Interview de Mme Agnès Pannier-Runacher, ministre de l'industrie, à RMC le 25 août 2020, sur les efforts du gouvernement en faveur des PME, le chômage partiel, la production des masques et leur coût.

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Média : Emission Forum RMC FR3 - RMC

Texte intégral

APOLLINE DE MALHERBE
Bonjour Agnès PANNIER-RUNACHER, merci d'être avec nous sur RMC ce matin, vous êtes la ministre déléguée à l'industrie et puis vous êtes également, et c'est aussi une des raisons pour lesquelles on vous reçoit ce matin, la marraine de la 11e édition des Trophées PME sur RMC, je vous en parlerai d'ailleurs tout au long des prochains jours. Les Trophées PME, vous le connaissez par coeur, c'est le premier concours de France dédié aux PME, les Trophées PME RMC, qui vous permettent, si vous êtes à la tête d'une PME, de vous inscrire et de gagner une campagne publicitaire de 100.000 euros bruts sur RMC, une manière de soutenir les PME. On va en parler d'ailleurs des PME tout de suite avec vous Agnès PANNIER-RUNACHER. Les PME au coeur du plan de relance, dont le Premier ministre a commencé à dévoiler les premières lignes hier, parce que vous sentez aussi que les PME ça va être les plus fragilisées par toute la crise qu'on a traversée et qu'on traverse encore ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Bonjour Apolline de MALHERBE. Les PME elles sont surtout au coeur de notre tissu productif, c'est elles qui emploient et qui sont déployées sur l'ensemble des territoires, et c'est aussi pour ça qu'il faut les accompagner. C'est, au fond, les futures entreprises de taille intermédiaire, et c'est les futures grandes, et nous ne devons pas les laisser au bord du chemin, et vous avez raison de dire qu'elles sont probablement plus fragiles que des entreprises qui sont plus structurées et qui ont plus facilement accès à des financements.

APOLLINE DE MALHERBE
Certaines, par exemple, ont recours au chômage partiel pour tenter d'avance dans cette crise, le Premier ministre, hier, a annoncé que le chômage partiel serait prolongé d'un mois, ça ne s'arrêtera pas le 1er octobre mais le 1er novembre, est-ce que vous pensez franchement que ça va suffire, parce que ça ne va pas s'arrêter au 1er novembre ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, déjà l'activité a repris, et je crois qu'il faut aussi le souligner, on n'est pas du tout dans la situation qui nous avait amené à avoir, à accueillir, près d'un français sur deux, salarié privé, en chômage partiel. Aujourd'hui il y a plus que, ou encore, 2 millions, un peu plus de 2 millions de personnes qui ont demandé à bénéficier du chômage partiel au mois de juillet, et, au fond, nous sommes dans un moment où on se projette sur la relance. Vous avez deux situations, les entreprises, par exemple dans l'aéronautique, qui vont être confrontées à une baisse de carnets de commandes durable, et pour elles nous avons un dispositif qui est le chômage partiel de longue durée, précisément pour protéger les salariés, pour protéger les compétences, mais il faut passer par un accord, il faut une discussion au niveau de l'entreprise, avec les représentants des salariés, ça nous paraît essentiel. Et puis, les autres entreprises, celles qui ne sont pas confrontées à une baisse de volume durable, et c'est quand même le cas, heureusement, de beaucoup d'entreprises aujourd'hui, elles pourront fonctionner normalement. Enfin, dernière catégorie, celles qui ne peuvent pas rouvrir, ou dans le tourisme, vous avez vu, là aussi il y a des mesures particulières, et c'est jusqu'à la fin de l'année que l'on met du chômage partiel.

APOLLINE DE MALHERBE
Agnès PANNIER-RUNACHER, à partir du 1er septembre, les masques seront obligatoires toute la journée sur le cadre de son travail, dans les entreprises, ce sera obligatoire aussi pour tous les professeurs, pour tous les élèves à partir de la 6e, au fond on est passé à autre chose, on a l'impression que maintenant, ça y est, on en a suffisamment de masques, mais vous, vous êtes à la tête quand même de la question de la production en France, je voudrais quand même m'assurer d'une chose avec vous, il n'y a pas de risque de pénurie, est-ce qu'on a suffisamment de masques pour faire face à toutes ces obligations ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, c'est très simple. Côté production, on a multiplié par 30 la production de masques chirurgicaux et FFP2 par rapport au début de la crise, et nous continuons à progresser, nous étions à 3,5 millions de masques produits par semaine au mois de janvier, nous sommes aujourd'hui à 50 millions par semaine, et nous serons à 100 millions au mois de décembre, donc entre 3,5 millions et 100 millions, c'est une multiplication par 30. La deuxième chose c'est qu'il y a des stocks qui ont été constitués au niveau de l'Etat, mais également au niveau des entreprises. Nous avons signé au mois de juillet, avec Olivier VERAN et Elisabeth BORNE, une recommandation pour une constitution de stocks dans les entreprises, de 10 semaines. Enfin, la troisième chose, c'est que nous avons une fabrication de masques grand public, une fabrication de masques textiles, réutilisables, qui peut monter jusqu'à 25 millions, et je peux vous dire que les producteurs, aujourd'hui, sont l'arme au pied, parce qu'ils ont le sentiment qu'ils peuvent produire plus et que c'est plutôt les commandes qui manquent, donc, vous le voyez, oui la situation a très fortement évolué grâce à l'engagement des industriels.

APOLLINE DE MALHERBE
On n'est plus dépendant, aujourd'hui, de la production chinoise, ou de la production allemande, on est suffisamment… si tout d'un coup on retrouve une situation comme celle de mars dernier, où les frontières se ferment et où chacun consomme ses propres masques, nous ne dépendons plus de l'étranger ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, on n'a jamais dépendu de l'Allemagne déjà, je pense qu'il faut le préciser, vis-à-vis de la Chine, non, nous ne sommes plus dépendants si les frontières se ferment. Nous avons la possibilité d'acheter en Chine, mais si nous nous retrouvions dans une situation où les circuits logistiques seraient bloqués, en tout état de cause nous pouvons vivre sur nos propres ressources, beaucoup de semaines, du fait de la constitution des stocks et de la mise en place d'une fabrication en France beaucoup plus importante que par le passé.

APOLLINE DE MALHERBE
Agnès PANNIER-RUNACHER, le débat qui monte c'est la question de la gratuité et du coût des masques, on a bien compris que, bon, pour les élèves il faudra se débrouiller, ce sera considéré comme une fourniture, donc on devra les apporter, mais la question du coût. Aujourd'hui, en moyenne, une boîte de 50 masques chirurgicaux c'est à peu près 25 euros, est-ce que ça va baisser ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, deux choses. La première chose c'est que, dans le grand public, la recommandation… et je rappelle que les masques qui ont été certifiés, filtrants, les masques textiles réutilisables, ceux qui ont cette certification sont des produits qui ont été validés par l'Agence nationale du médicament et des produits de santé, donc on est sur un produit qui n'est pas tout-venant, et qui ont des propriétés de filtration, ils sont beaucoup moins chers que les masques chirurgicaux. Et je suis toujours étonnée de voir qu'on fait des références budgétaires sur les masques chirurgicaux, alors qu'on a la possibilité d'acheter français, d'être écologique, et de ne pas atteindre son budget. Un masque fabriqué en France ou fabriqué à l'étranger, textile, c'est aujourd'hui – nous avons des contrôles de prix avec la DGCCRF, des enquêtes – vous en trouvez très facilement à 2 euros, qui peuvent être utilisés plus de 20 fois, 21 fois, vous êtes sur moins de 10 centimes à l'usage. Donc, d'un point de vue budget ça représente une somme, il ne faut pas le minorer, mais ce n'est pas du tout les montants que je vois circuler ici ou là. Et puis, deuxième chose, le gouvernement a fourni 53 millions de masques réutilisables, donc là vous multipliez par 20 pour avoir le nombre d'usages, aux personnes les plus précaires. C'est-à-dire que, le choix que nous faisons, ce n'est pas la gratuité pour tous, la gratuité pour tous vous la retrouvez dans les impôts, donc c'est une fausse gratuité, c'est effectivement d'accompagner ceux qui en ont le plus besoin, et ceux qui en ont le plus besoin c'est effectivement les familles vulnérables, c'est les élèves boursiers, et tous ceux-là seront couverts avec des masques.

APOLLINE DE MALHERBE
C'est très clair. Agnès PANNIER-RUNACHER, un petit mot, tout de même, du contexte de cette interview, vous deviez être en plateau avec nous, finalement c'est par Skype, parce qu'en fait vous êtes ce qu'on appelle un cas contact, donc vous êtes en quarantaine, en quatorzaine plus précisément…

AGNES PANNIER-RUNACHER
En quatorzaine…

APOLLINE DE MALHERBE
Voilà, est-ce que vous pouvez nous en dire un peu plus ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Oui. Très simplement, lors d'un déplacement j'ai eu un déjeuner à côté d'une personne, cette personne a été testée positive quelques jours plus tard, donc je suis aujourd'hui, dans le cadre de la stratégie du gouvernement, testée, tracée, isolée, donc je suis au stade de isolée, pendant 14 jours après ce contact, je m'isole actuellement dans mon bureau, donc personne n'a le droit d'entrer dans mon bureau, sauf cas exceptionnel, nous sommes tous masqués quand ça arrive, et je n'ai pas de symptômes, mais c'est un bon exemple de la discipline qu'on doit chacun s'appliquer pour ne pas diffuser le virus plus avant.

APOLLINE DE MALHERBE
Et on voit que c'est évidemment une question qui commence à nous toucher tous, enfin je veux dire, on a maintenant de plus en plus de connaissances, de gens qui sont donc comme vous, cas contact, donc cas contact, isolés. Merci en tout cas Agnès PANNIER-RUNACHER, d'avoir été… d'avoir accepté aussi d'être la marraine de ces Trophées PME que l'on lance donc aujourd'hui, cette 11e édition des Trophées PME RMC.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 28 août 2020