Déclaration de M. Jean-Yves Le Drian, ministre de l'Europe et des affaires étrangères, sur les relations entre la France et le Qatar, à Doha le 10 décembre 2020.

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Circonstance : Conférence de presse à l'issue de son audience auprès de Son Altesse l'Emir du Qatar Cheikh Tamim Ben Hamad Al-Thani

Texte intégral

Merci, cher ami,


Je voudrais d'abord remercier Son Altesse l'Emir du Qatar pour l'accueil et le long entretien qu'il a bien voulu me réserver. Et je voudrais remercier mon homologue, Cheikh Mohammed Ben Abderrahmane Al-Thani, des échanges francs et amicaux que nous avons, toujours, sur la force de notre relation bilatérale, sur les dossiers régionaux ; et je suis heureux que cette rencontre nous permette de renforcer notre coordination.

C'est mon vingtième déplacement au Qatar. Donc, ce sont mes vingtièmes entretiens au Qatar, sans compter les entretiens que nous avons ailleurs, que ce soit à Paris ou dans d'autres lieux. Je verrai aussi tout à l'heure M. Jassim Al-Sulaiti, ministre des transports et des communications et M. Akbar Al-Baker, président de Qatar Airways. Je les verrai pour les remercier chaleureusement de leur soutien au plus fort de la crise sanitaire, qui a permis le rapatriement de nos compatriotes et l'acheminement de matériel médical dont nous avions besoin. Et c'est dans les moments difficiles que l'on reconnaît ses vrais amis, nous avons pu le constater à cette occasion.

Mon déplacement au Qatar, une semaine avant la fête nationale de l'Emirat, illustre la proximité de la relation entre nos deux pays. Le Qatar est un partenaire historique de la France ; c'est un partenaire avec lequel nous tenons à maintenir un dialogue étroit et à renforcer notre relation sur tous les sujets d'intérêt commun. Il s'agit de lutter contre tout ce qui menace la paix et la stabilité, dans la région et dans le monde. Alors que la France a été récemment victime d'attentats terroristes odieux, le Qatar a exprimé sa solidarité avec le peuple français, et nous l'en remercions.

J'ai rappelé, dans ce contexte, le sens de nos positions et de nos déclarations, qui ont été largement déformées et instrumentalisées dans le cadre d'une campagne visant mon pays. Et j'ai rappelé aussi que ces déclarations ont peut-être pu, de bonne foi, être mal comprises par des fidèles qui ont pu se sentir blessés dans leurs convictions. Nous avons le plus profond respect pour l'islam et ses fidèles font partie intégrante de l'histoire et de la société de mon pays, où ils bénéficient d'un cadre protecteur. Nous luttons exclusivement contre l'extrémisme, contre le radicalisme et contre un terrorisme qui frappe partout, en France, en Europe, y compris dans cette région ; et c'est un combat que nous partageons avec de nombreux pays. C'est le seul combat que nous ayons. C'est un combat que nous partageons avec de nombreux pays, dont le Qatar.

Mon déplacement à Doha vise aussi à traduire notre volonté d'approfondir notre coopération bilatérale dans des domaines variés ; notre histoire de coopération est longue et fructueuse, à la fois dans le domaine sécuritaire, dans le domaine économique, dans le domaine culturel. Et le dialogue stratégique qui se tient annuellement entre nos deux pays est un format qui a toute sa pertinence, et que nous souhaitons enrichir et renforcer pour approfondir nos échanges, y compris sur les sujets les plus sensibles, car nous avons une relation d'une très grande confiance, et donc d'une très grande franchise.

Je me réjouis de la tenue, cette année, d'une année culturelle croisée entre nos deux pays qui a permis aux Français de mieux connaître la culture et les arts qatariens, et aux Qatariens de mieux connaître la diversité de la production artistique et culturelle française. Ce dialogue des cultures est aujourd'hui plus nécessaire que jamais, et c'est sur le terrain des idées aussi que nous gagnerons le combat contre l'extrémisme, auquel nous devons opposer l'ouverture et la tolérance. Et c'est ce que nous continuerons à faire ensemble.

La France et le Qatar ont en ce moment, en particulier, l'ambition de développer une coopération exemplaire dans le domaine du sport. La Coupe du Monde 2022, première Coupe du Monde organisée dans un pays arabe, sera l'occasion pour le Qatar de faire la démonstration de ses capacités d'accueil et d'organisation d'un tel événement. Comme en France, nous accueillerons les Jeux Olympiques, à Paris, en 2024, ces deux échéances nous amènent naturellement à renforcer notre coopération. Nous sommes heureux de partager avec le Qatar nos expériences en matière d'organisation de grands événements sportifs, et de travailler ensemble à la bonne réussite de ces deux grands événements.

Sur le plan régional, nous avons abordé les principales crises d'intérêt commun, Cheikh Mohammed les a exposées, notamment la crise libyenne sur laquelle nous nous sommes engagés à renforcer notre coordination et à faire converger nos efforts, en vue d'un soutien à une transition politique conduite sous l'égide des Nations unies, avec comme perspective l'organisation d'élections générales dans un an.

Nous avons aussi abordé la question libyenne, la question iranienne, l'ensemble des sujets de l'environnement régional. Nous avons aussi abordé les efforts engagés pour parvenir à une résolution durable de la crise en cours entre plusieurs membres du CCEAG. Et j'ai fait savoir à Cheikh Mohammed que la France souhaitait évidemment qu'un accord puisse être trouvé pour qu'il y ait, à ce sujet, une réconciliation durable.

Mesdames et Messieurs, nous avons, la France et le Qatar, une relation extrêmement forte, une relation de grande confiance, avec aussi des résultats spectaculaires et des entretiens comme celui que j'ai pu avoir aujourd'hui, qui vont se poursuivre, cet après-midi, permettent de renforcer ce lien d'action et d'amitié qui ne s'arrête jamais. Et c'est une continuité d'action que nous avons pu constater, ensemble, aujourd'hui.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 11 décembre 2020