Interview de Mme Amélie de Montchalin, ministre de la transformation et de la fonction publiques, à CNews le 22 décembre 2020, sur l'épidémie de Covid-19, le télétravail dans la fonction publique, les élections régionales et le Brexit.

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Média : CNews

Texte intégral

GERARD LECLERC
Bonjour Amélie de MONTCHALIN.

AMELIE DE MONTCHALIN
Bonjour.

GERARD LECLERC
La campagne de vaccination contre le Covid doit commencer dès dimanche, en France comme dans le reste de l'Europe. Alors questions simples, est-ce qu'on est prêt ? Est-ce que tout va bien se passer ?

AMELIE DE MONTCHALIN
Déjà, c'est une grande étape pour combattre ce virus, pour pouvoir nous en débarrasser, c'est une étape qui va commencer, vous avez vu, très méthodiquement avec les personnes les plus vulnérables, celles de nos EHPAD, les soignants, et on est vraiment dans une démarche, je pense, où il faut qu'on rassure les Français, et que contrairement à certains responsables politiques, on évite d'en faire, voyez, un sujet de débat politique ou idéologique, c'est vraiment un sujet sanitaire, et je crois que c'est un vrai instrument pour sauver des vies, pour protéger ceux qui sont les plus à risque. Donc je crois que c'est vraiment dans cette optique-là qu'on doit travailler. Evidemment, on est préparé. Je crois qu'il faut vraiment aussi rassurer les Français, ne pas les embrouiller, ne pas créer de la confusion. C'est en soi une victoire, une victoire scientifique, une victoire technologique que d'avoir ce vaccin dès dimanche dans notre pays.

GERARD LECLERC
Alors, puisque vous évoquez ce genre de polémique justement, Marion MARECHAL ce matin s'alarme de la pérennisation de l'état d'urgence, et puis, dit-elle, un état d'urgence qui va subordonner des déplacements, subordonner l'exercice de certaines activités au suivi d'un traitement préventif et à la vaccination, c'est-à-dire concrètement, elle dit : il va y avoir deux types de citoyens, ceux qui seront vaccinés et qui pourront avoir une vie normale, et les autres, qui seront des sous-citoyens, c'est un véritable scandale, dit-elle.

AMELIE DE MONTCHALIN
Bon, d'abord, ce texte, il n'est pas là du tout pour créer des pouvoirs exceptionnels pour le gouvernement, il n'est pas là en fait pour pérenniser l'état d'urgence, il est là pour renforcer notre arsenal de gestion de crise. Il est là aussi pour qu'on tire les leçons et qu'on crée un état d'urgence sanitaire au cas où il faille que nous y retournions, on n'est pas en train de parler d'aujourd'hui ou d'hier, au cas où nous devons, dans le futur, retrouver un état d'urgence, comment on s'organise ; au fond, c'est comment on ne gâche pas…

GERARD LECLERC
Oui, oui, mais il est quand même précisé dans l'article 6 qu'il pourrait y avoir des limitations de déplacement, d'exercice de certaines professions si on n'est pas vacciné…

AMELIE DE MONTCHALIN
Voyez, on est en train de se dire : on a eu les attestations, on a eu des règles de fonctionnement pendant des mois, en mars, pendant le premier confinement, puis dans ce second confinement, évidemment, ce qu'on essaie d'écrire théoriquement, c'est comment on tire aussi les leçons de cette crise, comment on peut, vous savez, faire de la différenciation territoire par territoire, on n'est vraiment pas là pour créer des pouvoirs exceptionnels pour le gouvernement, on n'est pas là pour créer un état, voyez, sanitaire avec une forme de, certains disent même dictature, où on séparerait les Français, c'est comment on se dote des bons outils, comment tirer les leçons de la crise, et je crois que c'est important que dans notre droit, les choses soient claires, parce qu'on a fait beaucoup de choses dans l'urgence, parfois, dans la précipitation, parce que la situation nous est apparue comme extrêmement nouvelle, et donc il y aura bien sûr un débat, tout ce qui devra être clarifié, le sera, mais je crois qu'il faut vraiment rassurer les Français, on n'est pas en train de se donner des pouvoirs exceptionnels ad vitam aeternam.

GERARD LECLERC
Mais cette idée que ceux qui seront vaccinés pourront peut-être obtenir de pouvoir se déplacer, pouvoir exercer certaines professions, pouvoir aller au théâtre, au cinéma, etc, c'est vrai ou ce n'est pas vrai ? C'est possible, parce que l'UDI travaille sur un projet dans le même sens, un passeport vert, comme ça existe en Israël…

AMELIE DE MONTCHALIN
Mais je pense d'abord, d'abord, c'est un sujet qui doit faire l'objet d'un débat démocratique, première chose, deuxièmement, évidemment, quand vous êtes par exemple un personnel soignant vacciné, eh bien, vous ne prenez pas forcément exactement les mêmes précautions que si vous n'êtes pas vacciné, on voit bien que tout l'enjeu, c'est de pouvoir nous donner tous les moyens de combattre l'épidémie, et bien, sûr d'intégrer le vaccin dans une stratégie, mais je pense que tous ces sujets seront clarifiés posément, démocratiquement avec toujours la même méthode, qui est la nôtre : beaucoup transparence, et évitons de faire croire aux Français qu'il y aurait des agendas cachés, et qu'on travaillerait à faire autre chose qu'à les protéger et à faire tourner le pays.

GERARD LECLERC
Alors, c'était le dernier Conseil des ministres hier en visioconférence, présidé par Emmanuel MACRON bien évidemment. Comment avez-vous trouvé le président, et puis, surtout, qu'est-ce que vous retenez de son état d'esprit, de ses messages, de ses priorités pour cette fin d'année ?

AMELIE DE MONTCHALIN
Bon, je l'ai trouvé combatif, d'abord combatif contre le virus, parce qu'il qui se bat contre cette maladie que beaucoup de Français ont malheureusement connue, et combatif pour notre pays ; combatif à deux titres, parce que 2021 sera toujours un combat contre ce virus, et il faut qu'on l'accepte, voyez, moi, je serai le jour de Noël auprès de nos personnels dans les hôpitaux qui sont mobilisés pour accompagner les Français, je pense que ce combat contre le virus, il va durer, il faut qu'on soit conscient, qu'on soutienne ceux qui en ont fait en fait leur travail quotidien, et je pense notamment aux agents plus très mobilisés. Et puis, il y a un deuxième combat qu'on mène, c'est le combat pour continuer à transformer, à améliorer la vie quotidienne des Français, faire de 2021 une année de résultats, une année de réformes, et donc ce qu'a dit le président, c'est que le premier séminaire gouvernemental, la première grande réunion de tout le gouvernement, le 13 janvier, aura deux objectifs, premier objectif, c'est publier un baromètre des résultats, que je présenterai à tous mes collègues à ce moment-là…

GERARD LECLERC
On va y revenir tout à l'heure, oui…

AMELIE DE MONTCHALIN
Et c'est important, voyez, le président en a longuement parlé, c'est qu'est-ce qu'on a fait jusqu'à maintenant, où on en est, qu'est-ce qui a progressé, qu'est-ce qui n'a pas assez progressé, comment, dans chaque département, on fait la transparence sur là où on en est. Je pense, c'est important, voyez que 2021 ne soit pas une année zéro, et que ce virus n'ait pas mis à mal tous nos efforts. Et puis, la deuxième chose, c'est que, effectivement, début janvier, on mettra aussi sur la table, à ce 13 janvier, l'agenda 2021, qu'est-ce qu'on continue comme réformes, qu'est-ce qu'on accélère, qu'est-ce qu'on met sur la table pour que les quinze mois avant la fin du quinquennat ne soient pas des mois perdus, mais des mois utiles. Et voyez, le président, tout gouvernement, on est dans cet esprit-là, vigilance, mobilisation absolue contre le virus, mais aussi beaucoup de concentration, parce que les Français nous attendent sur des résultats, sur de l'efficacité, sur des choses qui changent dans leur vie quotidienne, partout, partout dans le pays, dans tous les territoires.

GERARD LECLERC
Alors, Emmanuel MACRON, il a quand même parlé du Covid, et les gens l'ont remarqué, il a dit, il a parlé de situation exceptionnelle qui oblige à redoubler de vigilance, il a dit que la mutation du virus était problématique. Clairement, est-ce qu'il n'est pas en train d'annoncer de nouvelles restrictions, voire un nouveau confinement au début de l'an prochain, nouvelles restrictions, peut-être même avant le 31, et reconfinement…

AMELIE DE MONTCHALIN
Sur les restrictions, sur ces gestes barrières, au fond, moi, je voudrais dire des choses assez simples, j'en ai marre d'entendre des responsables politiques, si on les appelle encore comme ça, comme Ségolène ROYAL hier sur une autre chaîne, nous dire qu'on serait en train d'infantiliser les Français, qu'on serait en train de jouer avec les peurs, et qu'au fond, on créerait des règles absurdes, d'abord, moi, je veux m'insurger contre l'insinuation qu'elle a eue, au fond, il y avait les règles, et puis, il y avait ce que les gens en faisaient, d'abord, les règles, elles sont là, pas pour nous empêcher de vivre, elles sont là pour faire confiance à notre responsabilité, notre méthode, ce n'est pas la peur du gendarme, ce n'est pas d'agiter des totems, notre méthode, c'est la responsabilité, c'est de donner à chaque Français des clés, des repères sur ce qui est dangereux, sur ce qui n'est pas dangereux, sur comment on s'organise, évidemment, si chaque Français et si chacun d'entre nous intégrons ces recommandations dans nos comportements, dans les jours qui viennent, avec beaucoup de responsabilité, et je pense que c'est la bonne manière de faire, eh bien, effectivement, nous éviterons de mettre en danger des personnes âgées, des personnes vulnérables, et c'est ça qu'on doit faire…

GERARD LECLERC
Mais il y a l'autre hypothèse qui est celle effectivement de ce nouveau virus, il y a les contaminations qui progressent en France, il y a tous les pays européens qui sont en train de resserrer les dispositifs, parfois de revenir au confinement, est-ce que la France ne va pas être obligée de faire la même chose rapidement ?

AMELIE DE MONTCHALIN
D'abord, c'est entre nos mains, c'est entre les mains de chacun, moi, je crois fondamentalement à la responsabilité…

GERARD LECLERC
Donc vous ne l'écartez pas, c'est entre nos mains, mais on ne l'écarte pas ?

AMELIE DE MONTCHALIN
Vous savez, moi, en tant que ministre de la Fonction publique, qu'est-ce que j'ai fait par exemple pour nous armer face au Covid, eh bien, c'est la responsabilité de chacun, c'est le télétravail, comment les manageurs, avec beaucoup plus de confiance dans leurs équipes, permettent aux agents de télétravailler, c'est le jour de carence qu'on a suspendu pour que l'isolement des cas positifs, des cas contacts soit réellement possible sans perte financière, c'est aussi d'activer nos volontaires, on a créé une plateforme de volontariat pour que les agents soient en soutien des équipes qui ont le plus de besoins, je pense notamment pour faire du contact tracing pour appeler des personnes isolées ; tout le pays est mobilisé, et je crois que tous les Français sont tout à fait aujourd'hui informés de ce qui est dangereux, de ce qui n'est pas dangereux, de la manière de ne pas mettre en danger ses proches, et je crois beaucoup plus à ça, voyez, qu'à la peur du gendarme, qu'à cette espèce de polémique, enfin, de beaucoup de gens qui embrouillent les Français, et aujourd'hui, la responsabilité collective, c'est qu'on a chacun en nos mains les comportements, et on les connaît, pour éviter qu'effectivement, eh bien, les choses s'emballent…

GERARD LECLERC
Mais si ça se dégrade, on ne peut pas écarter qu'il y ait de nouvelles mesures de restrictions…

AMELIE DE MONTCHALIN
Mais, moi, je pars du principe que nous savons tous, les uns et les autres, faire ce qu'il faut pour éviter de mettre en danger des personnes qui ensuite se retrouveraient à l'hôpital ou positives.

GERARD LECLERC
Alors, vous êtes effectivement ministre de la Transformation et de la Fonction publique, il y a eu deux confinements, il y a eu des commissions d'enquête de l'Assemblée et du Sénat qui ont été sévères avec les défaillances, et d'une façon générale, avec les lourdeurs de l'administration, avec la bureaucratie. Est-ce que vous allez en tirer des leçons ?

AMELIE DE MONTCHALIN
Déjà, on, en tire déjà, bon. Très concrètement, au fil de la crise, on a beaucoup adapté notre manière de faire. Aujourd'hui, voyez, on a…

GERARD LECLERC
Il y a toujours de la bureaucratie, il y a toujours des lourdeurs, semble-t-il…

AMELIE DE MONTCHALIN
Non, mais, qu'il y ait toujours des lourdeurs et qu'on puisse toujours faire mieux, c'est un fait, mais aujourd'hui, on a déjà pris des actions très fortes. On a ré-envoyé par exemple des compétences, des hommes, des femmes, dans les territoires, on a réarmé nos territoires, moi, j'ai pris la décision par exemple sur la relance de renforcer nos équipes avec des sous-préfets à la relance dans tous les territoires pour que, justement, on accompagne cette mise en oeuvre, pourquoi, parce qu'on voit bien – cette crise le révèle – qu'on ne peut pas tout faire depuis Paris, que les ministres ne peuvent pas faire des jardins à la française…

GERARD LECLERC
Donc il faut déconcentrer davantage, décentraliser des décisions ?

AMELIE DE MONTCHALIN
Il faut absolument…

GERARD LECLERC
Ça fait trente ans qu'on entend ça…

AMELIE DE MONTCHALIN
Partir beaucoup plus souvent du terrain, prendre des décisions sur le terrain, remettre des hommes et des femmes au bon endroit, vous savez, la ministre de la Fonction publique que je suis, ma première priorité, c'est de réallouer nos moyens, nos hommes, nos femmes, nos compétences au bon endroit sur le terrain, ça, c'est ce qu'on fait en continu, et puis, il y a ce qu'on fera pendant le mois de janvier autour du Premier ministre, c'est une réunion de tout le gouvernement qui doit poser des actes forts pour l'organisation, la mise en oeuvre, comment on prend des décisions, et comment, du coup, on en tire des leçons. Mais voyez, il y a ce qu'on fait en continu, et puis, il y a les actes qu'on va prendre, là, tout début 2021, pour faire évoluer notre système, notre organisation, et on a un processus qui est très lucide, très lucide sur nos lenteurs, sur comment on recrée de l'efficacité, de la rapidité, le fait que les décisions soient prises à l'endroit où elles ont à s'appliquer, cette vague-là, c'est vraiment des choses que je porte très fortement, les élus locaux le demandent, maintenant, il faut qu'on soit, nous, à la hauteur des choses, et donc les décisions viendront en janvier pour les choses qui ne sont pas déjà mises en oeuvre.

GERARD LECLERC
Alors, à première vue, il y a encore beaucoup de travail, il y eu un sondage qui a été fait auprès des agents de la Fonction publique, il y a les trois quarts qui disent qu'ils n'étaient pas préparés pour le premier confinement, et la moitié, c'est un peu moins, mais quand même la moitié, qui disent qu'ils ne l'étaient pas non plus pour le second.

AMELIE DE MONTCHALIN
Il y a eu un effet, je crois, dans le pays, de surprise, il y a eu des choses sur lesquelles il fallait qu'on accélère, qu'on rattrape des retards, sur l'équipement informatique, sur cette culture de la confiance, ces pratiques managériale à faire évoluer, on a un énorme défi devant nous, qui est de refaire confiance aux équipes de terrain, et ça, voyez, c'est un combat que je mène aussi avec chaque administration, avec chaque ministre, comment on redonne aux agents de terrain la possibilité de prendre des décisions, et comment on leur fait confiance. Et dans ce confinement, ce deuxième confinement, on a aussi fait beaucoup d'innovations, on a créé des nouveaux services publics, notamment des services publics qui vont vers les plus vulnérables, qui appellent les familles précaires, qui appellent les retraités isolés, j'étais hier chez Covidom, dans les hôpitaux de Paris, 800.000 personnes malades ont été appelées depuis le mois de mars dans une démarche totalement innovante, où on appelle les gens avant qu'ils arrivent, voyez, aux urgences, donc on innove, on se réorganise, on met nos moyens au bon endroit.

GERARD LECLERC
On télétravaille davantage aussi ?

AMELIE DE MONTCHALIN
On télétravaille, 45 % des agents de l'Etat, hors enseignants…

GERARD LECLERC
Mais ça, ça continuera après le Covid ou…

AMELIE DE MONTCHALIN
On va mener une négociation avec les partenaires sociaux…

GERARD LECLERC
Pour développer le télétravail ?

AMELIE DE MONTCHALIN
Pour faire du télétravail un mode d'organisation, qui soit aussi un outil pour faire évoluer les pratiques managériales, pour faire évoluer cette culture de la confiance, qu'on sorte aussi de toutes ces relations parfois très conflictuelles, les postures aussi, et qu'on recrée dans toutes les équipes cette capacité à toujours servir les Français, et à toujours mettre la mission, le sens de l'intérêt général avant les questions, voyez, de rigidités administratives.

GERARD LECLERC
Alors, vous évoquiez tout à l'heure ce séminaire du 13 janvier, et vous allez présenter un baromètre des résultats de l'action publique. Concrètement, donc ça va porter par exemple sur l'apprentissage, c'est ça, la taxe d'habitation, le dédoublement des classes, comment ça se traduit dans les départements, clairement, ce n'est pas le programme présidentiel d'Emmanuel MACRON, vous commencez à développer son bilan ?

AMELIE DE MONTCHALIN
Déjà, c'est un acte de confiance, la transparence telle qu'on va la présenter département par département, sur l'apprentissage, sur le handicap, sur l'environnement, sur tous nos grands chantiers.

GERARD LECLERC
Enfin, l'idée, c'est bien de valoriser le bilan, quand vous faites ça ?

AMELIE DE MONTCHALIN
Mais bien sûr, mais c'est aussi d'être totalement transparent sur ce qui n'aura pas assez progressé dans certains territoires, je suis très lucide pour vous dire, d'ores et déjà, qu'il y a des endroits où le compte n'y est pas, où il faut qu'on priorise nos moyens, que pendant les 15 mois prochains, on se réorganise différemment, qu'on cherche les blocages, qu'on active tout ce qui doit être activé pour que dans tous les territoires, moi, je veux lutter contre, voyez, des disparités territoriales, éviter qu'on dise, en général, la réforme a été réussie, et puis, qu'il y ait des endroits où ce n'est pas le cas. Et donc cette transparence, c'est pour moi aussi un gage de confiance démocratique, vous savez, le président l'avait dit en 2017, la politique, ce n'est pas que des mots, ce n'est pas que d'aller faire des annonces, c'est s'assurer qu'ensuite, ça se transforme dans la vie quotidienne, c'est que les Français en voient la nature, et puis, les réformes, ce n'est pas magique, ça demande beaucoup de travail, beaucoup de finesse, s'assurer que dans chaque territoire, eh bien, les Français en voient la différence. Donc c'est ça qu'on doit faire, on a 15 mois encore pour agir, 15 mois utiles, et vous savez, je publie ces résultats, pas une semaine avant l'élection présidentielle, pour dire : voilà, c'est fini, on le fait bien en amont pour encore avoir le temps de transformer les choses, c'est pour ça qu'on fait de la politique, c'est pour ça qu'on s'est engagé…

GERARD LECLERC
Alors, dans une longue interview à L'Express, qui paraît aujourd'hui, Emmanuel MACRON insiste sur l'efficacité de l'Etat, s'il y insiste, c'est que ce n'est pas évident, c'est vous qui êtes, quelque… responsable de la Fonction publique, est-ce que vous vous sentez visée, est-ce qu'il y a un vrai problème d'inefficacité de l'Etat ?

AMELIE DE MONTCHALIN
Eh bien, tout ce que je viens de vous dire, remettre des hommes et des femmes sur le terrain, nous assurer qu'on leur fait confiance pour prendre des décisions, faire que l'Etat soit plus rapide en investissant dans le numérique, en ayant justement aussi une vision plus claire de là où il y a des besoins, et de là où les choses progressent bien, ce baromètre des résultats, il n'est pas là pour faire de la décoration, il est là pour justement nous assurer que nos moyens sont organisés pour être les plus efficaces possibles et avoir des résultats partout. Donc moi, ce n'est pas une question d'être visé, c'est d'être pleinement, voyez, mobilisé pour qu'on puisse, eh bien, retrouver de l'efficacité, retrouver de la rapidité et retrouver la confiance des Français. Au fond, les Français, ils se demandent tous les matins à quoi servent les politiques, eh bien, pour leur répondre, il faut qu'on montre qu'on a des résultats là où ils habitent, des résultats concrets, des résultats tangibles, et qu'il n'y ait pas, voyez, 2021, année zéro, que le Covid soit passé par-là, et qu'on ne comprenne pas bien, au fond, qu'est-ce qui a été fait depuis trois ans…

GERARD LECLERC
On a bien compris. Deux questions très rapides, des réponses rapides également. Les élections régionales repoussées en juin, vous serez candidate, vous pourriez même être tête de liste en Ile-de-France si Jean-Michel BLANQUER n'y va pas ?

AMELIE DE MONTCHALIN
Alors, moi, j'ai toujours dit que mon territoire d'attache, c'était l'Essonne, donc s'il y a des choses à faire en Essonne, je m'y engagerais, comme je l'ai toujours dit, aujourd'hui, on construit un projet, Jean-Michel BLANQUER en est le coordinateur avec notamment Laurent SAINT-MARTIN. On travaille déjà sur qu'est-ce qu'on veut faire dans cette région, comment on résout les inégalités territoriales, comment chaque Français, chaque Francilien a aussi la possibilité de faire des choix, comment on sort de la détermination sociale, du déterminisme, donc ça…

GERARD LECLERC
D'accord, donc vous serez candidate en Essonne…

AMELIE DE MONTCHALIN
C'est en tout cas toujours ce que j'ai dit, et c'est le territoire dans lequel j'ai à la fois mes attaches et l'envie de continuer…

GERARD LECLERC
Et peut-être tête de liste si Jean-Michel BLANQUER n'y va pas ?

AMELIE DE MONTCHALIN
Non, on n'en est pas du tout là…

GERARD LECLERC
On n'en est pas là, bon…

AMELIE DE MONTCHALIN
Et je vous dis, on est clairement aujourd'hui en train de travailler sur le projet.

GERARD LECLERC
Un mot sur le Brexit, puisque vous avez été avant ministre des Affaires européennes, il y a encore la possibilité d'un accord ou il faut accepter l'idée qu'il y aura un no-deal, quelles conséquences ?

AMELIE DE MONTCHALIN
D'abord, je crois que ça fait un long moment que ça dure, ça sera un événement, je ne crois pas que ça soit une surprise quelle que soit l'issue, il y a beaucoup de travail qui est fait, notamment par Michel BARNIER pour essayer de faire converger les choses, mais on l'a toujours dit, et le président de la République a toujours dit, Edouard PHILIPPE, Premier ministre, Jean CASTEX aujourd'hui, le disent, je l'ai dit quand j'étais ministre des Affaires européennes, d'abord, nous cherchons un accord équilibré, nous ne sacrifierons personne, ce sont les Britanniques qui ont fait un choix, et les pêcheurs, en particulier, ne peuvent pas être la variable d'ajustement d'un accord commercial. Donc sur ces lignes-là, on essaie d'avancer, si les conditions ne sont pas réunies…

GERARD LECLERC
Mais si on n'avance pas, il n'y aura pas d'accord…

AMELIE DE MONTCHALIN
On ne sacrifiera personne sous prétexte de vouloir à tout prix un accord, c'est soit un bon accord, un accord équilibré…

GERARD LECLERC
Soit pas d'accord du tout…

AMELIE DE MONTCHALIN
Soit pas d'accord, mais ce qui veut dire aussi qu'on protégera…

GERARD LECLERC
Ce serait donc plutôt pas d'accord…

AMELIE DE MONTCHALIN
On protégera aussi tous ceux qui en subiront les conséquences, parce qu'on ne doit laisser personne au bord du chemin, c'est les engagements que j'ai pris, et que je vous assure continuent d'être tenus aujourd'hui.

GERARD LECLERC
Merci Amélie de MONTCHALIN.

AMELIE DE MONTCHALIN
Merci beaucoup.

GERARD LECLERC
Bonne journée.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 5 janvier 2021