Texte intégral
JEAN-MICHEL APHATIE
Bonjour Olivia GREGOIRE.
OLIVIA GREGOIRE
Bonjour.
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous êtes secrétaire d'Etat chargée de l'Economie solidaire et sociale, cette économie où l'on trouve donc des entreprises sous forme de coopérative ou des mutuelles.
OLIVIA GREGOIRE
Oui.
JEAN-MICHEL APHATIE
Pour faire simple.
OLIVIA GREGOIRE
Notamment.
JEAN-MICHEL APHATIE
On va en parler plus en détails, et notamment dans la perspective, puisque c'est aujourd'hui, du Black Friday, mais peut-être avant, puisque nous sommes toujours dans la crise du Covid, évidemment, le Premier ministre a annoncé hier que des vaccins seraient disponibles à partir du mois prochain, un million de doses, les personnes vaccinées prioritairement seraient celles qui sont aujourd'hui dans des EHPAD, sur la base du volontariat, c'est gratuit, tout cela a l'air très bien organisé, mais on a vu que le gouvernement, dans cette crise du Covid, avait en termes d'organisation beaucoup de problèmes, l'étape a été plutôt loupée pour les masques, plutôt loupée pour les tests. On n'est pas inquiet quand on est au gouvernement, quand on voit arriver cet immense chantier de la vaccination ?
OLIVIA GREGOIRE
Alors, quand on est au gouvernement, déjà, on est concentré et vigilant. L'histoire jugera, je vous dirai, et l'histoire demande un peu de temps, plus que quelques mois. L'histoire jugera l'action du gouvernement et je ne doute pas que des 2021, 2022 certainement à son paroxysme, viendra faire le bilan de cette crise.
JEAN-MICHEL APHATIE
2022, il y aura un jugement, ça c'est sûr.
OLIVIA GREGOIRE
Et il y aura un jugement, donc on aura le temps, mais il faut un peu de recul, donc je ne qualifierai ni les masques, ni les tests. Ce que je sais moi, c'est que j'ai vu beaucoup de mascologues, beaucoup de testologues, je m'attends à avoir beaucoup de vaccinologues dans les prochaines semaines, ça a déjà commencé…
JEAN-MICHEL APHATIE
Oui oui, j'entends une opinion, oui.
OLIVIA GREGOIRE
Je crois que ce que fait le gouvernement, et ce qu'a fait Jean CASTEX hier, déjà est un exercice de transparence, et je pense que c'est important, on sait les réticences qu'il y a d'ailleurs dans notre pays sur la vaccination, la France n'est pas en reste, il y a un gros doute sur la vaccination au plan générique. Je pense qu'expliquer, démontrer, donner la cadence, expliquer comment on va fonctionner en termes de population, quel vaccin, quand, comment l'Europe s'équipe, deux premiers vaccins qui arrivent, le rôle de la Haute autorité de santé. Toute l'explication qu'a fait Jean CASTEX, mais aussi Agnès PANNIER-RUNACHER hier, je crois que ça avait un seul objectif : d'abord c'est de dire on a travaillé, on a préparé, et voici comment nous allons faire. On a appris une chose des atermoiements passés, en tout cas.
JEAN-MICHEL APHATIE
Des loupés précédents.
OLIVIA GREGOIRE
Je vous laisse le mot.
JEAN-MICHEL APHATIE
Merci.
OLIVIA GREGOIRE
En tout cas, moi je ne suis pas ; je suis dans la modestie et l'humilité, et c'est ce que nous rappelle le président de la République à chaque Conseil des ministres, donc je vais être très claire, je ne dis pas qu'on a fait tous parfaitement, je dis qu'on essaie de faire au mieux, et ce qu'on a compris et ce qu'on fait, c'est expliquer, de la transparence pour éviter tout imbroglio et surtout toute crise autour de « on nous cacherait quelque chose ».
JEAN-MICHEL APHATIE
D'un mot, la vaccination ne peut être que volontaire, pas obligatoire, dans cette crise…
OLIVIA GREGOIRE
Je pense que la meilleure réponse à la défiance, ça n'est pas l'obligation, c'est plutôt la confiance, la transparence et la liberté. La gratuité n'est pas anodine, c'est plus secondaire, mais je pense qu'il ne faut pas contraindre et forcer, il faut plutôt encourager et démontrer avec transparence. Démontrer aussi en en étant exemplaire, il va falloir aussi qu'on se fasse vacciner, qu'on le montre et qu'on explique qu'il n'y a pas de danger.
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous parliez du jugement, une mission d'information parlementaire cette semaine a parlé d'un pilotage défaillant…
OLIVIA GREGOIRE
Oui.
JEAN-MICHEL APHATIE
… du gouvernement dans cette crise. Voilà. C'est un qualificatif qui suscite quelles réactions chez vous ?
OLIVIA GREGOIRE
Oh, eh bien d'abord je vais préciser quand même que c'est cette commission parlementaire elle était en partie dirigée par l'opposition et par des personnes qui ont aussi à en faire…
JEAN-MICHEL APHATIE
"Pilotage défaillant", c'est Eric CIOTTI des Républicains.
OLIVIA GREGOIRE
Voilà, donc il y a peut-être, peut-être une once de subjectivité dans ce jugement.
JEAN-MICHEL APHATIE
On ne peut rien exclure.
OLIVIA GREGOIRE
Ce que je sais, c'est que les députés de la République En Marche ont réagi de façon assez équilibrée, c'est-à-dire qu'ils se sont abstenus sur ces commentaires de mission d'information, qui à mon sens sont un peu subjectifs. Encore une fois, je ne crois pas que le gouvernement cherche à démontrer qu'on a été parfait. Ce n'est pas le sens de notre action. On est dans la modestie, dans l'humilité, on cherche l'efficacité et la protection des Français.
JEAN-MICHEL APHATIE
Votre secrétariat d'Etat est rattaché à Bercy.
OLIVIA GREGOIRE
Oui.
JEAN-MICHEL APHATIE
Cette grande maison, réveillon à moins de six, stations de ski fermées, l'économie souffre beaucoup quand même, il n'y a pas moyen de faire autrement ?
OLIVIA GREGOIRE
Je ne crois pas qu'il y ait moyen de faire autrement. D'abord un peu de bonnes nouvelles peut être…
JEAN-MICHEL APHATIE
Ah, il y en a ?
OLIVIA GREGOIRE
Il y en a, quand on cherche un peu, il y en a.
JEAN-MICHEL APHATIE
Ah, il faut chercher, oui.
OLIVIA GREGOIRE
D'abord, ce second confinement n'a pas été aussi mortifère pour notre économie que le premier, et je veux remercier d'ailleurs les entreprises, mais aussi les services publics qui sont restés ouverts, les personnes qui ont télétravaillé, le fait qu'on ait gardé les écoles ouvertes a permis quand même de maintenir une vie économique, certes mezzo, mais ça a quand même permis à la vie économique de continuer. Et donc le confinement en termes sonnants et trébuchants, a coûté quand même trois fois moins cher à notre économie sur ce second confinement que sur le premier. Pour des gens qui n'ont tiré leçon aucunement de la première phase, vous m'accorderez que je pense que ce n'est pas vraiment le cas. Donc on a une économie, certes qui souffre, mais qui a été incroyablement accompagné, et moi je le dis avec force et je l'assume, le mieux à mon sens de toute l'Europe, et parfois même du monde, en matière de chômage partiel, en matière d'accompagnement, on n'a pas à rougir de ce qu'on a fait et je pense que même si notre économie souffre, elle a aussi en elle une capacité de rebond, et on l'a vu d'ailleurs à la fin du premier confinement, c'est la France qui a eu les premiers frémissements de rebond cet été en termes de consommation, bien plus que les autres pays européens. On a le droit d'être un peu optimiste.
JEAN-MICHEL APHATIE
Mais, oui, des bonnes nouvelles ceci dit on les attend toujours. Les stations de ski qui disent : là, on ne va pas s'en remettre, de ce qui se passe et puis les stations fermées, les stations ouvertes et les remontées mécaniques fermées, tout ça n'est pas très cohérent. Vous entendez tout ça.
OLIVIA GREGOIRE
La blague est facile et moi qui aime rire, parfois il m'arrive d'en rire aussi, mais…
JEAN-MICHEL APHATIE
Le Premier ministre vous a fait rire quand il a dit ça.
OLIVIA GREGOIRE
Non, moi le Premier ministre…
JEAN-MICHEL APHATIE
Villages fermés … villages ouverts pardon…
OLIVIA GREGOIRE
Non, moi le Premier ministre je le vois se débattre, je le connais depuis 15 ans, parce que j'ai eu le plaisir de travailler avec lui dans une autre période de ma vie, je le vois se débattre avec des questions qui sont extrêmement complexes, compliquées, certes au niveau économique mais aussi au niveau des Français. Quand on prend les choses comme ça sorties de leur contexte, ça peut paraître un peu complexe, voire incompréhensible, mais voyez, c'est aussi tout le charme des Français. Ça fait 6 mois, on ne va pas se mentir, que je fais des plateaux où on m'explique et on me dit : regardez l'Allemagne, regardez comme ils s'en sortent mieux que nous, tous les jours. Bon. Alors je regarde, notamment au plan économique, mais aussi sanitaire, donc je regarde pour les montagnes, les stations de ski, ce que fait l'Allemagne, puisqu'on me dit qu'ils sont exemplaires…
JEAN-MICHEL APHATIE
Ils ferment.
OLIVIA GREGOIRE
Eh bien ils font exactement comme nous. Donc, que font les Italiens ? Ils font exactement comme nous. Qu'est ce qu'on essaie de faire ?
JEAN-MICHEL APHATIE
C'est les Suisses qui ne font pas comme nous.
OLIVIA GREGOIRE
Les Suisses et puis Andorre fait pareil que nous, l'Espagne doit encore se prononcer, ce que je veux dire c'est qu'on nous a beaucoup critiqué la première période, en disant : il n'y a pas de coordination européenne. On met en place une coordination européenne sur les vaccins, on y va tous ensemble, on met en place une coordination européenne sur les stations de ski, pour éviter qu'il y ait des trous dans le filet, c'est plutôt à mon avis comme ça qu'il faut réagir et d'ailleurs la messe n'est pas dite, si vous motorisez, le 11 décembre on a encore rendez-vous avec les stations de ski, Jean CASTEX continue les concertations et pour le connaître je peux vous dire qu'il cherche la meilleure solution. Après on ne va pas se mentir, le ski brasse énormément de monde, il y a un très bel l'édito de Dominique SEUX, pour ne pas le citer ; qui a été écrit hier, et qui est simple…
JEAN-MICHEL APHATIE
Dans Les Echos.
OLIVIA GREGOIRE
Dans Les Echos. C'est facile de se moquer, la blague est facile, mais la décision est plutôt à mon avis, équilibrée. Oui, il y a beaucoup de brassage au ski, et au ski on dort, on vit dans des petits apparts, où on se retrouve en famille, avec ses amis, c'est aussi la meilleure façon de faire propager un virus. On est toujours sur cette dynamique de limiter les flux, les contacts.
JEAN-MICHEL APHATIE
Black Friday aujourd'hui, Olivia GREGOIRE, vous avez prévu de faire des achats ?
OLIVIA GREGOIRE
Non, j'ai une bonne journée à Bercy, notamment avec les acteurs de l'économie sociale et solidaire. Pour ma part…
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous n'avez pas le temps, pas l'envie de faire des achats.
OLIVIA GREGOIRE
J'ai assez peu de temps, j'en ai fait, mais j'en effet auprès de mes commerçants depuis qu'ils ont réouvert samedi dernier.
JEAN-MICHEL APHATIE
Puisque vous êtes secrétaire d'Etat à l'Economie sociale et solidaire, une économie un peu particulière où le rapport entre…
OLIVIA GREGOIRE
Et une économie entière aussi.
JEAN-MICHEL APHATIE
Oui, entre salariés et dirigeants d'entreprise, il n'est pas tout à fait le même que dans l'économie ordinaire, pour…
OLIVIA GREGOIRE
C'est joliment résumé, où il n'y a pas que le profit qui compte, on va dire.
JEAN-MICHEL APHATIE
Et alors, votre secteur est concerné par le Black Friday ? Votre secteur est distant par rapport au Black Friday ?
OLIVIA GREGOIRE
L'écosystème de l'économie sociale et solidaire, c'est une économie des valeurs, humaines, sociales, environnementales, plus que de la valeur et du seul profit. Donc oui elle est concernée, parce que dans ces opérations de promotion, où faut-il le rappeler le gouvernement ne peut pas interdire endroits les promotions, un gouvernement ne peut pas interdire un Black Friday, il ne peut pas interdire la Saint-Valentin, il ne peut pas interdire Halloween.
JEAN-MICHEL APHATIE
Heureusement.
OLIVIA GREGOIRE
Et voilà. Vous savez quoi, je l'assume totalement et c'est une bonne nouvelle, les Français ont encore le droit de consommer quand ils veulent et où ils veulent. En revanche on a le droit, et c'est ce que proposent les acteurs de l'économie sociale et solidaire, notamment ESS France mais aussi mon secrétariat d'Etat, on a le droit de proposer des alternatives. Vous voulez commander des fleurs, vous voulez commander aujourd'hui des livres, vous voulez changer de téléphone, vous voulez changer de télévision, il y a des plateformes d'économie, françaises, responsables, en circuit court, qui vous permet d'acheter et parfois d'acheter aussi en promotion, parce qu'ils font aussi des promotions, c'est possible dans l'économie sociale et solidaire, mais ça n'est pas antinomique. Il y a des alternatives à AMAZON, je trouve qu'on a un peu, on a passé beaucoup de temps sur AMAZON, c'est pour moi ni le diable ni en ange, il y a des alternatives…
JEAN-MICHEL APHATIE
J'allais vous demander ce que vous en pensiez. C'est quoi alors ?
OLIVIA GREGOIRE
Eh bien aujourd'hui il y a des alternatives, à nous de les promouvoir, je veux dire.
JEAN-MICHEL APHATIE
C'est un acteur perturbant dans l'économie, AMAZON ?
OLIVIA GREGOIRE
C'est un acteur majeur, massif, c'est un acteur aussi qui est…
JEAN-MICHEL APHATIE
Respectable ou pas ?
OLIVIA GREGOIRE
Moi je pars du postulat qu'en règle générale, l'ensemble des acteurs, excepté les extrêmes, sont respectables et méritent qu'on parle et qu'on échange avec eux. C'est un acteur qui est complexe parce qu'il est hybride, c'est aussi un acteur qui crée des emplois en France, c'est aussi un acteur qui permet pour certains petits commerçants, par exemple j'en ai vu dans le Sud de la France, de faire 30% de leur chiffre d'affaires en passant sur la plateforme AMAZON. Après, les petits commerçants ne sont pas dupes, on l'a vu, ils savent très bien qu'en allait sur AMAZON ça permet à AMAZON d'élargir sa zone de chalandise et donc ces propositions commerciales. Donc c'est un acteur hybride, multi-têtes, il faut parler avec eux, c'est indispensable, il faut surtout numériser nos commerçants et encourager les Français, encourager les Français, pas contraindre, encourager les Français à avoir un réflexe. Quand vous allez en ligne et que vous dites « j'ai besoin de ceci ou de cela, regardez si ça n'existe pas en France. Voilà. Et ça existe la plupart du temps.
JEAN-MICHEL APHATIE
Bon. AMAZON est en France aussi.
OLIVIA GREGOIRE
Oui, et fait, sur 10 achats AMAZON représente 2, 2,5. 22%.
JEAN-MICHEL APHATIE
Oui, c'est ça. Il emploie quelques milliers de personnes aussi.
OLIVIA GREGOIRE
Oui, mais on peut aussi parler d'un achat sur dix chez Cdiscount, d'autre chez MANO MANO, il y a beaucoup d'autres alternatives. On aime bien se faire peur dans notre pays. AMAZON est en acteur et il y en a beaucoup d'autres.
JEAN-MICHEL APHATIE
Emmanuel MACRON intervient aujourd'hui sur le média en ligne Brut, le media qui s'adresse dit-on principalement aux jeunes. Il y a besoin de parler aux jeunes quand on est président de la République aujourd'hui, parce que le lien est un peu coupé ou distendu ?
OLIVIA GREGOIRE
D'abord il y a toujours pardonnez-moi lapalissade, mais il y a toujours besoin de parler aux jeunes, à une jeunesse qui est très positive, moi je la vois beaucoup dans l'économie sociale et solidaire, on a une jeunesse aussi, moi je fais partie, je suis née sous GISCARD, ce n'est pas la même jeunesse aujourd'hui, on a une jeunesse qui cherche du sens, on a une jeunesse qui s'engage pour le climat…
JEAN-MICHEL APHATIE
Une jeunesse qui est inquiète.
OLIVIA GREGOIRE
Une jeunesse qui est perplexe vis-à-vis du modèle de société qu'on propose, qui se questionne.
JEAN-MICHEL APHATIE
Qui se demande quel sera son avenir.
OLIVIA GREGOIRE
Qui se questionne, pour qui l'objectif uniquement de travailler toute sa vie avec un salaire qui augmente, n'est pas forcément satisfaisant, une jeunesse qui en a un peu marre aussi des blablas, parfois de politique, qui a envie d'une action résolue, d'une action mesurée. Donc oui on a une jeunesse qui est intéressante et qui est très intéressante, parce qu'elle cherche un autre modèle. Cette jeunesse, pour autant elle n'est pas dans le rejet, c'est ça qui est intéressant, on a aujourd'hui quasiment une majorité, on est presque à 50% de soutien encore de cette jeunesse, je parle des 18/24 ans…
JEAN-MICHEL APHATIE
Soutien à qui ?
OLIVIA GREGOIRE
Soutien au président de la République.
JEAN-MICHEL APHATIE
Alors, vous voyez ça où ? Dans les études d'opinion.
OLIVIA GREGOIRE
Dans les études d'opinion, il y en a plusieurs qui le démontrent. Aujourd'hui Emmanuel MACRON n'a pas un problème majeur avec la jeunesse. La jeunesse comprend, écoute, mais on a une jeunesse qui pour une large partie d'entre eux se retrouve quand même devant tous les avatars de la jeunesse qui sont mis à mal, enfin on a été jeune il n'y a pas si longtemps, boire un coup, sortir, même aller à la fac…
JEAN-MICHEL APHATIE
Oui, là c'est difficile, oui.
OLIVIA GREGOIRE
Enfin, tous les avatars de ce qui fait ta jeunesse, sont aujourd'hui mis à mal. Donc forcément ils sont déprimés. Donc oui il faut leur parler. Il faut surtout leur dire, au-delà de leur parler, qu'on fait des choses. Je veux dire, je ne vais pas vous estourbir de milliards à 08h28, mais ce qu'on fait avec le Plan un jeune une solution, ce qu'on fait avec la prime de 4 000 € pour l'embauche d'un jeune, ce qu'on fait avec l'aide basique, sonnante et trébuchante, de 150 € pour 400 000 jeunes qui reçoivent les APL, ce qu'on a fait il y a quelques mois avec les 250 € pour les jeunes, les repas à 1 € aussi aux restos U, ça vous paraît peut-être anodin, mais ça n'est pas anodin dans la vie d'un jeune…
JEAN-MICHEL APHATIE
Non non…
OLIVIA GREGOIRE
… qu'on essaie d'améliorer.
JEAN-MICHEL APHATIE
… on dit aussi dans l'actualité que les jeunes sont plus sensibles que d'autres parties de la population aux violences policières, qu'ils sont surpris par ce qu'ils peuvent…
OLIVIA GREGOIRE
Oui. Je ne vais pas mentir, bien sûr ils ont une sensibilité forte sur le sujet.
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous étiez députée il n'y a pas très longtemps.
OLIVIA GREGOIRE
Oui, il y a très peu de temps.
JEAN-MICHEL APHATIE
Il y a 6 mois encore vous étiez députée, vous avez été élue à Paris en 2017. Vous auriez voté l'article 24 ?
OLIVIA GREGOIRE
C'est une très bonne question, et me connaissant, je l'aurais voté.
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous l'auriez voté.
OLIVIA GREGOIRE
Je l'aurais voté. Pas forcément sans question, sans questionnement sur sa probabilité de passage du Conseil constitutionnel ou même du Conseil populaire et de l'avis des Français, mais je pense que d'abord on focus beaucoup sur cet article 24, il y a 30 articles dans la loi…
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous l'auriez voté après avoir réfléchi, vous ne l'auriez pas voté avec enthousiasme…
OLIVIA GREGOIRE
Je l'aurai voté parce que, moi je vais vous dire, mais ça c'est moi, c'est Olivia GREGOIRE, la loyauté et la solidarité, que ce soit au gouvernement ou dans la majorité…
JEAN-MICHEL APHATIE
Ah, par loyauté vous l'auriez voté.
OLIVIA GREGOIRE
J'ai ça en moi. Voilà. Je sais que Gérald DARMANIN, que je connais depuis quelques années, se démène et que ce qu'il essaie de faire n'est pas facile. On a un problème, il faut aussi protéger nos policiers.
JEAN-MICHEL APHATIE
Est-ce qu'on peut parler de Gérald DARMANIN, puisque vous le connaissez ?
OLIVIA GREGOIRE
Mais on peut parler de tout.
JEAN-MICHEL APHATIE
Gérald DARMANIN, vous savez, Antoine GRIEZMANN, footballeur, Barça, populaire…
OLIVIA GREGOIRE
MBAPPE.
JEAN-MICHEL APHATIE
… a dit : "J'ai mal à ma France". Et Gérald DARMANIN lui a répondu en disant : là, le policier roué de coups, Monsieur GRIEZMANN, je ne vous ai pas entendu dire "J'ai mal à ma France". Il a raison ?
OLIVIA GREGOIRE
J'adhère à 200%.
JEAN-MICHEL APHATIE
De s'en prendre à GRIEZMANN.
OLIVIA GREGOIRE
J'adhère à 200%. On ne peut pas avoir, et Dieu sait si j'aime le foot, on ne peut pas avoir l'indignation sélective. J'ai aussi mal à ma France, et je peux vous dire que j'ai eu mal devant les images du passage à tabac de Michel ZECLERC il y a quelques jours. J'ai aussi mal à ma France devant 98 policiers blessés et devant les images, mais, que j'ai regardées, mais de samedi, qui étaient, c'est un lynchage, oui, j'ai autant mal à ma France dans les deux cas, et je pense que si on veut avoir une action équilibrée, c'est important que ces figures tutélaires de GRIEZMANN, de MBAPPE, et il y en a d'autres, nous aident aussi à faire comprendre que pour être respecté, il faut être respectable, c'est un équilibre qu'il nous faut trouver. On a aujourd'hui effectivement un sujet, avec…
JEAN-MICHEL APHATIE
Mais c'est important de pouvoir filmer les policiers quand ils sont dans l'action…
OLIVIA GREGOIRE
Mais c'est indispensable, et Gabriel ATTAL l'a dit ce matin je crois dans un journal de Presse régionale. Simplement, je vais reprendre ses mots, on l'a mal expliqué, mais il n'a jamais été dit dans l'article 24 qu'on supprimait les caméras. Enfin, ça a été peut-être mal expliqué, ça n'est pas ce qui a été dit. Il a été dit que des images qui seraient extraites pour y mettre un nom, un matricule, permettre d'identifier, de trouver une personne des forces de l'ordre, et le mettre en danger, serait condamné. Ce n'est quand même pas la même chose. Donc on a…
JEAN-MICHEL APHATIE
On a mal expliqué.
OLIVIA GREGOIRE
On a mal expliqué, on a à mon avis très vite monté en épingle ce sujet pour plein de raisons qui ne sont pas à mon avis que liées à l'article 24, qui sont liées aussi à une tension, à une fatigue et un peu dans le pays, c'était une belle aubaine pour les oppositions qui ne s'en sont pas privées. Voilà. Je ne suis pas sûre que dans les marchés du Sud-ouest ce matin l'ensemble des Français papote de l'article 24, je pense qu'ils papotent plutôt de leur job et de comment ils vont payer les cadeaux qu'ils vont mettre sous le sapin et comment ils vont faire avec les grands-parents.
JEAN-MICHEL APHATIE
C'est un vieux peuple politique qui se souci de tout.
OLIVIA GREGOIRE
C'est un grand peuple…
JEAN-MICHEL APHATIE
Y compris de l'article 24.
OLIVIA GREGOIRE
Oui, mais ce que je veux dire c'est qu'il faut éclaircir le sujet, on avait, on a quand même une priorité c'est aussi de protéger nos policiers. Il ne faut pas avoir l'indignation sélective.
JEAN-MICHEL APHATIE
Merci Olivia GREGOIRE d'avoir accepté l'invitation de LCI.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 7 décembre 2020