Déclaration de M. Bruno Le Maire, ministre de l'économie et des finances, sur la réponse européenne à la crise économique en raison de l'épidémie de Covid-19, à Paris le 9 avril 2020.

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Hier nous avons étalé, pendant une nuit de négociation, les divisions européennes. Ce soir, nous avons montré notre unité et notre capacité à décider rapidement. De ce point de vue-là, je considère que c'est un point important pour l'Europe. Le plan économique que nous venons d'adopter est le plan économique le plus important et le plus rapide que l'UE ait jamais adopté dans son histoire. Un mois seulement après le déclenchement de la crise du coronavirus, les 27 Etats membres de l'UE ont tous pris conscience de la gravité de la crise sanitaire et de la gravité des conséquences économiques de cette crise sur tous les Etats membres de l'Union, que ces Etats soient peu touchés ou qu'ils soient des victimes importantes de cette crise sanitaire. Tous les Etats européens ont ce soir répondu présents.

Ce plan est un très bon plan. C'est un plan efficace, c'est un plan massif, et c'est un plan qui permet de dégager immédiatement 500 milliards d'euros pour le soutien à nos économies. Il comprend quatre piliers majeurs, conformément à ce que la France et le président de la République avaient toujours souhaité depuis le début de cette négociation.

Il comprend d'abord le déclenchement du Mécanisme Européen de Stabilité. Il pourra être déclenché avec des conditionnalités très légères conformément à l'esprit de ce mécanisme, qui avait été prévu pour des temps de crise. Nous sommes dans des temps de crise. Il est normal que ce mécanisme soit déclenché. C'est 250 milliards d'euros qui pourront être dégagés avec le MES.

Il prévoit en deuxième lieu le recours à des prêts de la Banque Européenne d'Investissement, prêts qui iront pour les entreprises. Ces prêts pourront monter jusqu'à 200 milliards d'euros.

Il prévoit en troisième lieu, un mécanisme de financement des mesures de chômage partiel, qui coûtent cher à tous les Etats, en particulier à la France, à hauteur de 100 milliards d'euros.

L'ensemble de ces trois mesures immédiates représentent donc 550 milliards d'euros immédiatement disponibles.

Nous avons enfin un quatrième pilier auquel la France est très attachée. C'est la possibilité de mettre en place un plan de relance qui pourrait avoir un ordre de grandeur de l'ordre de 500 milliards d'euros environ, ce qui fait au total un plan de soutien à l'économie qui pourra atteindre 1000 milliards d'euros au total.

Dans ce plan de relance, nous avons beaucoup débattu, il reste à débattre des conditions de financement de ce plan. Nous allons continuer à débattre des conditions de financement de ce plan. Vous savez que nous sommes attachés, avec un certain nombre de pays, à l'idée d'émettre de la dette en commun car nous pensons que c'est l'instrument économiquement le plus efficace qui permet d'étaler le coût sur la durée et d'avoir un coût du financement qui soit le plus faible possible. Ce point reste évidemment à discuter.

La troisième chose sur laquelle je veux insister, c'est le rôle majeur qu'a joué la France, et qu'a joué le couple franco-allemand dans cette négociation. Le fait que la France et l'Allemagne aient pu trouver un accord dès le départ, se soient montrés unis depuis la première heure de la négociation, a beaucoup pesé pour permettre à parvenir à cet accord global. Et la France pour sa part n'a pas ménagé ses efforts, notamment toute la journée d'aujourd'hui pour discuter en bilatéral avec chacun de ses partenaires européens pour parvenir à arracher cet accord dont je redis qu'il est un accord majeur et qu'il marque un jour important pour l'Union européenne.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 avril 2020