Entretien de M. Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères, à BFM TV le 30 avril 2020, sur les vacances et l'épidémie de Covid-19.

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Intervenant(s) : 
  • Jean-Baptiste Lemoyne - Secrétaire d'État auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères

Média : BFM TV

Texte intégral

Q - Avant de vous entendre, je voulais vous soumettre cette image, qui n'est absolument pas d'actualité, c'était l'an dernier l'image de plages ensoleillées, bondées, sans évidemment de distance de sécurité possible, des milliers de personnes donc qui profitaient, à l'époque, du doux soleil et des plages. Jean-Baptiste Lemoyne, cette image, il faut clairement l'oublier ?

R - Je n'ai pas tout à fait vu l'image, par définition, étant en duplex.

Q - C'est pour cela que j'essayais de vous la raconter.

R - Ce que je peux vous dire, c'est que les vacances, la saison estivale, elle sera, par définition, différente de cette de l'année dernière. Il y aura un besoin de souffler, il y aura un besoin de prendre des vacances parce que je crois que nous vivons tous, individuellement, collectivement, un moment qui est un peu traumatique quelque part. Et donc, ces vacances seront bienvenues et, je veux le dire, ce sera le moment de redécouvrir notre pays, ses terroirs, ses territoires, son patrimoine. Donc, il y aura cette soupape qui sera bienvenue.

Maintenant, on y va avec méthode. Le Premier ministre a développé les axes, les principes qui vont guider, déjà, le déconfinement à partir du 11 mai jusqu'au 2 juin. Et nous avons donné rendez-vous à la fois aux acteurs du tourisme comme aux Français à la fin mai pour donner les précisions, les calendriers relatifs à la période qui va au-delà du 2 juin.

Finalement, cela veut dire que ce sont les Français, nous tous, qui avons dans nos mains cette saison estivale. Si nous voulons qu'une saison estivale la plus normale possible se déroule, nous devons maintenir l'effort, maintenir les efforts à partir du 11 mai, respecter toutes les précautions, notamment le fait de ne se déplacer que dans un rayon de cent kilomètres, dans un premier temps, le fait de respecter toutes les précautions sanitaires.

Très clairement, nous sommes encore en combat contre ce virus, contre cette épidémie, il faut le gagner ce combat.

(…)

Q - L'autre critère de déplacement, ce sont les couleurs des départements. Jean-Baptiste Lemoyne, ce seul rouge ou vert, selon des critères évidemment extrêmement précis mais qui restent à mettre en application, ce pourra être l'un des critères pour permettre d'assouplir les déplacements, et donc peut-être permettre à certains d'envisager de partir en vacances ?

R - Vous savez, je ne fais pas de science-fiction. Nous sommes dans la préparation du déconfinement du 11 mai. Et donc, se projeter dans celui qui sera au-delà du 2 juin, aujourd'hui, est totalement hasardeux. Moi, je ne suis pas là pour laisser entrevoir des choses qui, peut-être, ne viendront pas. Il est important justement, le moment venu, de donner de la certitude, de donner des perspectives aux professionnels, comme aux Français. Vous savez, beaucoup de professionnels reconnaissent que si on leur avait donné une date trop tôt, mais que cette date, elle aurait dû, par malheur, être remise en question parce que le comportement de l'épidémie l'aurait nécessité, ils auraient été mis en risque. Ils auraient peut-être recruté des saisonniers, ils auraient peut-être reconstitué des stocks et, finalement, pour ne pas rouvrir.

Donc, il est important d'agir avec méthode. Petit à petit, on le voit, progressivement, nous allons tendre vers un retour à la normale. D'ores et déjà, jusqu'au 2 juin, il y a la capacité de pouvoir se déplacer à l'intérieur de son département, d'avoir accès à une offre " nature et culture ", puisque certains musées, certains petits sites vont rouvrir, parce que dans les départements verts, les parcs, les espaces verts vont ouvrir. Donc, il y a la capacité à retrouver une offre qui permet déjà de souffler, de se ressourcer. Et puis après, naturellement, vous savez, je crois que le voeu le plus ardent des Français, des professionnels, mon voeu le plus ardent, c'est que naturellement, après, aux mois de juin, juillet et août, on puisse retrouver les jours heureux.

Mais cela nécessite une grande discipline, un grand civisme. Et puis cela va nécessiter des adaptations. Vous savez, nous travaillons avec les professionnels sur les protocoles sanitaires. Et donc, naturellement, des espaces comme les plages, nous devrons travailler aussi là-dessus. Beaucoup de préfets font des groupes de travail avec les professionnels. Nous sommes en train de regarder, de compiler, de regarder aussi ce qui se fait à l'étranger, pour que ces accès, pour que, tout simplement, les vacances soient des vacances sûres.

Je crois qu'il y a une envie de réassurance des Français. Il y aura d'ailleurs dans le tourisme estival, c'est mon sentiment, des Français qui vont aussi aller se réfugier dans des endroits qu'ils connaissent, des endroits dans lesquels ils se sentent en sécurité. C'est ce qu'on appelle le tourisme affinitaire. C'est aussi une belle carte à jouer pour nos territoires, et mon voeu le plus cher, c'est que chacun des territoires puisse s'en tirer, qu'on ne soit pas dans une guerre des destinations, et que, progressivement, ce tourisme national reprenne des couleurs.

En attendant, comme la situation est très compliquée, nous mettons en place une réponse économique massive, avec des exonérations de charges, avec le fonds de solidarité qui, pour le secteur du tourisme, a été augmenté avec des subventions jusqu'à dix mille euros. Donc on est au rendez-vous et on continuera de l'être pour que ce tourisme national reste sur la première marche du podium dans le monde.

Q - Merci beaucoup, Jean-Baptiste Lemoyne, d'avoir été avec nous en direct.


Souce https://www.diplomatie.gouv.fr, le 4 mai 2020