Déclaration de M. Jean-Yves Le Drian, ministre de l'Europe et des affaires étrangères, sur la coopération entre la France et l'Irak face à l'épidémie de Covid-19 et dans la lutte contre Daech, à Bagdad le 16 juillet 2020.

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Circonstance : Point de presse conjoint avec M. Fouad Hussein, ministre irakien des affaires étrangères

Texte intégral

Merci, cher ami,
Mesdames, Messieurs,


Je suis très heureux de retrouver mon ami Fouad Hussein ici, dans ses nouvelles fonctions de ministre des affaires étrangères. Nous avons eu l'occasion de nous rencontrer à plusieurs reprises dans le passé et c'est vraiment pour moi un moment très agréable et très utile, parce que nous avons ensemble une relation de confiance.

C'est mon huitième déplacement comme ministre en Irak et c'est mon premier déplacement comme ministre des affaires étrangères hors d'Europe depuis la crise du coronavirus. C'est dire l'importance que j'accorde à notre relation, et au-delà de moi, le président Macron, à la bonne relation que nous avons avec votre pays.

Nous connaissons tous les défis auxquels vous êtes confrontés. Face à ces défis, je suis venu vous apporter, cher ami, le soutien et la solidarité de la France.

Soutien et solidarité de la France, d'abord, face à la crise sanitaire, à laquelle votre pays est aujourd'hui durement confronté, comme la France l'a été il y a quelques semaines. Pour soutenir l'Irak, la France vient de financer l'équipement en respirateurs de l'hôpital de Bassora. Ces matériels indispensables vont aider les soignants irakiens, dont je salue la mobilisation, à sauver des vies dans les semaines qui viennent. Et les organisations humanitaires françaises, en collaboration avec leurs partenaires irakiennes, distribuent médicaments et aide alimentaire tout en menant des campagnes de prévention.

J'ai dit, soutien et solidarité face à la crise sanitaire, mais soutien et solidarité, ensuite, face à la crise économique. Nous étions là, dans le combat, auprès de vous, et nous sommes là aussi dans la reconstruction. Nous avons mobilisé une facilité de financement d'un milliard d'euros pour permettre la mise en oeuvre de grands projets de reconstruction, dans le domaine des transports, de l'énergie, de l'eau. Ils peuvent doter l'Irak d'infrastructures et de services indispensables à la population, tout en créant de nombreux emplois en direction de la jeunesse. Et ce dispositif est là sur la table.

Soutien et solidarité, aussi, vis-à-vis du nouveau gouvernement. J'aurai l'occasion de rencontrer tout à l'heure le premier ministre et je verrai à nouveau avec plaisir le président de la République. Nous avons pu saluer déjà les premières décisions courageuses prises par ce nouveau gouvernement pour répondre aux attentes politiques et sociales des Irakiens. Et j'ai dit à mon collègue, il y a un instant, je le redirai cet après-midi, notre volonté d'apporter notre appui aux réformes nécessaires pour répondre aux aspirations de la population. Nous avons signé l'an dernier une feuille de route stratégique qui consacre la coopération dans tous les domaines entre nos deux pays et nous allons maintenant continuer à la mettre en oeuvre.

Enfin, soutien et solidarité dans la lutte contre Daech, Fouad Hussein vient d'en parler, il existe des signes préoccupants d'une résurgence de Daech en Irak comme en Syrie, et nous ne devons pas baisser la garde face à notre ennemi commun.

La lutte contre Daech est un effort collectif que nous poursuivons au sein de la Coalition mais tout en affirmant, évidemment, que la vocation de la Coalition est essentiellement de se battre contre Daech et ne doit en rien se détourner de sa mission centrale. La vocation de la Coalition, c'est aussi le respect de la souveraineté de l'Irak.

Le respect de la souveraineté de l'Irak n'est pas négociable. C'est la condition de la confiance, c'est la condition de la légitimité et de l'efficacité de nos opérations.

Et le respect de la souveraineté de l'Irak dépasse le seul cadre militaire, il est aussi au coeur des grands défis auxquels votre pays doit faire face, tant sur le plan intérieur que sur le plan régional.

L'enjeu de la souveraineté de l'Irak, c'est le respect de la souveraineté populaire, avec la rénovation de son projet national et démocratique que vous mettez en oeuvre et qu'a appelé le mouvement des derniers mois.

L'enjeu de la souveraineté de l'Irak, c'est la souveraineté de l'Etat, dont l'autorité est nécessaire pour assurer la sécurité des Irakiens. Et puis, c'est aussi l'affirmation d'une politique régionale qui doit permettre à l'Irak de se dissocier des tensions de son voisinage et de retrouver son rôle de premier plan. Son rôle de premier plan qui est celui d'une puissance d'équilibre dans un Moyen-Orient qui a bien besoin de puissance d'équilibre et de sérénité. Et ce sont les sujets sur lesquels nous allons continuer à travailler aujourd'hui.

Et c'est en tout cas la conviction de la France, que ce rôle central, cette affirmation de la souveraineté nationale irakienne, doit être vraiment, non seulement préservée, mais renforcée, et c'est la raison principale pour laquelle je suis ici aujourd'hui.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr,le 21 juillet 2020