Entretien de M. Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'État au tourisme, aux Français de l'étranger et à la francophonie, avec BFM TV le 29 juillet 2020, sur le tourisme face à l'épidémie de Covid-19.

Prononcé le

Intervenant(s) : 
  • Jean-Baptiste Lemoyne - sSecrétaire d'État au tourisme, aux Français de l'étranger et à la francophonie

Média : BFM TV

Texte intégral

Q - Le secrétaire d'Etat au tourisme, Jean-Baptiste Lemoyne, est mon invité, bonsoir.

R - Bonsoir

Q - Vous venez d'annoncer que le dispositif de chômage partiel sera prolongé jusqu'en décembre, c'est ça ?

R - Il y a un besoin, effectivement, d'accompagner ce secteur du tourisme, dans la durée. Le président de la République, le 30 avril, avait reçu le secteur, très tôt, en disant : " écoutez, il va falloir qu'on vous aide à trouver votre point d'équilibre parce que, on le sait, les clientèles vont mettre du temps à revenir. Certes, les frontières se sont rouvertes, à l'intérieur de l'Espace Schengen, néanmoins, vous savez, on recevait, chaque été, 17 millions de touristes internationaux. Aujourd'hui, ils ne sont pas là. Alors, moi, je me réjouis d'une chose, c'est que les Français, en revanche, ils ont entendu cet appel à un été bleu-blanc-rouge, à redécouvrir la France, ses terroirs, ses joyaux, puisque 7 Français sur 10, cet été, vont rester en France. Et c'est ce qui permet à un certain nombre d'acteurs touristiques d'enregistrer des taux d'occupation intéressants. Je pense aux Gîtes de France, je pense aux campings, notamment.

Q - Ce chômage partiel, qui donc est prolongé jusqu'à la fin de l'année, c'est sur les mêmes modalités que celui qui est actuellement en place ?

R - Alors, les modalités du chômage partiel existant vont jusqu'à la fin septembre. Et là, on est dans un travail interministériel avec Elisabeth Borne, la ministre du travail, justement, pour voir les modalités de la poursuite. Mais ce qui est sûr, c'est qu'il y a besoin de continuer à aider, dans la durée. Vous savez, il y a certains acteurs, je pense par exemple à l'événementiel ; les événements, au-delà de cinq mille personnes, ne pourront reprendre qu'au 1er septembre. Cela veut dire qu'ils vont faire, peut-être, 30% de ce qu'ils ont fait en 2019. Et donc, on voit bien que, pour arriver à préserver les compétences, les talents, les savoir-faire, les emplois,-parce que la France est quand même numéro un, sur le podium, en matière de tourisme-, eh bien, il y a besoin d'avoir ces outils...

Q - Certains syndicats voulaient une prolongation au moins jusqu'en avril 2021. Décembre, c'est trop tôt.

R - Vous savez, je crois que la caractéristique de ce gouvernement, et du gouvernement précédent d'ailleurs, cela a été, systématiquement, d'être très réactif. Donc, on évaluera la situation à chaque fois. Le Premier ministre, Jean Castex, l'a dit dans sa déclaration de politique générale, à l'Assemblée, le tourisme, le sport, la culture, des domaines très touchés, continueront à être aidés.

Q - Mais on envoie des messages contradictoires : on dit aux Français " partez en vacances, des vacances françaises, cela soutient l'activité touristique ". Et en même temps, certains maires ferment les plages, appuyés en cela par les préfets. Si les plages sont fermées, cela va faire fuir les touristes à Quiberon, aux Sables-d'Olonne.

R - On doit trouver un juste équilibre. Cet été, il sera un peu différent, c'est sûr. Le virus est encore là, on n'a pas de vaccin, on n'a pas de traitement, et donc cela veut dire que l'on doit continuer à être très prudents, très vigilants ; les gestes barrières, le masque, c'est imposé etc. Et puis, j'insiste aussi, vous savez, on a développé cette application Stop-Covid. Et je vois certains publics jeunes qui justement, se retrouvent entre eux ; qu'ils téléchargent ! Cela permettra de signaler, si l'un d'entre eux, à un moment, est déclaré positif. Donc, important...

Q - D'accord, mais les plages, est-ce que vraiment on a raison de fermer les plages ? Moi, quand j'interroge les médecins, ils disent que cela ne sert à rien, il vaut mieux que les jeunes soient dehors en plein air qu'enfermés dans des grandes maisons.

R - La recette, la clé du succès, c'est le travail entre les maires, les préfets, les ARS. C'est ça qui va permettre de gagner. Souvent, les décisions sont discutées entre les autorités et, regardez, je sais qu'aux Sables-d'Olonne, c'est trois heures qui ont été interdites, donc la plage reste ouverte 21 heures sur 24, si je puis dire. Donc, on le voit, important d'avoir des mesures adaptées à la situation locale, pour gagner, triompher, contre ce virus, et en même temps, faire en sorte que ces vacances puissent se dérouler, il y a un besoin de s'oxygéner, après la période que l'on a vécue.

Q - La Belgique conseille à ses ressortissants une vigilance accrue, dans deux régions françaises, l'Île-de-France et les Pays de la Loire. Les Belges ont raison de faire ça ?

R - Vous savez, nous sommes, nous-mêmes, en vigilance permanente. Olivier Véran, le ministre de la santé et des solidarités, nous a fait un point, ce matin, en conseil des ministres, justement, sur les clusters, on en a 142 sur le territoire national. Et après, on déploie l'armada pour tester, dépister...

Q - Mais les Belges disent en gros : attention, si vous allez en France, chez nos voisins français, n'allez pas trop en Île-de-France et dans les Pays de la Loire. C'est cela que ça veut dire, en fait. Et cela, on peut le supporter, c'est normal ?

R - Mais de la même façon que nous-mêmes, nous avons donné des recommandations vis-à-vis de Français qui partiraient en Espagne, en Catalogne...

Q - A Anvers, par exemple, si on va à Anvers, là ? Vous dites quoi, pour ceux qui vont à Anvers ?

R - Le Premier ministre a dit : en Catalogne, attention, il y a également des endroits...

Q - Et en Belgique, alors ?

R - ...sur lesquels il y a une recrudescence, donc, je veux dire, chaque pays...

Q - Mais en ce moment, en Belgique ? Parce qu'à Anvers, il y a un couvre-feu.

R - Ce que je dis, c'est que chaque pays...

Q - Vous dites quoi aux Français ? N'y allez pas ?

R - Non, ce que je dis, c'est de regarder le site Conseils aux voyageurs que fait le ministère de l'Europe et des affaires étrangères. Avec Jean-Yves Le Drian, on tient à mettre toutes ces informations à disposition pour que les voyageurs, les touristes, puissent préparer leur séjour, du mieux possible, avoir toutes les informations, c'est important...

Q - Ce n'est pas toujours simple.

R - Il y a besoin d'avoir la réassurance sanitaire, effectivement, pour bien préparer son voyage.

Q - Maintenant, parlons de ce mois de juillet qui se termine. Est-ce que l'on a déjà un premier bilan ?

R - Premier bilan qu'on peut commencer à faire, effectivement : il y a un effet rattrapage. Par exemple, les réservations dans les campings ont explosé, plus 70% en juillet 2020 par rapport à juillet 2019. Parce que les Français n'avaient pas réservé en amont. Taux d'occupation variable, selon les régions. Paris, Île-de-France, souffrent beaucoup plus, naturellement, en revanche la montagne, le rural, le littoral, s'en tirent bien. Les Gîtes de France auront un taux d'occupation de 95% au mois d'août. Donc, c'est quasiment du 100%. Et les campings espèrent faire une saison qui sera à 80% celle de l'année dernière. Donc, il y a une reprise, elle est là, elle est fragile, il faut faire attention, faire en sorte qu'il n'y ait pas de pépin sanitaire parce qu'on le voit, dès lors qu'il y a des petites signaux faibles, les annulations arrivent, les réservations ralentissent. C'est ce que je tire de mes contacts avec le comité de filière tourisme, juste avant de venir...

Q - Il ne faut pas montrer trop du doigt certaines régions, parce que tout de suite, la sanction tombe, les annulations arrivent.

R - C'est très clair, cela se traduit dans le comportement du consommateur, c'est normal, il demande de la réassurance sanitaire et c'est pourquoi aussi je salue les professionnels, ils se sont engagés à rembourser, parfois, les réservations, lorsqu'un voyage doit être annulé à cause d'un problème de Covid. Les fédérations, l'UMIH, le GNI, tout ça, ont mis en place également cette flexibilité financière. C'est à saluer. Donc, vous pouvez réserver en sachant que vous pourrez être remboursés s'il y a un problème.

Q - Merci, Jean-Baptiste Lemoyne, d'être venu sur le plateau de BFM Story.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 3 août 2020