Interview de Mme Agnès Pannier-Runacher, ministre de l'industrie, à CNews le 25 août 2020, sur les violences urbaines, le séparatisme, la production de masques et le plan de relance de l'économie.

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Média : CNews

Texte intégral

ROMAIN DESARBRES
L'interview de Laurence FERRARI qui reçoit ce matin Agnès PANNIER-RUNACHER.

LAURENCE FERRARI
Merci beaucoup Romain. Bonjour Agnès PANNIER-RUNACHER, bienvenue sur le plateau de Cnews.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Bonjour Laurence FERRARI.

LAURENCE FERRARI
Vous êtes ministre déléguée à l'Industrie. L'actualité, ce sont bien sûr ces images de violences urbaines après le match PSG – Bayern, c'était avant-hier soir, des images insupportables aux yeux des Français, peut-être que l'on en voit quelques-unes, systématiques après tout rassemblement, toute manifestation. Est-ce que l'Etat est impuissant ? Est-ce que ces scènes-là vont être systématiques ? Combien de temps le désordre va régner dans notre pays ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Je crois qu'il est le fait de minorités, ce sont des scènes absolument inacceptables, et moi je remercie les forces de l'ordre qui sont intervenues. En l'occurrence, personne n'est au-dessus des lois, et c'est très exactement la ligne que nous suivons

LAURENCE FERRARI
Alors là, on ne voit pas beaucoup de policiers. Pas beaucoup de policiers, mais ils étaient déployés sur le terrain, 3 000 policiers.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Ils étaient déployés et ils ont surtout mis 148 personnes devant la justice, et c'est à la justice maintenant de prendre le relai.

LAURENCE FERRARI
Et on suivra l'application…

AGNES PANNIER-RUNACHER
Exactement.

LAURENCE FERRARI
Et on verra ce qu'il en ressortira. Mais c'est comme un tournoi systématique maintenant, entre les voyous et les forces de l'ordre. Encore une fois, est-ce que l'Etat est impuissant à mettre fin à ce désordre ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
L'Etat n'est pas impuissant, l'Etat agit, d'Etat applique la loi, personne n'est au-dessus des lois. Nous sommes le gouvernement qui avons renforcé le nombre de policiers, et je rappelle que les précédents gouvernements avaient diminué le nombre. Nous sommes le gouvernement qui avons remis de la police de proximité sur le terrain, c'est également essentiel, et nous venons de renforcer les moyens de la justice…

LAURENCE FERRARI
Ça reste limité encore, on est d'accord.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Et donc je crois que nous avons pris très sérieusement ce sujet…

LAURENCE FERRARI
Les Français ont du mal à entendre ça, parce que la vérité c'est ce qu'ils constatent tous les jours, la hausse de la violence. Qu'est ce que vous dites par exemple à Augustin, 17 ans, qui a été tabassé à Lyon vendredi soir, il s'est interposé entre des jeunes filles et des voyous ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Je lui dis d'abord qu'il a fait preuve d'un grand courage, et je le remercie pour ça. Je lui dis à lui, ainsi qu'à sa famille, toute mon empathie, et je sais que ce qui lui est arrivé…

LAURENCE FERRARI
C'est un héros ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Oui, parce que ce mouvement, je dirais, citoyen, de venir s'interposer entre des voyous et des jeunes filles, c'est ce qui fait société et ce qui fait que nous sommes un grand pays. Et donc c'est à nous maintenant de poursuivre ces voyous, de les sanctionner, et de faire en sorte d'entourer Augustin pour qu'il puisse rebondir et que ces événements-là soient un mauvais souvenir pour lui.

LAURENCE FERRARI
Le président de la République parle de séparatisme, le ministre de l'Intérieur d'ensauvagement. On est au bord de la rupture, on est face à face comme disait Gérard COLLOMB à l'époque ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Je crois qu'il faut éviter de tomber dans l'anecdote, c'est-à-dire d'opposer des communautés. Ce sont les faits d'un certain nombre de personnes…

LAURENCE FERRARI
C'est ce que fait le président de la République ? Quand il parle de séparatisme, c'est ce que fait le président de la République ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Non, je ne le crois pas.

LAURENCE FERRARI
Ah ? Ok.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Ce qu'il pointe, ce sont des gens qui ne veulent pas rentrer dans la logique républicaine. Il y a des communautés qui ne veulent pas rentrer dans la logique républicaine…

LAURENCE FERRARI
Lesquelles ? Lesquelles communautés ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Des communautés qui par exemple ne mettent pas leurs enfants à l'école. Et moi je ne vais pas les qualifier par la religion, parce que ce n'est pas le point d'entrée, le vrai point d'entrée c'est : quels sont ceux qui depuis des années, et vous avez, puisque c'est le mot que vous souhaitez entendre, 5 millions de musulmans sur le territoire français...

LAURENCE FERRARI
Ah non, pas du tout, moi je ne parle pas de... Je vous demande : quelles communautés ? Vous me parlez de communautés, lesquelles ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
... 5 millions de musulmans qui sont parfaitement intégrés, parfaitement intégrés dans la…

LAURENCE FERRARI
Ah mais alors, la religion n'est pas du tout dans la discussion, c'est vous qui l'y apportez.

AGNES PANNIER-RUNACHER
... 5 millions de musulmans qui sont parfaitement intégrés, sur le territoire français. Et vous avez…

LAURENCE FERRARI
Mais on ne parle pas du tout de religion, madame, je suis désolée.

AGNES PANNIER-RUNACHER
... des communautés…

LAURENCE FERRARI
Je le reprécise.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Vous avez des communautés qui ne souhaitent pas mettre leurs enfants à l'école républicaine, qui se replient sur elles-mêmes et qui ne jouent pas avec les règles de la République. Et c'est bien de ça qu'il faut parler.

LAURENCE FERRARI
A priori, vous me parlez d'autres choses.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Ce sont des communautés isolées.

LAURENCE FERRARI
Moi je vous parle des voyous, je ne vous parle pas effectivement de religion.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Je pense que les séparatismes…

LAURENCE FERRARI
Ce n'est pas lié pour moi, mais peut-être que pour vous, ça l'est.

AGNES PANNIER-RUNACHER
C'est ça que pointe... Non, je ne le nie pas, il y a des actes de vandalisme qui sont le fait de personnes qui ne respectent pas certaines lois de la République, et vous avez le séparatisme dont parle le président de la République, qui vise plus spécifiquement, là des communautés, qui ne sont pas nécessairement violentes, mais qui ne s'intègrent pas dans les règles de la République. C'est pour être très clair.

LAURENCE FERRARI
Ok, à part des incantations et des tweets, que fait Gérald DARMANIN ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Eh bien il est sur le terrain, tous les jours. Il soutient les forces de l'ordre. Il fait en sorte de déployer plus de policiers…

LAURENCE FERRARI
Non mais c'est bien de les soutenir, c'est mieux de leur apporter des renforts en effectifs, des moyens matériels et le paiement des heures supplémentaires.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Voilà, je pense que c'est important. Tout ça est très important et il le fait, il le fait aussi auprès des pompiers, il le fait aussi auprès des forces qui accueillent les plaintes des victimes. Donc tout ça est très concret, et ça s'incarne dans une logique du quotidien, et dans des actes qui ne sont pas forcément éclatants, mais qui font que ça va changer la donne dans les mois et les années qui viennent.

LAURENCE FERRARI
Allez, on va parler du Conseil de défense et de sécurité nationale qui va avoir lieu tout à l'heure, avec le président de la République sur le Covid, vous y serez évidemment. Il y aura un certain nombre de mesures qui seront annoncées, revoir les contraintes sanitaires à l'école et en entreprise, peut-être un reconfinement partiel de certaines zones dont les Bouches-du-Rhône. Mais on va parler des masques. Vous vous êtes occupée pendant tout le confinement d'organiser, de renforcer la production et l'approvisionnement en masques pour notre pays, et de restructurer toute la filière industrielle française. Où est-ce qu'on en est aujourd'hui ? Vous me dites : ok, on a rattrapé le retard. Le retard ok, mais est-ce qu'on est encore dépendant des importations de la Chine au pas, madame ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Aujourd'hui, nous avions annoncé que nous serions en capacité de produire 60 millions de masques sanitaires, c'est-à-dire chirurgicaux et FFP2 en octobre, nous y serons. Et je peux vous annoncer que nous serons à 100 millions de masques sanitaires, FFP 2 et chirurgicaux en décembre. Nous avons donc multiplié par 30, 30, notre production de masques sanitaires. A cela s'ajoute la production de masques textiles, ce que le grand public a vocation à porter, parce qu'ils sont moins chers, plus écologiques…

LAURENCE FERRARI
Et moins efficaces.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Non, ça c'est également erroné, puisque ce sont des masques qui ont été produits sur la base d'une recommandation de l'Agence nationale du médicament et des produits de santé, et que cette recommandation a été relayée par une autre agence indépendante…

LAURENCE FERRARI
Donc ils sont aussi efficaces que les masques chirurgicaux.

AGNES PANNIER-RUNACHER
... française. Donc ils sont, au regard du Covid, aussi efficaces.

LAURENCE FERRARI
Ok. Super.

AGNES PANNIER-RUNACHER
En revanche, ils ne filtrent pas ceux que vous pouvez rencontrer dans les hôpitaux, ce qui fait la différence entre les deux pathologies.

LAURENCE FERRARI
Bien sûr.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Dans les hôpitaux vous êtes confrontés à toutes les pathologies.

LAURENCE FERRARI
Ma question c'était : est-ce qu'on est encore dépendant de la Chine ? Combien de masques nous arrivent encore aujourd'hui de Chine ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
En fait, nous ne sommes plus dépendants de la Chine, puisque nous pouvons nous appuyer sur la production nationale et sur la production européenne. Ensuite, qu'il y ait encore des flux d'approvisionnement avec la Chine, ça c'est un choix des acheteurs et en particulier des acheteurs privés.

LAURENCE FERRARI
Et ça représente quel volume ? 20%, 30% de ce qui arrive aujourd'hui dans notre pays ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Mais, en fait, la question dépend de où vous voulez vous sourcer. Ce qui est important c'est quelle est votre capacité de production. Nous, nous importons et nous exportons des masques aussi. Nous exportons des masques sanitaires, donc au fond si la Chine ferme, nous sommes capables de faire face, c'est ça la bonne réponse. Ensuite, qu'il y ait 40, 50% de masques en provenance de Chine, ça c'est le jeu des prix entre les masques chinois, les masques français, les masques allemands…

LAURENCE FERRARI
Justement, on va en parler des prix.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Mais ce n'est pas du même niveau…

LAURENCE FERRARI
Où est-ce qu'on en est de l'état des stocks stratégiques ? J'avais deux médecins hier sur le plateau de " Punch line", c'est une vraie inquiétude, ils ne savent pas où on en est ce stock stratégique, c'est un milliard à peu près de masques, pour être sûr qu'en cas de nouvelle pandémie on sera prêts. Vous avez les chiffres ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, ça c'est le ministre de la Santé qui le gère, mais nous sommes et il l'annoncera je crois très précisément où nous en sommes, où nous en sommes à plusieurs centaines de millions, effectivement…

LAURENCE FERRARI
Mais pas un milliard.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Pas nécessairement un milliard, mais nous produisons encore une fois 50 millions de masques sanitaires par semaine, ce qui n'a rien à voir avec la situation où nous étions auparavant.

LAURENCE FERRARI
Heureusement.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Et vous avez raison, heureusement, on a fait un bond quantique depuis le mois de février, et nous avons des stocks dans les entreprises, puisque moi j'ai demandé avec Olivier VERAN et Elisabeth BORNE…

LAURENCE FERRARI
Que l'on ait 10 semaines d'avance, hein, c'est ça.

AGNES PANNIER-RUNACHER
... que les entreprises aient 10 semaines d'avance de stocks. Nous avons des stocks dans la grande distribution, ils ont des millions de... dizaines de millions de stocks de masques. Nous avons des stocks chez les fabricants et nous sommes en capacité de fabriquer 100 millions de masques au mois de décembre. Donc vous voyez qu'on est très largement au-delà d'une situation de blocage sur les masques.

LAURENCE FERRARI
Il n'y a pas que les masques, il y a aussi les sur-blouses, les gants, il y a une surtension sur les blouses nous disent les personnels soignants. Pareil, ça arrive, ça c'est fabriqué, ça arrive de Chine, d'où ça vient ça ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
C'est fabriqué dans le monde entier, donc ce n'est pas une spécificité chinoise, là où les masques il y avait une spécificité, c'est qu'ils avaient la matière première, là aussi nous sommes désormais indépendants sur la matière première pour fabriquer les masques chirurgicaux, ce n'était pas le cas au mois de février. Les blouses, tout le monde peut en fabriquer, c'est une question de prix. Donc ça coûtera plus cher le cas échéant, mais en revanche nous pouvons produire des blouses. Le point de difficulté aujourd'hui c'est les gants, parce que c'est une matière qui dépend du latex, le latex c'est le caoutchouc qui est essentiellement produit dans certains pays, notamment la Malaisie, et là effectivement on a des points de tension que nous essayons de débloquer.

LAURENCE FERRARI
Le prix. Une famille de 3 enfants à partir du 1er septembre va devoir donc acheter 10 masques par semaine, ça fait plus de 9 € par jour, 50 € par semaine, 200 € par mois, et le gouvernement n'a pas prévu de les aider.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Moi je ne m'inscris complètement en faux sur votre budget. D'abord parce que si vous achetez des masques grand public, vous êtes aujourd'hui à un coût à l'usage de 10 centimes.

LAURENCE FERRARI
Quels masques grand public vous évoquez ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Les masques filtrants, lavables, réutilisable…

LAURENCE FERRARI
Textiles.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Textiles.

LAURENCE FERRARI
Moi je vous parle des masques en pharmacie.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Oui, mais attendez, si on a fait cette production de masques textiles…

LAURENCE FERRARI
Oui oui, il faut les écouler, on a compris qu'il fallait écouler les stocks.

AGNES PANNIER-RUNACHER
C'est un produit de santé. Ce n'est même pas une question d'écouler, c'est une question d'être responsable. Vous avez une Agence de santé, qui a produit une recommandation, qui est aujourd'hui regardée au niveau européen, qui est appliquée au Portugal, qui est appliquée dans d'autres pays, et qui vient de la France, nous devons être fiers de cet exercice qu'a fait la filière textile, avec les spécialistes et les experts de santé. Ces masques sont à moins de 10 centimes à l'usage. Et on ne voudrait pas les utiliser ? Pardonnez-moi mais je ne comprends pas cette démarche. Si maintenant on parle des masques chirurgicaux…

LAURENCE FERRARI
Parce que les Français n'ont pas confiance dans ces masques textiles, c'est ça que vous nous dites ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Mais beaucoup de Français les utilisent.

LAURENCE FERRARI
D'accord.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Beaucoup de Français les utilisent. Et deuxièmement, les masques chirurgicaux vous ne les achetez pas au prix plafond. Aujourd'hui les masques chirurgicaux ils sont plutôt du côté de 30 centimes d'euro…

LAURENCE FERRARI
Ils ne sont plus à 0,95 centimes.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Eh non, ça fait longtemps que le prix a baissé, et nous sommes…

LAURENCE FERRARI
Longtemps ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Nous sommes l'un des rares pays à avoir plafonné le prix, il n'y a que deux pays en Europe qui l'ont fait.

LAURENCE FERRARI
Est-ce que vous comptez annoncer un geste pour les familles, lors du Conseil de défense, un geste pour les entreprises, sur la question des masques, encore une fois ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Ce geste nous l'avons déjà fait pour les familles, puisqu'Olivier VERAN a diffusé 50 millions de masques cet été par lots de 6, aux familles les plus vulnérables d'un point de vue financier, de manière à les équiper. Donc nous n'avons pas attendu le Conseil de défense pour nous occuper de ces familles qui effectivement doivent faire face à des problèmes de budget et que nous allons équiper.

LAURENCE FERRARI
Oui, ils sont réels. Masque obligatoire, masque gratuit disait Jean-Luc MELENCHON dimanche, comme l'école est obligatoire, l'école est gratuite.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, c'est un choix différent que nous faisons, le choix effectivement d'équiper les gens qui en ont le plus besoin aujourd'hui, et qui ne peuvent pas faire face avec leur budget, là où les familles qui peuvent faire face, comme les employeurs qui peuvent faire face. Je rappelle que le masque c'est un élément, un équipement de sécurité, au même titre que le casque, au même titre que les chaussures de sécurité, au même titre que la chasuble, et je ne crois pas que l'Etat finance les casques sur les chantiers de BTP, parce que c'est obligatoire.

LAURENCE FERRARI
Alors justement, pour les entreprises, on a parlé des familles, on parle des entreprises, vous savez à combien on estime le coût de la protection des salariés, dans le contexte Covid ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Là, le coût de la protection des salariés ça dépend du type du secteur d'activité dans lequel vous êtes. Ce qu'on observe, c'est qu'effectivement on a des surcoûts qui peuvent être de l'ordre de 10, 15 %, soit en perte de productivité parce qu'il est difficile de faire croiser tout le monde et d'avoir, notamment dans le BTP, trop d'équipes sur le chantier qui travaillent en même temps, soit parce qu'effectivement il faut des équipements de sécurité complémentaires.

LAURENCE FERRARI
Les entreprises estiment à 100 € par jour et par salarié. C'est gigantesque. La protection au total, évidemment il y a les masques, il y a la désinfection des locaux, les plexiglas, la réduction des équipes, dans le BTP on parle même de plus de 100 €. Est-ce qu'encore une fois c'est bien d'annoncer des baisses d'impôts de production sur les entreprises, 10 milliards d'euros, ça, ça a été annoncé par Bruno LE MAIRE, mais est-ce qu'encore une fois ce surcoût là il n'est pas négligeable.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Il n'est pas négligeable, mais les entreprises sont à égalité devant ce coût, et nous sommes dans un pays, l'économie de marché c'est aussi payé les vrais coûts. On ne peut pas à la fois être moins disant socialement et environnementalement, et réclamer un surplus de protection sociale environnementale, et c'est la même chose pour la crise sanitaire, et c'est une règle du jeu qui s'applique mondialement. Tous les pays au monde sont confrontés à la même crise, et ils doivent faire face avec les mêmes armes, et toutes les entreprises dans le monde ont des surcoûts.

LAURENCE FERRARI
Donc ils se débrouillent.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Allez interroger les entreprises chinoises, ils doivent équiper.

LAURENCE FERRARI
Ils se débrouillent.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Non mais c'est la règle du jeu. C'est la règle du jeu Laurence FERRARI.

LAURENCE FERRARI
Mais ce n'est pas un jeu, en fait. En fait ce n'est pas un jeu. C'est l'économie réelle, c'est les emplois, c'est la façon dont les Français vont consommer demain, ce n'est pas un jeu.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Ce n'est pas un jeu, mais les entreprises, leur travail c'est d'avoir des recettes et des charges, c'est leur façon de travailler…

LAURENCE FERRARI
C'est de produire, leur travail.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Et donc ce n'est pas à l'Etat de se substituer aux chefs d'entreprise…

LAURENCE FERRARI
L'Etat ne peut pas tout, je crois que quelqu'un l'a dit avant vous.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Ce n'est pas à l'Etat de se substituer au chef d'entreprise par rapport à ses couts. Est-ce que l'Etat doit payer la blouse des personnes qui travaillent dans certains métiers ? Est-ce qu'il doit payer la charlotte ? Tout ça, ça fait partie des coûts de l'entreprise, c'est leur modèle économique.

LAURENCE FERRARI
Pour les personnels de santé, oui, évidemment.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Et donc c'est parfaitement légitime que les entreprises assument cette partie des coûts. Ça ne veut pas dire que ce ne soit pas facile pour les entreprises, nous notre travail c'est de baisser les impôts pour les entreprises, vous l'avez dit, parce que ça, ça s'applique à toutes les entreprises, et c'est accompagner les entreprises les plus fragiles, et nous sommes le pays, et je vous le dis très solennellement, nous sommes le pays qui avons fait le plus d'efforts pour sauver l'emploi et pour sauver les entreprises. Et je vous défie de citer un pays, un pays en Europe…

LAURENCE FERRARI
Bien sûr. Non non mais 460 milliards d'euros, c'est indéniable.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Un pays dans le monde qui ait fait autant d'efforts que nous. Et je pense que c'est beaucoup plus efficace qu'être là à la petite semaine, à financer trois masques ou deux charlottes.

LAURENCE FERRARI
Qu'est-ce qui vous prend d'attendre encore 8 jours pour annoncer le plan de relance de 100 milliards d'euros ? Il n'y a pas d'urgence ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Il y a une urgence, mais le plan de relance il est d'ores et déjà décidé, il est mis en oeuvre dans la partie industrielle, et là nous parlons de communication sur le plan, nous avons fait l'analyse si les Français avaient besoin…

LAURENCE FERRARI
Quand il y a un flou, il y a un loup.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Ça c'est une réaction…

LAURENCE FERRARI
De Martine AUBRY à l'époque, que je réactualise pour l'occasion.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Voilà. Non, il n'y a pas de loup, il y a juste le besoin de bien préparer la rentrée scolaire et je pense que les Français aujourd'hui sont fixés sur le besoin d'être très au clair sur la façon dont la rentrée scolaire va se passer, dont la rentrée également professionnelle va se passer, et le plan est prêt. Moi mes mesures industrielles, par exemple, elles ont déjà été votées, elles sont déjà en train d'être appliquées. Nous avons 490 millions d'euros qui sont en train de se déployer pour accompagner la transition écologique des entreprises, la numérisation, la modernisation des lignes de production, la relocalisation de productions en France. Vous voyez, c'est très concret.

LAURENCE FERRARI
C'est à long terme la relocalisation de production en France, hein, on est sur 4, 5 ans…

AGNES PANNIER-RUNACHER
Non, ça commence maintenant. Moi j'ai une trentaine de projets…

LAURENCE FERRARI
Mais avant que les usines naissent et voient le jour.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Ça dépend. Vous avez à des extensions de lignes de production, ça peut se faire dans les 12 mois, effectivement la construction d'une nouvelle usine c'est plutôt des projets à 36 mois

LAURENCE FERRARI
Merci beaucoup Agnès PANNIER-RUNACHER d'être venue ce matin sur Cnews.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 26 août 2020