Texte intégral
Monsieur le préfet des Ardennes, Monsieur le maire,
Monsieur le chef d'Etat-Major de l'Armée de terre, mon général,
Monsieur le commandant de l'Etat-major spécialisé pour l'Outre-mer et l'étranger, mon général
Mesdames, messieurs les parlementaires,
Monsieur le président du conseil régional,
Monsieur le président du conseil départemental,
Monsieur le président d'Ardenne Métropole,
Mesdames, messieurs les élus,
Madame la directrice générale de l'ONAC-VG,
Officiers généraux, officiers, sous-officiers, militaires du rang, et personnel civil de l'arme des Troupes de marine,
Chers porte-drapeaux, Mesdames, Messieurs,
Dans la bataille, il faut tenir !
Dans ces derniers jours d'août 1870, les Ardennes tressaillent au son des canons prussiens, des charges de cavalerie et des mouvements de troupes. En maints endroits, les armées françaises luttent pas à pas dans une guerre mal débutée, mal préparée, mal dirigée.
Les capitulations de NAPOLEON III à Sedan, début septembre, et de BAZAINE à Metz, fin octobre, demeurent les symboles de la terrible défaite de notre pays. Dans cette débâcle - selon le mot de ZOLA - alors que le déshonneur guettait, les combats de Bazeilles sont rentrés dans l'histoire pour demeurer le synonyme de l'honneur dans la défaite, de la pugnacité dans l'adversité, du sens du sacrifice au service de son pays.
La bataille de Bazeilles est aujourd'hui ancrée dans notre mémoire nationale et dans notre légendaire collectif. Les troupes de marine qui sont montées au combat avec un tel souffle d'héroïsme ont passé un pacte séculaire avec la gloire.
A quelques encablures de Sedan, la "Division bleue" a lutté avec acharnement contre l'ennemi. Elle l'a accablé et l'a repoussé. Mais, sans cesse, il est revenu, toujours plus nombreux, toujours plus écrasant. Luttant parfois à un contre dix, dans un village dévasté par la guerre moderne, assommé par les bombardements, défiguré par les incendies, les soldats français défendent pied à pied chaque arpent de terre, chaque rue. On se bat au corps à corps jusque dans les maisons.
Dans cette mêlée furieuse, les braves ne cèdent rien à la facilité et au découragement, ils ne cèdent qu'en infligeant des pertes sévères à l'envahisseur. Les troupes de marine ne cèdent pas, elles n'ont jamais cédé, elles sont la détermination chevillée au corps, elles sont l'abnégation chevillée au coeur.
Et lorsque le nombre a fini par écraser les espoirs, quelques officiers et une trentaine de soldats se sont retranchés dans cette fameuse auberge. Dans ce fortin de la résolution, dans ce bastion de la résistance, cette poignée de Marsouins - hagards, épuisés, blessés mais pas abattus - repousse durant plusieurs heures la vague des assaillants. Jusqu'à la fameuse dernière cartouche !
Ils sont le symbole durable d'une nation vaincue mais glorieuse. Ils sont le symbole de ceux qui ont lutté jusqu'à l'ultime, jusqu'à la fin, jusqu'au sacrifice, jusqu'à l'acceptation de l'impossible. Pour ne jamais subir ! Pour ne jamais regretter ! Pour tenir la parole donnée : celle de défendre la France.
On se moque parfois de notre propension à célébrer de glorieuses défaites. Mais ce que nous saluons aujourd'hui ce sont des hommes, des soldats, des Français qui ont accompli une démonstration de courage et incarné le refus de la défaite.
Ces braves, tous les Marsouins, Bigors et Sapeurs de marine ont écrit une page tragique de notre histoire mais une page glorieuse de notre histoire militaire.
C'était il y a 150 ans. Au nom du ministère des Armées, je m'incline devant les étendards et le souvenir de nos aînés. Ceux de Bazeilles ont depuis longtemps rejoint la postérité et demeurent dans notre mémoire des exemples d'héroïsme, comme ceux de Sidi Brahim, de Camerone ou de Monte-Cassino.
Nos régiments d'lnfanterie de Marine continuent de porter avec fierté cet héritage et le prolongent jusqu' à nos jours. Ils le perpétuent dans toutes les opérations où ils sont déployés. Ils sont les fidèles héritiers des héros de Bazeilles. Ils sont des unités d'excellence à la grande capacité d'adaptation et de réaction, ils sont des unités où s'exprime une fraternité d'arme indéfectible. Comme un écho de Bazeilles.
Ces vertus militaires, nos régiments les expriment partout où les portent les intérêts de la France. Hier en ex-Yougoslavie, en Afrique centrale, en Afghanistan; aujourd'hui, au Sahel ou au Levant. Le quotidien de nos Marsouins est toujours la défense du pays et la protection de sa population.
Le son des dernières cartouches tirées par nos glorieux aînés, le 1er septembre 1870, résonne encore dans nos mémoires. 150 ans après, les héros de Bazeilles demeurent le symbole d'une France qui ne renonce pas ; qui ne rend pas les armes sans combattre ; qui lorsqu'elle cède ne le fait qu'avec les honneurs pour son drapeau. Les citadelles de Belfort et de Bitche en sont d'autres exemples éloquents.
C'est l'esprit de Bazeilles. C'est l'esprit de résistance, de résilience, de l'opiniâtre résolution.
Il y a là des leçons pour tous. Il y a là des leçons pour notre temps, pour les crises qui nous assaillent. Que l'esprit de Bazeilles nous accompagne encore longtemps et permette à notre pays de relever les défis de notre époque contemporaine.
Vive les troupes de Marine !
Vive la République !
Vive la France !
Source https://www.defense.gouv.fr, le 22 septembre 2020