partie des émissions, et site par site, filière par filière, quels sont vos plans, messieurs les entreprises, mesdames les représentantes des entreprises, pour réduire votre trajectoire carbone. Moi je ne vais pas regarder ce qui s'est fait dans le passé, ce qui m'intéresse c'est comment en 2050 on est « carbone neutral », comment en 2030 on fait - 40%, voire peut-être plus puisque vous savez que le président de la République plaide pour qu'on remonte notre ambition, et comment on le fait, avec quel investissement et sur quelles technologies. C'est très concret. Dans l'industrie agroalimentaire il faut que ne plus utiliser de HFC, quelles sont les technologies alternatives pour ne plus utiliser de HFC. C'est de ça que nous parlons, avec des accompagnements que nous sommes en train de réfléchir, pour accélérer le passage à l'acte des entreprises.

CECILE DE MENIBUS
Merci beaucoup.

PATRICK ROGER
Merci Agnès PANNIER-RUNACHER, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie et des Finances, d'avoir apporté aussi toutes ces précisions évidemment sur ce plan, parce que vous allez recevoir les organisations professionnelles et les acteurs économiques tout à l'heure.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Merci.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 11 mars 2020