Texte intégral
Q - Bonjour, Jean-Baptiste Lemoyne,
R – Bonjour,
Q - Secrétaire d'Etat auprès du ministre des affaires étrangères. Avant de parler des difficultés des Français qu'on a évoquées tout à l'heure, d'abord est-ce que vous avez du nouveau sur les chiffres ? Est-ce qu'il y a encore 50 000 Français qui sont bloqués à l'étranger ?
R - Ecoutez, un petit peu moins aujourd'hui, naturellement, puisque chaque jour des dizaines de vols additionnels se font. Nous allons faire le point très précisément à 18 h 00, avec Jean-Yves Le Drian et Jean-Baptiste Djebbari. Mais par rapport aux 130 000 qui étaient effectivement bloqués, vendredi dernier, 80 000, hier soir, ont d'ores et déjà pu revenir.
Nous travaillons dans cette coordination parfaite avec le ministère des transports, avec la compagnie Air France, pour pouvoir, déjà, recenser les besoins, et c'est un travail qui se fait quotidiennement avec nos ambassades, nos consulats. Ensuite, en fonction de ces besoins recensés, on travaille avec la compagnie nationale, mais également avec d'autres compagnies, par exemple comme Qatar Airways, pour mettre en place des plans de vol et pour desservir les endroits où ces Français sont encore bloqués.
Q - Est-ce qu'il y a une bonne coopération avec les autres pays, Nathanaël Charbonnier évoquait des difficultés, peut-être spécifiques aux Français, dans certains pays ?
R - Alors c'est là que, avec Jean-Yves Le Drian, justement, nous devons agir. Et nous sommes en contact, chaque jour, avec nos homologues, ministres, secrétaires d'Etat aux affaires étrangères, pour pouvoir, parfois, permettre l'atterrissage d'avions vides pour emmener nos compatriotes puisque que les espaces aériens parfois sont fermés, les frontières sont parfois fermées, parce que les aéroports civils sont parfois fermés. Donc, il faut trouver des solutions, comme les aéroports militaires ou autres. Parfois, il faut également, vous parliez du Pérou dans le reportage, permettre le regroupement de nos compatriotes qui sont parfois dans des coins éloignés du pays, pour les rapprocher déjà à Lima et ensuite procéder au retour de l'ensemble.
Donc, c'est un travail à la fois politique, avec les autorités des autres pays, et c'est également un travail logistique, cela a été dit, parce que plus on avance, plus on est aussi face à des situations complexes par rapport à des pays qui peuvent être isolés ou lointains.
Q - Mais vous reconnaissez, Jean-Baptiste Lemoyne, sans faire évidemment de généralisation, qu'il y a un problème de stigmatisation des Français dans certaines villes, dans certaines régions, dans certains pays ?
R - Il peut y avoir parfois un sentiment de crainte sécuritaire parce que, effectivement, les Occidentaux sont perçus comme étant un foyer, aujourd'hui, naturellement, du Covid-19. Mais les Allemands, les Espagnols peuvent être soumis aux mêmes difficultés.
Et d'ailleurs, nous travaillons ensemble pour mettre en place ces avions au niveau européen. Par exemple, nous allons opérer un avion avec les Allemands pour le Salvador, un autre avec l'Espagne pour le Honduras. Donc, tout cela se fait aussi en bonne intelligence, et je dirais que les Français ne sont pas à plus mauvaise enseigne que d'autres Européens.
Mais il est vrai que le Covid crée des tensions sur le terrain et parfois, c'était également dit dans votre reportage, des Français se retrouvent mis à la porte d'hôtels. C'est pourquoi, j'ai souhaité qu'on puisse mettre en place une application et je donne son adresse justement à votre antenne, qui s'appelle www.sosuntoit.fr qui permet à des Français résidant hors de France de proposer des hébergements aux touristes français qui sont bloqués. Et, en quelques jours, je dois dire qu'il y a eu un bel élan de générosité : on est à plus de 5 500 places d'hébergement proposées comme cela par les Français. C'est, je crois, un bel élan d'entraide et de générosité.
Q - Et je rappelle donc cette application, www.sosuntoit.fr. Merci beaucoup, Jean-Baptiste Lemoyne.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 27 mars 2020