Interview de Mme Agnès Pannier-Runacher, ministre de l'industrie, à BFM TV le 27 novembre 2020, sur l'article 24 de la loi de sécurité globale, les vaccins contre le coronavirus, les restaurants et les stations de sport d'hiver confrontés à la crise sanitaire et les plans de sauvegarde de l'emploi.

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Média : BFM TV

Texte intégral

JEAN-JACQUES BOURDIN
Agnès PANNIER-RUNACHER bonjour.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Bonjour JEAN-JACQUES BOURDIN.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous êtes ministre déléguée à l'Industrie. Vous négociez pour l'Etat français avec les laboratoires pharmaceutiques et l'Union européennes les vaccins, en quelque sorte vous êtes Madame vaccin du gouvernement Agnès PANNIER-RUNACHER, mais vous êtes aussi ministre. J'ai deux, trois questions à vous poser sur l'actualité, est-ce que chaque violence policière est un problème pour la République ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Le gendarme, le policier, c'est l'homme qui doit défendre, la femme qui doit défendre les faibles, les fragiles, donc évidement une violence policière est un problème pour la République. Et c'est pour cela qu'à chaque fois qu'il y a des violences policières, il faut faire des enquêtes et il faut les sanctionner. Inversement chaque violence à l'encontre des forces de l'ordre est un problème pour la République et là aussi, il faut être intransigeant par rapport à ces violences.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Ils ont déconné disait hier soir Gérald DARMANIN à propos des policiers qui ont frappé un producteur de musique à Paris, déconné, le mot est approprié quand on voit les images, franchement, franchement ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Ces images m'inspirent, enfin elles sont insoutenables, vous ne pouvez pas regarder quelqu'un se faire.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Frapper.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Frapper.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Peut-être insulté, l'enquête le dira.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Essayant potentiellement de se défendre, mais vraiment comme il peut pendant 20 minutes, c'est insoutenable et c'est inadmissible et c'est inacceptable.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc ils ont fait plus que déconner les policiers.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Ils ont franchi la ligne rouge. On le voit à l'image, ils ont franchi la ligne rouge.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Pas d'image, s'il n'y avait pas eu d'image, imaginons, il n'y aurait pas eu de réaction du ministre, il n'y aurait eu de sanction, il n'y aurait pas eu de justice, il n'y aurait peut-être pas eu de démocratie, ça pose le problème de l'article 24 de la loi sécurité globale, Agnès PANNIER-RUNACHER, non ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
L'article 24 de la loi sécurité globale, elle ne concerne pas l'image, elle n'interdit pas de filmer, elle n'interdit pas de transmettre les images au procureur, elle n'interdit même pas aux médias de montrer les images. Ce que fait l'article 24 de la loi sécurité globale, c'est qu'elle empêche quelqu'un qui posterait, je prends un exemple tout simple, vous avez un officier de police de la brigade anti criminalité qui lutte contre un trafic de drogue dans une cité, et un des trafiquants poste sur les réseaux sociaux, celui-là on va se le faire, met le nom, met l'adresse de la personne, met son numéro de matricule, un élément qui permet de l'identifier. Est-ce qu'on a envie de ça ? Est-ce qu'on se souvient que les policiers parce qu'ils étaient policiers ont été tués par des terroristes chez eux devant leur enfant de trois ans, c'est de ça dont on parle. On ne parle pas évidement de ce qui est la démocratie, de ce qu'est la République, qui est de dire que lorsqu'on est témoin d'une situation anormale, lorsqu'on est témoin de violences policières, il est légitime de transmettre les éléments à ceux qui assurent la justice dans ce pays.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Il est donc légitime en l'occurrence de montrer les images et de diffuser les images de ce policier qui ont tabassé ce producteur de musique. C'est donc légitime.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Mais Monsieur BOURDIN, vous ne pouvez pas reconnaître les policiers sur les images, en revanche vous reconnaissez les violences policières.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Non mais…

AGNES PANNIER-RUNACHER
Donc on est très exactement dans un cas.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Non mais les visages de ces policiers sont montrés, on les voit sur les images.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Je ne crois que l'enjeu.

JEAN-JACQUES BOURDIN
On aura toujours le droit de montrer ces images et les visages de ces policiers.

AGNES PANNIER-RUNACHER
On aura toujours le droit de montrer tel que ça a été fait ici les images de ces policiers. Il ne s'agit pas d'un appel à la violence, vous ne diffusez pas ces images accompagnées d'un message, on va se les faire. Rendez-vous à tel endroit, ce n'est pas le sujet. Encore une fois l'article 24 adresse un sujet très clair, c'est l'appel à la violence contre des forces de l'ordre et ce n'est pas un sujet théorique.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors s'il n'y a pas de doute, pourquoi est-ce que le Premier ministre et le ministre de l'Intérieur ont décidé de créer une commission indépendante chargée de proposer une nouvelle écriture de l'article 24 ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Parce qu'on voit bien que dans les réactions que suscitent cet article 24, certains ont une lecture différente, très bien. Mettons les experts autour de la table et cherchons l'écriture la plus simple de l'article 24, la plus claire. Mais je veux dire une chose ici, à la fin de la journée ce sont les parlementaires qui trancheront. Ce sont les parlementaires.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Il est heureux parce que, que fait le Premier Ministre ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
C'est eux qui doivent trancher la manière dont sera écrite cet article.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Agnès PANNIER-RUNACHER, que fait le Premier ministre du travail parlementaire, cette loi a été votée par les députés, cet article a été voté par les députés, et on marche sur ce vote ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Pas tout à fait parce que cet article a été voté en première lecture, comme vous le savez il y a la lecture au Sénat, il y a un retour à l'Assemblée. Un texte de loi, c'est une permanente amélioration du texte. Que le Premier ministre dise, je suis prêt à reprendre ma copie, c'est la prérogative du gouvernement de proposer des écritures mais in fine ce sont les parlementaires, ce sont les députés et ce sont les sénateurs qui voteront le texte.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Agnès PANNIER-RUNACHER, parlons des vaccins, grande préoccupation déjà des Français, vous allez vous retrouver devant l'urgence vaccinale, ne pas réitérer ce que vous nous avez fait vivre avec les masques, vacciner une part importante de la population sera un grand défi pour vous, un grand défi. Alors serez-vous prêts, serons-nous prêts fin décembre, début janvier ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Monsieur BOURDIN, nous serons prêts fin décembre, début janvier, parce que ce que nous attendons ce sont les doses vaccinales. Ces doses vaccinales, ces vaccins seront mis en fabrication à partir du moment où ils auront une autorisation, une autorisation qui est donnée par l'agence du médicament européenne. Les dossiers sont en train d'être instruits, ils sont instruits mais c'est les entreprises qui fournissent les éléments de cette instruction. Certains peuvent prendre une semaine de retard, c'est possible, d'autres peuvent prendre de l'avance, donc dès que nous aurons l'autorisation de mise sur le marché se déclenchera, je dirais, la stratégie vaccinale, les recommandations vaccinales données par notre propre autorité de santé, c'est essentiel, c'est ce qui garantit aux Français que ce sont des bons produits qui arrivent sur le marché. Pour le moment tout le monde attend les doses, encore faut-il qu'il y ait une autorisation de mise sur le marché et cette autorisation de mise sur le marché, elle est la clé.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Européenne.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Elle est européenne, surtout elle dit que le produit mérite d'être mis sur le marché, nous ne sommes pas encore au bout des essais clinique. Ce que nous voyons ce sont des éléments positifs d'information, allons jusqu'au bout des essais clinique, allons jusqu'au bout du dossier pour être sûr et certain que les Français aient accès à des produits qui soient utiles pour eux.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Des produits qui seront utiles pour eux et qui seront fabriqués où ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors nous nous sommes, je me suis employée puisque depuis mai je négocie pour le compte de la France aux côtés de la Commission européenne avec les laboratoires pharmaceutiques, à ce que l'essentiel des produits soient fabriqués en Europe et trois des vaccins auront une fabrication en partie en France.

JEAN-JACQUES BOURDIN
11 vaccins c'est cela, combien ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Non aujourd'hui nous avons six contrats, six vaccins et un septième qui vient de rentrer en négociation.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc sur ces six, sur ces sept vaccins, trois seront en partie fabriqués en France.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Je vous parle des six qui ont été aujourd'hui décidé, la moitié sont fabriqués en Eure et Loir, sont fabriqués en Indre et Loire, sont fabriqués dans la région de Lyon. Les autres sont fabriqués en Suisse, en Allemagne, en Belgique, en Europe, c'est cela qui compte pour nous, c'est que cette fabrication soit européenne. Et je veux signaler que les deux vaccins qui sont fabriqués, deux des trois vaccins qui sont fabriqués en Europe, c'est suite à un accord, en France, c'est suite à un accord de la semaine dernière, c'est-à-dire que nous travaillons à améliorer, à renforcer la base française. Je travaille à renforcer la base française de fabrication des vaccins.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien. Est-ce que vous travaillez aussi sur des sites de vaccination, des sortes de vaccinodromes, si je puis dire, parce que les Allemands ont déjà installé, sont en train d'installer sur un aéroport désinfecté de Berlin, un centre, immense centre de vaccination, est-ce que ça existe en France ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Ça ce sera le ministère de la Santé qui le précisera. C'est là où moi je lui passe la balle. Mon travail c'est de négocier les meilleurs vaccins dans la plus grande transparence avec le meilleur travail scientifique. Nous sommes le seul pays à avoir un comité scientifique de vaccins. Ce comité scientifique s'est d'ailleurs imposé à la Commission européenne parce qu'ils ont trouvé l'idée extrêmement intéressante et les avis du Comité scientifique français sont communiqués à la Commission européenne et pour avoir les doses qui sont livrés à un ou plusieurs points de livraison en France.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors justement la livraison, il va falloir organiser cette logistique Agnès PANNIER-RUNACHER, ça va être très compliqué non. Je ne sais pas comment allez-vous faire ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
C'est une première discussion avec les laboratoires pharmaceutiques. Nous avons par exemple une discussion avec By and Tech, PFIZER qui a accepté de livrer dans 130 points de livraison en France.

JEAN-JACQUES BOURDIN
En France 130 points de livraison.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Qui sont en train d'être définis par le ministère de la Santé et je veux donner une précision, ce n'est pas parce que le vaccin est mis sur le marché que la semaine suivante vous avez 100 millions de doses qui arrivent sur le marché. Il faut le temps de vacciner ce vaccin, de produire ce vaccin et les livraisons vont se faire au fur et à mesure. Et en tout état de cause et ça va être le rôle de la Haute autorité de santé, il faudra définir les populations qui aurait vocation à être vaccinées en priorité, pour lesquelles nous formulerons une recommandation.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y aura une population évidemment vacciné en priorité en France. Il le faut.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Il le faut.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Les plus fragiles, le personnel soignant, les plus âgés, enfin c'est clair.

AGNES PANNIER-RUNACHER
C'est ce qui se dessine, ça paraît logique, c'est aussi en fonction des spécificités de chaque vaccin puisque chaque vaccin à une réponse différente par exemple sur les personnes âgées et la Haute autorité de santé définira l'ordre de passage entre guillemets de préférence pour la vaccination.

JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est l'Union européenne qui a acheté les vaccins, si j'ai bien compris, les doses qui a préacheté les doses.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Aujourd'hui c'est l'Union européenne qui avance l'argent des vaccins.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Nous rembourserons à hauteur du nombre de doses.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Lorsque nous commandons nous payons nos doses lorsqu'elles sont livrées comme une livraison classique.

JEAN-JACQUES BOURDIN
15 % pour la France des doses réservées.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Quand 100 millions de vaccins sont livrés pour l'Europe, 15 millions de vaccins vont à la France automatiquement.

JEAN-JACQUES BOURDIN
15 millions de vaccins automatiquement.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Pour 100 millions de doses livrées.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Vaccin français, non pas de vaccin français.

AGNES PANNIER-RUNACHER
SANOFI.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Ou est en retard pour l'instant.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Attendez SANOFI, c'est le 2e contrat que nous avons signé.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui que vous avez signé sauf que le vaccin de SANOFI est attendu pour juin.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Il est attendu pour juin en masse, en volume tandis que les vaccins qui vont arriver des autres laboratoires arriveront en masse seulement à partir de mars. Encore une fois c'est la stratégie d'industrialisation peut être différente d'un laboratoire à l'autre et croyez-nous, enfin moi j'ai été extrêmement active pour que SANOFI soit signé par la Commission européenne parce que c'est sur une base de vaccins très connue, sur lequel nous avons énormément de recul et pour lequel nous fondons de grands espoirs.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc en juin SANOFI fournira des vaccins en masse, des doses de vaccins en masse.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Tout à fait.

JEAN-JACQUES BOURDIN
En masse.

AGNES PANNIER-RUNACHER
En masse.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Dès le mois de juin.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Dès le mois de juin.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Vaste campagne de communication j'imagine de la part du gouvernement pour faire accepter la vaccination.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Il est important effectivement que les Français aient le maximum de transparence et d'éléments qui les amènent à décider de se faire vacciner ou pas. Je rappelle que le président de la République a été très clair, il ne s'agit pas d'une obligation d'être vaccinés. Il s'agit d'une recommandation et d'une recommandation qui visera d'abord les personnes qui sont le plus susceptibles, soit d'attraper le virus par leur travail, soit de faire une forme, comment dire difficile, problématique de maladies. Et donc nous allons procéder avec ordre et méthode en donnant tous les éléments disponibles et c'est pour ça que nous avons un comité scientifique, c'est pour ça que le président de la République a demandé à ce qu'on ait un comité des usagers qui regarde qui permet d'accompagner cette vaccination et nous ferons en sorte que les Français puissent décider avec le meilleur niveau d'information.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Agnès PANNIER-RUNACHER, les bars et les restaurants resteront fermés jusqu'au 20 janvier, les bars ouvriront donc le 20 janvier si les conditions sanitaires sont bonnes.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Si les conditions sanitaires sont bonnes.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Les bars ouvriront.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Le 20 janvier, nous ferons le point, c'est la date qu'a communiqué le président de la République.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Parce que là, je ne sais plus, on ne sait plus. L'un parle des restaurants, l'autre parle des bars et des restaurants, moi je veux savoir, est-ce que les bars ouvriront le 20 janvier ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Moi je vous réponds le 20 janvier on fera le point en fonction des conditions sanitaires.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Avant pour prévoir l'ouverture.

AGNES PANNIER-RUNACHER
On verra si on peut ouvrir les bars et les restaurants, ce n'est pas la même activité, on verra.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc les bars et les restaurants en même temps ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
On verra, pas nécessairement.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Pas nécessairement. En ce qui concerne les stations de sports d'hiver, je sais que vous êtes à leur problème, elles vont rester fermées pour l'activité ski, on est bien d'accord.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Non vous pouvez faire du ski de randonnée, ce sont les remontées mécaniques qui seront fermées.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Ski alpin, les remontées mécaniques, bien. Certains ne comprennent pas pourquoi les remontées mécaniques sont fermées, d'ailleurs pourquoi le sont-elles ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors je vais vous faire une réponse très simple. Moi je me suis occupée d'une entreprise qui gérait 30 % de l'activité ski française…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Je sais.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Et pour cette raison, je ne vais pas vous répondre, parce que, dans notre gouvernement, nous respectons strictement la gestion des conflits d'intérêt, ça veut dire que sur ce sujet je suis en déport, autrement dit je n'ai pas le droit, au titre de mes anciennes fonctions, de m'exprimer et de prendre des décisions sur ce dossier, c'est mes autres collègues qui le prennent.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc vous ne pouvez pas me dire si vous regrettez ou pas, si j'ai bien compris, cette fermeture des remontées mécaniques.

AGNES PANNIER-RUNACHER
En tout état de cause je n'ai pas à prendre position, et je pense que ça fait partie des bonnes pratiques à mettre en place dans la gestion gouvernementale.

JEAN-JACQUES BOURDIN
J'ai vu que le maire de Nice proposait l'ouverture des remontées mécaniques des stations des Alpes-Maritimes, réservées aux habitants des Alpes-Maritimes et à ceux qui possèdent une résidence secondaire dans ces stations. Vous n'allez pas me dire si vous allez accepter sa demande ou pas ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
En tout état de cause je ne serai pas la personne interrogée sur ce sujet.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon d'accord. Simplement, j'ai quand même une remarque à faire, on ferme les remontées mécaniques en France, on les ferme en Allemagne, on les ferme en Italie, mais on les laisse ouvertes en Suisse et probablement en Autriche, et on va les laisser ouvertes à Andorre, et on les laissera probablement ouvertes en Espagne, où est l'Europe ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
C'est une discussion que nous avons au niveau européen, et vous avez raison de souligner que, sur ces sujets-là, ce que nous avons réussi à faire sur les vaccins, c'est-à-dire à avoir une Europe unie, où il n'y a pas un pays qui fait quelque chose de différent d'un autre pays. Imaginez quand même 2 minutes, et ça c'est la France qui l'a obtenu, ça c'est le président de la République, sur les vaccins, si la France avait négocié dans son coin, si l'Allemagne avait négocié dans son coin, l'échelle de perroquet et la facilité pour les laboratoires pharmaceutiques de nous imposer leurs conditions. C'est parce que nous avons su être unis que nous protégeons aujourd'hui les Européens. Et cette approche, effectivement, il faut la développer sur tous les sujets qui concernent la lutte contre ce virus.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais est-ce que ça va évoluer ou pas ? Est-ce que la Suisse va fermer – la Suisse n'est pas dans l'Union européenne…

AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors la Suisse n'est pas dans l'Union européenne, Andorre non plus d'ailleurs, au passage.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais est-ce que l'Autriche va fermer, est-ce que l'Espagne va fermer toutes ses stations ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
L'Espagne, je crois, n'a pas tranché encore, quant à l'Autriche, effectivement, nous sommes en discussion, et l'Allemagne également, pour avoir le maximum d'alignement entre ces différents pays.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Agnès PANNIER-RUNACHER, depuis le 1er mars 657 plans de sauvegarde de l'emploi ont été engagés, des entreprises de plus de 50 salariés, il y en a beaucoup, de tous les côtés, mais il y en a une, c'est GENERAL ELECTRIC, un plan, GENERAL ELECTRIC 300 postes supprimés, dont 240 à Belfort, avec toutes les promesses faites par GENERAL ELECTRIC voilà que cette entreprise américaine continue à supprimer des postes en France. Est-ce admissible, franchement ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors je vais être très claire. Bruno LE MAIRE aura très prochainement Larry CULP, qui est le patron de GENERAL ELECTRIC. Ce dont on parle ici c'est de l'activité charbon, c'est de l'activité charbon, donc, cette évolution-là, cette transformation de l'activité charbon, elle est connue dans le plan de G.E. Dans le même temps je rappelle que GENERAL ELECTRIC crée 600 emplois sur l'éolien marin…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Et les promesses ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Les promesses, ce sont des promesses sur l'emploi global. Moi je veux vous dire, sur ce plateau, que la semaine prochaine le comité qui va utiliser les 50 millions que GENERAL ELECTRIC nous devait pour réindustrialiser, se réunira pour sélectionner les projets de réindustrialisation, de revitalisation, il y aura des projets autour de l'hydrogène, et ça c'est du concret, et ça c'est de la création d'emplois.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Et je voudrais terminer avec BRIDGESTONE, puisque c'est l'actualité, il y a grève et rassemblement devant les grilles de l'usine aujourd'hui, vous le savez Agnès PANNIER-RUNACHER…

AGNES PANNIER-RUNACHER
Non, il y a rassemblement devant… ce n'est pas grève…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, bon !

AGNES PANNIER-RUNACHER
Non, non…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, ce n'est pas pareil, rassemblement, bon, rassemblement devant… rassemblement parce qu'il faut…

AGNES PANNIER-RUNACHER
Faire pression sur BRIDGESTONE.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Il faut faire pression.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Je vais vous dire, moi je suis constamment en contact avec l'intersyndicale, et ce que me disent les salariés de BRIDGESTONE, ce que me dit l'intersyndicale, c'est qu'ils sont révoltés par la décision de BRIDGESTONE, néanmoins – donc, ils font pression, ils sont dans une négociation – mais néanmoins ils n'iront pas à la faute parce qu'ils ont bien compris que la meilleure manière d'avoir un repreneur, c'est de faire pression sur BRIDGESTONE, mais c'est de donner toutes leurs chances à des projets de reprise, et nous sommes en train d'y travailler. Hier encore, avec Xavier BERTRAND, avec l'Agglomération, nous mettions en place la task force qui est en train de reprendre un par un les projets de reprise, qui sont aujourd'hui très préliminaires, de cette usine.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors un mot, juste, est-ce que les salariés de BRIDGESTONE seront prioritaires pour l'embauche dans la future usine de batteries électriques proche, qui est à une vingtaine de kilomètres, qui est à Douvrin ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Nous sommes en train de mettre en place, au-delà de l'usine de Douvrin, qui ouvrira en 2023, donc il ne vous aura pas échappé qu'on est en 2020, et que moi mon sujet c'est de donner des perspectives aux salariés de BRIDGESTONE qui ne soient pas à 3 ans, moi je souhaite qu'ils aient un emploi avant, et je pense que c'est également ce qu'ils souhaitent…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Ils seront tous…

AGNES PANNIER-RUNACHER
Ils doivent payer leurs factures à la fin du mois, les salariés de BRIDGESTONE, ils ne vont pas attendre 2 ans.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Ils seront tous réembauchés ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Donc, les salariés de BRIDGESTONE vont bénéficier d'une facilité d'accès à toutes les propositions, dans le bassin de Béthune, pour pouvoir leur permettre de rebondir professionnellement plus rapidement. Mais, on ne va baisser la garde, et moi mon objectif, encore une fois, c'est de remettre de l'activité sur le site de BRIDGESTONE, nous avons proposé à BRIDGESTONE de le faire avec eux, ils ont refusé, nous le ferons sans eux.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien, merci


source Service d'information du Gouvernement, le 30 novembre 2020