Texte intégral
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
On va donc avoir des précisions sur ce que nous a annoncé le Premier ministre Edouard PHILIPPE hier, puisque c'est Agnès PANNIER-RUNACHER, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie, qui est votre invitée, Hedwige CHEVRILLON. Bonjour.
HEDWIGE CHEVRILLON
Bonjour Christophe. Bonjour Agnès PANNIER-RUNACHER, merci d'être avec nous en duplex de Bercy. Beaucoup beaucoup de questions à vous poser, parce que vous êtes évidemment, Madame Industrie, industrie française, on va voir comment là relancer, je sais que vous rencontrez toute la filière automobile jeudi prochain, et puis en même temps vous êtes Madame Masques, donc c'est vous qui êtes en charge de trouver les masques nécessaires pour ce fameux 11 mai, jour de déconfinement. Alors, protéger, tester, isoler, c'était les mots utilisés hier, le triptyque utilisé hier par le Premier ministre. Il a dit : il faut éviter l'écroulement de l'économie française, il y a un risque. Est-ce que le 11 mai vous dites, coûte que coûte, aux industriels, aux chefs d'entreprise, aux salariés qui vous écoutent, il faut retravailler ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Bonjour Hedwige CHEVRILLON. Je crois qu'il ne faut pas opposer sanitaire et économique. Nous reprendrons le travail dans des conditions sanitaires irréprochables, c'est une clé pour que ça fonctionne pour l'économie, c'est une clé pour que ça fonctionne pour la santé et nous ne pourrons pas nous permettre d'avoir le virus qui circule de manière trop rapide, suite à cette reprise, car il faudra à nouveau freiner l'activité économique. Donc il n'y a pas d'ambiguïté sur le sujet, sur ce qui guide nos choix, ce sont des choix qui sont guidés, on l'a vu, il y a des zones vertes, il y a des zones rouges, donc il y a des zones où le c'est le virus circule moins et on pourra aller plus loin dans la reprise du travail. Et il y a une grande confiance qui est faite aussi aux acteurs de terrain, je crois que c'est ce que le Premier ministre a voulu dire, en disant que les préfets, en disant que les entreprises, sur le terrain, pourraient adapter leur dispositif en fonction de la situation particulière de chacun des territoires.
HEDWIGE CHEVRILLON
Est-ce que ce n'est pas, en fait ce n'est pas un déconfinement, c'est plutôt un desserrement du confinement, non, le plan annoncé par le Premier ministre ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
C'est un déconfinement progressif. Typiquement, nous demandons aux télétravailleurs de rester le plus possible en télétravail, parce que nous avons besoin effectivement de relancer l'économie, en particulier les secteurs d'activité qui peuvent aujourd'hui fonctionner, on en a besoin, parce qu'il va falloir soutenir d'autres secteurs d'activités, qui sont aujourd'hui à l'arrêt, et plus nous pourront réenclencher cette mécanique de reprise de l'activité, avec des conditions sanitaires irréprochables, plus on sera en capacité de soutenir des secteurs d'activités qui sont aujourd'hui bloqués.
HEDWIGE CHEVRILLON
On va y revenir bien sûr, mais là, vous voyez bien, il y a de nouvelles dates qui ont été créés, donc ça crée quand même un climat d'incertitude pour les chefs d'entreprise, qui détestent ça, vous avez le 11 mai bien sûr, mais il y a le 7 mai maintenant et puis il y a aussi le 2 juin, et puis aussi fin juin.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, le 2 juin c'est très simple, c'est pour des secteurs qui savaient qu'ils n'allaient pas redémarrer le 11 mai, donc on leur donne une perspective, ce sont les restaurants, les bars, les cafés, ce sont des activités qui reçoivent beaucoup de public, qui donc présentent à ce titre une forme de difficultés supplémentaires pour la reprise, et d'ores et déjà nous leur donnons une perspective. Moi je me souviens de leur inquiétude, pour être beaucoup en contact avec eux, ils imaginaient qu'ils allaient reprendre au 15 juillet ou encore après. Donc il faut leur donner une visibilité, et au contraire le Premier ministre leur donne une visibilité.
HEDWIGE CHEVRILLON
Le 7 mai, 11 mai, versus 11 mai, il y a un doute, il y a un doute dans tous les cas pour appuyer sur le bouton et reprendre l'activité.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Je crois que les Français ne comprendraient pas que l'on déconfine, alors que la circulation du virus n'est pas stabilisée ou en diminution. Donc effectivement on se donne des indicateurs, c'est un pilotage, on est dans le cockpit, on regarde les instruments de mesure, et en fonction de ces instruments de mesure, on prend les décisions adaptées.
HEDWIGE CHEVRILLON
La question c'est aussi comment remettre les salariés au travail, parce que certains peuvent être tentés de rester au chômage partiel, parce qu'il est quand même 84% de votre salaire net, des chefs d'entreprise peuvent compléter. Et puis des chefs d'entreprise peuvent être tentés aussi de maintenir des salariés au chômage partiel. Jusqu'à quand faut-il maintenir ce dispositif s'il y a reprise d'activité progressive, certes, le 11 mai ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Le chômage partiel, c'est une chance pour la France, c'est une chance pour les salariés, parce que ça a justement permis d'éviter les licenciements massifs, au moment du confinement.
HEDWIGE CHEVRILLON
Ma question c'est : jusqu'à quand ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Et dans le redémarrage, je crois que ce serait un mauvais conseil à donner aux entrepreneurs, que de ne pas remettre en route la machine quand ils en ont la possibilité. Parce que le chômage partiel, lorsqu'on peut retravailler, c'est une fausse bonne idée. C'est une fausse bonne idée pour les salariés qui perdent quand même une partie de leur rémunération nette, et alors peut-être pas au Smic, mais au-delà, et lorsque vous perdez 14 % de votre salaire net, ce n'est pas exactement l'épaisseur du trait, c'est une fausse bonne idée pour l'entreprise, parce que malgré tout, elle consomme de la trésorerie dans ces moments de chômage partiel, parce qu'il y a les autres charges fixes. Donc redémarrer à un bon rythme, pour permettre d'atteindre un rythme de sortie en fait de la zone rouge, est absolument essentiel pour les entreprises, et grâce au chômage partiel elles peuvent le faire en sécurité, c'est-àdire progressivement. Il n'y a pas d'effet de falaises où tout d'un coup tout s'arrête, et c'est tout l'enjeu des dispositifs que nous proposons.
HEDWIGE CHEVRILLON
Pas d'effet falaise. Sur les masques, puisque vous êtes Madame Masques, c'est vous qui vous débattez pour essayer de trouver enfin des masques, parce que les masses vont devenir obligatoires, le grand public devra obtenir un masque… Du reste, où est-ce qu'il va trouver des masques, Agnès PANNIER-RUNACHER, c'est à peu toute la question, et à quel prix ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, les masques ils seront obligatoires lorsqu'on ne sait pas respecter la distanciation sociale, c'est le cas en entreprise, c'est le cas dans la vie de tous les jours. Ensuite, où les trouve-t-on ? Aujourd'hui, 41 millions de masques ont été produits ou importés sur le territoire national. S'ajoutent à cela 26 millions de masques pour la semaine dans laquelle nous sommes, du 27 avril jusqu'à dimanche. S'ajoutent à cela 31 millions de masques la semaine suivante. Donc, vous voyez, nous ne sommes pas inactifs pour la production et l'importation de masques. Et, ce que je suis en train de faire, c'est de mettre en place des canaux de distribution, pour que les Français trouvent des masques à la portée de leur domicile et à la portée de leur budget. Et je veux vous annoncer, par exemple aujourd'hui, que j'ai obtenu un accord avec la grande distribution, pour que certaines enseignes commencent à distribuer, à vendre des masques dès la semaine prochaine, et pour que toutes les enseignes vendent des masques à partir du 11 mai. Et nous avons également travaillé sur les prix. Les enseignes ont pris des engagements, de la grande distribution, des engagements sur les prix, de 2 à 3 € le masque lavable réutilisable. 2 à 3 € le masque lavable réutilisable, ça veut dire entre 10 centimes et 30 centimes l'usage. Et sur les masques papier à usage unique, les grandes enseignes les vendront à prix coûtant. Donc vous voyez, nous avons là des accès aux masques, dans différents canaux de distribution, la grande distribution, les pharmacies, les buralistes, d'autres aujourd'hui qui se positionnent aussi, et des prix qui doivent être à la portée de tous les budgets. Je veux également indiquer une chose : lorsqu'on travaille et qu'on ne peut pas respecter la distanciation sociale, c'est à l'employeur de fournir les masques. Et pour les plus vulnérables, le Premier ministre…
HEDWIGE CHEVRILLON
Donc de payer les masques.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Voilà. Le Premier ministre l'a dit très clairement : pour les plus vulnérables, nous mettrons à disposition 5 millions de masques par semaine, réutilisables 20 fois, donc c'est l'équivalent de 100 millions de masques à usage unique, pour venir à disposition des plus vulnérables.
HEDWIGE CHEVRILLON
Est-ce qu'il ne faut pas aussi peut-être, je sais que vous avez fermé la porte, mais quand même, réfléchir au fait d'encadrer le prix des masques, parce qu'on l'a vu avec les gels hydro alcooliques, dès que c'était devenu la panacée peut-être pour lutter en tous les cas contre ce virus, les prix ont augmenté d'une manière très forte, donc ici même Bruno LE MAIRE avait dit : j'encadre le prix du gel. Est-ce qu'il ne faut pas faire la même chose sur les masques ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Comme je vous l'ai dit, aujourd'hui moi je travaille sur le prix et justement le fait que les grandes enseignes soient à marge minimale sur les masques, qu'elles importent ou qu'elles font fabriquer en France, c'est donc le cas des 2 à 3 €. Sur les masques à usage unique en papier, nous sommes en train de regarder un encadrement du prix, pour voir si c'est utile. C'est difficile, parce que ce sont des masques qui sont importés. Donc on ne peut pas imposer à des fabricants étrangers de nous les vendre à un prix donné. En revanche on peut imposer aux revendeurs français de minimiser leurs marges. Donc ça on regarde sur ces masques-là, parce que ce sont des masses qui sont uniques dans leur facture. En revanche, les masques lavables en tissu et réutilisables, on donne souvent le cas d'un masque qui est à 10 €, on oublie de préciser qu'il et lavable 45 fois. Donc il faut rapporter le prix à l'usage, et effectivement nous serons très attentifs. J'ai demandé à la DGCCRF de me faire des propositions pour…
HEDWIGE CHEVRILLON
Ah, petit problème de liaison, Agnès PANNIER-RUNACHER, est-ce que vous êtes avec nous ? Donc on a bien compris, le masque c'est donc distribué dans la grande distribution. Est-ce qu'on peut retrouver Agnès PANNIER-RUNACHER ? Rupture de faisceau ou pas ? Pour l'instant elle est partie, on va peut-être revenir sur les annonces d'Agnès PANNIER sur les masques, avec masque grand public qui sera donc vendu entre 2 et 3 € dans la grande distribution, à partir du 4 mai, et puis les masques à usage unique qui devraient être vendus à un prix inférieur à 1€, mais on sait que le masque, en tous les cas le prix ne sera pas vraiment encadré, mais Bercy sera vigilant au niveau de la concurrence. Alors il y a beaucoup de questions aussi à lui poser sur la question de l'industrie, parce qu'Agnès PANNIER-RUNACHER est la ministre de l'Industrie, et donc est-ce qu'elle va lancer, est-ce qu'elle va lancer peut-être un nouveau plan pour soutenir l'industrie française ? Est-ce qu'on a retrouvé Agnès PANNIER-RUNACHER ?
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Non, toujours pas de faisceau. Hedwige CHEVRILLON, merci beaucoup en tout cas, on va retrouver tout de suite le journal de l'économie.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 30 avril 2020