Texte intégral
JEAN-JACQUES BOURDIN
Jean-Michel BLANQUER, bonjour.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Bonjour Jean-Jacques BOURDIN.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ministre de l'Education nationale. Ce matin, les enfants entrent à l'école, 12,4 millions en France, c'est la vraie rentrée, la vraie fin du confinement, le retour de la vraie vie. Est-ce que des écoles, des collèges, des lycées restent fermés ce matin en France ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, toutes les écoles, tous les collèges et tous les lycées ouvrent. Il peut y avoir telle ou telle exception, mais je n'en recense pas au moment où je vous parle…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Aucune exception à cause du coronavirus…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Il peut y en avoir, honnêtement, il peut y en avoir, on le verra en fin de journée. Mais normalement, il n'y a pas d'exception, dans les jours qui viennent, il est possible que – nous l'avons reconnu depuis le début – il est possible que nous prenions des décisions de fermeture d'une classe ou d'une école, mais pour cette rentrée, ça n'est pas le cas, et c'est évidemment un grand bonheur pour nous tous.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc aucune classe ne reste fermée…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, aujourd'hui, non.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Aujourd'hui, non. J'ai vu que sur l'île de La Réunion, où la rentrée a eu lieu le 17 août, il y a aujourd'hui des classes fermées et des écoles fermées…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Tout à fait, oui, mais c'est tout simplement le corollaire de notre vigilance, puisque c'est lié au fait qu'il y avait des adultes qui ont été testés positifs qui se sont contaminés d'ailleurs en dehors de l'école, et non pas du fait de l'école, et donc par prudence, eh bien, les autorités sanitaires nous ont conduit à fermer les classes concernées.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et aucun enseignant ne manquera dans les classes, Jean-Michel BLANQUER ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Alors, bien sûr, comme vous le dites, on parle de 12,4 millions d'élèves et d'un million de personnels, donc je ne vous dis pas que tout est parfait partout. Et d'ailleurs, à chaque rentrée scolaire, vous pouvez avoir tel ou tel trou dans la raquette comme on dit, mais là aussi, les enseignants sont de retour, bien sûr.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais que dites-vous ce matin aux parents qui ne veulent pas envoyer leurs enfants à l'école par crainte du coronavirus ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Je leur dis : n'ayez pas peur, je leur dis, l'éducation, c'est fondamental, l'école, c'est fondamental, on a besoin de l'école, l'école, ce n'est pas superfétatoire, l'école n'est pas marginale, l'école n'est pas du luxe, l'école, c'est fondamental pour chaque enfant, et je l'ai dit, vous le savez, dès le mois d'avril, pour qu'on ait déjà du déconfinement scolaire, même progressif en mai et juin. Mon discours n'a pas changé, c'est-à-dire, l'école est fondamentale, il y a d'autres joueurs, en plus de virus, donc on doit, d'une part, être très vigilant sur le virus, c'est pourquoi nous avons un protocole sanitaire strict…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Nous allons y venir…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Le deuxième message que je leur envoie, bien sûr, c'est que nous assurons un cadre sanitaire strict, bien plus strict que ce que beaucoup d'enfants ont vécu pendant les vacances par exemple, donc il ne faut pas, d'un seul coup, lorsqu'il s'agit de l'école, se mettre à avoir des peurs qu'on n'a pas pour des sujets où il y aurait plus matière à avoir peur. Donc premier message. Deuxième message, ils ont besoin de l'école, et puis, il y a d'autres sujets encore que le virus qui font que l'école est indispensable y compris d'ailleurs des sujets…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc si un père, une mère ne veut pas envoyer son enfant à l'école, il faut que cet enfant apporte un certificat médical ou que les parents apportent ou envoient un certificat médical, ça, c'est impératif ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, bien sûr, c'est impératif, l'école est obligatoire, et on n'est pas absent de l'école sans justification.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Sans justification. Et les enseignants, pourquoi, j'ai une question qui revient régulièrement, pourquoi est-ce que tous les enseignants n'ont pas été testés ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Parce la doctrine sanitaire nous dit que ce n'est pas la bonne manière de faire, la bonne manière de… parce que dans ce cas-là, il faudrait tester tous les jours d'une certaine façon, puisqu'on peut se contaminer d'un jour sur l'autre. En revanche, dès que quelqu'un a un symptôme, non seulement, on le teste, mais s'il est positif, on teste tous les contacts, et ça peut être les collègues ou autres. Et donc cette méthode-là est plus efficace, ce n'est pas moi qui le dis, c'est les autorités sanitaires, il peut y avoir aussi des tests aléatoires, ce sont des choses qui peuvent se passer vis-à-vis de personnels de l'Education nationale, comme dans d'autres secteurs, de façon à voir si on n'a pas des asymptomatiques…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et aucun enfant ne sera testé ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Pas de façon aléatoire…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pas de façon aléatoire…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Par contre, un enfant qui a des symptômes, oui, sera testé.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Voilà. Que se passe-t-il, en classe, un enfant a des symptômes ou un enseignant a des symptômes, il se fait tester, il est porteur du coronavirus, que se passe-t-il ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Alors, je vais vous donner les grands principes, pour tous ceux qui veulent rentrer dans les détails, je signale que tous ces éléments sont sur le site Internet du ministère de l'Education nationale. Mais en deux mots, premièrement, si quelqu'un a des symptômes, on l'isole, on l'isole, puis, on fait venir ou on l'envoie sur le centre de tests. Dans certains cas, c'est les testeurs, si je puis dire, qui se déplacent, ou alors, c'est l'inverse, et si la personne – la personne est isolée tant qu'on n'a pas les résultats – s'il elle est testée positive, alors, on contacte… enfin, il y a tous les cas contacts qui sont identifiés, toutes ces choses-là sont dans les mains de l'Agence Régionale de Santé, qui prend en main la procédure dès lors que quelqu'un est testé.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Fermeture de l'établissement s'il y a un cas de Covid dans une classe ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, oui, et nous ne partons pas de zéro sur cette expérience-là puisque, vous le savez, au mois de juin, c'est déjà ce que nous avons fait, c'est-à-dire, nous avons rouvert des écoles et des établissements, et nous avons su les refermer, parfois juste pour quelques jours d'ailleurs, quand il y avait matière à le faire, et à chaque fois, on s'en remet aux autorités sanitaires pour juger de la proportion des choses, ça peut être juste une classe, ça peut être aussi une école entière.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors le protocole sanitaire dans les établissements, les enfants, 30 à 35 élèves, 25, entre 25 et 35 élèves, se retrouvent côte-à-côte dans les classes, masqués à partir du collège, collège-lycée, masqués, pas masqués à l'école élémentaire, on est bien d'accord. Distanciation dans les classes ou pas ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Distanciation autant que possible, c'est-à-dire que les responsables…
JEAN-JACQUES BOURDIN
A 30, 35, ce n'est pas évident…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, oui, bien sûr, mais c'est pour ça que… oui, mais, vous savez, il y a 60.000 implantations scolaires en France, chacune est un cas différent, et nous avons demandé aux collectivités responsables et aux chefs d'établissement, dans la mesure du possible, de préparer les choses pour qu'il y ait distanciation…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et chaque classe dans la même salle si possible ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Quand c'est possible aussi. Alors, il n'y a pas de brassage, ça n'est pas le cas partout, mais chaque fois que c'est possible, on le fait.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce qu'à l'école, comme dans les entreprises, l'obligation de porter le masque pourra être assouplie ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, nous avions des perspectives d'assouplissement, nous les avons abolies, parce que, justement, nous avons voulu une règle simple, qui est : tous les adultes portent le masque et tous les élèves portent le masque après la classe de 6ème.
JEAN-JACQUES BOURDIN
La récréation…
JEAN-MICHEL BLANQUER
A la récréation, porter le masque…
JEAN-JACQUES BOURDIN
A la récréation, est-ce qu'on a instauré des zones dans lesquelles les élèves doivent être répartis…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Alors, sur ces sujets-là, type récréation, cantine, etc., nous avons voulu être moins normatifs qu'en mai et juin, vous vous souvenez qu'en mai et juin, on avait été très normatif, et parfois, on nous l'avait reproché, à mes yeux, c'était indispensable pour permettre le retour de la confiance et le confinement effectif, là, on a des règles simples, des règles socle, si je puis dire, qui tiennent en 7 pages, tout le reste, c'est des recommandations, ces recommandations, là aussi, on peut les voir sur le site du ministère, et par exemple, s'agissant de la récréation, eh bien, il est recommandé par exemple d'éviter que tous les élèves soient en même temps à la récréation, ce qui est possible en aménageant les emplois du temps différemment, hier, je voyais une directrice d'école qui avait fait ça en décalant d'un quart d'heure la récréation pour chaque groupe de classe. Mais là, on s'en remet au pragmatisme des acteurs, et au fait qu'ils ont des situations différentes, les chefs d'établissement et les professeurs sont les mieux placés…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et les masques pour les élèves à la récréation…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Masques pour les élèves à la récréation, par contre, dans les activités physiques, quand ils font de l'EPS, de l'éducation physique et sportive, là, évidemment, pour des raisons évidentes, ils peuvent enlever le masque.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et les cours de musique ? Difficile aussi…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Là, on garde le masque, non, en fait, pour la chorale…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Avec le chant, avec, je ne sais pas…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, ça a été théorisé par nos spécialistes de musique au ministère, si vous voulez, non, vous pouvez chanter avec un masque, chacun peut s'y essayer d'ailleurs ce matin, et c'est, si vous voulez, juste le volume qui est plus bas quand vous chantez avec un masque, mais vous pouvez chanter avec un masque.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pour le sport, pas de vestiaire ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Et puis, vous savez, quand vous chantez, vous risquez quand même, pour le coup, d'envoyer des aérosols, et donc…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, c'est sûr. Pour le sport, pas de vestiaire ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Dans la mesure du possible, on évite, et surtout, ce que l'on demande, c'est que les élèves viennent déjà en tenue de sport pour ne pas avoir besoin du vestiaire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que les parents pourront entrer aujourd'hui ou les jours prochains dans les établissements scolaires ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Alors à l'école maternelle, oui, à condition de respecter les gestes barrières, d'avoir un masque, etc., bien entendu, mais, si vous voulez, il y a des choses qui sont très importantes, le côté affectif de l'entrée en maternelle en particulier, chacun le connaît, il est vraiment très important pour, cette fois-ci, la santé psychologique de l'enfant que les parents l'accompagnent, simplement, il faut que ce soit pour un laps de temps court, et encore une fois en respectant les gestes barrières, mais vous savez, sur ce point comme sur d'autres, c'est le bon sens qui prévaut, c'est-à-dire, on évite d'agglutiner les personnes, on respecte les gestes barrières, on met un masque, etc., et puis, là, on maintient cette possibilité pour les parents, parce que c'est très important pour l'enfant, de même, les réunions parents et élèves de début d'année qui sont un classique de l'Education nationale, c'est quelque chose d'indispensable, mais ça se fera à des petits formats et jamais à des grands formats.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, un monde sans école serait plus dangereux pour les enfants que le Coronavirus…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Bien sûr. Et chacun a bien senti cela, et dans le monde entier.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien sûr. L'accueil des enfants en fin de journée ou le mercredi, comment ça va se passer ? Non, je vous dis ça parce que certains n'ont pas très bien compris ce qu'a dit le Premier ministre, lorsqu'il a dit : Papy Mamy ne pourront pas aller chercher les enfants à la sortie de l'école, bon, c'était un peu rapide…
JEAN-MICHEL BLANQUER
C'était une formule…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est une formule, oui, mais enfin, bon…
JEAN-MICHEL BLANQUER
C'est une formule qui dit bien ce que ça veut dire, c'est-à-dire qu'on doit être attentif à ce qu'on ne contamine pas tout simplement les personnes les plus âgées qui sont aussi les plus vulnérables, maintenant, on n'est pas toujours papy, mamy au même âge. Il y a plein de cas de figure ; donc je crois qu'il faut… ce n'est pas une expression à prendre au pied de la lettre, mais c'est une formule pour dire : soyons prudents sur ces enjeux-là, et puis, aussi, c'est vrai, nous sommes très attentifs à toutes les formules périscolaires, nous voyons ça avec les collectivités locales pour qu'il y ait possibilité de prise en charge des enfants. En tout cas, une de mes grandes priorités, c'est de m'assurer que les familles ne vont pas être gênées par le déroulement de cette année scolaire et qu'elles ne se trouveront pas dans des situations qui ressembleraient à ce qu'elles ont connu en mars et avril pendant le confinement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Dans les internats ? Comment ça va se passer ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Eh bien, dans les internats, même chose, vous avez une feuille de recommandations pour les acteurs, mais en gros, c'est la distanciation qui est promue et un nombre réduit d'élèves dans une même pièce.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce qu'un plan de reconfinement est prêt à l'Education nationale ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, nous avons un plan, nous avons trois catégories de scénarios, si vous voulez, vous avez le scénario normal, c'est celui que nous vivons actuellement, ensuite, à l'autre extrémité, nous avons le scénario de confinement, alors, confinement qui serait partiel, dans ce cas-là, c'est-à-dire concernant un territoire circonscrit, et dans ce cas-là, déclenchement de l'enseignement à distance, distribution de tablettes et de toute une série de procédures, il y a aussi, pour cela, ce qu'on appelle le plan de continuité pédagogique qui, lui aussi, peut se voir sur notre site, on a des centaines d'heures de cours enregistrées qui sont qui sont prêtes, là aussi, et notre dispositif avec le centre national d'enseignement à distance qu'on appelle « ma classe à la maison », qui est prêt et encore enrichi par rapport à ce qui existait précédemment. Et puis, le scénario intermédiaire, où vous avez, qui est celui un petit peu qu'on a connu en mai, juin, c'est-à-dire des demi-groupes, ce qui suppose d'être capable d'organiser des accueils des élèves qui ne sont pas dans le demi-groupe…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je reviens sur le périscolaire, qui paiera ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Le périscolaire, c'est, vous savez, souvent, c'est les collectivités locales qui l'ont en charge…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, elles ne veulent pas, elles disent, c'est l'Etat qui impose ces règles, c'est à l'Etat de payer…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Alors, pour l'instant, on n'impose rien du tout…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais enfin, si jamais on a recours au périscolaire…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Vous savez, tous les mécanismes sont coopératifs, par exemple, ce qu'on a fait en juin, ça s'appelait sport santé et culture civisme, c'était un mécanisme pour lequel on a sorti de l'argent de l'Etat en soutien à des collectivités, certaines ont pensé que ce n'était pas assez, mais néanmoins, nous avons financé… nous avons appuyé les collectivités. Et puis, cette année, on va faire passer une nouvelle phase de ce qu'on appelle le plan mercredi, le plan mercredi, c'est aussi de l'argent de l'Etat, c'est par les caisses d'Allocations familiales pour aider les collectivités locales à organiser ces accueils du mercredi aussi bien le matin que l'après-midi, et ça tombe bien, puisque, comme vous le savez, je suis aussi ministre des Sports avec Roxana MARACINEANU, comme ministre délégué…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je vais y revenir, oui…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Et puis, nous travaillons beaucoup avec Roselyne BACHELOT aussi pour la Culture, et donc Culture et Sport sont un peu les deux mamelles de l'année 2020-21, et d'ailleurs, c'est l'illustration du fait qu'on doit parler du coronavirus, ce que nous faisons ce matin, mais il y a aussi plein d'autres sujets qui caractérisent cette année 2020-21, y compris des sujets qui nous permettent de faire que ce contexte particulier va être utilisé pour moderniser notre vie scolaire, notamment pour qu'il y ait plus de sport et de culture pour les enfants.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il faut réapprendre l'école en cette rentrée pour certains, pas d'école depuis 6 mois. Aujourd'hui, est-ce que vous allez tester, évaluer les élèves qui rentrent ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, alors, quand vous dites, pas d'école depuis 6 mois, heureusement, en France…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Enfin, pour certains décrocheurs…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Pour certains, oui, bien sûr, pour certains, oui, mais si on compare la France à d'autres pays, on est un des pays où on peut le moins dire ça, par exemple, tout enfant italien se trouve dans la situation que vous venez de dire, beaucoup d'enfants dans d'autres pays d'Europe…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il faut quand même réapprendre l'école…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Beaucoup d'enfants anglais n'ont pas retrouvé l'école, et ainsi de suite. Nous, au moins…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il faut réapprendre le rythme de l'école, il faut réapprendre…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Ayons la fierté, parce qu'on souligne toujours ce qui ne va pas, mais ayons la fierté de se dire que notre pays est celui qui a le plus déconfiné scolairement. Ensuite, malgré tout, il y a eu plus de problèmes, chacun le sait, et il est très important en ce début d'année, pour répondre directement à votre question, de dire qu'il y a des évaluations de début d'année, alors c'est particulièrement vrai pour les classes charnières, donc le CP, le CE1, la 6ème, la seconde pour lesquelles vous avez des évaluations nationales, chaque enfant y passe, et c'est des évaluations très approfondies et très utiles pour voir le niveau d'un enfant. Et puis, pour toutes les autres classes, il y a des outils pédagogiques qui sont donnés aux professeurs qui ensuite les utilisent comme ils le souhaitent, avec toutes les initiatives qu'ils peuvent prendre pour aider l'enfant ensuite, et ça permet d'avoir un portrait de la situation de l'enfant et de déclencher de l'accompagnement personnalisé en ce début d'année.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les aides personnalisées, oui…
JEAN-MICHEL BLANQUER
On a dégagé 1.500.000 heures supplémentaires pour cette aide personnalisée, notamment au premier trimestre, et je le dis par exemple pour tous les parents de collégiens qui nous écoutent, il y a le dispositif Devoirs Faits, qu'on a mis en place il y a 3 ans, que nous accentuons et qui fait que toute famille peut demander ce soutien scolaire gratuit le soir en général, mais ça peut être à d'autres moments de la journée pour son enfant.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous avez annoncé l'organisation d'un Grenelle des professeurs, ça va commencer quand ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Ah, c'est pour les prochains jours, en réalité, ça a un peu commencé, parce que la semaine précédant la rentrée, j'ai reçu les organisations syndicales pour commencer à envisager globalement le processus, et en tout cas, ça commence dès maintenant avec des réunions qui commenceront d'ici une dizaine de jours et qui ont comme objectif déjà, dans un premier temps, de définir l'année 2021, c'est-à-dire, par quoi commençons-nous pour cette amélioration de la rémunération des professeurs avec une attention particulière pour…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je vais y revenir, hausse des rémunérations, esprit d'équipe, modernisation sont les trois grands axes. Alors je vais commencer avec les rémunérations, vous annoncez 400 millions d'euros, c'est bien cela pour l'année 2021.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
400 millions d'euros pour augmenter les traitements, les salaires des enseignants.
JEAN-MICHEL BLANQUE
Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça fait combien par enseignant ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Alors ça fait, alors la chose à ne pas faire, c'est à diviser tout de suite par le nombre d'enseignants.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non mais moi j'ai fait une moyenne.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Vous arrivez à 500 euros par an, d'ailleurs…
JEAN-JACQUES BOURDIN
41 euros. Par mois et par enseignant.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui c'est ça, ça fait 500 euros par an, mais ce n'est pas comme ça qu'on va procéder. On va procéder par marche parce qu'il y aura, on va inscrire…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y a 400 millions par marche.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui autour de 400 millions par marche, ça peut être un peu plus, ça peut être un peu moins.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire par marche ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Chaque année budgétaire, c'est-à-dire l'objectif ce n'est pas seulement de définir l'année 2021, c'est de définir…
JEAN-JACQUES BOURDIN
400 millions pour 2021, plus pour 2022.
JEAN-MICHEL BLANQUER
On fera une loi, ce qu'on appelle une loi de programmation pluriannuelle qui permet de définir l'augmentation des années suivantes.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire que 400 millions, il y aura une première augmentation des enseignants en 2021, et il y en aura une autre en 2022.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Exactement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et une autre en 2023. Je ne sais pas si vous serez toujours en poste mais…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Il y aura forcément un gouvernement différent mais, en 2023 mais par contre ça existe…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça sera inscrit…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Ça existe sur d'autres sujets, dans le domaine de la défense, dans le domaine de l'enseignement supérieur, vous avez ça, c'est-à-dire une programmation qui est respectée d'un gouvernement à l'autre.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Sur combien d'années la programmation ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Alors ça fait partie des choses qui se discutent, classiquement c'est sur 5 ans mais on va essayer de faire peut-être quelque chose…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire que pendant 5 ans les enseignants vont être augmentés ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui de manière assez nette, ce qui évidemment au bout de 5 ans…
JEAN-JACQUES BOURDIN
5 ans d'augmentation.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Ce chiffre de 5 ans n'est pas encore défini.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, non mais d'accord mais…
JEAN-MICHEL BLANQUER
J'espère surtout que ce sera davantage que 5 ans.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais 5 ans d'augmentation, moi je vais être très précis là parce que je me mets à la place des enseignants, vous savez, vous savez combien mais vous le savez aussi bien que moi on en parlait déjà combien de fois ici à ce micro.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, ce que je suis en train de vous dire aujourd'hui à ce micro est dans la ligne totalement cohérente de ce que je vous ai dit les fois précédentes.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc 400 millions en 2021, peut-être 400 peut-être plus en 2022 et puis en 2023 et puis en 2024 et puis en 2025.
JEAN-MICHEL BLANQUER
C'est l'idée.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est l'idée.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Et bien sûr je reviendrai à votre micro dans quelques mois avec des choses plus précises puisque ce sera le résultat des négociations que nous aurons eu, mais l'objectif c'est à la fois d'améliorer la rémunération des professeurs et c'est normal nous avons à le faire et corrélativement d'améliorer le système.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous dites priorité aux jeunes enseignants, c'est-à-dire que les jeunes enseignants seront plus augmentés que les autres.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Ça veut pas dire que les autres ne le seront pas, ça veut dire que proportionnellement…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Certains toucheront 20 euros par mois et d'autres 80 ou 100 ou 150.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Les choses seront faites de façon juste et équitable pour compenser les retards qui sont en effet plus grands pour les jeunes…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Certains ne toucheront rien.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Je ne sais pas au moment où je vous parle ça se discute et c'est ça que l'on va voir, non c'est probable…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les agrégés par exemple, ceux qui sont les mieux payés, je ne sais pas moi.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Par exemple, c'est sûr qu'un agrégé en fin de carrière est moins concerné par ce processus qu'un jeune capétien qui commence, c'est vrai mais en tout cas tout ça se discute donc je me garderai bien de vous dire un résultat alors même qu'on doit le discuter. En revanche ce qui est certain c'est que la logique qui est imprimée, c'est une logique donc d'augmentation de reconnaissance des professeurs au plein sens de ce mot financière mais aussi immatérielle.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Modernisation aussi.
JEAN-MICHEL BLANQUER
C'est pour ça que j'en appelle toujours dans mes interventions, toujours au respect des professeurs et d'ailleurs les Français respectent les professeurs.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui mais enfin les professeurs ne se sentent pas respectés, vous avez vu les sondages. Ils sont fiers d'exercer leur métier, ils sont heureux, ils trouvent du plaisir dans l'exercice de leur métier, mais ils regrettent qu'on ne les apprécie pas.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui mais c'est quand vous faites des enquêtes, vous voyez à la fois premièrement que les Français ont beaucoup d'estime pour les professeurs. Il y a encore une enquête récente qui montrait environ 80 %.
JEAN-JACQUES BOURDIN
J'ai vu ça.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Et mais inversement les professeurs pensent qui sont pas si aimés et c'est lié sont sans doute à des enjeux de vie quotidienne, parfois de l'agressivité qu'ils connaissent notamment…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Comportement des syndicats.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Ecoutez, je ne ferai pas…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non je pose la question. Comportement des syndicats, est-ce que les syndicats ont toujours tendance à dire non, les syndicats d'enseignants ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Alors peut-être que ça, ça a un impact sur l'image des professeurs dans la société…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous croyez que ça a un impact ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
C'est possible, ça en a un forcément, je laisse chacun juger.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non mais je vois votre petit sourire.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Mais ce qui est certain, c'est que la reconnaissance et due aux professeurs, ce qui est certain aussi c'est que nous avons à témoigner de cette reconnaissance au quotidien, c'est le cas des parents d'élèves par exemple, on doit quand il a un professeur qui dit à un élève que quelque chose n'est pas bien, si on est parent vaut mieux donner raison aux professeurs qu'à l'enfant, c'est plus éducatif. ce sont des choses de la vie quotidienne, on ne doit pas se comporter en consommateur de l'école mais en soutien des professeurs pour ce bien public qui est l'éducation et donc on a besoin d'un prestige de la fonction professorale au coeur de la société, a fortiori dans la société dans laquelle on est en train d'entrer qui est une société d'immédiateté de technologies où il faut un peu de sens du temps long, le sens de la transmission des savoirs et donc cette reconnaissance du professeur elle est fondamentale et elle passe par bien des choses, la rémunération en est une, mais il y a aussi d'autres éléments la manière dont se déroule la carrière, la manière dont on est recruté, formé, etc.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le plan de relance sera présenté jeudi, quelle sera la part de l'Education nationale dans ce plan ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Alors une part importante sur plusieurs sujets.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire importante ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Ce sera défini au moment de l'annonce.
JEAN-JACQUES BOURDIN
10 %, 20 % annoncés, je ne sais pas.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Dans un premier temps, on ne pourra pas le dire en pourcentage pour la raison suivante qui est que pas par exemple un des gros paquets, c'est le bâti scolaire, le bâtiment public, vous savez on va faire, il va y avoir plusieurs milliards consacrés à la rénovation thermique des bâtiments publics et privés d'ailleurs et s'agissant des bâtiments publics des bâtiments scolaires sont très importants. je vous disais tout à l'heure il y a 60000 implantations scolaire en France, écoles, collèges, et lycées, certaines sont très modernes, d'autres pas, certaines sont des passoires thermiques, eh bien on va les rénover, on prépare des dossiers dès maintenant avec les collectivités locales de façon à être prêt au 1er janvier pour tout de suite lancer des travaux qui relancera le bâtiment aussi par la même occasion, permettra d'avoir de faire des économies d'énergie, permettra aussi d'avoir un environnement scolaire plus agréable pour les enfants avec des potagers, de la biodiversité autour de l'établissement. Donc ceci ça va être plusieurs milliards d'euros rien que sur la rénovation du bâti scolaire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Jean-Michel BLANQUER, j'ai deux questions pour terminer, d'abord les sports, une question sport, puisque vous chapeautez le ministère des Sports avec Roxana MARACINEANU, mais est-ce qu'on peut espérer avant la fin de l'année voir des stades de foot ouverts à plus de 5000 personnes masquées ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
J'aimerais vous dire oui, on a on a beaucoup travaillé à sa avec Roxana MARACINEANU, participé à plusieurs conseils de défense où à chaque fois ce thème est traité. Nous sommes aujourd'hui l'un des pays d'Europe, pour ne pas dire l'un des pays d'Europe qui a le plus ouvert la possibilité. Dans la plupart des pays les matchs se déroulent à huis clos, donc 5000 c'est déjà une forte ouverture. On est obligé d'être très raisonnable a fortiori dans le contexte actuel où le virus circule plus fortement qu'il y a quelques semaines et donc l'ouverture de la jauge n'est pas d'actualité au moment où je vous parle. Ceci étant dès que ce sera possible bien sûr je suis le premier…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ouverte.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Moi dès que ce sera possible, on ira plus loin mais au moment où je vous parle ça n'est pas d'actualité.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien et j'ai une question politique, purement politique Christian ESTROSI souhaite une alliance avec Emmanuel MACRON pour 2022, alliance de la droite, est-ce qu'Emmanuel MACRON est le meilleur candidat pour la droite en 2022 ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Je pense que c'est un peu prématuré alors qu'on ne sait pas encore qui il sera candidat en 2022.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est une prise de position importante.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Ce dont je suis certain c'est qu'Emmanuel MACRON est le meilleur candidat pour la France et comme c'est forcément un candidat de rassemblement, il est bon qu'il sache élargir …
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est une réponse très politique…
JEAN-MICHEL BLANQUER
c'est la vérité, on a besoin d'unité en France, on est sans arrêt en train de se…, on est une démocratie c'est normal qu'il y ait débat, parfois il y a trop de division par rapport aux grands enjeux de notre temps économiques géopolitiques, climatiques qui sont considérables, donc je ne dis pas que tout est dans tout et que tout le monde doit penser la même chose, par contre je pense qu'on a besoin de grands rassemblements au service de la France, c'est ce qui s'est passé à chaque fois qu'on a su progresser et donc c'est évidemment souhaitable.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et donc vous saluez Christian…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Je salue ce qu'a dit Christian ESTROSI bien sûr et je l'ai vu d'ailleurs samedi au départ de du Tour de France, il a fait un très bon travail.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci Jean-Michel BLANQUER air d'être venu nous voir ce matin
source : Service d'information du Gouvernement, le 17 septembre 2020