Texte intégral
SONIA MABROUK
Bienvenue à vous et bonjour Marlène SCHIAPPA.
MARLENE SCHIAPPA
Bonjour.
SONIA MABROUK
L'information cette nuit, c'est le président des Etats-Unis, Donald TRUMP, et son épouse, positifs au Covid. C'est la preuve, s'il en fallait encore une, eh bien que ça concerne tout le monde ?
MARLENE SCHIAPPA
Absolument. Je crois que pour celles ou ceux qui avaient encore un doute, ça nous montre à quel point le Covid touche tout le monde, sans aucune distinction, et personne n'est à l'abri, donc ça doit nous inciter tous et toutes à respecter les mesures barrière, à continuer inlassablement à mettre nos masques, à rester en distanciation sociale, et vraiment, dès lors que l'on est positif, eh bien prévenir l'ensemble des personnes avec lesquelles on a été en contact, pour pouvoir tracer le Covid.
SONIA MABROUK
Ça vous est arrivé ?
MARLENE SCHIAPPA
D'être en contact ?
SONIA MABROUK
Oui.
MARLENE SCHIAPPA
Oui, ça m'est arrivé, j'ai été en contact avec une personne qui a été testée positive au Covid, qui m'a prévenue, je me suis isolée le temps de faire le test, et j'ai eu mon test négatif, et donc j'ai respecté cette doctrine du : tester, tracer, isoler.
SONIA MABROUK
Paris et plusieurs villes, Madame la Ministre, pourraient basculer en alerte maximale d'ici à lundi. Est-ce que ce n'est pas la stratégie de la tension permanente que vous maintenez ainsi ?
MARLENE SCHIAPPA
Non, je crois que c'est au contraire une vigilance permanente. Il y a une responsabilité très forte qui pèse sur les épaules du gouvernement, et singulièrement sur celles du ministre de la Santé Olivier VERAN, qui prend ses responsabilités, avec beaucoup de courage, je crois qu'on peut le dire, et dans la concertation. Et c'est pour ça que les maires de grandes villes ont été reçus récemment…
SONIA MABROUK
Enfin !
MARLENE SCHIAPPA
Alors, la concertation elle a eu lieu depuis le début, vous savez avec la volonté de Jean CASTEX, le Premier ministre, qui l'avait déjà quand il était chargé du déconfinement…
SONIA MABROUK
Mais reconnaissez que maintenant c'est une vraie concertation.
MARLENE SCHIAPPA
C'est une vraie concertation, les maires sont reçus, et je crois que c'est ce qui est fondamental. On m'amène un autre masque…
SONIA MABROUK
Oui.
MARLENE SCHIAPPA
Peut-être qu'on ne m'entend pas bien.
SONIA MABROUK
Effectivement. Non, c'est pour que vous soyez encore plus audible, effectivement, même si votre masque est bien connu, Marlène SCHIAPPA, avec cet éclair rouge.
MARLENE SCHIAPPA
Merci beaucoup. J'espère qu'on m'entend mieux ainsi…
SONIA MABROUK
C'est impeccable.
MARLENE SCHIAPPA
Et donc je disais qu'Olivier VERAN reçoit, a reçu et recevra les maires, les élus locaux, pour prendre les décisions qui s'imposent, et bien évidemment les professionnels sont aussi reçus, entendus, c'est le cas encore aujourd'hui.
SONIA MABROUK
Alors aujourd'hui, justement, il y a un discours important qui est très attendu sur les séparatismes, à 10h30 dans Les Mureaux. Pourquoi parler Marlène SCHIAPPA de séparatismes au pluriel, plutôt que d'islamisme qui est clairement visé ?
MARLENE SCHIAPPA
Je crois que le président de la République a toujours été très clair, à la fois en paroles et en actes. En paroles je vous renvoie à son discours de Mulhouse, au cours duquel le président de la République a été limpide sur la lutte qui mobilise le gouvernement contre l'islamisme, contre l'islam radical, mais aussi en actes. Depuis 2017 ce sont plus de 240 lieux qui ont été fait fermer parce qu'ils représentaient des menaces. Ce sont plus de 1 000 policiers supplémentaires pour la DGSI, les services de la sécurité intérieure, où nous étions avec Gérald DARMANIN récemment, et je crois que là c'est une nouvelle étape que le président de la République va ouvrir dans la lutte contre les séparatismes, au 1er rang duquel, je vous réponds sur le pluriel, au 1er rang duquel bien sûr l'islamisme, l'islam radical, mais il y a d'autres forme de séparatismes, et le président précisera j'imagine tout à l'heure sa pensée et sa doctrine sur ces sujets.
SONIA MABROUK
Mais c'est intéressant, lesquels ? Qui sont les autres séparatistes ? Aujourd'hui, est-ce que vous pourriez donner selon vous des exemples précis de ces groupes qui menacent la République ?
MARLENE SCHIAPPA
Oui, je crois qu'on peut évoquer la question des dérives sectaires, dont j'ai la responsabilité, mais également par exemple…
SONIA MABROUK
Il y a une loi contre cela, Madame la Ministre, déjà.
MARLENE SCHIAPPA
Alors, il y a des lois, mais il y a d'autres mesures qui devront être mises en place, mais on peut évoquer également les questions du suprématisme blanc. Par exemple un attentat, récemment, a été déjoué par les services de sécurité en France, on peut évoquer l'attentat de Christchurch qui avait eu lieu au nom de cette idéologie. Mais ne nous fourvoyons pas, nous sommes très clairs…
SONIA MABROUK
Bien sûr, aux Etats-Unis, mais en France, est-ce que c'est la menace principale ?
MARLENE SCHIAPPA
Non, la menace principale, c'est celle de l'islamisme, de l'islam radical, et nous avons déjà un arsenal très complet pour lutter contre le terrorisme, mais nous voulons là, remplir la zone grise, les trous dans la raquette, qui comme on le dit à l'heure actuelle, ne sont pas assez précis dans la loi.
SONIA MABROUK
Je vous entends ce matin, vous êtes claire, vous parlez d'islamisme évidemment, mais qui cherchez-vous à ne pas stigmatiser en parlant de séparatisme au pluriel au lieu directement d'islamisme ?
MARLENE SCHIAPPA
La question, elle n'est pas à mon sens celle-ci, puisque si j'observe les prises de parole des uns et des autres, ce matin le représentant du CFCM, le pont le Conseil Français du Culte Musulman, a dit très clairement qu'il était en soutien de cette loi contre les séparatismes. Hier, nous avons reçu avec Gérald DARMANIN, place Beauvau, le recteur de la Grande Mosquée de Paris, accompagné de hauts responsables du culte musulman qui nous ont dit et qui se sont exprimés d'ailleurs dans une tribune dans Le Monde, qu'ils voulaient lutter eux aussi contre l'islamisme et d'ailleurs que les musulmans étaient les premières victimes de l'islamisme, partout dans le monde.
SONIA MABROUK
Oui, donc c'est ça, votre crainte c'est que certains la perçoivent comme une loi anti-islam.
MARLENE SCHIAPPA
Je crois qu'il est assez clair, alors il y a des gens de mauvaise foi qui voudront instrumentaliser les positions des uns et des autres.
SONIA MABROUK
Qui sont-ils ?
MARLENE SCHIAPPA
Eh bien à l'extrême droite et à l'extrême gauche, très simplement. L'extrême-droite parce que, eux, veulent absolument désigner les musulmans, l'ensemble des migrants, tous ceux qui viennent de l'étranger, comme les ennemis dans leur ensemble de la République…
SONIA MABROUK
Qui à l'extrême droite ?
MARLENE SCHIAPPA
Eh bien Eric ZEMMOUR, par exemple, qui est un proche de Marion MARECHAL LE PEN, qui s'est exprimé à la convention de la droite et qui pas plus tard qu'hier a dit que tous les enfants migrants étaient des assassins, des violeurs, etc. Je pense que ses propos posent problème. Mais nous avons de l'autre côté des gens et notamment par exemple eh bien ceux que nous combattons les islamistes, qui veulent jouer une forme de victimisation en faisant croire que les musulmans ne seraient pas bienvenus dans la République. Il y a des millions de musulmans qui vivent en paix, dans le respect des lois de la République, et qui sont, je le répète, les premières victimes de l'islamisme, c'est aussi pour eux qu'il faut combattre.
SONIA MABROUK
C'est une évidence. C'est important de le rappeler, mais, Marlène SCHIAPPA, est-ce que par peur de l'amalgame votre main risque de trembler pour ce projet de loi sur les séparatismes ?
MARLENE SCHIAPPA
Non, vous savez c'est un projet de loi qu'a voulu le président de la République, sur lequel il y a un travail constant depuis maintenant 18 mois, qui avait été commencé par Christophe CASTANER et Laurent NUNEZ, dont nous poursuivons le travail, Gérald DARMANIN et moi-même. Nous sommes évidemment dans une grande démarche de consultation. Nous avons reçu beaucoup d'associations, beaucoup de représentants de sphères de la laïcité, des philosophes, des représentants des cultes…
SONIA MABROUK
Alors sur des cas concrets, si vous le voulez bien. Je vous donne un exemple précis, pour que vous me disiez comment on va lutter contre ce séparatisme et cet islamisme. Récemment, Madame la Ministre, une école à Sevran qui détournait les procédures d'instruction à domicile, a été fermée par le préfet, qui a dû ruser et mettre en avant un non-respect des règles Covid. Est-ce que prochainement vous pouvez nous dire ce matin que la loi permettra de la fermer pour séparatisme islamiste ?
MARLENE SCHIAPPA
Alors, vous avez tout à fait raison de rappeler les démarches qui ont été les démarches de l'Etat et qui à l'heure actuelle est obligé comme vous dites, de ruser. C'est-à-dire, à l'heure actuelle les services de l'Etat sont obligés d'adapter un peu la stratégie du FBI vis-à-vis d'Al CAPONE et d'aller chercher ce qui peut exister en termes financiers, en termes de respect de la sécurité…
SONIA MABROUK
Qui a fait tomber Al CAPONE pour fraude fiscale.
MARLENE SCHIAPPA
Pour fraude fiscale, absolument. Et là, ce que nous voulons, c'est comme je le disais tout à l'heure, vraiment remplir tous les trous dans la raquette et apporter des réponses à ce cas, mais aussi par exemple à ce club de jiu-jitsu dont vous avez peut-être vu l'article de vos confrères du Parisien, qui révèle qu'un club de jiu-jitsu dans la ville de Savigny-le-Temple, eh bien recevait des fonds publics, des subventions, mais qu'en réalité sous couvert de faire du jiu-jitsu, c'était un bras armé de la radicalisation, avec obligation de réciter des prières, discrimination des femmes, propos antisémites violents, etc. etc.
SONIA MABROUK
Avec la prochaine loi, un tel club pourra fermer, pourra fermer pour les raisons séparatistes ou communautaristes ?
MARLENE SCHIAPPA
Alors, dans quelques heures maintenant, dans 2 heures, le président de la République s'exprimera et donnera les grandes lignes de la loi qu'il nous charge de construire contre les séparatismes. Mais oui, l'idée c'est vraiment comme je le disais de combler des zones grises et d'apporter des réponses à ces cas très concrets. Ce sont depuis 2017 240 lieux qui ont été fait fermer par les services de l'état, des lieux qui posaient problèmes en raison de radicalisation islamiste.
SONIA MABROUK
Donc, 240 lieux fermés et combien d'écoles privées hors contrat soupçonnées en ce moment de séparatisme ? Avez-vous ce chiffre ?
MARLENE SCHIAPPA
Alors, on est en train de consolider ces chiffres, mais il est extrêmement difficile d'avoir des chiffres très précis, puisque par définition une école hors contrat qui a pour but la radicalisation et la propagation des thèses islamistes, ne va pas se déclarer comme telle, et donc on va passer par des déscolarisations, par des petits groupements d'écoles hors contrat non déclarées. Donc Jean-Michel BLANQUER travaille aussi activement bien sûr avec l'ensemble du gouvernement sur cette loi contre les séparatismes…
SONIA MABROUK
Mais ça veut dire donc que la prochaine loi permettra de fermer ces lieux pour des raisons de séparatisme et d'idéologie, c'est ce que vous nous confirmez, c'est l'esprit de la loi à venir.
MARLENE SCHIAPPA
L'esprit de la loi c'est effectivement d'être le plus concret possible, et le président de la République est très attaché à ce qu'on ne fasse pas une loi d'incantation, mais vraiment une loi concrète qui permette d'obtenir des résultats dans cette lutte contre les séparatismes et contre l'islamisme radical.
SONIA MABROUK
Pas d'incantation et pas de déni. Vous venez de me citer, Madame la Ministre, l'enquête dans Le Parisien qui révélait effectivement les atteintes à la laïcité dans un club de sport. Il y a quelques jours à votre place, j'ai interrogé sur ce sujet la ministre des Sports madame Roxana MARACINEANU, qui m'a dit, je la cite : « Ce sont des on-dit , nous manquons dans le sport de données objectives pour mesurer le phénomène de radicalisation ». C'est des on-dit ?
MARLENE SCHIAPPA
Je ne crois pas que ce soit des on-dit, pas du tout, je pense au contraire que ce sont des faits qui sont vérifiés. D'abord moi je crois au travail des journalistes et quand il y a de nombreuses, pas une, mais 10, 20, 50, 100 depuis des années de nombreuses enquêtes journalistiques délivrent un travail mené par des parlementaires qui ont publié des rapports sur ces questions, je crois qu'au contraire ce sont des éléments très précis il y a pas mal de clubs de sport, trop en tout cas, qui sont les faux nez de l'islamisme radical, et qui se servent sous couvert de sport, mais d'autres c'est sous couvert de soutien scolaire vous sous couvert de telle ou telle activité qui passent bien, eh bien ce sont des bras armés de l'islamisme radical.
SONIA MABROUK
Je voudrais qu'on conclut sur un sujet important madame SCHIAPPA, vous voulez interdire les certificats de virginité qui sont des actes humiliants, indignes, mais une gynécologue qu'on a entendue tout à l'heure sur notre antenne, de Seine-Saint-Denis, elle explique l'important de ces actes, elle dit qu'il ne faut pas rompre le lien avec ces jeunes femmes qui risquent alors véritablement de très très gros problèmes. Qu'est-ce que vous dites à cela ?
MARLENE SCHIAPPA
Mais moi j'entends des gynécologues qui disent qu'elles font le certificat de virginité pour que la jeune fille rentre chez elle et soit protégée, parce qu'elles nous disent : « Je ne sais pas ce qui se passe si la jeune fille rentre sans son certificat de virginité ». Je comprends leur point de vue de gynécologue. Moi, je ne suis pas gynécologue, je suis ministre, et donc la responsabilité qui est la mienne c'est de dire ce que la République admet ou n'admet pas.
SONIA MABROUK
Mais vous ne pouvez pas ignorer des cas concrets sur le terrain.
MARLENE SCHIAPPA
Je n'ignore pas des cas concrets, mais qu'est-ce qu'on imagine qu'il se passe pour la jeune qui rentre chez elle, avec son certificat de virginité, est-ce qu'on imagine qu'elle va vivre, se marier, vivre heureuse, avoir beaucoup d'enfants et être respectée dans sa dignité ?
SONIA MABROUK
Et sans ce certificat, Madame la ministre ?
MARLENE SCHIAPPA
Moi je crois que ce qui est important, c'est qu'il y ait une prise en charge sociale, mais comme il y a des années la République a dit non et stop à l'excision, la République aujourd'hui doit dire non et stop aux certificats de virginité. On ne certifie pas la virginité d'une citoyenne dans la France, dans la République de 2020.
SONIA MABROUK
Donc ce sera interdit.
MARLENE SCHIAPPA
Je le souhaite.
SONIA MABROUK
Merci Marlène SCHIAPPA, merci d'avoir répondu à mes questions.
MARLENE SCHIAPPA
Merci à vous.
SONIA MABROUK
Je cite votre ouvrage : "Entre toutes les femmes, 11 rencontres exceptionnelles", chez Grasset, et je vous souhaite une bonne journée ainsi qu'à nos auditeurs. Vous allez rejoindre le président de la République tout de suite.
MARLENE SCHIAPPA
Absolument. Merci beaucoup.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 6 octobre 2020