Déclaration de M. Jean-Yves Le Drian, ministre de l'Europe et des affaires étrangères, en réponse à une question sur la crise libyenne et l'épidémie de Covid-19, à l'Assemblée nationale le 29 avril 2020.

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Circonstance : Question au gouvernement à l'Assemblée nationale

Texte intégral

Madame la Députée,


La crise libyenne a changé de nature : les ingérences étrangères, l'afflux de mercenaires, les violations de l'embargo alimentent une dégradation considérable de la situation. Et partout, en particulier en Tripolitaine, les combats s'intensifient, en ce moment-même, et les populations civiles sont les premières victimes.

Cette situation se double d'un enlisement du processus politique qui avait été initié à Berlin, en janvier dernier, avec l'ensemble des acteurs, y compris les chefs d'Etat et de gouvernement, que ce soit le président Poutine, le président Macron, le président Sissi, le secrétaire d'Etat américain Pompeo ; tout le monde était là, y compris le président Erdogan, pour nous mettre d'accord sur un processus politique. Celui-ci n'est pas mis en oeuvre, au contraire, chacun prend des initiatives qui remettent en cause le démarrage-même du processus politique. Et nous avons, dans ce contexte, avec nos partenaires européens, il y a quelques jours, lancé un nouvel appel à une trêve humanitaire pendant le Ramadan, relayant en ce sens l'initiative des Nations unies.

Malheureusement, cette trêve n'est pas respectée, alors qu'elle est encore plus importante en période de COVID-19. Et la crise libyenne a un impact très important sur les flux migratoires et sur la situation des migrants et des réfugiés présents en Libye.

Nous avons soutenu l'initiative de Malte qui, je l'espère, sera suivie d'effets, et nous appuyons en permanence l'action du HCR et de l'OIM qui font un travail remarquable auprès des réfugiés en Libye même si, aujourd'hui, ils ont dû mettre en suspens les programmes de réinstallation et de retour volontaires en raison de la crise du COVID-19.

Nous complétons cette action en aidant par la réorientation du fonds fiduciaire d'urgence pour que ce soit plus facilement accessible aux populations de réfugiés dans le cadre du COVID-19.

La France a décidé de soutenir, à hauteur de sept cent mille euros, la réponse libyenne à la crise sanitaire en lien avec l'OMS. Mais la véritable réponse, c'est la réponse à la crise politique qui est permanente dans ce pays depuis de nombreuses années.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 30 avril 2020