Entretien de M. Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères, à France 3 le 30 mars 2020, sur la situation des Français à l'étranger, le tourisme et l'épidémie de Covid-19.

Prononcé le

Intervenant(s) : 
  • Jean-Baptiste Lemoyne - Secrétaire d'État auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères

Média : France 3

Texte intégral

Q - Jean-Baptiste Lemoyne, Bonjour.

R – Bonjour.

Q - 20 000 Français toujours bloqués à l'étranger, ce midi. Comment peut faire la France pour les rapatrier ? Il y en a, par exemple, encore beaucoup au Maroc.

R - Pour être précis, on est désormais plutôt autour de 12 000 parce que, chaque jour, ce sont des dizaines d'avions qui ramènent à la maison nos compatriotes. J'entendais le témoignage du Pérou, et il y a là tout un travail logistique à faire parce que beaucoup de Français sont disséminés parfois dans l'arrière-pays, si je puis dire, à Cuzco, à Arequipa. Et donc, nous sommes en train de les rassembler pour après, de Lima, revenir en France. Nous allons continuer les vols, tant qu'il y a des Français de passage qui sont encore bloqués à l'extérieur.

Et pour le Maroc, il y a eu 140 vols, en une semaine, qui ont permis de ramener 20 000 Français. Et les derniers, qui étaient notamment des camping-caristes bloqués à Ceuta, un bateau est parti hier, pour pouvoir les ramener à Sète.

Q - Cela veut dire que tout le monde devrait rentrer à la maison cette semaine ?

R - On fait le maximum pour qu'ils soient de retour le plus vite possible et effectivement, j'espère que pour les Français, touristes, voyageurs d'affaires, eh bien, nous aurons achevé cela cette semaine, effectivement. Les équipes du Quai d'Orsay sont sur le pont H 24, matin, midi et soir, que ce soit ici, ou bien partout dans le monde.

Q - Alors cette période de confinement est aussi, évidemment, très compliquée pour tout le monde. Vous êtes en contact avec de nombreux chefs d'entreprise de la région Île-de-France, par exemple. Quel est le moral aujourd'hui ?

R - Effectivement, ils sont conscients de tous les efforts qui ont été faits, notamment par le gouvernement, pour faire en sorte de préserver les emplois, de préserver les entreprises. Je rappelle aux chefs d'entreprise qu'ils peuvent tout à fait avoir droit à des reports ou des annulations de charges fiscales et sociales ; que, par ailleurs, nous mettons 300 milliards d'euros de garanties de prêts pour qu'ils puissent continuer à avoir accès à de la trésorerie. C'est capital parce qu'on a besoin de préserver les emplois, de préserver les savoir-faire pour, une fois le virus vaincu, rebondir, repartir, aller de l'avant et c'est aussi pourquoi nous avons mis en place, avec Murielle Pénicaud, un chômage partiel beaucoup plus facile à mettre en oeuvre et surtout qui permet d'aller jusqu'à 4,5 SMIC.

Q - Il y a une inquiétude très importante aussi, c'est pour les professionnels du tourisme. On est à quelques jours des premières vacances de Pâques. Comment les aider à gérer cette crise ?

R - Le monde du tourisme, il faut être clair, a été frappé de plein fouet, peut-être le premier secteur. Parce que, dès le mois de janvier, lorsque l'épidémie s'est révélée en Chine, vous savez, beaucoup de voyagiste, de tour-operators qui opéraient sur ces destinations-là ont été frappés. Aujourd'hui, c'est l'ensemble du secteur qui l'est, de façon massive.

Et donc, je réunirai demain le comité de filière tourisme, comme je le fais chaque semaine, pour pouvoir travailler à des solutions opérationnelles. Très concrètement, par exemple, pour aider le secteur du voyage, nous avons mis en place la possibilité pour les gens qui avaient réservé un voyage de le reporter. Ils peuvent le reporter pendant 18 mois, ils auront un avoir, qui leur permet de bénéficier des mêmes prestations, une fois la crise passée, et cela permet de concilier à la fois l'intérêt du consommateur qui fera son voyage, le moment venu, et également la capacité à préserver les entreprises puisque cela leur évite de devoir vider leur trésorerie.

Q - Merci beaucoup, Jean-Baptiste Lemoyne, d'avoir été notre invité.


source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 31 mars 2020