Texte intégral
ELIZABETH MARTICHOUX
Bonjour Jean-Michel BLANQUER.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Bonjour.
ELIZABETH MARTICHOUX
Ministre de l'Education nationale, Jeunesse et Sports. Merci d'être sur LCI, quinze jours pile après la rentrée scolaire tellement spéciale, beaucoup de questions à vous poser. Ce 16 septembre, combien de classes et d'écoles sont-elles fermées à cause du virus,
JEAN-MICHEL BLANQUER
Aujourd'hui au moment où je vous parle, il y a 81 écoles ou établissements qui sont fermés. Il y a donc un peu plus de 2 100 classes qui sont fermées et on a à peu près 1 200 nouveaux cas de Covid d'élèves.
ELIZABETH MARTICHOUX
1 200 nouveaux par rapport…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Par rapport à la semaine précédente.
ELIZABETH MARTICHOUX
D'accord.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Donc si vous voulez, ce sont des chiffres qui restent quand même très limités puisque si vous comparez le premier chiffre que je vous donne, 81 établissements et écoles, c'est à comparer au fait qu'il y en a 60 000. Donc ça fait autour de 0,13 % des écoles et établissements qui sont fermés. Je rappelle que dans la plupart, dans beaucoup de pays, beaucoup d'écoles et établissements n'ont pas ouvert. Vous avez certains pays où les enfants ne sont pas retournés à l'école depuis le mois de mars. Donc la situation eu égard à ce que nous avons à affronter est la meilleure possible eu égard à la crise sanitaire.
ELIZABETH MARTICHOUX
2 100 classes fermées ce matin, c'est peu par rapport à l'ensemble mais, comme disait l'autre, la pente est forte, la pente est raide. La progression est importante. Est-ce que vous pouvez toujours dire que c'est une rentrée normale ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui. Encore une fois quand vous avez seulement 0,13 % des écoles fermées, que vous avez 0,3 % des classes fermées, c'est quand même une rentrée bonne. D'abord elle est bonne parce que, vous savez, une rentrée ça se prépare. Ça se prépare huit à dix mois à l'avance. Donc déjà, le fait qu'il y ait eu une épidémie… Enfin, un confinement à partir du mois de mars avec tous les troubles que l'on connaît aurait dû désorganiser fortement la rentrée. Par exemple sur la question des recrutements des professeurs, sur la question de leur affectation, sur la question de l'affectation des élèves. Et bien sûr, nous avons eu des perturbations mais elles ont été très limitées puisque nous avons réussi à faire une rentrée où, en gros, tous les élèves sont revenus. Par ailleurs nous avons réussi à ce que l'immense majorité des élèves revienne, de même que les professeurs. Vous savez dans….
ELIZABETH MARTICHOUX
Il n'y a pas d'absentéisme supérieur à la moyenne à la rentrée chez les enseignants ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Non. Non, non, les enseignants sont au rendez-vous, les élèves aussi à quelques exceptions près. On a évidemment encore quelques soucis dans certains endroits et on va chercher les élèves d'une certaine façon. Mais quand on pense à la catastrophe éducative dans le monde que cela représentait, c'est-à-dire le risque de décrochage scolaire profond dans tous les pays concernés par le confinement, eh bien on peut se dire qu'on a une rentrée scolaire qui, oui, est la meilleure possible du fait des contraintes que nous avons.
ELIZABETH MARTICHOUX°
D'accord, vous êtes un ministre satisfait ce matin.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Satisfait, très fier de l'équipe d'un million de personnes que nous sommes. Ce que je viens de vous dire, c'est un million de personnels qui ont été au rendez-vous, ont travaillé, ont souvent préparé les choses pendant l'été, et c'est ainsi qu'on arrive… Encore une fois rien n'est parfait mais il y a quand même…
ELIZABETH MARTICHOUX
Rien n'est parfait et on va le voir dans le détail si vous le voulez bien.
JEAN-MICHEL BLANQUER
J'invite chacun toujours sur ce point à comparer avec les autres pays, et on verra quel point c'est bon d'avoir un service public national de l'éducation en France.
ELIZABETH MARTICHOUX
Quand je me compare, je me console. Des parents d'élèves, Jean-Michel BLANQUER, n'obtiennent pas toujours des réponses précises aux questions qu'ils posent aux chefs d'établissement sur le protocole à suivre lorsqu'il y a une apparition de cas de Covid. Est-ce que vous avez donné des consignes claires, homogènes, nationales aux chefs d'établissement ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui. Vous avez d'abord un protocole sanitaire qui est en ligne depuis le mois de juillet. Ensuite vous avez des adaptations qu'on appelle des recommandations qui sont souvent d'ailleurs actualisées puisqu'il faut faire face à de nouvelles réalités. Chacun peut voir cela sur le site Internet du ministère. Il y a ce qu'on appelle la foire aux questions, FAQ comme on dit. Chacun peut aller sur education.gouv.fr poser ses questions. Quand d'aventure d'ailleurs une éventuelle question parfois très précise n'a pas de réponse, on peut la poser et ensuite nous répondons au cours des jours suivants pour en donner.
ELIZABETH MARTICHOUX
Je vous en pose une précise. A partir de combien de cas dans une classe on ferme la classe ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Alors il n'y a pas une réponse absolue à ça mais en général c'est à partir de trois.
ELIZABETH MARTICHOUX
Et pourquoi il n'y a pas une réponse absolue à ça ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Parce que le critère c'est trois donc il y a une réponse, une réponse de principe mais c'est localement que les autorités de santé peuvent prendre des décisions. Ce n'est pas la même chose si vous avez trois élèves d'une même classe. Alors dans votre exemple ça va fermer parce que c'est trois élèves d'une même classe, mais si c'est trois élèves d'un même niveau ou trois élèves d'un même établissement, le nombre de personnes qu'ils ont vues, il y a forcément une enquête…
ELIZABETH MARTICHOUX
Dans une même classe, ça ferme.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui. Oui, oui. Parfois même avec… Pour tout dire, il y a des classes qui ont fermé avec moins de trois élèves malades. Ce sont des… Encore une fois, ce sont les autorités sanitaires et c'est bien normal qui ont un pouvoir de décision important avec nous bien sûr, Education nationale, et avec le préfet.
ELIZABETH MARTICHOUX
Pour les enfants ou adultes touchés, pour eux aussi la quatorzaine est réduite à la septaine puisque ça a été une décision annoncée la semaine dernière par le gouvernement ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, oui. Oui, la septaine est une décision valable, donc 7 jours, c'est une décision valable dans l'ensemble des domaines de la société, oui.
ELIZABETH MARTICHOUX
Mais quand un revient, on apprend qu'il n'a pas besoin, les parents n'ont pas besoin de fournir à l'établissement scolaire un certificat médical, une attestation sur l'honneur suffit. Pourquoi ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Parce que vous avez beaucoup d'enfants qui peuvent avoir des symptômes X ou Y qui ne sont pas, qui ne correspondent pas au Covid. Donc là vous aviez une inflation de consultations vers le pédiatre qui étaient en fait contre-productives, et ce qui est important c'est qu'on ait tout simplement des parents qui soient attentifs. Si on a un enfant qui a la fièvre, on ne l'envoie pas à l'école. Par contre s'il a eu la fièvre et qu'on le renvoie à l'école, on atteste sur l'honneur qu'il n'a pas le Covid et qu'on le renvoie ainsi à l'école.
ELIZABETH MARTICHOUX
Mais prenons le cas d'un enfant qui a eu le Covid. Il doit faire un test avant de revenir à l'école.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, bien sûr. C'est une décision du médecin. Vous avez un enfant qui a la fièvre, vous appelez le médecin. Le médecin prend la décision ou pas de faire faire un test en fonction de ce qu'il constate. S'il y a eu un test, vous avez donc les résultats du test que vous pouvez donner. Si le médecin a considéré qu'il n'y avait pas besoin de faire un test, c'est qu'il a estimé qu'en fait l'enfant n'avait pas le Covid et donc là vous pouvez…
ELIZABETH MARTICHOUX
D'accord. Mais l'enfant qui est testé, qui a le Covid, pour revenir il doit refaire un test ? Après les 7 jours, il doit refaire un test pour être sûr qu'il est vraiment débarrassé ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, non. Un test, vous le faites une seule fois.
ELIZABETH MARTICHOUX
D'accord, une seule fois.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Quand vous avez le résultat, vous avez ensuite votre septaine. Si vous avez été positif, vous faites votre septaine.
ELIZABETH MARTICHOUX
Il y a des parents qui s'interrogent sur cette attestation sur l'honneur. Ils se demandent si l'Education nationale ne se défausse pas en faisant reporter sur les parents la responsabilité juridique de l'état de l'enfant.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Non. Nous faisons tout en lien avec notamment par exemple la Société française de pédiatrie, le Haut Conseil à la santé publique. Donc toutes ces choses sont quand même évaluées dans l'intérêt de la santé des enfants. C'est d'abord notre première préoccupation et parfois il y a certains réflexes qui peuvent être contre-productifs. Mais vous savez, nous pourrions parler de cela très longuement. Ce que je veux dire à tout le monde, c'est que sur le site du ministère vous avez des réponses simples à l'ensemble de ces questions.
ELIZABETH MARTICHOUX
Est-ce que le scénario d'une fermeture générale des écoles à court terme, à moyen terme, est sur la table.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Alors on a toujours dit que tous les scénarios sont par définition sur la table, puisque l'expérience nous a montré que tout était toujours possible. Mais l'hypothèse d'un confinement généralisé est quand même hypothèse que nous écartons a priori. Nous faisons tout pour que ce ne soit pas ça qui arrive, donc tout est toujours possible, mais ça n'est vraiment pas la chose la plus vraisemblable.
ELIZABETH MARTICHOUX
Mais c'est vrai que c'est un souvenir désagréable pour vous parce que vous aviez dit en mars : nous n'avons jamais envisagé la fermeture totale de toutes les écoles de France, et puis le lendemain ça a été imposé. Donc vous ne dites pas ce matin : ça ne sera jamais le cas.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, il ne faut jamais dire fontaine je ne boirai pas de ton eau.
ELIZABETH MARTICHOUX
Voilà, ça c'est l'expérience.
JEAN-MICHEL BLANQUER
C'est l'expérience, tout à fait, parce que je rappelle qu'à l'époque nous étions préparés à fermer des régions. C'est ce que nous avions commencé à faire d'ailleurs, des territoires, donc je disais que nous allions fermer par région, par territoire. Et il y a eu une telle montée à un moment donné au mois de mars que le Haut Conseil du jour au lendemain a dit : non, ce n'est pas la doctrine précédente qu'il faut appliquer, c'est une doctrine de confinement généralisé. Donc on a suivi ce que demandait le Haut Conseil mais c'est la doctrine sanitaire qui a changé, ce n'était pas vraiment moi. Et là maintenant ce que je dis, puisque nous avons vu que la crise sanitaire pouvait changer, on ne doit jamais dire que quelque chose n'arrivera pas. Mais néanmoins, tout ce que nous faisons, tous nos actes sont inspirés aussi par l'idée qu'on ne doit pas arriver au confinement généralisé, d'où l'importance d'ailleurs que chacun ait une attitude très civique de façon à ce que nous réussissions à ralentir voire à stopper la circulation du virus.
ELIZABETH MARTICHOUX
Les masques en primaire ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Il n'en est pas question à ce stade même si, encore une fois, ce sont des doctrines qui sont réévaluées en permanence. Nous considérons que c'est…
ELIZABETH MARTICHOUX
Quelle est votre conviction personnelle d'ailleurs là-dessus ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Ma conviction personnelle correspond à la réalité d'aujourd'hui. C'est-à-dire que je pense, pour connaître assez bien les enfants de l'âge de l'école primaire, je sais bien qu'on risque d'avoir des attitudes qui sont contre-productives. Autrement dit le masque qu'on enlève puis qu'on remet, qu'on touche, qu'on échange, la résistance de certains enfants parce qu'ils n'en pourraient plus au bout d'un moment. Bref il y a une question de maturité aussi pour porter un masque. Je ne suis pas le seul à dire ça évidemment. D'abord l'ensemble des maîtres et des maîtresses le savent bien et puis l'Organisation mondiale de la santé l'a explicité aussi.
ELIZABETH MARTICHOUX
D'accord, vous avez commencé… Enfin les enseignants ont commencé à faire les évaluations nationales. C'est la troisième année pour un certain nombre de classes. Est-ce que vous avez justement une évaluation des retards accumulés à cause du confinement j ? Je pense à la classe de CE1 et à des élèves de CP qui doivent apprendre à lire et surtout à écrire - mais surtout à lire d'ailleurs - en CP. Ils arrivent en CE1 et ils ont eu une année amputée. Voilà. Ils savent lire à l'entrée du CE1 cette année les élèves ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Alors, je vais vous donner une réponse extrêmement précise d'ici deux à trois semaines environ puisque nous avons ces évaluations nationales en ce moment même. Elles ont démarré depuis hier et le résultat est au début du mois d'octobre pour tous les enfants de France. Donc si vous êtes parents ou grands-parents d'enfant de CP ou de CE1, vous aurez au début du mois d'octobre un portrait très fidèle et très précis du niveau de votre enfant, c'est-à-dire de ses forces et de ses faiblesses. Et donc ça va donner à l'enseignant une cartographie extrêmement utile pour faire un accompagnement personnalisé de l'enfant et rattraper les retards. Et c'est là qu'on voit que la France a de la chance d'avoir un service public de l'Education nationale parce que ça fait trois ans que nous avons une évaluation pour tous les enfants de CP et tous les enfants de CE1. Et ça nous est très utile aujourd'hui d'avoir cette technique puisque par exemple, si on prend l'exemple d'un enfant de CE1 qui rentre cette année, il a été évalué en septembre dernier, il y a un an, il a été évalué en février dernier t il est évalué maintenant. Ce qui fait qu'on a une photographie très précise de trois moments et donc on va pouvoir regarder notamment la différence entre février et septembre, et pour chaque enfant regarder en grammaire, en vocabulaire même dans des ensembles plus précis ce qui a éventuellement été perdu - ou pas d'ailleurs - et ensuite aider l'enfant en fonction de ça.
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous dites… Vous êtes content de pouvoir dire ça, d'autant plus qu'il y a beaucoup d'enseignants qui sont contre ces évaluations et qui continuent de l'être, donc vous dites c'est encore plus utile maintenant.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Sur le terrain, j'en vois beaucoup qui sont très heureux d'avoir cet outil-là.
ELIZABETH MARTICHOUX
Il va y avoir des retards, c'est inévitable.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Bien sûr.
ELIZABETH MARTICHOUX
Quels moyens vous leur donnez aux profs pour permettre aux élèves de rattraper ça ? Vous recrutez ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui. On va recruter dans le premier degré. Vous savez, pendant le confinement on a décidé des recrutements supplémentaires, donc vous avez 1 680 créations de postes dans le premier degré et c'était plus que ce qu'on avait prévu : on avait prévu d'en créer 400. On est passé à 1 680 pendant le confinement pour tenir compte de la situation. C'est ce qui nous a permis aussi de ne pas fermer par exemple en milieu rural, de dédoubler des classes même en grande section de maternelle dans certains endroits, donc d'avoir une attitude je dirais aussi ciblée dans les endroits qui avaient besoin d'être soutenus. Et puis dans le second degré, on a dégagé un million cinq cent mille heures supplémentaires, par exemple pour le dispositif Devoirs faits en collège, par exemple si vous êtes parent d'enfant au collège, quel que soit le lieu où vous habitez, quelle que soit la situation de votre enfant, vous pouvez demander à bénéficier gratuitement de Devoir faits chaque semaine.
ELIZABETH MARTICHOUX
Un dispositif d'aide aux devoirs etc qui va pouvoir démarrer plus tôt que, j'imagine, c'était prévu.
JEAN-MICHEL BLANQUER
On l'a fait le plus vite.
ELIZABETH MARTICHOUX
Donc des heures sup'. Un volume horaire de combien ? Ma question était plus précise que ça, Jean-Michel BLANQUER. Si vous vous apercevez qu'effectivement il y a des retards considérables, est-ce que vous allez faire plus que ce que vous aviez prévu ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
C'est ce qu'on a fait là et c'est ce qu'on continuera à faire.
ELIZABETH MARTICHOUX
Est-ce que oui ou non vous allez recruter par exemple en cours de route ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Alors vous savez le système français, vous recrutez d'une rentrée à l'autre. C'est un gage de qualité. Vous savez, on me dit tel pays recrute 80 000 personnes, mais vous si vous recrutez demain matin 80 000 personnes, vous ne faites pas du bien au système scolaire parce qu'il y a un enjeu de qualité quand même. Donc par contre ce qui est important, c'est par exemple les heures supplémentaires pour que des professeurs qualifiés actuellement puissent dédier du temps au procédé de Devoirs faits. C'est les 1 680 postes dans le premier degré qui se sont faits avec des concours, avec des gens qui ont préparé ce concours, qui aujourd'hui sont recrutés. C'est du travail sérieux de préparation que nous avons fait et nous continuerons à faire ce travail sérieux. C'est pour ça que je fais des évaluations précises.
ELIZABETH MARTICHOUX
Mais vous pourrez augmenter le volume d'heures sup' que vous avez prévu au départ ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Le cas échéant, oui. Si c'était nécessaire, on le ferait bien sûr.
ELIZABETH MARTICHOUX
Et vous avez déjà des profs qui sont volontaires pour les faire ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
En ce moment, vous savez, on est au tout début de l'année scolaire. Donc déjà on a dégagé des moyens supplémentaires, on a mis sur pied des évaluations pour tous les niveaux qui sont obligatoires dans certains niveaux puis à la disposition des professeurs dans d'autres niveaux. Eh bien on a déjà déployé tout l'arsenal et bien sûr qu'on fera le point sur cela une fois qu'on aura les résultats des élèves et qu'on préparera notre rentrée suivante en fonction de cela et on ajuste. On n'a fait que ça depuis le début : ajuster, ajuster sans arrêt pour tenir compte du réel.
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous êtes très prêt.
JEAN-MICHEL BLANQUER
On est très prêt, oui.
ELIZABETH MARTICHOUX
On verra. Les profs vous écoutent en tout cas ce matin et vous en prendrez compte.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Et je leur dis merci. Les Français doivent dire merci aux professeurs.
ELIZABETH MARTICHOUX
Les applaudir ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Bien sûr. Parce que ce qu'ils ont fait et ce qu'ils font en cette rentrée, c'est tout simplement une très belle réussite de la France et on doit être fier de notre service public de l'Education nationale. Il n'est pas parfait, chacun a des expériences positives et négatives, bien sûr. Mais au bout du compte, j'invite chacun à se comparer et à nous comparer à d'autres pays, à se dire que c'est quand même beau d'avoir un pays comme le nôtre. C'est vrai dans le domaine de la santé, c'est vrai dans le domaine de l'éducation qui est capable d'avoir un service public qui crée de l'égalité sur le territoire.
ELIZABETH MARTICHOUX
Deux, trois questions encore importantes. Je vous demande d'être bref Monsieur le ministre. Mouvement revendicatif des jeunes filles qui, pour lutter contre le sexisme lundi et aussi les tenues correctes exigées dans les écoles, ont appelé à porter des tenues provocantes. C'était lundi. Vous avez dit : il suffit de s'habiller normalement et tout ira bien. Normalement, c'est-à-dire d'une manière normale. Il existe une définition d'abord et qui en décide ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
L'établissement. Chaque établissement de France a un règlement intérieur qui définit ça et donc on est quand même dans du grand bon sens sur ces sujets-là. Il est normal qu'on aille au travail ou à l'école avec une tenue appropriée.
ELIZABETH MARTICHOUX
Oui, mais c'est quoi normal alors ? C'est le bon sens, c'est au coin de chez vous donc c'est un peu chacun de…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Vous savez, par exemple vous n'allez pas en tongs à l'école par exemple.
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous n'allez pas en ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
En tongs à l'école.
ELIZABETH MARTICHOUX
Et alors le fameux tee-shirt au-dessus du nombril, dites-moi. C'est provocant ou c'est acceptable ou pas ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Je suis en soutien de chaque chef d'établissement qui doit faire respecter un règlement intérieur. L'un des leurs représentants d'ailleurs a dit très justement que les élèves sont associés à l'élaboration du règlement intérieur, donc il peut y avoir des discussions autour de ça. Vous savez qu'entre le fait que j'ai à me battre contre ceux qui veulent venir voilés à l'école et à se battre contre ceux qui veulent venir avec des tenues provocantes pour je ne sais quelle raison, je crois que tous les Français comprennent…
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous mettez ça sur le même plan, Monsieur le ministre ? Le voile et une tenue incorrecte, vous mettez ça sur le même plan ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Je fais une symétrie, oui.
ELIZABETH MARTICHOUX
Le sexisme, c'est la nouvelle religion ? Enfin, la lutte contre le sexisme ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
La lutte contre le sexisme. Pourquoi est-ce qu'il y a une lutte contre le sexisme…
ELIZABETH MARTICHOUX
Parce que les jeunes filles qui disent cela, effectivement quand elles sont repris par un prof qui les arrête en leur disant : tu es dans une tenue indécente, elles disent : tu me sexualises et donc tu me renvoies à ma condition de sujet sexuel. C'est ça aussi le sujet.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Là, vous vous trompez d'analyse.
ELIZABETH MARTICHOUX
Est-ce que le voile…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Ce qui se passe au quotidien dans les établissements, c'est la pression sur les enfants pour leur façon d'être habillé. Ça, c'est une réalité. Ça peut être pour des raisons communautaristes, ça peut être pour des raisons de mode : par exemple les marques de vêtements. Et donc ça peut être aussi la façon dont certaines chaînes de télévision font pression sur ce sujet-là. Donc il y a la publicité qui est derrière ça, il y a des intérêts commerciaux derrière ce genre d'enjeu. On a besoin simplement de sobriété et de protéger nos enfants de toutes les manières. Donc c'est ce que font les règlements intérieurs des établissements…
ELIZABETH MARTICHOUX
Donc vous dites le voile et les tenues indécentes…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Je sais très bien le genre de critiques auxquelles on s'expose quand on défend des choses de bon sens comme ce que je défends, mais néanmoins je le défends.
ELIZABETH MARTICHOUX
Juste une question : le bon sens, c'est ce que vous prônez. Le sens de la nuance dans le débat, comparer les anti-5G avec les Amishs comme l'a fait hier Emmanuel MACRON, est-ce que c'est introduire de la nuance dans le débat, Jean-Michel BLANQUER, pour finir ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, c'est introduire de la métaphore, c'est introduire de la… Et puis comme ça grâce à ça, tous les Français savent ce que sont les Amishs et c'est intéressant.
ELIZABETH MARTICHOUX
Oui, ça c'est la pirouette. Mais honnêtement, est-ce que la caricature c'est une bonne réponse à un débat légitime quand on est président de la République. ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Je pense que le président de la République n'a pas du tout été dans la caricature. Au contraire, il a pointé un vrai problème de notre époque qui est l'esprit anti-science. Il y a des gens qui n'aiment pas la science, il y a des gens qui n'aiment pas le progrès, il y a des gens qui n'aiment pas la rationalité. Et ils arrivent de différents horizons, mais à chaque fois leur but c'est qu'on n'aille pas de l'avant et à cause d'eux, on pourrait avoir des retards français dans certains domaines. Moi je crois qu'on peut sauver la planète non pas en dépit de la science mais grâce à la science.
ELIZABETH MARTICHOUX
Les écolos sont anti-science ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Il y a des écolos qui sont anti-science bien sûr. Pas tous. Vous savez, il y a la bonne écologie et la mauvaise écologie. On voit très bien d'ailleurs aujourd'hui avec certains maires EELV de France. Ce sont des sortes d'ayatollah anti-science. Nous, nous sommes pour le progrès justement, pour la modernité et pour tout simplement que la rationalité et l'esprit scientifique soient au service de la résolution des problèmes que nous avons à l'échelle de la planèten et notamment tous les problèmes écologiques nous avons ou es problèmes sanitaires que nous avons, nous les aurons par une médecine toujours plus en progrès et par la science.
ELIZABETH MARTICHOUX
Merci beaucoup Jean-Michel BLANQUER d'avoir été avec nous ce matin.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 18 septembre 2020