Interview de M. Bruno Le Maire, ministre de l'économie et des finances, à LCI le 29 avril 2020, sur les conséquences économiques de l'épidémie de Covid-19.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : La Chaîne Info

Texte intégral

ELISABETH MARTICHOUX
Et Bruno LE MAIRE est en direct avec nous, merci à vous monsieur le ministre de l'Economie en direct de Bercy d'être sur LCI ce matin, bonjour.

BRUNO LE MAIRE
Bonjour.

ELIZABETH MARTICHOUX
Les millions de Français sans doute qui ont écouté Edouard PHILIPPE hier ont entendu que pour des raisons sanitaires, le gouvernement reste sur les freins d'une certaine façon, le verrou du confinement du confinement il va sauter de façon extrêmement limitées. La reprise économique, elle doit attendre Bruno LE MAIRE, je pensais aux salariés qui écoutaient le Premier ministre, ils pouvaient dire, moi je ne vais pas travailler, je ne vais pas retourner travailler, c'est encore trop dangereux. Les petits patrons peuvent se dire, mon activité elle ne peut pas reprendre dans ces conditions, qu'est-ce que vous leur dites ce matin ?

BRUNO LE MAIRE
Je leur dis au contraire qu'il faut préparer la reprise économique et que nous ne réussirons cette reprise économique que si nous la préparons collectivement. Je rappelle d'abord qu'il y a déjà des centaines de milliers de salariés qui continuent de travailler, que ce soit dans les commerces alimentaires, dans la grande distribution dans les banques pour apporter des prêts, à la Poste, dans les services publics, il y a des centaines de milliers de salariés qui sont aujourd'hui au travail. Et à partir du 11 mai, le Premier ministre a été très clair, tous les commerces vont ouvrir, donc l'activité va pouvoir reprendre, il y a une seule exception que chacun connaît, c'est les lieux collectifs, les lieux de plaisirs partagés hélas, les restaurants, les bars, les cafés, on va continuer à travailler pour préparer encore mieux cette réouverture des lieux de convivialité, mais pour le reste tout à rouvrir. Donc mon message il est très simple, il faut que nous nous retrousser les manches tous ensemble et nous avons commencé à le faire, je discute tous les jours avec les fédérations. Professionnelles pour préparer cette reprise de l'activité, pour que le retour à l'activité se fasse dans les meilleures conditions possibles le 11 mai. Donc c'est vraiment un message d'optimisme et de volontarisme que je veux passer à tous les entrepreneurs, à tous les salariés, nous allons préparer ça bien et nous allons réussir cela ensemble.

ELIZABETH MARTICHOUX
Alors un message qui peut être encore une fois freiné par ce qu'a dit hier et Edouard PHILIPPE et qu'est-ce qu'il a dit : les entreprises sont encouragées à maintenir finalement le télétravail au même niveau qu'aujourd'hui, Bruno LE MAIRE ?

BRUNO LE MAIRE
Mais Edouard PHILIPPE a eu une parole juste et une parole de responsabilité, pour que nous réussissions ce retour au travail qui ne sera pas un retour à la normale, il faut faire les choses progressivement, il faut d'abord prendre un certain nombre de précautions, ça va être tous les guides de bonnes pratiques, dans tous les commerces il faudra qu'il y ait des guides de bonnes pratiques. Je pense par exemple aux coiffeurs forcément il y a contact, il y a proximité donc il faudra un guide de bonnes pratiques particulier. Il faut que dans les entreprises où il y a beaucoup de salariés et où le télétravail est encore possible effectivement on puisse poursuivre le télétravail. Reprenez l'exemple du ministère de l'Economie et des Finances, vous avez 5000 personnes qui y travaillent, je suis en train d'organiser le retour à l'activité avec le ministre de l'action et les comptes publics, Gérald DARMANIN pour qu'il n'y ait pas les 5000 fonctionnaires qui du jour au lendemain reviennent dans les locaux de Bercy. il faut qu'on gère les entrées, il faut qu'on gère les sas, il faut qu'on gère la question de la restauration collective, donc on y travaille dès maintenant et une nouvelle fois j'invite tous les chefs d'entreprise, tous ceux qui ont des sièges sociaux où il y a des centaines de personnes qui travaillent à regarder comment est-ce qu'ils peuvent gérer ces flux, gérer la restauration collective et faire en sorte que le retour à l'activité soit un retour progressif dans ces lieux où il y a plusieurs centaines de personnes qui travaillent. Et le télétravail de ce point de vuelà est effectivement une solution appropriée pour que les choses se fassent progressivement et avec le maximum de sécurité sanitaire.

ELIZABETH MARTICHOUX
Ce sont les entreprises Bruno LE MAIRE qui devront fournir les masques à leurs salariés, c'est valable pour l'entreprise de plusieurs centaines salariés comme par exemple le coiffeur que vous citiez qui va devoir lui fournir les masques à ses employés.

BRUNO LE MAIRE
Bien sûr mais c'est normal que ce soit l'entrepreneur qui fournisse le masque lorsque le masque nécessaire. Vous êtes sur un chantier de bâtiment ou de travaux au public, il y a besoin d'un masque, c'est évidemment l'entrepreneur qui apporte l'équipement nécessaire. Vous êtes dans un salon de coiffure, vos coiffeurs vont avoir besoin de porter un masque, de porter une blouse, avoir des équipements spécifiques, c'est évidemment à l'employeur d'apporter ses équipements à son salarié, ça ne me paraît une question de justice et d'efficacité économique. Et c'est bien cela qu'il faut préparer, j'invite je le redis, tous les entrepreneurs à préparer cette date du 11 mai, à travailler sur ces guides de bonnes pratiques, il y en a déjà une trentaine qui sont sortis, il faut qu'il y en ait une soixantaine qui soient rédigés d'ici le 11 mai, à discuter avec les salariés, à discuter avec les organisations syndicales, à profiter de ces quelques jours qui nous restent pour avoir le maximum de dialogue social. Moi c'est ce que je fais tous les jours à raison de 5 ou 6 réunions par téléphone tous les jours, avec les fédérations professionnelles, avec les organisations syndicales, avec les chefs d'entreprise, avec des représentants de salariés pour voir comment est-ce qu'on réussit son 11 mai, comment est-ce qu'on réussisse ce retour à l'activité qui je le redis est indispensable pour la nation française. Nous devons retourner au travail, nous devons reprendre notre activité et nous devons le faire tous ensemble en regardant dans un esprit de solidarité et responsabilité, comment est-ce que nous pouvons réussir ce retour à l'activité.

ELIZABETH MARTICHOUX
Nous devons retourner au travail dites-vous, Bruno LE MAIRE. Vous avez parlé des exceptions, il y en a une que vous n'avez pas cité, ce sont les grands centres commerciaux de plus de 40 000 mètres carrés, ils vont rester fermées, je crois qu'il y en a une soixantaine en France, par exemple la Part Dieu à Lyon, la Défense à Paris ,ça fait beaucoup de salariés, c'est beaucoup d'activité, pour eux c'est clairement la douche froide.

BRUNO LE MAIRE
Je rappelle que là aussi le principe reste l'ouverture et le Premier ministre a été très clair sur ce sujet, simplement si des préfets s'aperçoivent que dans un certain nombre de grands centres, ça peut être les Halles à Paris, ça peut être d'autres grands centres qui comme La Part Dieu à Lyon, que vous avez cité, ça entraîne des déplacements de population trop important, ce qui est précisément ce que nous voulons éviter parce que c'est mauvais pour la circulation du virus. dans ce cas-là le préfet aura la possibilité d'interdire l'ouverture, mais le principe c'est bien l'ouverture des commerces, ouverture de tous les commerces à l'exception de la restauration, je le redis des bars et des cafés parce que ce sont des lieux de convivialité et croyez- moi j'y travaille tous les jours parce que c'est un secteur qui me tient très à coeur, qui aujourd'hui vit très durement ces moments-là donc on va travailler ,nous allons continuer à travailler avec ce secteur de la restauration, des bars et des cafés mais pour le reste le principe, c'est l'ouverture, simplement pour ces grandes surfaces si on s'aperçoit qu'il y a trop de déplacements de population, trop de chalandises, le préfet pourra ordonner leur fermeture.

ELIZABETH MARTICHOUX
Tiens à propos, c'est Yves CAMDEBORDE, vous connaissez peut-être le restaurateur qui s'adresse…

BRUNO LE MAIRE
Très bon chef.

ELIZABETH MARTICHOUX
Il s'adressait à vous tout à l'heure directement sur le plateau de LCI, voilà ce qu'il disait, je vous je cite, quelle que soit la date qui sera décidée n'imposez pas à tout le monde d'ouvrir, si vous l'imposer à tous, il y en a qui iront dans un mur, laissez la possibilité à ceux qui peuvent respecter le cahier des charges sanitaires de pouvoir le faire et aidez les autres. Est-ce que ça c'est une démarche qui vous semble la bonne ?

BRUNO LE MAIRE
Il a parfaitement raison bien sûr, mais la démarche qui est la mienne, c'est la même depuis le début, soutenir massivement, être aux côtés de tous ceux, en particulier les plus petits entrepreneurs qui prennent cette crise en plein dans la figure et qui sont en parfois en plein désarroi, perdu et qui ont besoin de notre soutien, ils l'ont et ils continueront à l'avoir. Ensuite ce travail collectif, on travaille ensemble tous les jours depuis des semaines pour regarder quelles sont les meilleures dispositions à prendre et comment est-ce qu'on prépare ce retour à l'activité. Et ensuite liberté pour chaque entrepreneur bien entendu d'ouvrir s'il se sent prêt, s'il est prêt à remplir les guides de bonnes pratiques, s'il a les équipements nécessaires, s'il estime qu'il y a les épaules suffisamment solides pour rouvrir, mais ceux qui ne voudront pas rouvrir bien entendu ne rouvriront pas, mais je travaille tous les jours et encore aujourd'hui. Sur la restauration pour garantir une réouverture dans les meilleures conditions et je l'espère le plus rapidement possible.

ELIZABETH MARTICHOUX
L'arrêt prolongé de la production de pans entiers de notre économie présenterait un risque d'écroulement, ce sont les mots de d'Edouard PHILIPPE hier devant les parlementaires, écroulement le mot est terrible, c'est-ce que vous avez de des remontées sur précisément les risques de dépôt de vie bilan dans les semaines qui viennent Bruno LE MAIRE ?

BRUNO LE MAIRE
Je pense ne jamais avoir caché la gravité de la crise aux Français puisque depuis le premier jour, j'ai fait la comparaison avec la grande récession de 1929, donc oui c'est une crise brutale, c'est une crise qui touche toute l'activité française, tous les secteurs d'activité et qui touche nos entreprises, nos commerces nos indépendant. Nous faisons jour le maximum pour éviter les faillites et pour éviter des disparitions d'entreprises. il faut être lucide, il y aura des faillites, nous le savons, quoi que nous fassions même si nous faisons le maximum, il y aura et notamment dans les semaines qui vont venir dans les mois qui vont venir, au moment où le choque le plus dur sera passé et que le redémarrage aura, je l'espère bien commencé, il y aura des faits, nous le savons. Et c'est bien pour ça que je ne cesse de renforcer les dispositifs pour soutenir le maximum d'entrepreneurs, il y aura des pertes d'emplois, nous le voyons, le chiffre que nous avons enregistré plus de 240000 demandeurs d'emploi en plus en un mois, nous nous y attendons. Ça n'est pas une surprise, c'est bien ce qui va nous amener avec Muriel PENICAUD à travailler des dispositifs de renforcement de la formation, du soutien des jeunes, de ceux qui sont les moins qualifiés, de ceux qui peuvent perdre l'emploi, de ceux qui étaient en CDD de ceux qui était en intérim pour les accompagner, donc nous sommes lucides sur la situation. Mais je vais vous dire aussi, je suis totalement volontariste, nous allons y arriver, l'économie française, elle a des qualités, des talents, un tissu productif, des technologies, un savoir-faire, nous allons nous relever et nous allons faire le maximum pour nous relever. On sera capable d'absorber choc d'abord parce que nous avons su répondre tout suite et que tout ce que nous avons mis en place marche, les prêts garantis par l'Etat aujourd'hui c'est plus de 40 milliards d'euros pour 315 000 entreprises, dont 90% de TPE, le fonds de solidarité, ça marche, ce que nous avons fait sur le chômage partiel, ça marche, donc nous avons pu absorber le choc parce que. L'Etat a été là, l'Etat était présent, l'Etat a tenu le choc pour soutenir notre économie. Maintenant nous engageons la deuxième période qui est celle ouverte par le Premier ministre du retour à l'activité, je le redis, il faut reprendre le travail et il faut que le maximum de Français reprennent le travail. Et puis il y aura un troisième temps qui sera celui de la relance sur laquelle je commence déjà travailler, qui passera par plus d'investissements des entreprises, un soutien à la demande des ménages, un soutien des secteurs qui ont été les plus durement touchés, le tourisme, l'aéronautique, l'industrie automobile et qui passera enfin par un quatrième pilier qui sera la Coordination européenne. Donc vous voyez nous avons une stratégie économique qui est claire, volontariste et cohérente avec le Premier ministre et le président de la République.

ELIZABETH MARTICHOUX
Encore beaucoup de questions pour vous Bruno LE MAIRE, vous parliez des entreprises qui risquent le dépôt de bilan, aucune entreprise d'ailleurs quelle que soit sa taille ne sera livrée à la faillite, c'est l'engagement mi-mars du président. Est-ce que vous avez un oeil particulier là en ce moment sur certaines entreprises en difficulté ?

BRUNO LE MAIRE
Bien sûr vous avez vu le soutient que nous avons apporté à AIR FRANCE, que nous avons emporté à FNAC DARTY et nous apportons à chaque fois un soutien sous forme de prêts directs, sous forme d'aide en capital. Je vous donne un exemple très concret, Arc International, magnifique entreprise de verrerie que j'ai visitée il y a quelques mois qui se trouve dans le Pas-de-Calais, 4600 emplois, c'est tout un bassin d'emplois autour de Saint-Omer qui est concerné. ils ont des difficultés de trésorerie, j'ai décidé d'apporter 31 millions d'euros de soutien direct à Arc International, c'est pas un prêt garanti par l'Etat parce que la situation aujourd'hui est trop fragile pour que ça puisse bien fonctionner, c'est une aide directe, un prêt direct de l'Etat qui est pris dans le Fonds de développement économique et social que nous avons abondé dans le projet de loi de finances rectificative, il y avait que 75 millions d'euros sur ce fonds, nous y avons mis avec Gérald DARMANIN, un milliard d'euros et bien sûr ce milliard d'euros, je prends tout de suite 31 millions pour soutenir Arc International qui est une magnifique entreprise de verrerie qui représente tout un bassin d'emploi dans Saint-Omer. J'ai prévenu le président de la région des Hauts-de-France, Xavier BERTRAND, je lui ai demandé de participer lui aussi à ce redressement de Arc International et je suis convaincu qu'il répondra présent. C'est un exemple de soutien de l'Etat, de solidarité, de bon fonctionnement entre l'Etat et les régions et de notre volontarisme pour garder notre tissu industriel.


ELIZABETH MARTICHOUX
Autre question précise Bruno LE MAIRE, vous le citiez, vous avez annoncé une aide massive spectaculaire la compagnie AIR FRANCE 7 milliards c'est le coût du sauvetage, au-delà de l'aéronautique et dans une situation tragique, est-ce que par exemple avec ces 7 milliards d'euros, AIR FRANCE va honorer va maintenir sa commande d'avions Airbus, est-ce que c'est un engagement…

BRUNO LE MAIRE
Je vais être très clair avec vous et il y a un certain nombre d'engagements qui ont été pris par AIR FRANCE avant que je ne donne mon accord à ce prêt, il y a des engagements de compétitivité parce que je ne mets pas l'argent des Français dans une entreprise qui ne ferait pas les efforts de redressement et de compétitivité nécessaire, c'est l'argent des Français donc l'entreprise est responsable pour devenir plus rentable. Et la deuxième condition, c'est que ça devienne l'économie la plus responsable, l'entreprise aéronautique la plus respectueuse de l'environnement de la planète, c'est deux engagements qui ont été pris. Mais il va de soi que derrière, il y a aussi les achats d'Airbus et la filière aéronautique française…

ELIZABETH MARTICHOUX
Donc vous répondez…

BRUNO LE MAIRE
Et nous soutenons AIR FRANCE, je ne le cache pas pour soutenir Airbus et je réponds favorablement à votre question. Il faut qu'AIR FRANCE continue à être un bon client d'Airbus qui aujourd'hui est aussi en difficulté.

ELIZABETH MARTICHOUX
Avec tout un bassin d'emploi, le bassin toulousain qui risque d'être extrait.

BRUNO LE MAIRE
Plusieurs bassins d'emploi, il y a le bassin toulousain, mais il y a aussi la Normandie avec la fabrication des nacelles des Airbus, il a aussi le bassin bordelais, enfin c'est tout, plusieurs bassins d'emplois qui sont concernés donc il va de soi que nous soutiendrons totalement et s'il le faut massivement Airbus le moment venu.

ELIZABETH MARTICHOUX
Vous avez parlé d'un plan de relance, quand allez-vous le présenter Bruno LE MAIRE et est-ce que par exemple l'idée d'une baisse de la TVA sur la restauration peut être un outil de relance, est-ce que vous y êtes favorable ?

BRUNO LE MAIRE
La TVA sur la restauration, elle a déjà été baissé je le rappelle donc moi je suis prêt à regarder tous les outils, je ne suis pas sûr que ce soit forcément l'outil le plus approprié, sur le calendrier respectons les étapes. Première étape, amortir le choc, l'Etat a répondu présent. Deuxième étape dans laquelle nous allons entrer, la relance de l'activité et nous devons réussir cette relance de l'activité. Troisième étape, certainement pas avant la rentrée, avant septembre, octobre, la définition, la mise sur pied d'un plan de relance. J'y travaille dès maintenant tous les jours, pour voir quels sont les meilleurs instruments, les meilleurs outils. Je travaille aussi à la coordination européenne parce que rien ne serait pire que de voir à la France qui prend certaines dispositions pour son plan de relance et l'Allemagne qui ne prendrait pas des dispositions similaires. Donc nous allons travailler, nous avons encore plusieurs semaines pour le faire, mais il faut que la relance soit elle aussi massive et que notamment l'Union européenne réponde présente et vienne soutenir les plans de relance nationaux.

ELIZABETH MARTICHOUX
Pas avant la rentrée, c'est ce que vous nous dites. Dans ce contexte en tout cas et en attendant il y a des entreprises fragiles qui peuvent être l'objet ou en tout cas la cible de prédateurs étrangers, vous avez boosté déjà vos outils pour les protéger, mais la socialiste Valérie RABAULT vous demande que vous soyez encore plus protecteur. Il faut étendre cette liste, la liste des entreprises protégées à tous les secteurs pendant l'état sanitaire.

BRUNO LE MAIRE
Je pense que Valérie RABAULT a raison de dire qu'il faut renforcer encore nos dispositifs de protection, le soutien sous forme de prêts, c'est de la protection. Et puis il a la protection réglementaire, c'est le décret sur les investissements étrangers en France, donc j'ai pris aussi la décision de renforcer ce décret sur les investissements étrangers en France en incluant dans le champ de ce décret toutes les biotechnologies, c'est plusieurs milliers d'entreprises, c'est des entreprises qui participent à la recherche sur les vaccins contre le Covid par exemple. Il faut impérativement protéger ce savoir-faire français, donc les biotechnologies seront inclues dans le champ du décret sur les investissements étrangers en France .et je vais aller plus loin. Je vais demander à ce que pour une durée qui ira sans doute jusqu'à la fin de l'année 2020, le seuil de contrôle des investisseurs qui viennent prendre des parts dans une entreprise soit abaissé de 25% à 10%, aujourd'hui il y a pas de contrôle tant qu'un investisseur ne prend pas plus de 25% de part dans une entreprise je vais abaisser ce seuil à 10% pour tous les investisseurs qui ne sont pas européens, pour les très grosses entreprises pour une durée qui ira jusqu'à la fin de l'année 2020. C'est un renforcement massif de nos capacités de contrôle sur les investissements étrangers, sur nos technologies, sur nos entreprises, sur nos savoir-faire parce que dans cette période de crise effectivement certaines entreprises sont vulnérables, certaines technologies sont fragilisées et pourraient être rachetées à bas prix par des compétiteurs étrangers, je ne laisserai pas faire et c'est le sens du renforcement de ce décret sur les investissements étrangers en France.

ELIZABETH MARTICHOUX
Ce que vous nous annoncez ce matin sur LCI. Bruno LE MAIRE, vous étiez au conseil des ministres hier, pourquoi le président l'a-t-il senti le besoin de démentir en conseil des ministres qu'il y ait du tirage entre lui et Edouard PHILIPPE ?

BRUNO LE MAIRE
Tout simplement parce que c'est faux et que ce n'est pas ce que je vois moi comme ministre de l'Economie et des Finances depuis plusieurs semaines. Moi je vois une équipe totalement soudée, où sur tous les sujets que j'ai à traiter, qui vont du soutien à l'économie, aux prêts, aux questions de chômage partiel avec Muriel PENICAUD jusqu'au plan de relance européen sur lequel nous travaillons étroitement avec le président de la République, il y a une équipe totalement soudée, président de la République, Premier ministre ministres, très fluide, en chaîne, très courte parce que dans ces périodes de crise il faut pouvoir décider rapidement. Nous sommes une équipe rassemblée au service des Français, en tout cas c'est ce que je vis, je peux en témoigner.

ELIZABETH MARTICHOUX
Très bien ? Mais est-ce que prendre le risque d'affaiblir ce que vous décrivez, ce serait responsable aujourd'hui politiquement ?

BRUNO LE MAIRE
Ce serait pas responsable du tout, c'est bien pour ça que personne ne le fait. Nous sommes en période de crise comme la France n'en a pas connu depuis la Seconde Guerre mondiale. Des Français sont inquiets, certains sont désespérés parce qu'ils ont beaucoup perdu dans cette affaire, en particulier des petits entrepreneurs auxquels va en priorité mon soutien, personne ne comprendrait, pas un Français que nous ne soyons pas tous mobilisés au gouvernement dans la majorité pour aider les Français et pour soutenir la France. Moi je n'ai jamais autant cru dans l'avenir de mon pays, jamais, parce que j'ai vu à quel point les Français étaient solides, à quel point ils étaient capables de faire face. Je connais les capacités de l'économie française, nous allons nous en sortir et nous allons réussir et l'équipe à laquelle j'appartiens, avec laquelle je passe quasiment toutes mes journées parce qu'on travaille beaucoup, c'est une équipe totalement solidaire. Moi je n'ai pas vu de tension, je n'ai pas vu de divergences, je n'ai pas vu de conflit, je n'ai pas vu de querelle entre aucun des membres de l'exécutif et je veux en témoigner ce matin parce que je pense que c'est important dans la période que nous traversons de Savoie que l'équipe qui gouverne le pays est totalement unie, totalement solidaire et totalement au service des Français.

ELIZABETH MARTICHOUX
Merci beaucoup Bruno LE MAIRE d'avoir été notre invité ce matin.

BRUNO LE MAIRE
Merci Elizabeth MARTICHOUX.

ELIZABETH MARTICHOUX
Bonne journée à vous


source : Service d'information du Gouvernement, le 30 avril 2020