Texte intégral
BENOIT MARTIN
Bonjour Nathalie ELIMAS.
NATHALIE ELIMAS
Bonjour.
BENOIT MARTIN
Alors, vous serez cet après-midi à Périers au collège Le Fairage, un établissement qui teste, comme d'autres d'ailleurs dans la région, le système des devoirs faits à distance. En quoi consiste ce dispositif ?
NATHALIE ELIMAS
Alors, d'abord, ce qu'il faut dire c'est que la mesure « Devoirs faits » ne se pratique pas bien évidemment qu'à distance, c'est un dispositif qui existe de longue date et qui, cette année, plus que jamais, est important, en particulier, en cette période post-confinement, où il est prioritaire d'accompagner au mieux l'ensemble des élèves.
BENOIT MARTIN
Donc là, l'élève est avec un professeur qui l'aide à faire ses devoirs tout simplement ?
NATHALIE ELIMAS
C'est ça, l'élève est avec un professeur, un professionnel qui l'aide à faire ses devoirs, ça peut se faire dans les établissements, comme c'est souvent le cas, et ça se fait aussi à distance, et c'est exactement ce que je viens voir cet après-midi à Périers, c'est un dispositif qui est donc déployé, ce qu'on appelle en hybridation, et donc, c'est le cas souvent sur les territoires ruraux, je rappelle que cet établissement est dans un REP rural, et donc c'est particulièrement intéressant de voir comment cela fonctionne, parce que ça permet à la fois au jeune, qui est tributaire d'un transport scolaire, de pouvoir rentrer chez lui tranquillement à la maison et de pouvoir être accompagné, aidé dans ses devoirs à distance…
BENOIT MARTIN
Voilà, une fois chez lui via un ordinateur. Alors justement, le problème aussi, vous l'avez dit, zone rurale, et qui dit zone rurale, parfois dit mauvaise connexion Internet. Donc est-ce qu'il n'y a pas un problème de ce point de vue-là, et certains élèves qui, de fait, de facto, sont exclus de ce dispositif ?
NATHALIE ELIMAS
Alors, vous soulevez deux questions qui sont très justes, souvent, en zone rurale, on a des zones que l'on appelle des zones blanches, donc je suis en train de regarder ce sujet avec le secrétaire d'Etat en charge du Numérique, Cédric O, pour voir comment le plus vite possible on peut couvrir l'ensemble de ces territoires, ça, c'est la première question, et la deuxième, c'est aussi celle de l'équipement, parce qu'il faut non seulement avoir de la connexion, mais il faut aussi avoir un ordinateur à la maison. Alors, nous sommes en train d'expérimenter sur deux départements en ce moment, qui sont le Val-d'Oise et l'Aisne, un dispositif 100 % numérique, nous équipons, nous formons et nous transformons. Nous équipons les familles les plus démunies, nous leur prêtons du matériel informatique, nous équipons les classes, nous équipons les professeurs nouveaux entrants, nous proposons, via Canopé, un dispositif de formation pour les professeurs et pour les familles, parce qu'on n'est pas tous égaux devant la manipulation de l'outil informatique. Et l'objectif, bien sûr, est de se saisir du numérique et de transformer en profondeur les pratiques pédagogiques. Donc c'est en expérimentation cette année, et à l'issue, j'espère pouvoir le déployer plus massivement l'année prochaine.
BENOIT MARTIN
C'est effectivement la question que j'allais vous demander sur l'échéance, effectivement, donc année prochaine pour le développement global, j'imagine, plutôt essentiellement dans les zones rurales d'ailleurs, puisque cette idée de la distance, c'est pour tenir compte des déplacements en car pour ramener les enfants chez eux, c'est donc plus à vocation rurale ?
NATHALIE ELIMAS
Alors, ça sera dans les zones effectivement rurales, ce sera sur tous les territoires qui en ont le plus besoin, puisque je rappelle que : équiper, c'est aussi lutter contre la fracture sociale et la fracture numérique, donc partout où ce sera utile, mais en tout cas, je n'oublierai pas les territoires ruraux.
LE JOURNALISTE
France Bleu, 7h49, la secrétaire d'Etat à l'Education prioritaire est l'invitée de France Bleu Cotentin, à quelques heures de sa venue dans la Manche.
BENOIT MARTIN
On reste sur cette question de la ruralité, Nathalie ELIMAS, est-ce que vous estimez que tout est fait aujourd'hui pour donner les mêmes chances de réussite aux élèves dans des zones rurales notamment d'éducation prioritaire, comme à Périers, que pour des élèves de centre-ville, l'accès à la culture, l'accès aux différentes activités possibles et qui ouvrent l'esprit de ces jeunes ?
NATHALIE ELIMAS
Alors, vous posez une bonne question parce que c'est le sens même de la création de ce secrétariat d'Etat à l'Education prioritaire. C'est la première fois que ça arrive sous la 5ème République. Donc il a été impulsé fortement par le président de la République et par le Premier ministre pour lutter contre ces fractures, ces fractures sociales, ces fractures numériques et ces inégalités de destins. Donc c'est exactement ma mission d'ailleurs, qui est parfaitement claire, plus de justice sociale et plus d'égalité des chances. Donc je regarde tous les territoires, j'ai commencé un tour de France, je vais partout, je vais en ville, je vais en ruralité, je vais dans les zones montagnardes prochainement, j'irai sur les territoires ultramarins. Et l'idée, c'est vraiment d'accompagner au mieux chaque jeune en fonction des particularités de son territoire ; on voit bien qu'en ruralité, il y a des questions, vous les avez posées, celle des zones blanches, celle de la fracture numérique, il y a aussi des questions de mobilité, donc on ne peut pas les aborder toutes de la même manière…
BENOIT MARTIN
Qui rendent les choses plus compliquées. Nathalie ELIMAS, dernière question liée, c'est une sorte de cas d'école, la rentrée dans la Manche s'est faite avec 20 ans enseignant de moins, enseignants remplaçants, justement, est-ce que ce n'est pas un problème, parce que quand il y a des enseignants qui sont absents, il faut les remplacer, sinon, il y a de potentiellement du décrochage, rapidement, s'il vous plaît..
NATHALIE ELIMAS
Oui, les remplaçants, c'est peut-être lié à certains professeurs qui ne peuvent pas se rendre en cours du fait de la circulation du virus tout simplement, mais en tout cas sur les professeurs, on a mis les moyens, 1.688 professeurs supplémentaires dans le premier degré cette année, et dans le second degré, il y a 1.500.000 heures supplémentaires pour les professeurs, et notamment dédiées au dispositif « Devoirs faits », pour accompagner au mieux tous les élèves.
BENOIT MARTIN
Merci Nathalie ELIMAS, secrétaire d'Etat à l'Education prioritaire. Bonne journée à vous ! Je rappelle que vous serez dans la Manche aujourd'hui à Périers.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 8 octobre 2020