Interview de Mme Florence Parly, ministre des armées, à France Info le 9 décembre 2020, sur un nouveau porte-avions, la lutte contre le terrorisme au Sahel, les relations avec l'Egypte, les vaccins contre le coronavirus et le service militaire.

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Média : France Info

Texte intégral

MARC FAUVELLE
Bonjour Florence PARLY.

FLORENCE PARLY
Bonjour.

MARC FAUVELLE
Le porte-avions français Charles-de-Gaulle aura bientôt un petit frère, enfin, bientôt, pas tout à fait, dans une grosse quinzaine d'années, c'est Emmanuel MACRON qui en a fait l'annonce hier.

EMMANUEL MACRON, PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE
Le Charles-de-Gaulle, vous le savez, arrivera à la fin de sa vie en 2038. C'est pourquoi j'ai décidé que le futur porte-avions qui dotera notre pays et notre marine sera, comme le Charles-de-Gaulle, à propulsion nucléaire.

MARC FAUVELLE
C'était vraiment indispensable un nouveau porte-avions pour la France ?

FLORENCE PARLY
Un porte-avions, c'est un instrument de puissance et de souveraineté, lorsque le porte-avions Charles-de-Gaulle se déploie sur les mers, on dit que c'est 42.000 tonnes de diplomatie, pourquoi, parce que, autour du porte-avions, ce sont d'autres marines qui viennent accompagner ce porte-avions et contribuer ainsi, en particulier lorsque ce sont des navires européens, à illustrer ce qu'est la souveraineté européenne. Ce porte-avions Charles-de-Gaulle, il a encore 17 ans de vie devant lui, mais 17 ans dans un cycle de programme d'armement, c'est très court, donc c'est maintenant qu'il faut commencer de s'occuper de son successeur. Et dès 2018, dans le cadre de la loi de programmation militaire, nous avons engagé des premières études sur le successeur du porte-avions Charles-de-Gaulle. Et hier, le président de la République a annoncé non pas le fait qu'il y aurait un successeur au Charles-de-Gaulle, on le savait déjà, il a annoncé le choix de la propulsion, du mode de propulsion de ce porte-avions…

SALHIA BRAKHLIA
Alors justement…

FLORENCE PARLY
Et il a donc décidé que, comme pour le porte-avions Charles-de-Gaulle, le futur porte-avions aurait une propulsion nucléaire.

SALHIA BRAKHLIA
Alors pourquoi ce choix de porte-avions à propulsion nucléaire alors que l'objectif, par exemple, sur le nucléaire civil, c'est de réduire à 50% la part du nucléaire civil en 2025, pourquoi l'armée ne suit pas le mouvement, le même mouvement ?

FLORENCE PARLY
Eh bien, parce qu'il s'agit de notre dissuasion, notre dissuasion est fondée sur deux composantes, et la composante océanique, c'est-à-dire les sous-marins, sont des sous-marins à propulsion nucléaire. Et donc pour assurer la continuité de la dissuasion, faire en sorte que demain, nous pourrons encore avoir des sous-marins nucléaires à propulsion nucléaire…

SALHIA BRAKHLIA
C'est quoi, c'est une manière de sauver la filière ?

FLORENCE PARLY
C'est une manière d'entretenir les compétences de la filière, et puis, c'est aussi, pour ce porte-avions, la capacité d'être plus autonome, d'avoir besoin de moins de ravitaillements, en tout cas, des ravitaillements moins fréquents, et également une meilleure disponibilité que s'il s'agissait d'un porte-avions avec une propulsion thermique…

MARC FAUVELLE
Vous parlez de la disponibilité, Florence PARLY, est-il exact qu'un porte-avions à propulsion nucléaire doit s'arrêter deux ans tous les dix ans pour recharger le combustible ?

FLORENCE PARLY
Il faut en effet, grosso modo, un arrêt tous les dix ans, alors qu'un porte-avions de nature classique devrait s'arrêter tous les sept ou tous les huit ans. Donc comme je vous le disais, la disponibilité d'un porte-avions à propulsion nucléaire est supérieure à celle d'un porte-avions à propulsion thermique classique.

MARC FAUVELLE
Il aura un petit nom ?

FLORENCE PARLY
Alors, ça, il ne m'appartient pas de…

MARC FAUVELLE
Aujourd'hui…

FLORENCE PARLY
D'abord, il ne m'appartient pas de le nommer, et puis, ce sont des choix qui se font généralement lorsqu'on est quasiment près de le mettre à l'eau, ce qui n'est pas encore tout à fait le cas…

MARC FAUVELLE
Il y a eu Foch, le Clémenceau, le Charles-de-Gaulle, c'est le nom d'un ancien président de la République qui tient la corde ?

FLORENCE PARLY
Ah, pour l'instant, la foire aux noms n'est pas encore commencée…

MARC FAUVELLE
On n'en est pas là.

FLORENCE PARLY
Et n'oubliez pas que le Charles-de-Gaulle, au départ, n'était pas prévu de s'appeler Charles-de-Gaulle, donc les choses peuvent aussi évoluer.

SALHIA BRAKHLIA
Ça coûte combien un porte-avions à propulsion nucléaire ?

FLORENCE PARLY
Plusieurs milliards, plusieurs milliards.

SALHIA BRAKHLIA
Et alors donc, il sera construit à l'identique du Charles-de-Gaulle ou alors, il est beaucoup plus important, beaucoup plus grand, beaucoup plus…

FLORENCE PARLY
Alors, il sera différent, il sera différent, il sera plus lourd, sa masse sera beaucoup plus importante, pourquoi, parce qu'il va accueillir sur son pont des avions de chasse de nouvelle génération. Aujourd'hui, le porte-avions Charles-de-Gaulle accueille des Rafale, demain, ce porte-avions de nouvelle génération accueillera aussi des Rafale, mais les successeurs des Rafale, je parle du système de combat aérien du futur, vous savez, ce projet que nous avons avec les Allemands et les Espagnols, et cet avion de chasse sera plus grand…

SALHIA BRAKHLIA
Plus imposant…

FLORENCE PARLY
Plus imposants, et donc, et aussi plus lourd, et c'est pour cela que même si la taille du porte-avions n'est pas beaucoup plus grande que l'actuel porte-avions, sa masse sera beaucoup plus importante, et quand je vous disais 42.000 tonnes de diplomatie, ce sera plutôt 75.000 tonnes de diplomatie avec le nouveau porte-avions de nouvelle génération.

MARC FAUVELLE
Florence PARLY, ça fait 7 ans maintenant que la France s'est engagée militairement au Sahel dans le cadre de l'opération Barkhane, 44 militaires y sont, depuis cette date, morts pour la France, est-ce qu'on a vraiment fait reculer les djihadistes ?

FLORENCE PARLY
Les djihadistes que nous combattons au Sahel sont des groupes qui tous relèvent des grandes organisations terroristes, que sont Al-Qaida et Daesh…

MARC FAUVELLE
Est-ce qu'ils reculent ou est-ce qu'on limite simplement leur avancée sur le terrain ?

FLORENCE PARLY
Nous avons fait un choix il y a un an, lorsque le président de la République a réuni à Pau les chefs d'Etats des 5 pays du Sahel concernés, nous avons fait le choix de concentrer nos efforts sur une zone qui est à la frontière des trois frontières du Mali, du Burkina Faso et du Niger, pour lutter contre Daesh, qu'on appelle l'EIGS dans cette région. Et depuis un an, les efforts que nous avons fournis ont été extrêmement efficaces pour déstabiliser, fragiliser, rendre la logistique de cette organisation beaucoup plus difficile…

MARC FAUVELLE
Est-ce que c'est une guerre qu'on gagnera un jour ?

FLORENCE PARLY
Et nous avons également – pardon, je vais répondre dans un instant à votre question – et nous avons également réussi à éliminer des cadres très important de l'autre organisation, celle qui dépend d'Al-Qaida, en juin, avec DROUKDEL, et au mois de novembre encore avec un haut responsable militaire de cette organisation. Alors l'objectif, c'est évidemment, non seulement de ramener la sécurité dans cette zone, mais faire en sorte que cette sécurité permette le retour des institutions de l'Etat dans des zones qui ont été abandonnées par l'Etat, les populations sont bien souvent livrées à elles-mêmes, ne sont pas protégées, d'où d'ailleurs l'influence qu'exercent ces groupes terroristes, puisqu'en échange d'une certaine sécurité, eh bien, ils proposent l'éducation, alors l'éducation à leur façon, si je puis dire, et donc, il faut permettre grâce à l'action militaire, le retour de la sécurité pour que le développement économique et les institutions de l'Etat, qui protègent les populations, puissent revenir…

SALHIA BRAKHLIA
Mais alors ça fait 7 ans qu'on y est, ça fait 7 ans…

FLORENCE PARLY
Aujourd'hui, les principales victimes de ces groupes terroristes, ce sont les populations locales elles-mêmes, il faut en avoir conscience…

SALHIA BRAKHLIA
Très bien, mais Madame la Ministre, ça fait 7 ans qu'on y est, qu'est-ce que vous dites à ces élus de gauche, ces politiques de gauche qui disent : on s'enlise, là, est-ce qu'il ne faudrait pas partir ?

FLORENCE PARLY
Je leur réponds que nous avons toujours dit que Barkhane ne serait pas éternelle au Sahel, ça a toujours été clair…

SALHIA BRAKHLIA
Alors, c'est quand la date de fin ?

FLORENCE PARLY
La date de fin n'est pas connue aujourd'hui, elle devra dépendre d'un certain nombre de critères et de conditions, se retirer sans avoir atteint un certain nombre d'objectifs ne serait pas raisonnable. Donc c'est la raison pour laquelle le président de la République réunit régulièrement les chefs d'Etat du G5 Sahel pour faire le point sur les objectifs que nous nous sommes fixés, voir ce qui a avancé, ce qui n'a pas assez avancé, et faire effort pour que l'on accélère.

MARC FAUVELLE
Vous restez avec nous, Florence PARLY, on poursuit cet entretien dans un instant, après le fil info à 08h40 avec Mélanie DELAUNAY.

/// Le fil info ///

Florence PARLY, il y a 2 mois, en échange de la libération française de Sophie PETRONIN, le Mali a libéré plusieurs dizaines de prisonniers dont plusieurs dizaines de djihadistes également, est-ce que ces hommes aujourd'hui, on est en train de les combattre sur le terrain ?

FLORENCE PARLY
Certains, ce qui est certain, c'est que…

MARC FAUVELLE
Donc le Mali, qui est l'un de nos partenaires, a remis en liberté des personnes que nous combattons…

FLORENCE PARLY
C'est une décision qui a été prise par les autorités maliennes…

MARC FAUVELLE
Sans notre accord…

FLORENCE PARLY
C'est une décision qui a été prise par les autorités maliennes. Et donc ce qui est important pour nous, c'est que les accords d'Alger prévoient que des discussions puissent avoir lieu avec des groupes, à condition, évidemment, qu'ils renoncent aux combats terroristes. Donc ce qui est important pour nous, c'est que le gouvernement de transition qui est actuellement au Mali n'engage pas des discussions avec des groupes qui n'ont pas renoncé aux combats terroristes…

SALHIA BRAKHLIA
Mais alors justement, ils sont en train de négocier. Vous étiez, le mois dernier, au Mali, leur volonté de négocier avec les djihadistes, ça vous inquiète ?

FLORENCE PARLY
S'il s'agit d'appliquer l'accord d'Alger, c'est tout à fait conforme à l'objectif que nous poursuivons…

MARC FAUVELLE
Est-ce que ça vous semble être le cas ?

FLORENCE PARLY
C'est ce qu'il va falloir vérifier au fil des semaines…

SALHIA BRAKHLIA
Ils ne vous ont pas rassurée quand vous y étiez ?

FLORENCE PARLY
J'y étais, il y a quelques semaines, le ministre des Affaires étrangères a réitéré le message de la France qui est qu'on ne discute pas avec des organisations qui n'ont pas renoncé aux combats terroristes.

MARC FAUVELLE
On en vient, Salhia BRAKHLIA, à la visite qui vient de s'achever hier soir en France du président égyptien.

SALHIA BRAKHLIA
Oui, le président AL-SISSI donc était à Paris cette semaine, un chef d'Etat à la fibre répressive, disons, selon les ONG, l'Egypte compte près de 60.000 prisonniers politiques. Est-ce qu'à l'occasion de cette visite, la France a vendu des armes au président égyptien AL-SISSI ?

FLORENCE PARLY
Il n'y a eu aucun contrat signé, et en revanche, comme vous l'avez observé, le président de la République, comme chaque fois, a évoqué la question des Droits de L'Homme avec le président SISSI, c'est un sujet de préoccupation permanent. Il y a d'ailleurs eu quelques libérations de représentants d'ONG récemment, mais nous avons aussi une relation particulière avec l'Egypte, c'est un pays qui est engagé depuis très longtemps dans la lutte contre le terrorisme, à nos côtés, et c'est un pays qui joue un rôle important dans une région profondément instable, qu'est le Proche-Orient et la Méditerranée, à un moment où la Libye est particulièrement déstabilisée par la présence et l'ingérence de nombreux pays étrangers, et à un moment où la mer Méditerranée orientale est elle-même un enjeu, un enjeu de puissance, la Turquie notamment étant un compétiteur très important dans la région désormais.

SALHIA BRAKHLIA
Vous dites : pas de vente d'armes cette semaine, mais il y a des négociations en cours sur des Rafale, des navires de guerre…

FLORENCE PARLY
Comme vous le savez, nous avons vendu un certain nombre d'équipements, il y a plusieurs années de cela, d'ailleurs, l'Egypte est le premier pays qui a acheté des Rafale à l'exportation…

SALHIA BRAKHLIA
Et on va en vendre d'autres ?

FLORENCE PARLY
Pardon ?

SALHIA BRAKHLIA
On va en vendre d'autres ?

FLORENCE PARLY
Des Rafale dans le monde ?

SALHIA BRAKHLIA
Non, aux Egyptiens !

MARC FAUVELLE
Non, non, à l'Egypte…

FLORENCE PARLY
Ça peut faire partie des possibilités, mais je n'ai aucun scoop à vous donner aujourd'hui.

MARC FAUVELLE
Vous diriez que le maréchal AL-SISSI est un démocrate ?

FLORENCE PARLY
Je n'ai pas à me prononcer sur ces questions-là…

MARC FAUVELLE
Et que l'Egypte est une démocratie… ?

FLORENCE PARLY
Je pense que ce qui est important, c'est que, chaque fois qu'il y a des manquements en matière de Droits de L'Homme, ces sujets puissent être abordés de façon franche, de façon directe, parce que lorsqu'on est partenaire, comme nous le sommes, avec l'Egypte dans la lutte contre le terrorisme, il faut pouvoir se dire les choses.

SALHIA BRAKHLIA
Mais on ne conditionne pas la vente d'armes au manque de démocratie…

FLORENCE PARLY
Vous savez, conditionner, je ne crois pas que ce soit efficace.

MARC FAUVELLE
Plusieurs pays, Florence PARLY, ont déjà annoncé qu'ils allaient avoir recours à l'armée pour distribuer le futur vaccin contre le Covid, est-ce que ce sera le cas en France, est-ce que vos hommes et vos femmes sont prêts sur le terrain à convoyer par exemple le futur vaccin lorsqu'il arrivera sur notre sol ?

FLORENCE PARLY
Vous savez, les armées sont toujours prêtes à agir…

MARC FAUVELLE
A faire ce qu'on leur demande…

FLORENCE PARLY
Lorsqu'on le leur demande…

MARC FAUVELLE
Bon, mais est-ce qu'on vous l'a demandé alors, parce que moi, je vous le demande…

FLORENCE PARLY
Alors pour l'instant, on ne nous l'a pas demandé, parce que le principe qui a été retenu par le gouvernement et annoncé par le Premier ministre, c'est qu'on allait donc s'appuyer sur le réseau actuel de santé publique, en recourant à la médecine libérale, aux infirmières, pour assurer la vaccination étape par étape de la population française. Donc à ce stade, on ne nous l'a pas demandé, mais si on nous le demandait, naturellement, nous serions prêts…

MARC FAUVELLE
Vous seriez prêts à mobiliser des troupes pour sécuriser par exemple les convois…

FLORENCE PARLY
Nous sommes toujours prêts à intervenir…

MARC FAUVELLE
Vous pouvez assurer cette mission en plus des missions à l'étranger, en plus de la protection des lieux sécurisés en France, il y a toujours assez de militaires en France ?

FLORENCE PARLY
Pendant la période de la première vague du Covid, vous avez vu que les armées se sont mobilisés dans le cadre d'une opération Résilience où nous avons fait différentes choses, nous avons fait du transport de patients d'une région à l'autre, nous avons assuré la protection de lieux de stockage de masques qui étaient à l'époque les biens les plus précieux, nous avons assuré la logistique du transport de ces masques notamment vers les EHPAD. Donc les armées sont extrêmement mobiles, capables de faire beaucoup de choses. Et lorsqu'il y a eu les inondations dans les Alpes-Maritimes, elles étaient également au rendez-vous. Donc l'agilité des militaires fait que lorsqu'on leur demande d'intervenir toujours en protection des Français, elles répondent Présentes

SALHIA BRAKHLIA
Florence PARLY, vous l'avez peut-être lu dans les colonnes du journal L'Opinion, Jean-Luc MELENCHON propose de recréer une forme de service militaire, est-ce que vous trouvez que c'est une bonne idée ?

FLORENCE PARLY
Je crois que Jean-Luc MELENCHON ensuite s'est repris, en disant que : ce n'était peut-être pas le service militaire qu'il visait…

SALHIA BRAKHLIA
Il appelle ça un service citoyen…

FLORENCE PARLY
Mais un service citoyen ou un service national, pour ne pas déformer sa pensée, mais enfin, il est mieux à même que moi de la préciser. Donc je crois que cette idée rejoint tout à fait celle que le président de la République a promue, et dont il souhaite la mise en oeuvre, c'est le service national universel, c'est-à-dire permettre…

SALHIA BRAKHLIA
Ah, lui, il parle quand même de défense populaire passive et armée, on n'est pas tout à fait dans le service national universel.

FLORENCE PARLY
Je crois qu'il a précisé sa pensée ultérieurement, mais peu importe. Avoir un service national universel qui permette à des citoyens jeunes, une classe d'âge, 700.000 jeunes chaque année, de pouvoir vivre un moment d'abord collectif, alors, certes, les moments collectifs en ce moment sont rares, mais on peut aussi vouloir se projeter dans l'avenir, et un avenir plus positif. Donc des moments collectifs pendant lesquels la question de la citoyenneté est abordée, donc pendant lesquels on se met u service des autres, ça, ça me paraît en effet extrêmement important, et c'est pour ça qu'une première expérimentation a été menée l'année dernière, nous n'avons pas pu à cause du Covid la mener à plus grande échelle cette année, mais nous avons bien l'intention de poursuivre.

MARC FAUVELLE
Florence PARLY, il y a une figure de l'armée qui fait le tour des médias en ce moment, c'est le général Pierre de VILLIERS, ancien chef d'état-major des armées, qui avait démissionné avec fracas au début du quinquennat, il multiplie les interviews en ce moment pour dire notamment que les Français rêvent, demandent de l'autorité, sous-entendu qu'Emmanuel MACRON n'en a pas assez, qu'est-ce que vous lui répondez ?

FLORENCE PARLY
Je pense que l'autorité est une vertu indubitablement, c'est un élément structurant, pas simplement pour nos armées, les professeurs ont de l'autorité vis-à-vis des élèves…

SALHIA BRAKHLIA
Il en manque aujourd'hui ?

FLORENCE PARLY
Je ne pense pas qu'il manque de l'autorité, je pense que nous vivons une période extrêmement difficile, extrêmement troublée, où les crises s'enchaînent les unes derrière les autres, où les citoyens se posent des questions, d'abord, ils éprouvent des difficultés dans leur vie quotidienne, et il faut le comprendre, et puis, il y a, par ailleurs, une volonté aussi d'un certain nombre de gens de fracturer la République, et tout ça est extrêmement grave. Et donc c'est un moment dans lequel il faut essayer de retrouver les conditions de l'unité du pays. Et je crois que le président de la République et le gouvernement s'y emploient autant qu'il est possible, par des mesures de protection de toutes sortes, nous sommes un pays qui a mobilisé, dans le cadre de la crise sanitaire, des moyens absolument considérables, mais il y a aussi des questions qui ont été posées récemment à la suite des attentats terroristes que nous avons vécus à nouveau sur notre sol, et donc notre responsabilité, c'est de continuer à protéger les Français. Je ne pense pas qu'il manque d'autorité.

MARC FAUVELLE
Merci à vous Florence PARLY, ministre des Armées. On vous libère, je crois que vous avez une réunion à l'Elysée, pouf, dans 9 minutes, j'espère qu'il n'y a pas trop de bouchons dans la capitale en ce moment, que vous pourrez y arriver à l'heure. Merci infiniment d'avoir été avec nous ce matin.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 10 décembre 2020