Entretien de M. Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères, à LCI le 15 mai 2020, sur la crise du secteur du tourisme en raison de l'épidémie de Covid-19.

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  • Jean-Baptiste Lemoyne - Secrétaire d'État auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères

Média : La Chaîne Info

Texte intégral

Q - Vacances d'été, dans quelles conditions ? On répond à vos questions ce matin, puisqu'on a appris hier qu'on aurait des vacances effectivement en juillet et en août. Edouard Philippe a fait des annonces, du coup, la SNCF vous permet également de réserver vos billets de train à partir d'aujourd'hui. En revanche, il faudra encore attendre pour un voyage en Europe, car on manque de visibilité sur l'évolution de la situation sanitaire. Ce sont effectivement les recommandations du gouvernement, mais on va vous aider à avancer, si vous pensez déjà à réserver vos vacances, et on vous comprend. Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'Etat chargé du tourisme aux affaires étrangères, est avec nous. Merci d'être là. Renaud Muselier, président de la région Sud Provence-Alpes-Côte d'Azur, et Philippe Gombert, président de Relais & Châteaux est avec nous également.

Je vais commencer par vous Jean-Baptiste Lemoyne. Dans quelles conditions est-ce que vous pouvez dire sur LCI ce matin, aux Français qui nous regardent, qu'ils auront des vacances presque normales ?

R - En tous les cas, c'est un coin de ciel bleu, je crois, qui se lève, qui s'entre-rouvre. Oui, nous travaillons à ce que les Français aient des vacances, elles seront peut-être un petit peu différentes de celles de l'année passée, parce que, eh bien, voilà, nous avons appris à vivre avec ces gestes barrières, avec un certain nombre de protocoles sanitaires. Mais j'ai une conviction, c'est que ces vacances, elles seront réussies parce que les professionnels ont à coeur d'accueillir les Français, ils ont des fourmis dans les jambes, si je puis dire, ce sont des professionnels de l'accueil et ils veulent procurer de belles expériences, et les territoires aussi, le président Muselier y travaille avec les régions de France, pour que tout le monde soit prêt, fin prêt. Je crois que tout le monde a besoin de ce temps d'oxygénation, après les moments un peu traumatiques que nous avons vécus, et c'est bien normal.

Q - Jean-Baptiste Lemoyne, est-ce que vous pouvez nous confirmer ce matin sur LCI, donc que l'on aura des vacances quasiment normales, quelle que soit l'évolution du virus ?

R - Vous savez, le virus, lui, il ne prend pas de vacances, donc naturellement tout est conditionné à l'évolution de la lutte contre l'épidémie. Et c'est pourquoi, je crois, il faut que nous soyons toujours tous prudents, attentifs, que nous ne relâchions pas l'effort, aussi pour permettre à un certain nombre de territoires qui sont aujourd'hui classés rouges, eh bien, progressivement de passer en vert et donc d'avoir accès à une capacité d'ouverture plus large encore. Mais je crois que l'on a des trésors, des joyaux partout sur le territoire en France et qu'il y a une envie de France, que les Français vont se réapproprier ce temps estival et vont en profiter pour se retrouver peut-être plus en famille, dans des lieux qu'ils connaissent plus, des lieux qui les rassurent. Mais le principal, c'est que le moteur du tourisme domestique permette au tourisme de repartir.

Vous savez, d'ordinaire on a dix-sept millions de touristes internationaux qui sont en France l'été. Cette année, on devra sûrement se passer d'eux, il est donc important que nous soyons, nous aussi, au rendez-vous de la solidarité aux côtés des professionnels du tourisme.

Q - Voilà, et vous encouragez évidemment chacun d'entre nous à prendre des vacances en France cet été. Jean-Baptiste Lemoyne, on imagine que les annonces qui ont été faites hier sont un soulagement pour tout le secteur que vous représentez.

R - Alors, très clairement, dix-huit milliards d'euros c'est inédit. Le président de la République avait annoncé d'ores et déjà, dès le 24 avril, dix milliards d'euros d'aides directes, de subventions à travers la prise en compte du chômage partiel, à travers l'exonération de charges, et aujourd'hui le gouvernement a annoncé huit milliards d'euros supplémentaires de financements, d'investissements, pour aussi aider les professionnels du tourisme à repartir, parce que cette reprise va être progressive, on le sait. Les jauges vont être adaptées, compte tenu de la mise en place des protocoles sanitaires, il faut donc les aider par ces aides économiques. Encore une fois, le tourisme c'est un secteur majeur, parce que ce sont deux millions d'emplois et, au-delà, c'est beaucoup de secteurs de l'amont et de l'aval qui sont impactés. Regardez, si dix restaurants ferment, eh bien, cela veut dire que c'est moins de débouchés pour nos agriculteurs, c'est moins de débouchés pour nos pêcheurs, c'est peut-être moins de nos appellations d'origine protégées qui peuvent trouver des débouchés. Donc c'est important, en aidant le tourisme, on aide l'économie nationale tout entière.

(…)

Q - Je vais revenir vers vous, Jean-Baptiste Lemoyne, est-ce que dans ces conditions vous pensez que l'on va pouvoir sauver la saison touristique ? Puisque vous avez fait des annonces très vite, donc, quatre jours après le déconfinement, ce qui permet au secteur du tourisme de se préparer, de se retourner, est-ce que vous pensez que la saison est sauve ?

R - Bon, c'est uniquement à la fin de l'année que l'on pourra voir, mais ce qui est sûr, c'est qu'il y a eu un déclic psychologique. Je vais vous donner un chiffre. Gérard Brémond, le président de Pierre & Vacances et Center Parcs, me signalait hier soir qu'il avait enregistré 25% de réservations supplémentaires hier par rapport au à la même date l'année dernière. Cela montre que les Français ont entendu ce message du voyage en France et moi je m'en réjouis.

Par ailleurs, le président Muselier évoquait la saison estivale avec de l'optimisme, j'en ai d'autant plus qu'il faudra également chercher à étendre cette saison. Il y a le mois de septembre, le mois d'octobre, notamment sur ces zones de la région Sud où je crois qu'on a cette capacité à proposer, à " dessaisonnaliser " et donc, encore une fois, peut-être, à aider les professionnels à repartir.

Q - 25% de réservations vous dites effectivement, c'est l'effet des annonces du gouvernement.

(…)

Q - Jean-Baptiste Lemoyne, justement Renaud Muselier évoquait ces chèques-vacances, est-ce que vous avez d'autres initiatives, peut-être, à prévoir, pour booster et relancer ce secteur du tourisme ?

R - Le président de la République a souhaité effectivement que nous travaillions sur ce tourisme pour tous, pour aider les Français à partir en vacances, donc nous travaillons sur justement un chèque-vacances qui serait effectivement dédié à cette saison, en partenariat avec les régions, les territoires naturellement. Il y a également des dispositifs, peut-être trop méconnus, mais qui sont intéressants. Vous savez il existe ce qu'on appelle le "Billet annuel congés payés", cela permet avec la SNCF, d'avoir des réductions de 25 ou 50 %, justement, lorsque l'on se paie en chèques-vacances cet aller-retour estival. Eh bien, il faut que ces dispositifs soient connus, que les Français se les approprient, il faut naturellement les aider à partir, à souffler, c'est un besoin, je crois, qui est vital et surtout, c'est aussi un geste de solidarité avec tous les territoires et toutes les professions qui ont été lourdement impactées.

Depuis le début de la crise, c'est le premier secteur qui est touché de plein fouet à ce niveau-là, quasiment 100% à l'arrêt pendant deux mois et demi. Voilà. On a besoin de repartir de l'avant, c'est le message d'espoir qui était lancé hier.

Q - Eh bien merci beaucoup, en tout cas, Jean-Baptiste Lemoyne, d'avoir été avec nous.


source : https://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 mai 2020