Texte intégral
Q - Nous sommes avec Jean-Baptiste Lemoyne, le secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Europe et des Affaires étrangères. Monsieur Lemoyne, bonjour.
R - Bonjour !
Q - Jean-Baptiste Lemoyne, combien de Français sont encore bloqués à l'étranger ?
R - Alors, 131 000 de nos compatriotes ont pu rejoindre le sol français depuis le 19 mars, donc cela a été considérable, comme opération logistique, et nous avons quelques milliers de Français de passage encore bloqués à l'étranger. Nous continuons, avec Jean-Yves Le Drian, avec la compagnie nationale Air France, à organiser ces retours, encore de nombreux vols qui vont revenir d'Amérique latine, d'Asie, d'Océanie. Très clairement, je crois que c'est une opération logistique inédite.
Q - Est-ce que vous pouvez nous donner des nouvelles des touristes français qui se trouveraient sur ce bateau de croisière, le "Zaandam", qui a enfin accosté en Floride ? Est-ce qu'ils sont à terre et vont-ils rentrer sous peu ?
R - Alors, nous avons suivi effectivement heure par heure la situation de ce bateau, cent de nos compatriotes sont présents sur le "Zaandam" et le "Rotterdam", il a fallu d'ailleurs des interventions politiques, celles de Jean-Yves Le Drian, pour que Panama puisse laisser passer le bateau. Aujourd'hui, les autorités américaines distinguent trois séries de cas : les cas graves, et nous avons une de nos compatriotes qui est dans cette situation-là, qui vont être pris en charge localement ; les cas qui manifestent quelques symptômes et qui vont rester en quatorzaine sur le bateau ; et puis, en revanche, les personnes qui n'ont aucun symptôme et vont reprendre des avions dans quelques heures pour rejoindre, notamment, le continent européen.
Q - Bon, la mésaventure est donc pratiquement terminée pour eux. Jean-Baptiste Lemoyne, qu'est-ce que vous dites aux Français qui sont tentés de rejoindre les plages ou leur résidence secondaire ce week-end ?
R - Le Premier ministre l'a dit hier soir dans son émission face aux Français, ce ne sont pas des vacances comme les autres, nous sommes en période de confinement et donc il est impératif que chacun demeure là où il est confiné ; c'est pourquoi naturellement, il y a un impact pour la filière touristique, un impact pour ce tourisme domestique qui ne pourra pas transhumer, mais les priorités sanitaires priment et nous faisons en sorte, à côté, eh bien, d'accompagner ce secteur touristique avec des mesures massives en matière économique, d'activité partielle, également de prêts garantie de l'Etat, pour pouvoir passer le cap. C'est essentiel.
Q - On va demander à Jean-Baptiste Lemoyne. Est-ce qu'il est possible de donner une visibilité, Jean-Baptiste Lemoyne ?
R - Vous savez, on le voit depuis plusieurs semaines, la progression de l'épidémie, elle est évolutive et donc les réponses, les mesures doivent également s'adapter à ces évolutions, c'est pourquoi il n'est pas possible de donner un horizon encore, des dates précises et c'est pourquoi aussi chaque mardi, je réunis les professionnels du tourisme avec le comité de filière tourisme pour les tenir informés et surtout pour avoir également leur retour d'expérience sur la mise en oeuvre de ces mesures d'accompagnement parce que ce qu'on veut, c'est préserver les emplois , les savoir-faire, préserver l'outil touristique, c'est un fleuron national pour pouvoir rebondir dès la crise sanitaire passée.
Q - Jean-Baptiste Lemoyne, j'ai une proposition à vous faire. Ne faudrait-il pas lancer, lorsqu'on sera sorti de cette crise, une grande campagne en faveur du tourisme français, en France ?
R - Bien sûr, le tourisme, il va se faire dans un premier temps essentiellement à proximité, on le voit déjà en Chine puisque le soleil est en train de se lever à l'Est et l'activité de reprendre là-bas. Les acteurs touristiques exposés là-bas, comme le Club Med, comme Louvre Hôtels, nous le disent bien : il y a aussi des changements de comportement du touriste, du consommateur ; vouloir rester plus près de ses bases, également une demande de propreté, de transparence, d'accès aux soins, beaucoup plus importante. Donc, il faut aussi se préparer à ces évolutions, à ces changements. Cette crise est un véritable choc, elle ne va pas nous laisser indemnes et donc, cela sera aussi l'occasion, eh bien, peut-être de transformer une partie de notre tourisme et oui de faire appel à ce tourisme national qui est un moteur. Et d'ailleurs, les deux tiers des recettes touristiques françaises sont issues du tourisme domestique et je crois que c'est une force et nous devons absolument préserver cet outil. C'est pourquoi je ferai d'ailleurs une sorte de tour de France virtuel du tourisme, je serai lundi avec les professionnels de la région Sud pour évoquer avec eux à la fois les mesures d'accompagnement, leur mise en oeuvre et surtout la reprise.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 6 avril 2020