Entretien de M. Jean-Baptiste Lemoyne , secrétaire d'État auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères, à France Info le 6 mai 2020, sur le déconfinement prochain et l'éventuelle réouverture des lieux touristiques.

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Intervenant(s) : 
  • Jean-Baptiste Lemoyne - Secrétaire d'État auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères

Texte intégral

Q - Bonjour, Jean-Baptiste Lemoyne.

R – Bonjour.

Q - Vous êtes secrétaire d'Etat d'un secteur à l'arrêt, c'est le tourisme, en mode confiné depuis la mi-mars, et qui se demande de quoi demain sera fait. Vous nous direz dans un instant quelles sont les pistes du gouvernement, puisqu'on en est là, seulement aux pistes. Mais d'abord, un exemple concret, en Alsace : en temps normal, la région accueille vingt millions de touristes par an, mais en ce moment, c'est morne plaine. (...) Reportage à Colmar à la rencontre de la profession.

Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'Etat au tourisme, d'abord, à tous ceux qui avaient déjà réservé, avant la crise, une chambre d'hôtel, un camping ou un gîte pour cet été, vous leur dites "annulez" ou "attendez encore" ?

R - En fait, on a mis en place un dispositif, justement, qui leur permet, s'ils le souhaitent, de pouvoir reporter leur séjour. Les ordonnances ont prévu la mise en place d'un avoir et ainsi, lorsque la situation sanitaire le permettra, ils pourront faire leur déplacement.

Maintenant, pour s'organiser, très concrètement, pour l'été prochain, le président de la République l'a dit, on l'a écouté à l'instant, nous donnons rendez-vous aux Français, comme aux professionnels, fin mai. Pourquoi ? Parce qu'on a besoin d'avoir ce recul, sur quinze, vingt jours de la première phase de déconfinement, qui commence le 11 mai, voir comment se comporte le virus, l'épidémie, parce que nous ne voulons faire prendre de risque à personne ; aucun risque économique pour les professionnels, parce que s'organiser, c'est faire des stocks, c'est recruter des saisonniers, etc., et si d'aventure on devait revenir sur une date, cela serait pire que tout, et on ne joue pas avec la santé des Français, tout simplement.

Q - Est-ce que vous imaginez un été sans vacances ?

R - Cet été, il y aura un besoin, je pense, profond, de faire un break, de changer de rythme et de changer de cadre. Maintenant, cela va se faire sûrement différemment de ce que l'on faisait les années précédentes. Il est sûr que le déplacement à plusieurs milliers de kilomètres, il est exclu…

Q - Il est complètement exclu ? Prendre l'avion pour partir à l'étranger cet été, c'est non ?

R - Vous savez, les frontières Schengen, les frontières extérieures de l'Europe, vont être fermées encore pour plusieurs semaines et plusieurs mois. Donc, en réalité, le tourisme va reprendre par cercles concentriques, c'est-à-dire que le premier moteur de cette reprise touristique, cela sera le tourisme national, ce seront les Français qui iront à la redécouverte de nos terroirs, de nos territoires, de notre patrimoine et d'ailleurs votre reportage l'illustrait excellemment.

Je crois que les Français eux-mêmes vont avoir une façon de pratiquer le tourisme un peu différente. Il y a un besoin de réassurance sanitaire, on travaille beaucoup avec les professionnels sur ces fameux protocoles sanitaires pour s'assurer qu'à tout moment tout est respecté et que le client soit rassuré.

Q - Jean-Baptiste Lemoyne, certains maires envisagent déjà de réserver leurs plages à leurs habitants. Est-ce que c'est une possibilité ?

R - Alors, là aussi, sur l'utilisation des plages, rendez-vous à la fin mai pour cette étape. Pour l'instant, elles sont fermées jusqu'au 2 juin, le Premier ministre l'a dit dans sa déclaration à l'Assemblée nationale, parce que ce sont de véritables aimants. Et aujourd'hui, ce que l'on souhaite, c'est éviter les grands brassages de population pour continuer à lutter et à gagner contre ce virus. Vous savez, en 1936, les congés payés c'était une conquête sociale, eh bien, en 2020, ces vacances, cela sera une conquête sanitaire. On doit encore, pied à pied, faire refluer l'épidémie.

Q - Si les règles sanitaires sont les mêmes cet été, c'est-à-dire les règles de distanciation, notamment d'au moins un mètre, elles s'appliqueront partout, y compris à la plage ?

R - Là aussi, le mode d'emploi, je dirais, de la plage, on est en train d'y réfléchir, parce que, très clairement, on ne pourra pas être entassés comme on l'était précédemment, je crois que c'est une évidence.

Q - Est-ce que la carte de France en vert et rouge, à laquelle on est en train de s'habituer en ce moment, pourrait être un outil dans la préparation des vacances ?

R - Alors, d'ores et déjà, c'est un outil pour la période du 11 mai au 2 juin. En effet, dans les départements où le virus circule moins activement, ces fameux départements verts, eh bien, les parcs, les jardins, du coup, l'accès à la nature sera possible, alors que dans les départements rouges il y aura beaucoup plus de précautions de ce point de vue-là.

En revanche, ce qui est sûr, c'est que, dès le 11 mai, des petits musées, des petits sites, vont pouvoir rouvrir. Et donc, d'ores et déjà, que l'on soit dans un département vert ou dans un département rouge, il y a une offre, une offre de proximité, qui sera accessible, je crois que c'est déjà un progrès, parce que jusqu'à maintenant nous étions tenus par ce rayon d'un kilomètre, désormais on l'élargit à cent kilomètres. C'est une première possibilité de souffler, de s'oxygéner, parce que le moment que nous avons vécu, collectivement, il faut se le dire, il est un peu traumatique. Et je crois qu'il y a ce besoin aussi de pouvoir faire un break.

Q - Si je résume et dites-moi si je me trompe, on n'annule pas ses réservations ou ses billets de train, si on en avait déjà, et on n'envisage pas de partir en dehors d'Europe, c'est bien cela ? Et pour le reste, on se donne rendez-vous dans un mois ?

R - En fait, lorsqu'on a une réservation, on sait, grâce à l'ordonnance que l'on a prise, que l'on va pouvoir faire un report de cette réservation, si les conditions ne permettent pas de partir. Donc là, nous avons apporté une réponse, à la fois pour le touriste et pour le professionnel. Et pour le reste...
Q - Mais en dehors de l'Europe, on est d'accord ?

R - Pour le reste, rendez-vous fin mai pour les calendriers, les précisions, l'été commence le 21 juin, les enfants sont à l'école jusqu'au 4 juillet. Naturellement, au mois de juin, tout le monde s'organisera.

Q - Merci à vous, Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'Etat au tourisme, et belle journée à vous.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 7 mai 2020