Interview de Mme Olivia Grégoire, secrétaire d'État à l'économie sociale, solidaire et responsable, à France Bleu Normandie le 4 septembre 2020, sur le plan de relance et l'économie sociale solidaire.

Prononcé le

Intervenant(s) : 
  • Olivia Grégoire - Secrétaire d'État à l'économie sociale, solidaire et responsable

Média : France Bleu

Texte intégral

YVES-RENÉ TAPON
Bonjour Olivia GREGOIRE.

OLIVIA GREGOIRE
Bonjour.

YVES-RENE TAPON
100 milliards d'euros sur 2 ans, 70 mesures pour l'emploi, le soutien à notre industrie, soutenir la transition écologique, le plan de relance a été présenté hier, avant d'évoquer votre partie à vous en particulier, que répondez-vous à ces critiques, ces commentaires, un plan pas assez vert, pas assez tourné vers l'économie de demain ?

OLIVIA GREGOIRE
Ecoutez, les critiques on est habitué, quand on est dans l'action politique il faut s'y habituer, donc je m'y attendais. Un plan passez vert, 30 milliards d'euros sonnants et trébuchants à décaisser dans les 18 mois qui viennent, je pense que c'est une ambition sérieuse. Je pense par ailleurs que quand vous regardez, vous le savez, les trois fondamentaux de ce plan de relance, vous avez expliqué, 70 mesures, mais en réalité il y a trois actions majeures, transformer la France, sur le plan de l'écologie, à très court terme, mais aussi en faisant des investissements majeurs en matière d'agro-écologie, en matière de nouvelles technologies, un plan majeur aussi au service de la compétitivité de nos entreprises, et un plan majeur au service du lien social. Je pense que quand on a, encore une fois, plus de 30 milliards d'euros sur la table, on peut être un peu lucide et se dire qu'il y a matière à travailler.

YVES-RENE TAPON
Un soutien aux entreprises pour leur permettre de préserver l'emploi, mais sans contreparties ?

OLIVIA GREGOIRE
Alors, chaque chose en son temps, si vous m'autorisez. Premièrement, investir, être très clair. Vous savez, la confiance, qui est au coeur de la machine économique, qui est au coeur de notre société, ça ne se décrète pas la confiance, ça ne se conditionne pas, c'est un peu comme dans nos relations humaines, la confiance ça se suscite, ça se gagne. Dans un premier temps, le message du gouvernement est très clair, il y a 100 milliards d'euros qu'il faut investir, dans les prochains mois, et nous allons tout faire pour décaisser le plus rapidement possible, pour sortir de la crise, et permettre de relancer la machine. Pour autant, investir, faire confiance aux entreprises, aux entrepreneurs, qui ont quand même montré leur solidité durant la crise Covid, ça n'exclut pas une sorte de contrôle, et possiblement des contreparties. En revanche, dans notre pays, il y a le Parlement, il y a le gouvernement, il y a un débat budgétaire qui va s'ouvrir dans les prochaines semaines, je suis une ancienne députée, absolument convaincue que le Parlement aura des propositions solides en matière de contreparties, qu'elles soient environnementales, sociales ou en matière de gouvernance, je pense par exemple à l'égalité femmes-hommes, qui est un sujet majeur. Et donc, un, on investit, deux, il y aura des contreparties, mais on va les écrire avec le Parlement, parce que c'est aussi comme ça que marche notre démocratie, et ensuite il faudra qu'on décaisse, je me permets encore ce mot, dès le 1er janvier 2021, rapidement, pour que l'économie française puisse retrouver son souffle. Donc, investir, et ensuite les contreparties. Dans l'autre sens, si on fait l'inverse, c'est tout simple, ça ne marche pas.

YVES-RENE TAPON
Vous serez tout à l'heure à Giverny, puis à Rouen, vous visiterez un tiers lieu dédié à la création, l'innovation. Quand on parle d'économie sociale solidaire, ça veut dire quoi ?

OLIVIA GREGOIRE
Très bonne question, et bonne illustration. Je visite effectivement un tiers lieu social et solidaire, typiquement ça illustre ce que j'ai mission à faire au gouvernement, c'est-à-dire que c'est un lieu où il y a à la fois des associations, à la fois des porteurs de projet, à la fois des jeunes, des moins jeunes, des gens qui sont en recherche d'emploi, qui se rassemblent dans un lieu, qui est cofinancé à la fois par l'association, à la fois par l'Etat, par la collectivité locale, pour pouvoir bénéficier d'un accès au numérique et de pouvoir échanger simplement dans un même endroit, alors c'est ça, je vais dire en un mot, l'économie sociale et solidaire. En un mot, c'est une économie qui met ses valeurs, qui met les valeurs peut-être, notamment de partage, avant l'unique valeur qu'est le profit, c'est une économie qui n'est pas uniquement orientée sur le lucratif, sur le profit, c'est une économie qui considère l'impact social, concret, sur les gens, sur l'entourage, l'impact solidaire, et c'est ça qui est au coeur de la mission qui est la mienne.

YVES-RENE TAPON
Et charge à vous, dans le cadre de ce plan de relance, vous parliez de décaisser de l'argent à l'instant, c'est-à-dire qu'on viendra vous voir avec un projet, il faudra un projet concret pour qu'en contrepartie vous donniez un soutien sonnant et trébuchant.

OLIVIA GREGOIRE
C'est très bien résumé. On va avoir 1,3 milliard possiblement accessible pour l'ensemble des acteurs de l'économie sociale solidaire, ou d'ailleurs des entreprises qui ont des actions sociales et solidaires, il ne suffit pas d'être ESS pour faire de l'ESS, et donc nous allons, dans les prochaines semaines, et dans les prochains mois, publier sur l'ensemble des sites des ministères, et sur le site web France relance, publier des appels à projets, pour que les associations, les coopératives, les jeunes, les ressourceries, les acteurs de l'économie circulaire, nous envoient des projets, que l'Etat puisse investir en bonne intelligence, avec les collectivités locales, sur ces projets pour 1,3 milliard.

YVES-RENE TAPON
Olivia GREGOIRE, merci d'avoir accepté l'invitation de France Bleu Normandie ce matin


source : Service d'information du Gouvernement, le 23 septembre 2020