Texte intégral
CECILE DE MENIBUS
"Le petit déjeuner politique" ce matin, Agnès PANNIER-RUNACHER, et qui est ministre déléguée à l'Industrie.
PATRICK ROGER
Oui. Bonjour Agnès PANNIER-RUNACHER.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Bonjour Patrick ROGER.
PATRICK ROGER
Vous avez participé hier à l'Elysée à une réunion sur la stratégie vaccinale, où en est-on ce matin des livraisons de doses de vaccin ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Donc on continue à avoir des livraisons de doses PFIZER à raison de 520.000 doses par semaine, et nous venons de réceptionner une première livraison de doses MODERNA, à raison de 50.000 doses cette semaine ; c'est un nombre de doses un peu inférieur à PFIZER, puisque nous avons des commandes inférieures en nombre.
PATRICK ROGER
Oui, pourquoi l'Allemagne a plus de doses que nous, deux fois plus…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Non, elle n'a pas deux fois plus de doses, elle a très exactement son quota populationnel, c'est-à-dire, elle a 18% des doses commandées par l'Union européenne, là où nous, nous en avons 15%, donc elle a 20% de plus de doses, parce qu'elle a 20% de plus de population. Et il y a une espèce de fantasme qui traîne sur l'idée qu'il y aurait des doses cachées de l'Allemagne, et en tout état de cause, je peux vous garantir…
PATRICK ROGER
Oui, ça, c'est vrai, ça circule beaucoup, non, mais ça circule beaucoup…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Qu'aujourd'hui, l'Allemagne a sa part des contrats européens, qu'elle a négociés avec nous.
PATRICK ROGER
Bon, Agnès PANNIER-RUNACHER, est-ce que la logistique s'est quand même améliorée aujourd'hui entre ce que vous allez recevoir, et ensuite, le terrain, parce qu'on avait un infirmier tout à l'heure qui témoignait, et il dit que c'est encore compliqué quand même.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, je ne vais pas parler au nom d'Olivier VERAN, puisque moi, ma fonction consiste à négocier et faire en sorte que les doses arrivent en France, il y a ensuite un énorme travail qui est fait au niveau de la santé, qui a renforcé ses équipes avec des spécialistes de la logistique, notamment de l'armée, moi, je constate qu'il y a 138.000 personnes vaccinées hier soir, on voit la montée en puissance de la vaccination française qui était d'ailleurs prévue, on a toujours indiqué, Olivier VERAN l'avait indiqué, vaccination, montée en puissance à partir du 4 janvier, et nous avons accéléré. Donc je pense qu'on voit sur les faits que la logistique se porte…
PATRICK ROGER
On accélère, mais petitement quand même, petitement, quand on regarde par exemple les Anglais qui vont beaucoup plus vite ou d'autres pays, non ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Mais qui utilisent le vaccin ASTRAZENECA, dans des conditions qui ne sont peut-être pas celles que nous souhaitons, vous savez que ce vaccin en France et au niveau européen n'a pas eu l'autorisation de mise sur le marché, à ce stade, parce que nous estimions qu'il fallait des données complémentaires, ça, c'est un enjeu de sécurisation et d'efficacité pour les Français.
PATRICK ROGER
Où est-ce qu'on en est du vaccin aussi SANOFI ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, le vaccin SANOFI, première chose, il a toujours été prévu qu'il n'arrive pas avant le mois de juillet, toujours été prévu qu'il n'arrive pas avant le mois de juillet, et il est sur une plateforme technologique différente de tous les vaccins qui sont aujourd'hui arrivés, c'est pour ça d'ailleurs qu'il avait été retenu par l'Union européenne dans ses achats de vaccins. La deuxième chose, c'est que c'est le seul contrat que nous avons passé où il n'y a pas de tranche ferme, précisément parce qu'il arrivait après les cinq premiers vaccins que nous avons contractualisés, mais que comme il avait une plateforme technologique très éprouvée, très utilisée dans le monde de la vaccination, et qu'il était en capacité de produire de très gros volumes, nous trouvions ça intéressant, donc c'est pour l'Union européenne une chance, parce que soit, ça marche, et on paie, soit, ça ne marche pas, et on ne paiera rien.
PATRICK ROGER
Oui, bon, donc, mais alors, quelle date à peu près, parce que là, vous avez dit, oui, et c'est vrai que SANOFI a dit courant du printemps, fin du printemps…
AGNES PANNIER-RUNACHER
C'est un décalage…
PATRICK ROGER
Début de l'été ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Non, c'est très exactement juillet au démarrage, et là, ils ont un décalage plutôt quatrième trimestre, donc décalage de…
PATRICK ROGER
Fin de l'année ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Quatrième trimestre.
PATRICK ROGER
Ce qui veut dire qu'on va avoir combien de doses finalement de vaccination en France pour cette année 2021 ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, aujourd'hui, nous avons réservé près de 225 millions de doses, c'est-à-dire, on a un potentiel supérieur à trois doses par Français.
PATRICK ROGER
Oui, 225 millions, c'est-ce que vous avez réservé, et ce n'est pas forcément ce qui va être livré, quoi…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Ça sera livré si les vaccins obtiennent l'autorisation de mise sur le marché, et dans ce qui est aujourd'hui sécurisé, je veux dire que nous avons, avec BIONTECH, PFIZER, un premier contingent de doses sécurisées, 49 millions de doses, et l'Union européenne vient de sécuriser un nouveau contrat de 300 millions de doses, toujours sur l'année 2021, ce qui veut dire un potentiel pour la France de 45 millions de doses, voire plus, puisque certains pays ne prennent pas leurs doses.
PATRICK ROGER
Si on fait le compte, vous pensez que d'ici la fin de l'année, on aura plus de 200.000 millions de doses en France…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Attendez, mais il est évident que d'ici la fin de l'année…
PATRICK ROGER
Non, mais parce qu'il y a des retards…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Non, mais il suffit de faire les calculs, il y a des retards, mais il y a aussi des accélérations, ce qu'on est en train de vivre, c'est une prouesse technologique et industrielle incroyable, c'est-à-dire qu'en 9 mois, on est en train de livrer des millions de doses au niveau européen, que nous avons réservées, ça fait 7 mois que nous travaillons…, 8 mois, même, puisque nous avons démarré début mai, pour sécuriser ces doses, elles ont été sécurisées au cours de l'été, elles ont ensuite fait l'objet de contrats plus longs, mais la sécurisation du nombre de doses, c'était cet été, et nous venons de doubler le nombre de doses auquel nous aurons accès pour le premier vaccin qui est extrêmement efficace, BIONTECH, PFIZER, en doublant la mise, parce que nous avons accompagné la montée en production et en industrialisation.
PATRICK ROGER
Oui, il y a parfois un peu de perte quand même, dit-on, avec les flacons et les doses…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, ça, c'est un grand classique, c'est-à-dire que quand vous avez du multi-dose, le risque, c'est de ne pas attraper la dernière dose. La bonne surprise qu'on a eue, et sincèrement, c'était une surprise, c'est que BIONTECH, PFIZER, au lieu de mettre la quantité pour 5 doses, elle a mis la quantité pour 6 doses et plus. Donc nous avons un bénéfice sur ça, et aujourd'hui, les soignants sont extrêmement vigilants à utiliser au maximum les doses, et par rapport au taux de perte auquel…
PATRICK ROGER
Oui, on disait 25%…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors on avait pris un pied de pilote assez large pour qu'il n'y ait pas de sur-promesse, ce n'était pas un objectif, 25 %, c'était plutôt une sécurité, mais on est aujourd'hui plutôt, semble-t-il, alors sur la base des premiers chiffres, il faut être très prudent, en dessous de 10%.
PATRICK ROGER
Agnès PANNIER-RUNACHER, pour l'industrie et l'économie, dont vous avez la charge, est-ce qu'il faut éviter à tout prix un troisième reconfinement ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, je rappelle que l'industrie est l'un des rares secteurs qui fonctionne même pendant le confinement. Donc le sujet ne se pose pas sur l'industrie, le sujet se pose sur les commerces et les artisans…
PATRICK ROGER
Mais vous savez qu'il y a des conséquences en cascade…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Et vous avez pu constater que les résultats économiques du deuxième confinement ont été bien moins négatifs que le premier confinement, donc on a appris des confinements, et on a appris à essayer de maintenir un maximum l'activité économique, et même une activité sociale…
PATRICK ROGER
Donc s'il y avait un reconfinement, il n'y aurait pas de conséquences très fortes pour l'industrie ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Ce n'est pas du tout ce que j'ai dit, des conséquences très fortes pour l'industrie, je ne crois pas, des conséquences fortes pour l'économie, il y en aurait nécessairement. Mais attention…
PATRICK ROGER
Il ne faut pas l'écarter, en tout cas, ça…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Attention à ne pas non plus activer les peurs aujourd'hui, les chefs d'entreprises ont besoin de confiance, ils sont en train de se relancer, moi, je le voit dans le secteur de l'industrie, on a plus de 6.500 entreprises, vous avez 30.000 entreprises à peu près, 33.000, qui sont des indépendantes de plus de 5 salariés, vous avez 6.600, 6.500 entreprises qui sont venues demander un soutien sur la numérisation de leur production, ça veut dire qu'ils sont prêts à investir, qu'ils ont des projets, qu'ils en prennent une grosse partie, qu'ils demandent une petite subvention…
PATRICK ROGER
Vous, vous seriez plutôt favorable justement à un couvre-feu à 18h plutôt qu'à un reconfinement total, non ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Mais ce n'est pas moi qui vais prendre cette décision…
PATRICK ROGER
Non, non, mais c'est pour votre secteur…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Et cette décision, encore une fois, et l'économie est main dans la main avec la santé, si vous prenez une décision qui continue à faire circuler le virus, le risque que vous avez, c'est que vous bloquez tout, et pour le moment, nous sommes un des rares pays à ne pas être confiné par rapport à nos voisins, un des rares pays, continuons comme ça ! Et la première façon de faire en sorte de ne pas avoir de reconfinement, vous la connaissez, c'est respecter les gestes barrières, c'est l'alpha et l'oméga de notre politique.
PATRICK ROGER
Bon, la relance et le retour de la croissance, est-ce que ça s'éloigne un petit peu, puisqu'on parlait de 5, 6 %, vous y croyez encore ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Mais tout à fait, tout à fait, et pour les raisons que je vous indique, c'est-à-dire que lorsqu'on fait le plan de relance, on a un nombre d'entreprises qui arrivent avec des projets, nous avons débordé, moi, j'avais prévu 550 millions de crédits pour l'industrie…
PATRICK ROGER
Il y a plein d'autres secteurs…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Pour l'année 2020, je suis obligée de… j'ai dû appeler des enveloppes complémentaires, tellement nous avons des projets, nous sommes à 800 millions d'euros, plus de 800 entreprises accompagnées, tout ça représente plus de 4 milliards d'investissements au total, privés…
PATRICK ROGER
Mais avec le ralentissement dans tous les autres secteurs, Agnès PANNIER-RUNACHER, vous pouvez nous dire ce matin qu'il y aura encore 6% de croissance en France en 2021 ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Mais il n'y a aucune raison qui s'y oppose, pardon, et pas un ralentissement dans tous les secteurs, la construction est repartie, l'industrie est repartie, je crois qu'il faut aussi se garder de l'effet de loupe, si vous me parlez du secteur des discothèques, bien sûr que ce secteur est sinistré…
PATRICK ROGER
Il n'y a pas que les discothèques, mais il y en a beaucoup d'autres…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Si vous me parlez du secteur de la restauration, bien sûr qu'il est sinistré, mais ces secteurs-là, macro-économiquement, sont loin de représenter l'essentiel des secteurs, vous avez 70, 80, 90% de l'industrie, des services qui aujourd'hui fonctionnent, il faut aussi le dire, et surtout, il faut que les entreprises continuent à repartir, à investir, et c'est ce que nous faisons avec le plan de relance.
PATRICK ROGER
Oui, alors, demain, il y a un séminaire gouvernemental, on va notamment plancher sur cette relance, mais également les réformes, est-ce qu'on peut encore mener des réformes, compte tenu du contexte aujourd'hui, Agnès PANNIER-RUNACHER ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Je crois que le gouvernement a toujours été très clair, qu'il n'était pas question de ralentir le rythme des réformes, et que nous avions…
PATRICK ROGER
Eh bien, ça s'est ralenti par la force des choses, déjà, non ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Eh bien, regardez le nombre de lois qui ont été passées, il y a des lois sur l'urgence sanitaire et des lois sur l'urgence économique, des lois sur le plan de relance, mais le plan de relance, c'est en soi une réforme, c'est une transformation accélérée de l'économie vers la transition écologique et vers la transition numérique. La loi…
PATRICK ROGER
Il ne faut renoncer aux réformes…
AGNES PANNIER-RUNACHER
La loi d'accélération par exemple qui a été votée, que j'ai portée avec Amélie de MONTCHALIN, d'accélération de l'action publique, c'est une loi qui date du mois de décembre dernier, pendant les travaux, la vente continue, nous devons continuer à transformer notre pays pour le rendre plus résilient, plus fort, et économiquement plus solide…
PATRICK ROGER
La réforme des retraites par exemple, est-ce que c'est une urgence ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, est-ce que c'est une urgence, non, l'urgence aujourd'hui, c'est le plan de relance, c'est la lutte contre la crise sanitaire, est-ce que ça veut dire que ça doit nécessairement complètement sortir de l'agenda, je ne crois pas, tous les débats doivent être mis sur la table, et nous devons nous donner les moyens s'il y a des opportunités de continuer à mener nos réformes, mais il n'y a pas que les retraites, il y a d'autres réformes, que ce soit sur le volet social, on vient de faire la plus grande…
PATRICK ROGER
L'assurance chômage…
AGNES PANNIER-RUNACHER
L'assurance chômage. On vient de faire la plus grande loi depuis des années sur la recherche publique, j'aimerais bien qu'on en parle plus.
PATRICK ROGER
Oui, Agnès PANNIER-RUNACHER, dernière question avec Cécile de MENIBUS. Cécile.
CECILE DE MENIBUS
Revenons sur les régionales, Jean-Michel BLANQUER serait prêt à se lancer pour les régionales en Ile-de-France, dans un cas, un contexte un peu compliqué, avec des profs et des élèves à cran, est-ce que c'est le bon moment en fait ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Je crois qu'il n'y a pas de bons ou de mauvais moments, on est tous extrêmement concentrés sur notre tâche, que ce soit la gestion de la crise sanitaire, que ce soit les réformes dont on parle, qu'il faut mettre en oeuvre, parce qu'il ne s'agit pas de toujours voter des lois, il faut ensuite qu'elles soient correctement mises en oeuvre, c'est ce que nous faisons, mais ce n'est pas pour ça qu'on ne doit pas avoir une parole politique. Et je crois qu'il est important que la majorité présidentielle ait une parole politique, nous avons une distinction dans notre façon de faire de la politique, nous sommes dans les résultats, nous sommes dans le concret, et nous le montrons aujourd'hui. Et moi, je me réjouis que Jean-Michel BLANQUER porte une vision pour l'Île-de-France, parce que je crois qu'on en a bien besoin, on a beaucoup entendu des paroles, on a eu beaucoup de coups de communication de Valérie PECRESSE, on a, en réalité, peu de résultats. Et ça, c'est la réalité.
CECILE DE MENIBUS
Et si jamais il n'y allait pas, vous iriez à sa place ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Moi, aujourd'hui, je ne suis pas dans cette optique-là, soutenir Jean-Michel BLANQUER, avec grand plaisir, mais entre les vaccins, les entreprises en difficulté et la relance industrielle et économique, je crois que j'en ai beaucoup sur mon assiette.
PATRICK ROGER
Merci Agnès PANNIER-RUNACHER, ministre déléguée à l'Industrie, qui était l'invitée ce matin de Sud Radio.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 13 janvier 2021