Déclaration de M. Jean-Yves Le Drian, ministre de l'Europe et des affaires étrangères, sur le processus de paix au Proche-Orient, à Amman le 24 septembre 2020.

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Circonstance : Réunion des ministres des affaires étrangères d'Allemagne, d'Egypte, de France et de Jordanie consacrée au processus de paix au Proche-Orient

Texte intégral

Je suis très heureux d'être aujourd'hui ici. Et je tiens à remercier nos amis jordaniens pour leur accueil à Amman. Mon cher Ayman, c'est mon huitième déplacement en Jordanie. Cela témoigne des liens de confiance qui unissent nos deux pays. Cela témoigne aussi de l'excellence des relations qu'entretiennent Sa Majesté le Roi et le Président de la République. Ils se sont à nouveau rencontrés à Paris le 8 septembre dernier.

La question israélo-palestinienne continue de revêtir une dimension centrale dans la région et en particulier pour la Jordanie. Je suis convaincu, en ami des Israéliens comme des Palestiniens, qu'aucun des deux peuples ne pourra satisfaire ses aspirations au détriment de celles de l'autre. C'est la raison pour laquelle il était important que nous nous retrouvions ici à Amman dans la configuration de ce que nous avons initié ensemble à Munich.

L'annonce de la normalisation des relations d'Israël avec les Emirats Arabes Unis et le Bahreïn marque une dynamique nouvelle qui peut apporter une contribution importante à la stabilité régionale. Mais... mais cette stabilité passe également par une résolution du conflit israélo-palestinien respectueuse des aspirations et des droits des deux parties, c'est-à-dire l'établissement de deux Etats viables vivant côte à côte en paix et en sécurité dans des frontières sûres et reconnues sur la base des lignes de 1967 et ayant l'un et l'autre Jérusalem pour capitale.

Cela suppose deux choses. D'une part, que la suspension par les autorités israéliennes de l'annexion de territoires palestiniens devienne une mesure définitive. D'autre part, qu'Israéliens et Palestiniens renouent rapidement le fil du dialogue.

Et dans l'immédiat, il faut recréer un climat de confiance entre les parties en vue de permettre ensuite la relance d'un processus de négociation qui est dans l'intérêt des deux parties. Le cadre existe pour une reprise progressive des contacts entre les parties. Le cadre, c'est celui des accords passés. Il faut que dans ce cadre leur coopération reprenne à tous les niveaux. Pour cela, les Israéliens comme les Palestiniens doivent prendre les engagements nécessaires et les mettre en oeuvre rapidement. Nous sommes prêts à les accompagner et à contribuer à ce processus.

Ce que je retiens, Mesdames et Messieurs, des échanges que nous avons eus ce matin avec les partenaires jordanien, égyptien et allemand, et en présence de la représentante spéciale de l'Union européenne - sans que notre ami Heiko Maas ait pu être là, mais il nous a suivi en permanence dans nos échanges et on le salue très amicalement -, ce que je retiens c'est un message fort d'unité et de détermination.

Unité et détermination pour travailler ensemble à la paix et à la stabilité régionales.

Unité et détermination en faveur de la solution des deux Etats dans le cadre des paramètres agréés à laquelle il n'y a pas d'alternative crédible.

Unité et détermination pour nous mobiliser et agir collectivement en faveur d'une reprise du dialogue entre les parties.

Nous sommes tous ici disposés à accompagner une reprise progressive du dialogue. Il faudra que des engagements concrets et réalistes soient pris de part et d'autre et que nous nous assurions ensemble qu'ils soient respectés. C'est aujourd'hui indispensable pour que la logique de dialogue prenne le pas sur celle des actes unilatéraux et pour qu'un niveau suffisant de confiance s'installe en vue de la reprise des discussions. Et c'est sur cette base que nous entendons poursuivre notre travail ensemble. Unité et détermination.


Q - Ma première question s'adresse au ministre Jean-Yves Le Drian pour savoir comment relancer un processus de paix notamment après les accords de paix avec les Emirats et le Bahreïn, et les autres accords qui pourraient être conclus, sans consultation avec les premiers concernés, à savoir les Palestiniens qui refusent de traiter avec Washington considérant qu'il s'agit d'un intermédiaire impartial. Mon autre question s'adresse à tous : Est-ce que ces accords servent la paix entre Israël et les Palestiniens ? Merci.

R - Je crois avoir répondu déjà dans mon propos à cette interrogation. Le fait qu'il y ait des accords de normalisation, ce sont des avancées positives pour la stabilité de la région. Nous l'avons déjà dit à plusieurs reprises et je l'ai répété tout à l'heure. Mais cela laisse la question israélo-palestinienne intacte. Et donc, il importe que l'on puisse rétablir les chemins de la confiance par une posture de petits pas, permettant aux uns et aux autres d'avancer vers la seule solution qui nous paraît opératoire, qui est la solution des deux Etats que j'ai exprimée tout à l'heure.

Nous considérons que notre groupe peut avoir un effet de levier dans cette reprise de confiance et c'est pour cela que nous allons nous mobiliser dans les jours qui viennent.

Q- (inaudible - adressée aux quatre ministres)

R - Concernant les mesures de confiance que nous avons évoquées dans nos propos introductifs, la lutte contre le Coronavirus en fait partie. Et je pense que cela peut être demain un objet de travail en commun permettant de rétablir des relations plus fortes pour aboutir à un processus de paix définitif. Il faut utiliser tous les moyens, celui-là est un moyen important.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 29 septembre 2020