Déclaration de Mme Florence Parly, ministre des armées, sur l'armée aux Antilles, à la Martinique le 10 décembre 2020.

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Circonstance : Déplacement à la Martinique

Texte intégral

Monsieur le préfet, Mesdames et messieurs les élus,
Monsieur le commandant supérieur des forces armées aux Antilles,
Officiers, sous-officiers, officiers-mariniers, soldats, marins, aviateurs, personnel de santé des armées et personnel civil de la défense,


Il y a un peu plus de trois ans, je me suis fait une promesse : aller autant que possible à la rencontre des forces qui, partout dans le monde, s'engagent et combattent inlassablement pour la sécurité et la liberté des Français. Pour partager un peu du quotidien des femmes et des hommes qui acceptent cet engagement si particulier et si puissant, celui de l'engagement pour la France. Pour témoigner aussi la reconnaissance des Français envers celles et eux qui donnent tout pour leur pays, parfois jusqu'à leur propre vie. Mes pensées vont aujourd'hui en particulier aux proches et à la famille du maréchal-des-logis Andy Fila, qui a trouvé la mort au sein de l'opération Barkhane le 31 juillet dernier. C'est ici, en Martinique, sur cette terre tant aimée, qu'il a été inhumé. Nous ne l'oublions pas.

C'est donc une fierté de venir aujourd'hui à votre rencontre, vous, les garants de notre sécurité aux Antilles et les gardiens de notre souveraineté nationale.

Car si vous évoluez dans un environnement aux allures paradisiaques, dont la beauté ne se dément pas, il n'en est pas moins exigeant. Et je ne pense pas seulement aux caprices de la montagne Pelée ou à la rigueur des pitons du Carbet. La mer des Caraïbes est une zone très exposée aux évènements climatiques, particulièrement au coeur de la saison cyclonique, entre juin et novembre. En plus de ce risque cyclonique, la région concentre également des risques de tsunami et de secousses sismiques.

Et cela, vous le savez mieux que personne. En 2017, lorsque l'ouragan Irma a dévasté l'île de Saint-Martin, vous aviez été les premiers sur place. En tout temps et en tout lieu, vous vous tenez prêts. Prêts à agir pour venir en aide aux populations, prêts à sauver, prêts à affronter les dangers, mais aussi prêts à reconstruire.

Solidarité, fraternité, entraide : voici des mots que vous faites vivre au quotidien et qui sont au coeur de votre engagement pour la Martinique et pour la Guadeloupe.

Cette année, vous l'avez peut-être prouvé encore davantage en vous mobilisant massivement pour lutter contre l'épidémie de dengue et contre la pandémie de Covid-19. Vous avez permis l'acheminement du fret et la distribution des moyens contenus par le porte-hélicoptères amphibie Dixmude, déployé sur ordre du Président de la République. Vous avez participé aux missions de transferts de patients entre différentes îles et avez permis également le déploiement d'un élément militaire de réanimation à Pointe à Pitre.

Je sais à quel point nos compatriotes de la Martinique sont reconnaissants à nos forces armées du soutien constant qu'elles leur manifestent.

Au cours de ces missions, vous avez pu compter sur l'appui précieux et la participation active des jeunes du RSMA. Pendant plusieurs semaines, ils ont sillonné l'île pour distribuer de l'aide alimentaire, pour rendre visite aux Martiniquais les plus isolés, mais aussi pour pratiquer des opérations de démoustication.

Alors, jeunes volontaires du RSMA, je commencerai simplement par vous féliciter. Bravo pour votre engagement. Intégrer le RSMA, c'est vouloir progresser et apprendre, c'est choisir de croire en son avenir et de s'accomplir personnellement. C'est un environnement consacré à l'éducation et au goût de l'aventure. C'est la promesse d'un accompagnement et d'une formation professionnalisante, pour guider la jeunesse ultra-marine sur le chemin de l'emploi.

Ce n'est pas pour autant que c'est un chemin facile. Mais si j'ai un message, c'est de ne surtout pas renoncer. Créez votre propre chemin et allez au bout. Vous sortirez du RSMA avec un savoir-faire, en étant armés pour l'emploi, armés pour vivre votre vie, alors croyez en vous ! Et n'oubliez pas que nos armées recrutent et que les missions y sont très diverses.

Une des missions essentielles des forces armées aux Antilles, en lien avec les forces de sécurité intérieure, est la lutte contre les narcotrafics. En moyenne, vous interceptez près de 2 tonnes de cocaïne par an. J'ai d'ailleurs l'occasion aujourd'hui d'annoncer que vous avez saisi près de 300 kilos de cocaïne grâce à la frégate de surveillance Germinal, il y a tout juste un mois, après l'interpellation d'un go-fast maritime. D'autres interventions, plus récemment, ont permis de saisir de très importantes quantités de cocaïne. Autant de ressources qui ne financeront ni des activités criminelles, ni des projets terroristes. Car votre mission est autant une mission de santé publique, qu'une mission d'assèchement des moyens et des ressources de réseaux malveillants et dangereux.

Pour monter en puissance dans la lutte contre les narcotrafics et conduire d'autres missions essentielles comme la surveillance maritime ou la lutte contre la pêche illégale, nous avons engagé le renouvellement de vos équipements, un renouvellement rendu possible par les investissements de la loi de programmation militaire. Cette année, deux bâtiments neufs de la Marine nationale ont rejoint les Antilles : la Combattante, le patrouilleur Antilles-Guyane que j'avais pris la décision de commander à la suite de la tragédie de l'ouragan Irma, et le Dumont d'Urville, bâtiment de soutien et d'assistance outre-mer.

Ces deux navires de combat sont taillés pour opérer dans les conditions climatiques et de haute mer antillaises. Ils seront aussi rejoints en 2021 par deux nouveaux hélicoptères, des « Dauphin », pour faciliter l'aide aux populations et l'assurance des missions de sûreté aérienne.

Ici, dans les eaux turquoises des Caraïbes, il y a un autre mot que vous faites vivre pleinement. C'est celui de coopération. Qu'il s'agisse de la lutte contre les narcotrafics, pour laquelle nous travaillons en haute mer main dans la main avec nos partenaires internationaux – je pense en particulier aux Etats-Unis et au Pays-Bas – qu'il s'agisse de grands exercices interarmées ou de venir ensemble en aide à des pays qui en expriment le besoin, comme l'ont récemment fait le Guatemala et le Honduras, la coopération fait partie de votre quotidien.

Elle est inhérente à votre action, elle guide aussi votre réflexion : je suis fière de compter les forces armées aux Antilles au sein du groupe de travail de l'Initiative européenne d'intervention qui se penche sur les enjeux des opérations d'assistance humanitaire aux Caraïbes.

Vous avez, grâce à votre position, un rôle éminemment stratégique. Beaucoup d'Etats insulaires nous entourant sont courtisés par des puissances étrangères que nous comptons davantage parmi nos compétiteurs que parmi nos pays amis. Entretenir un lien avec ces Etats est essentiel pour maintenir le rang de la France, porter sa voix et lutter contre les influences mal intentionnées. Et c'est grâce à vous que nous pouvons renforcer ces liens. Soyez conscients de l'importance de votre action et du symbole de votre présence ici.

Ce que je veux vous dire aujourd'hui, c'est que la France connaît sa chance de disposer des forces armées aux Antilles. J'ai personnellement à coeur de vous témoigner cette reconnaissance. Elle passe par les mots, bien sûr, mais aussi par les actes. Nous avons aujourd'hui posé la première pierre du nouveau pavillon Hubert, un nouveau bâtiment d'hébergement à hauteur d'homme. Améliorer votre quotidien en vous donnant de meilleures conditions de vie et d'hébergement avec des chambres plutôt que des dortoirs, une connexion internet pour garder le contact avec vos proches, c'est essentiel et c'est au coeur de mon engagement.

Je sais aussi toute l'implication de vos familles. Saluer votre engagement, c'est aussi reconnaître le leur.

Etre affecté aux Antilles, c'est un changement radical pour toute la famille, je pense à la scolarité des enfants, à l'emploi du conjoint que l'on a le plus souvent mis en parenthèse le temps du séjour, je pense aussi à l'éloignement des proches qui sont en métropole. Faciliter leur quotidien, c'est tout l'objet du Plan Famille, que nous avons lancé il y a maintenant 3 ans et qui se déploie aussi outre-mer.

Je n'aurai pas aujourd'hui le loisir de passer autant de temps avec vous que je le souhaiterais. Mais en quittant Fort-de-France ce soir, je repartirai avec une conviction : servir aux Antilles est une expérience unique et inoubliable. Une expérience interarmées et interministérielle très forte, dont le succès repose sur l'union de tous les services de l'Etat.

Et je souhaite tout particulièrement saluer l'engagement de tous les personnels civils. Chaque jour, vous démontrez votre culture opérationnelle et témoignez de la même abnégation que vos camarades militaires.

Vous faites vivre une vision de l'excellence qui place en son coeur la volonté de faire primer la sécurité des Antillais, de promouvoir la solidarité entre tous et de faire rayonner la France.

Au quotidien, par vos gestes, par votre vigilance et votre action : vous faites honneur à nos Armées, à nos valeurs, à notre drapeau. Je n'aurai donc qu'un dernier mot : merci. Merci pour votre engagement de tous les instants.


Vive la République ! Vive la France !


Source https://www.defense.gouv.fr, le 16 décembre 2020