Texte intégral
Madame la ministre, chère Geneviève,
Madame la préfète,
Mesdames et messieurs les élus,
Monsieur le chef d'état-major de l'armée de Terre,
Monsieur le directeur central,
Monsieur le directeur de la médecine des forces,
Mesdames et messieurs les officiers généraux,
Mesdames et messieurs,
La médecine des forces est le coeur battant du Service de santé des armées. Au plus près de nos forces, dans chaque régiment, dans chaque base navale et aérienne, elle est présente partout où la France s'engage, partout où la mission nous conduit : du terrain jusqu'aux états-majors, où elle conseille pour mieux protéger, où elle guide pour mieux combattre.
Je suis donc très heureuse de venir aujourd'hui à votre rencontre, à l'épicentre du soutien médical de nos armées. En premier lieu pour rendre hommage à votre engagement quotidien, pour saluer votre implication exceptionnelle dans la gestion de la crise sanitaire et enfin parce que vous avez aussi un rôle essentiel à jouer dans la mise en oeuvre de la nouvelle feuille de route du Service de santé des armées que j'ai présentée aux écoles de Lyon-Bron le mois dernier.
Vous êtes une jeune direction, née de la volonté de garantir une mise en oeuvre cohérente et harmonieuse de la politique de santé définie au niveau central sur l'ensemble du territoire. Vous êtes aujourd'hui l'interlocuteur unique du commandement des forces, et le coordonnateur des 200 antennes médicales situées en métropole, en outre-mer ou encore embarquées. Vous êtes le premier recours de la médecine militaire. Le lien entre la médecine des forces et les unités, qui a pu se distendre ici ou là à l'occasion de la création de la nouvelle organisation doit faire l'objet de toute l'attention tant de la part du SSA que de la part des armées.
Car je voudrais vous redire ce que j'ai dit aux jeunes élèves praticiens le 3 octobre dernier à Lyon : il n'y a pas les armées d'un côté, le service de santé des armées de l'autre. C'est peut-être encore plus vrai pour vous. C'est simple, la médecine des forces prépare les forces à l'engagement, la médecine des forces se prépare à l'engagement avec les forces, et enfin la médecine des forces s'engage avec les forces : chaque année, vous projetez près de 1 000 médecins, infirmiers et auxiliaires sanitaires sur les théâtres d'opération.
De l'incorporation à la mission, vous êtes présents, essentiels au quotidien de tout militaire. Vous êtes aussi le maillon indispensable de notre médecine de prévention pour nos personnels civils. Je ne donnerai qu'un chiffre qui donne à voir l'ampleur de votre action : depuis le début de l'année 2020, vous avez réalisé plus d'un million de consultations et de soins infirmiers, sans compter ce qui s'accomplit au quotidien en OPEX pour garantir la capacité opérationnelle des forces engagées.
Cette année 2020 a évidemment été très particulière pour les professionnels de santé. Depuis le début de la crise sanitaire, on parle beaucoup de l'hôpital, on évoque les difficultés des services hospitaliers sous tension, on mesure sans cesse la pression hospitalière. Mais on ne mesure pas suffisamment tout ce que vous avez fait, tout ce que la médecine de proximité a apporté à la gestion de la crise.
Les armées ont soutenu les Français et vous avez joué un rôle déterminant en conduisant un certain nombre d'actions emblématiques qui ont marqué nos concitoyens : vous avez participé à 37 mission de transport de patients civils, vous avez agi en renfort des hôpitaux militaires, de l'hôpital de campagne à Mulhouse ainsi que de l'unité de réanimation déployée plus récemment à Mayotte.
Pour l'ensemble du ministère, en l'espace d'un mois seulement et en partant de rien, vous avez spontanément mis sur pied une offre de téléconsultation pour les militaires, le personnel civil de la défense ainsi que leurs familles.
Depuis la fin du mois de mars plus de 93 000 téléconsultations ont ainsi été effectuées dont 78 % concernent le Covid-19 : c'est autant de déplacements en moins, c'est autant de risque de transmission de la maladie en moins.
Aujourd'hui, vous continuez de poursuivre vos efforts, notamment en matière de tests de dépistage. Votre vigilance ne faiblit pas pour identifier, maîtriser et supprimer les éventuels clusters au plus tôt.
Avec Geneviève Darrieussecq, nous aimerions donc à nouveau saluer l'engagement du personnel du SSA, et tout particulièrement aujourd'hui celui de la médecine des forces. Nous sommes à vos côtés pour affronter cette nouvelle vague et nous avons pleine confiance en votre résilience et votre excellence. Je vous sais engagés, pragmatiques face à la gestion du risque, motivés face aux défis, enfin et surtout, passionnés par votre métier.
Je vous sais entièrement consacrés à offrir le meilleur soutien médical à nos forces. Et vous pouvez compter sur nous pour continuer à vous donner les moyens de vos missions.
Le Service de santé des armées est aujourd'hui à un moment charnière de son existence : il achève un cycle de près de 10 ans de transformation qui a demandé une grande implication de votre part, et il doit maintenant en tirer les enseignements pour aborder les dix prochaines années en s'alignant avec l'ambition 2030 de nos armées portée par la loi de programmation militaire.
C'est pour aborder cette nouvelle décennie que j'ai présenté une nouvelle feuille de route du SSA il y a un mois. J'aimerais donc en rappeler les grandes priorités :
Pour commencer, et le dire ici à Tours prend tout son sens, il nous faut refondre la chaine des ressources humaines du service de santé des armées, au profit d'une gestion plus efficace et plus personnalisée.
Le défi RH est majeur et se résume en trois mots : recruter, fidéliser, considérer.
Nous devons mieux faire connaître ce métier extraordinaire de médecin et d'infirmier militaire auprès des plus jeunes pour susciter les vocations, et mieux le promouvoir au sein du SSA. J'ai d'ailleurs le plaisir de vous annoncer que le ministère collabore avec les éditions Dargaud pour un projet de bande dessinée qui verra le jour en 2021 et dont le personnage principal est un médecin militaire du SSA.
Cette feuille de route a aussi l'ambition de développer une véritable stratégie capacitaire en tirant les enseignements de la crise actuelle, qui ont mis en lumière des domaines qui n'ont pas suffisamment été investis comme le ravitaillement sanitaire ou la recherche s'agissant du risque biologique.
Il s'agira aussi d'ouvrir davantage la direction centrale du SSA au reste du ministère. Je mène un combat de longue date contre la logique des silos et des vases clos, et ce combat est nécessaire pour que le SSA soit mieux soutenu et capte l'expertise dont il a besoin.
Enfin, nous devrons rester attentifs aux prochaines évolutions de la santé publique, et repenser les relations du SSA et de la santé publique en lien avec le ministère des Solidarités et de la Santé.
Pour mettre en oeuvre cette ambitieuse feuille de route, le médecin général Philippe Rouanet, nouvellement nommé directeur central du SSA a toute ma confiance. Je sais qu'il aura à coeur de guider votre service vers l'avenir avec la conviction qu'il est la clé de voûte d'un modèle d'armée complet.
Pour mener à bien cette mission, j'ai également pris la décision d'augmenter le budget du SSA de 160 millions d'euros d'ici la fin de la LPM.
Il faut des moyens, certes, mais il faut aussi du temps. Libérer du temps médical, c'est ce qu'il y a de plus précieux : nous devons agir pour que les médecins comme les infirmiers passent plus de temps avec les patients qu'ils n'en passent à des tâches administratives.
Je pense notamment à la réforme des visites d'aptitudes qui doit supprimer les visites redondantes et alléger la charge du personnel soignant. L'objectif est de diminuer le volume de ces visites de 30%. Il y a déjà des résultats, mais il faut poursuivre et accélérer dans cette voie.
Dans le même esprit, un certain nombre de soins sont désormais accomplies par des infirmiers en pratique avancée : cela permet de valoriser leur travail tout en allégeant la charge des médecins.
Le numérique est aussi un levier essentiel pour libérer du temps médical et améliorer la qualité des soins, je pense au système d'information « Axone », véritable dossier médical partagé du militaire.
Aujourd'hui, les praticiens du SSA peuvent avoir accès à près de 400 000 dossiers médicaux individuels n'importe où en France et demain en OPEX.
C'est une révolution qui permet un bond dans la qualité de la prise en charge médicale : le parcours de soins du militaire n'est jamais interrompu, chaque médecin ou infirmier pouvant consulter ses antécédents médicaux et ajouter de nouvelles information.
En 2021, Axone se dotera aussi d'une capacité de télémédecine et pourra agir comme interface avec des objets connectés comme les électrocardiogrammes. La donnée médicale sera directement versée dans le système, sans avoir besoin d'être saisie.
Nous le mesurons tous, le Service de santé des armées est à l'aube de nombreux défis. Et la médecine des forces saura être un appui précieux pour les relever, sans jamais perdre de vue la finalité opérationnelle du SSA.
Car la médecine des forces est un coeur qui bat au rythme de nos armées, un muscle puissant qui permet à chaque militaire d'acquérir et de conserver la vigueur et la santé nécessaires à la mission.
Vive la République !
Vive la France !
Source https://www.defense.gouv.fr, le 26 novembre 2020