Texte intégral
MARC FAUVELLE
Bonjour Barbara POMPILI.
BARBARA POMPILI
Bonjour.
MARC FAUVELLE
Votre compte Twitter compte un peu plus de 80 000 abonnés, si on a bien compté, ça fait 1 000 fois moins que celui de Donald TRUMP, qui a été fermé par le réseau social. Que diriez-vous si on vous le coupait ?
BARBARA POMPILI
Eh bien, j'espère qu'il n'y aurait pas de raison pour le faire, parce que, d'abord, j'essaie de respecter aussi des règles de base, c'est-à-dire, d'éviter les appels à la violence, d'essayer d'avoir une réflexion et pas des insultes, enfin, vous voyez, des choses qui relèvent de la loi. Après, oui, quand on a des paroles extrêmement violentes, un appel à l'insurrection, je peux comprendre la réaction des réseaux sociaux qui à un moment disent : nous, on doit réguler, on doit dire stop…
MARC FAUVELLE
Ce n'est pas le travail de la justice ?
BARBARA POMPILI
Je comprends la réaction, mais je pense que ça ne peut pas être une réaction normale, on doit avoir des processus démocratiques pour réguler le fonctionnement des plateformes et des réseaux sociaux. Et ça, ça doit faire l'objet de débats politiques et ça doit faire l'objet de règles et de régulation. C'est ce qu'on a essayé de faire ici, en France. On voit qu'on n'est pas au bout du débat, mais la norme ne peut pas être qu'un réseau social décide de lui-même de couper tout seul.
SALHIA BRAKHLIA
C'est une atteinte à la liberté ?
BARBARA POMPILI
Ah, mais bien sûr, c'est une atteinte à la liberté, après, la liberté des uns commence là où s'arrête celle des autres, c'est à ça que servent les législations.
SALHIA BRAKHLIA
Est-ce que vous diriez que Twitter, c'est un média comme un autre, ou alors, il a pris tellement… ce réseau social a pris tellement d'ampleur que, eh bien, voilà, c'est devenu même un média d'intérêt public, d'utilité publique ?
BARBARA POMPILI
Pff, d'intérêt public, je ne dirais pas forcément ça, mais…
SALHIA BRAKHLIA
Qui permet la démocratie, liberté d'expression…
BARBARA POMPILI
En tout cas, les réseaux sociaux, moi, je ne m'arrêterai pas à Twitter, parce que je peux vous dire que ma fille, par exemple, Twitter, ça lui passe largement au-dessus, Facebook…
MARC FAUVELLE
C'est tous les vieux comme nous…
BARBARA POMPILI
Voilà, elle est sur d'autres réseaux. Mais par contre, les réseaux sociaux ont un poids extrêmement fort dans la vie politique, même dans le débat public, et donc ils ne peuvent pas échapper aux règles du débat public.
MARC FAUVELLE
Barbara POMPILI, une partie de l'Europe connaît une vague de froid assez impressionnante, c'est le cas notamment de l'Espagne, si cette vague arrivait en France dans les jours ou les semaines qui viennent, est-ce qu'on risquerait des coupures de courant ?
BARBARA POMPILI
En tout cas, on a tout mis en place pour que ça n'arrive pas. On a eu des problèmes dus à la crise Covid, qui fait qu'on avait des maintenances de centrales nucléaires qui ont été repoussées, et donc on a essayé de réguler ça avec le réseau transport d'électricité avec EDF, a priori, là, on est bon, on a toujours des mesures possibles quand il y a une grosse crise de froid comme ça…
MARC FAUVELLE
Comme ça été le cas vendredi dernier de demander aux Français de couper pour ceux qui le peuvent le chauffage ou d'éteindre les lumières…
BARBARA POMPILI
C'est ça, en fait, on appelle aussi au civisme des Français, et il s'avère que ça a plutôt bien marché, là, quand on a demandé aux Français : eh bien, écoutez, par exemple, votre machine, si vous pouviez plutôt la lancer ce soir plutôt que ce matin, eh bien, les Français ont entendu l'appel, et on a eu de la réserve qui a été dégagée, donc c'est comme quoi, c'est ça la première chose à faire. Et ensuite, si vraiment, on est…
SALHIA BRAKHLIA
Mais ce n'est pas un peu étrange, là, en 2021, de demander aux Français de ralentir leur consommation, parce qu'on est incapable d'assurer l'approvisionnement en électricité ?
BARBARA POMPILI
Si, on en est capable, la preuve, c'est qu'il n'y a pas de black-out, rien du tout, il y a des moments de régulation, oui, on est dans une période où on fait une transition énergétique justement parce qu'on essaye de développer plusieurs sources d'électricité, plusieurs manières de la fabriquer, parce qu'on voit qu'être dépendant d'une seule source, c'est toujours un petit peu dangereux.
MARC FAUVELLE
Est-ce qu'on aurait passé ce cap il y a quelques jours sans les centrales à charbon qui fonctionnent encore en attendant leur fermeture annoncée pour l'an prochain ?
BARBARA POMPILI
Oui, alors, il y a une grosse polémique sur ces histoires de centrales à charbon, il faut bien voir que nous baissons notre consommation de charbon tous les ans, et là, aujourd'hui, quand on fait appel à des centrales à charbon, c'est vraiment de manière extrêmement ponctuelle, c'est sur des doses, mais minimes, on a baissé, je crois, de 10 points depuis 5 ans…
MARC FAUVELLE
Mais elles tournent encore les quatre dernières en ce moment…
BARBARA POMPILI
Elles tournent, alors pas toutes, mais on va les fermer d'ici 2022, c'était une promesse du président de la République…
SALHIA BRAKHLIA
Et ce ne sera pas un problème, on ne manquera pas d'électricité ?
BARBARA POMPILI
Non, non, non, encore une fois, on a de la marge, la marge se réduit quand il y a des vagues de froid, mais il y a aussi des contrats, qui sont passés notamment avec les entreprises, et on peut couper dans des entreprises, parfois, quand il y a besoin, pour réguler tout cela. Donc tout ça est bien organisé, ne vous inquiétez pas, dormez sur vos deux oreilles, et a priori, sauf très, très, très grosses vagues de froid en février, qui seraient vraiment très en dessous des normales saisonnières, il n'y aura absolument aucun problème, et encore une fois, même s'il y en avait, ce serait très, très limité.
SALHIA BRAKHLIA
Barbara POMPILI, un mot sur la crise sanitaire, 23 départements sont aujourd'hui concernés par un couvre-feu à 18h, c'est la dernière marche avant un confinement national ?
BARBARA POMPILI
Ecoutez, vous savez, on essaie de faire au fur et à mesure, et au mieux, tenir compte des nouvelles, des nouveaux indicateurs, tenir compte aussi des risques. Olivier VERAN, le gouvernement, sont au taquet là-dessus, et donc…
SALHIA BRAKHLIA
Mais vous êtes inquiète, vous, à titre personnel par le variant anglais, vous aussi, vous regardez les informations, vous avez les informations de votre collègue Olivier VERAN, est-ce que ça vous inquiète, 8 cas à Marseille ?
BARBARA POMPILI
Oui, 8 cas à Marseille, a priori, de ce que je comprends, le variant est plus contagieux, donc ça, c'est ennuyeux, en revanche, en termes de risques, il est à peu près le même que le Covid que nous connaissons. Donc, ce que je crois surtout, c'est qu'il faut qu'on reste comme d'habitude, c'est-à-dire respecter des gestes barrières, faire les mesures de base que nous devons tous faire, ne baissons pas la garde là-dessus, puisque le virus est toujours là, il y a un variant. Donc lavons-nous les mains, mettons le masque, prenons les précautions de base, et ce sont celles qui fonctionnent le mieux.
MARC FAUVELLE
Sur la campagne de vaccination, la maire socialiste de Paris, Anne HIDALGO a dit hier au Journal du dimanche : avec de telles carences, le débarquement en juin 44 aurait échoué.
BARBARA POMPILI
Oui, écoutez, on est tellement grave que je considère que faire polémique sur polémique, ce n'est pas ça qui va arranger le problème. Vous savez, j'ai des collègues qui s'occupent de la campagne de vaccination, moi, en tant que ministre de la Transition écologique, ce qui m'intéresse, c'est aussi de faire en sorte qu'on comprenne que les atteintes à l'environnement peuvent aussi créer des pandémies, et ça, c'est un sujet dont on va beaucoup parler aujourd'hui…
MARC FAUVELLE
C'est-à-dire, quel lien vous faites entre les deux ?
BARBARA POMPILI
Il y avait des suspicions sur le fait que quand on faisait de la déforestation par exemple, quand on faisait des trafics d'espèces, cela pouvait entraîner ce qu'on appelle les zoonoses, donc des maladies qui viennent des animaux et qui peuvent être transmises ensuite à l'homme. Il y a eu l'affaire Dupont Gaulin (phons), que vous connaissez bien, et en fait, à la fin de l'année dernière, le GIEC de la biodiversité, qui s'appelle IPBES, a publié un rapport qui cumule des données scientifiques qui montrent que quand on porte atteinte à la biodiversité, eh bien, ça peut entraîner des pandémies, ça peut entraîner des zoonoses, et si on n'y prend pas garde, si on continue comme ça, eh bien, des crises comme celle que nous connaissons, nous risquons d'en vivre plusieurs, et effectivement, on passera…
MARC FAUVELLE
Vous estimez que c'est le cas dans la crise qu'on traverse ?
BARBARA POMPILI
Et effectivement, on passera notre temps à toujours chercher des vaccins alors qu'il aurait peut-être fallu s'occuper du problème en amont. C'est un point qui est absolument essentiel, je pense que la prise de conscience est en train d'arriver, et aujourd'hui, nous allons faire un One Planet Summit avec le président de la République qui va réunir des chefs d'État, qui va réunir un peu toute la diplomatie mondiale, pour travailler sur ces questions, et notamment pour lancer justement un GIEC de la Santé environnementale, qui va travailler sur ces questions, cumuler les données scientifiques, pour qu'on puisse avoir des Assises là-dessus, et prendre des mesures très fortes, mais d'ores et déjà, prenons des mesures contre la déforestation et contre le trafic d'espèces, ça rendra service à notre santé.
MARC FAUVELLE
Il est 8h40, Barbara POMPILI, on vous retrouve dans un instant. Le "Fil info" tout d'abord avec Mélanie Delaunay.
/// "Le Fil info" ///
SALHIA BRAKHLIA
Toujours avec la ministre de la Transition écologique, Barbara POMPILI, le One Planet Summit organisé par Emmanuel MACRON, c'est cet après-midi, et ce sera sur la biodiversité. Est-ce qu'il y aura des décisions dès cet après-midi ou alors ce sera juste de la réflexion ?
BARBARA POMPILI
Non, ce n'est pas que de la réflexion, c'est un moment important et qui a d'ailleurs pris de l'importance quand Donald TRUMP est arrivé à la tête des États-Unis, parce que le président de la République, à ce moment-là, s'est dit : il faut qu'on continue la dynamique sur les questions environnementales, et il a lancé One Planet Summit, on a quand même réussi à réunir 121 pays dans les trois One Planet Summit, 121 chefs d'État, de gouvernement, on a l'ONU, on a les financiers, les banques mondiales, etc, qui sont là…
MARC FAUVELLE
Il y aura des représentants des États-Unis cette fois-ci ?
BARBARA POMPILI
Alors, on est en période de transition…
MARC FAUVELLE
Oui, c'est pour ça que je vous pose la question…
BARBARA POMPILI
On est en période de transition…
MARC FAUVELLE
Est-ce que l'équipe BIDEN a déjà des émissaires en ce moment ou est-ce que c'est toujours l'administration précédente ?
BARBARA POMPILI
Alors, c'est toujours administration précédente qui travaille, mais bien évidemment, l'équipe BIDEN est en train de se préparer, ils sont là, presque là, si vous voulez…
MARC FAUVELLE
Ils trépignent, ils sont presque à la porte…
BARBARA POMPILI
Exactement, exactement, et ils ont fait des annonces intéressantes, et c'est vrai que voir revenir les États-Unis sur la scène internationale sur les questions environnementales, c'est important. Ce qu'a voulu faire le président de la République, cette fois-ci, c'est faire vraiment un focus sur les questions de biodiversité, je vous ai expliqué le lien avec l'environnement tout à l'heure, et puis, lancer une année qui aurait dû être l'année dernière, l'année de la biodiversité, il y a des rendez-vous internationaux très importants, comme la fameuse COP chinoise, et puis, le Congrès de l'UICN, bref, ce sont des grands rendez-vous internationaux où on va prendre des engagements fermes pour les 10 ans à venir sur la biodiversité. Enfin, la biodiversité commence à arriver au niveau de préoccupation du climat. C'est très important, les deux sont complètement liés. Donc cet après-midi, nous allons avoir des chefs d'États, de gouvernement qui vont venir prendre des engagements, alors sur une grande muraille verte, sur le Sahel, vous savez que la question de reverdir et de replanter dans le Sahel est une question très importante, et donc là, c'est un projet phare qui concerne 11 pays, de Dakar à Djibouti, et où on va s'engager sur des milliards là-dessus, on va aussi s'engager pour placer 30 % des espaces en aires protégées, si on veut justement lutter contre les pandémies, il faut qu'on protège contre la déforestation, mais il faut aussi qu'on protège nos écosystèmes, eh bien, là, on est en train d'entraîner, on avait 20 pays, là, on va arriver, j'espère, à 50 pays qui vont s'engager après à créer des aires protégées marines et terrestres, voilà des engagements qui sont forts et sur lesquels on a besoin d'une dynamique internationale.
MARC FAUVELLE
Barbara POMPILI, en France, il y a une loi que vous dirigez directement, c'est la loi climat qui va arriver dans tout juste un mois, un peu moins même, au Conseil des ministres, c'est celle qui est censée mettre en musique les propositions des 150 citoyens de la Convention climat. La presse ces derniers jours a dévoilé quelques-unes de ces propositions, vous allez nous dire si elles sont exactes ou pas, mais on a l'impression plus on s'approche de l'échéance, plus la loi est light, plus elle est vert pâle.
BARBARA POMPILI
Oui, évidemment…
MARC FAUVELLE
Et on va rentrer dans le détail…
BARBARA POMPILI
On va rentrer dans le détail, je ne vais pas rentrer dans le détail, mais ce qui est important de dire aujourd'hui…
MARC FAUVELLE
Vous reconnaissez qu'il y a des mesures qui ont été effacées, abandonnées, oubliées en cours de route ?
BARBARA POMPILI
Ce que je vois surtout, c'est qu'on est sur une loi qui va créer une vraie transition vers une société plus écologiquement soutenable, on est sur une loi qui va changer le quotidien des Français, et on est sur une loi qui résulte d'un travail démocratique qui a été extraordinaire, et moi, je salue tous les citoyens de la Convention citoyenne qui, s'ils n'avaient pas été là, eh bien, je pense qu'il y a un certain nombre de mesures qui ne seraient pas là.
MARC FAUVELLE
Alors, on rentre dans le détail, si vous voulez bien, les citoyens, par exemple, proposaient l'obligation de rénover l'ensemble des logements dès 2024, mesure retoquée, je parle de rénovation énergétique, finalement, le projet de loi, mais arrêtez-moi si je me trompe, prévoit l'interdiction de location des passoires thermiques, mais 4 ans plus tard, en 2028, vous confirmez ?
BARBARA POMPILI
Oui, mais c'était aussi ce qui était proposé par les citoyens…
SALHIA BRAKHLIA
Oui, mais…
BARBARA POMPILI
Non, mais là, typiquement, vous vous rendez compte que les passoires thermiques, on est à 4,8 millions de passoires thermiques…
MARC FAUVELLE
De logements en France, oui…
BARBARA POMPILI
Non, pas de logements, de passoires thermiques, il y a plus de logements que ça…
MARC FAUVELLE
Pardon, non, non, 4,8 millions de logements…
BARBARA POMPILI
De logements à rénover en tout cas…
MARC FAUVELLE
Qui sont considérés comme des passoires thermiques.
BARBARA POMPILI
C'est ça, exactement, on est d'accord. C'est 4,8 millions, dont 2 millions sont en location, si on interdit à la location des passoires thermiques, ça veut dire qu'on va entrer dans une massification de la rénovation, et une massification de la rénovation, ça veut dire, en termes de gaz à effet de serre, on va baisser nos émissions de gaz à effet de serre, c'est, un quart de nos émissions de gaz à effet de serre, c'est le logement, et puis, surtout, c'est une mesure sociale, le nombre de gens qui ont du mal à payer leur chauffage aujourd'hui parce qu'ils vivent dans des passoires, eh bien, ces personnes-là vont pouvoir enfin vivre décemment…
SALHIA BRAKHLIA
Alors, comment ça va se passer, si les travaux ne sont pas faits en 2028 dans un logement en location, on met les locataires dehors, on force les propriétaires à faire les travaux ?
BARBARA POMPILI
C'est ça, on met tout le monde dehors, et puis… non, mais bien sûr que non, ce n'est pas comme ça…
SALHIA BRAKHLIA
Mais non, mais concrètement, sur le terrain, ça se passe comment ?
BARBARA POMPILI
Ce n'est pas comme ça que ça va se passer, le problème à chaque fois qu'on rencontre pour que ça marche, c'est, 1°) : qu'il faut qu'on arrête de faire des gestes isolés, c'est-à-dire, juste, on change une fenêtre, il faut faire une novation globale, mais une rénovation globale, ça coûte cher, ça coûte, ça dépend des logements, mais ça coûte souvent aux alentours de 50.000 euros, donc 50.000 euros, vous ne les mettez pas comme ça. Et le problème, à chaque fois, c'est le financement. Et donc là, on a décidé, pour ne plus tomber ce problème-là, de lancer une task force, là, qui a deux mois et demi, jusqu'au moment où la loi va arriver à l'Assemblée, pour enfin travailler sur ce qu'on appelle le tiers financement, c'est-à-dire, faire en sorte que les personnes ne prennent pas le risque financier elles-mêmes, que ce soit d'autres qui prennent pour elles, et que le remboursement se fasse sur les économies d'énergie…
MARC FAUVELLE
Mais je vous repose la question de Salhia, le 1er janvier 2029, le jour où… 2028, pardon, le jour où la loi entre en application, un logement qui est encore considéré comme une passoire thermique, il se passe quoi pour les gens qui sont à l'intérieur ?
BARBARA POMPILI
Ils sont toujours dedans, enfin, on ne va pas les mettre dehors, c'est juste…
MARC FAUVELLE
Donc ils restent…
BARBARA POMPILI
C'est juste que s'il n'était pas en location, si on le met en location…
MARC FAUVELLE
Bon, et alors, il se passe quoi pour le propriétaire ?
BARBARA POMPILI
Ou si on change de locataire, là, il ne pourra plus le faire, mais on ne fait jamais des choses… vous pensez franchement qu'on fait des politiques où on met les gens dehors, enfin, c'est hallucinant de penser ça…
SALHIA BRAKHLIA
Non, non, à l'inverse, quelle obligation pour le propriétaire, qui a déjà loué son logement qui est une passoire thermique ?
BARBARA POMPILI
Le propriétaire va être obligé d'isoler son logement, mais il va être soutenu pour ça…
MARC FAUVELLE
Sous peine de quoi ?
BARBARA POMPILI
Il va être aidé, et l'idée, justement, c'est que personne ne soit mis au bord de la route, et notamment…
SALHIA BRAKHLIA
Et donc il y aura des contrôles ?
BARBARA POMPILI
Et notamment, la fameuse mamie qui habite dans la Creuse et qui voudrait louer sa passoire, eh bien, elle sera complètement soutenue, et même, on est en train d'essayer de trouver des solutions par le biais de cette task force pour qu'elle n'ait même pas de reste à charge. Donc l'idée, là, c'est vraiment de trouver des solutions pour que tout le monde puisse le faire, et je rassure tout le monde, en 2028, on ne jettera pas les gens dehors quand ils seront dans une passoire. Merci de me donner l'occasion de faire cette précision importante…
SALHIA BRAKHLIA
Le propriétaire pourra augmenter le loyer, une fois qu'il a fait les travaux ? Effectivement, ça coûte cher, est-ce qu'il pourra augmenter le loyer pour le prochain locataire ?
BARBARA POMPILI
Encore une fois, on a une task force qui travaille là-dessus, pour l'instant…
SALHIA BRAKHLIA
Donc ça, ce n'est pas encore acté…
BARBARA POMPILI
Et donc, c'est pour ça que les mesures sur le logement…
SALHIA BRAKHLIA
Le texte arrive…
BARBARA POMPILI
Qui sont dans le texte de la Convention pour le climat, là, sont incomplètes, parce qu'elles vont être complétées par le travail de cette task force.
MARC FAUVELLE
La Convention citoyenne sur le climat a demandé également l'interdiction de la publicité pour les SUV, les grosses voitures, l'interdiction des prospectus publicitaires dans les boîtes aux lettres dès le 1er janvier prochain ; sur ces deux points, là encore, c'est non ?
BARBARA POMPILI
Alors…
MARC FAUVELLE
Ce n'est pas non ?
BARBARA POMPILI
Sur la publicité, déjà, bon, on interdit la publicité sur ce qui est une évidence, qui crée des gaz à effet de serre, qui sont les produits pétroliers, donc ça, ça va être…, ça, c'est interdit, ça va être interdit. En revanche…
MARC FAUVELLE
TOTAL arrêtera la pub à la télé ?
BARBARA POMPILI
Pardon ?
MARC FAUVELLE
Il n'y aura plus de pubs pour les stations-services par exemple à la télé ?
BARBARA POMPILI
Il n'y aura plus de pubs pour le pétrole et pour…
MARC FAUVELLE
Et donc si on vend plusieurs carburants, dont du bioéthanol…
BARBARA POMPILI
Il n'y aura pas de pubs pour les carburants…
MARC FAUVELLE
Si je vends du bioéthanol…
SALHIA BRAKHLIA
Pour les carburants…
BARBARA POMPILI
Donc c'est : pas de pubs pour les carburants…
MARC FAUVELLE
Mais si je vends du bioéthanol, je n'ai plus le droit de faire de pubs…
BARBARA POMPILI
Pour les carburants fossiles, il n'y aura plus de pubs pour les carburants fossiles.
MARC FAUVELLE
Bon, d'accord.
BARBARA POMPILI
Non, mais, soyons clairs sur la pub…
MARC FAUVELLE
EDF pourra faire de la pub pour ses centrales nucléaires, mais pas TOTAL pour ses carburants…
BARBARA POMPILI
Comme vous avez pu le voir, sur cette histoire de publicité, il y a eu énormément de fake news qui sont sorties, on a encore, là, j'ai encore vu ce week-end certains médias qui en fait sous-entendaient qu'on voulait interdire la publicité, donc c'est pareil, donnez-moi l'occasion de vous redire qu'il n'a jamais été question d'interdire la publicité, donc la publicité existe et elle restera, ce n'est pas le sujet. La question était de savoir : est-ce qu'il y a certains produits qui sont néfastes pour l'environnement qui ne mériteraient pas justement de ne plus faire l'objet de publicité, comme c'est le cas pour le tabac déjà aujourd'hui, c'était ça la question. On a déformé le débat, on a fait peur à tout le monde, résultat, aujourd'hui, dans la loi, on a trouvé un accord pour dire : les médias et les annonceurs vont proposer eux-mêmes des limitations et des bonnes pratiques sur les publicités, et s'ils sont ambitieux, tout va bien, et je dis aussi à ce micro ce matin que la loi arrive là, dans deux mois et demi à l'Assemblée nationale, pour l'instant, on est sur des mesures volontaires sur la publicité, on a donné une chance au fait que les médias et les annonceurs le fassent…
MARC FAUVELLE
S'ils n'arrivent pas à se mettre d'accord, il se passe quoi ?
BARBARA POMPILI
S'ils n'arrivent pas, d'ici deux mois et demi, à nous proposer des choses sérieuses et des choses concrètes, eh bien, le débat parlementaire permettra de revenir vers des interdictions, et je peux vous dire je les encouragerai.
MARC FAUVELLE
Barbara POMPILI, la ministre de la Transition écologique, invitée de France Info, on se retrouve dans un instant, d'abord, "Le Fil Info", 8h51, Mélanie DELAUNAY.
/// "Le Fil info" ///
SALHIA BRAKHLIA
Toujours avec la ministre de la Transition écologique ? Barbara POMPILI, la dernière fois que vous êtes venue sur ce plateau, vous nous avez expliqué en quoi va consister le délit d'écocide que vous souhaitez mettre en place avec le Garde des Sceaux, Eric DUPOND-MORETTI, petit rappel de ce que vous nous aviez dit.
BARBARA POMPILI
Avec Eric DUPOND-MORETTI, on a mis en place un grand délit, qui est un délit qui va permettre de faire payer tous ceux qui, soit, sans faire exprès, soit parce qu'ils l'ont voulu et parce qu'ils ont fait exprès, portent des atteintes à l'environnement…
MARC FAUVELLE
Y compris quand on ne le fait pas exprès ?
BARBARA POMPILI
Tout à fait.
MARC FAUVELLE
Il ne faudra pas le critère d'intentionnalité ?
BARBARA POMPILI
Non, et ça, c'est une des grandes nouveautés, ce sera un délit transversal, si jamais on abîme l'environnement, eh bien, on sera condamné.
SALHIA BRAKHLIA
Est-ce qu'en, fait la grande nouveauté, là, comme vous nous aviez dit, sanctionner, même si on n'a pas fait exprès, mais en fait, elle a disparu du texte.
BARBARA POMPILI
Alors, ce que je peux vous dire, c'est que sur ce délit d'écocide, jusqu'au dernier moment, certains ont tout fait pour qu'il ne soit pas dans la loi…
SALHIA BRAKHLIA
C'est qui certains ?
BARBARA POMPILI
Certains, cherchez dans votre milieu de journalistes…
SALHIA BRAKHLIA
C'est quoi, c'est le MEDEF ?
BARBARA POMPILI
Beaucoup, beaucoup ont tout fait pour que ce ne soit pas dans la loi, en nous expliquant que ça allait tuer la compétitivité de la France, ce qui est faux…
SALHIA BRAKHLIA
Donc c‘est bien le MEDEF…
BARBARA POMPILI
Et sachant qu'on a des délits qui ressemblent à cela dans d'autres pays d'Europe, et notamment en Allemagne, et je n'ai pas l'impression que ça ait posé tant de problèmes que ça…
MARC FAUVELLE
Et ils ont gagné au final ou pas ?
BARBARA POMPILI
Eh bien, je vous confirme que le délit d'écocide est bien dans la loi, qu'on crée un grand délit d'écocide, qu'on crée un grand délit de mise en danger de l'environnement, alors mise en danger de l'environnement, je ne sais pas si ça parle aux gens, mais c'est typiquement le camion qui est rempli de produits dangereux et qui passe sur un pont qui ne supporte pas son poids, vous voyez, et qui en général fait ça pour économiser un petit peu de temps…
SALHIA BRAKHLIA
Donc ça, c'est intentionnel, la question…
BARBARA POMPILI
Absolument…
SALHIA BRAKHLIA
Et c'était… l'objectif de l'extrait, c'est que vous nous remontriez quand vous nous parliez quand ce n'était…
BARBARA POMPILI
J'ai bien vu ce que vous alliez voulu dire…
SALHIA BRAKHLIA
Quand ce n'était pas intentionnel, voilà, donc cette négligence-là, est-ce qu'elle est toujours dans le texte ?
BARBARA POMPILI
Cette négligence-là, elle fait partie des sujets sur lesquels, je pense, qu'on va revenir en débat parlementaire.
MARC FAUVELLE
C'est-à-dire, pour être très clair…
SALHIA BRAKHLIA
Donc ce n'est pas dans le texte aujourd'hui…
MARC FAUVELLE
Ça n'est plus dans le texte ?
BARBARA POMPILI
Non, mais dans le texte, aujourd'hui, attention, dans ce qu'on avait annoncé avec Eric DUPOND-MORETTI, avec lequel on porte très fort ce délit d'écocide, c'était la création du délit d'écocide, il est dedans, la création donc d'un grand délit de pollution, un grand délit aussi de mise en danger, il est dedans, la création de corps, pardon, de corps de juges environnementaux…
MARC FAUVELLE
De juges pour traquer ces délits-là…
BARBARA POMPILI
De juges environnementaux, il est là. La création d'inspecteurs qui ont un statut de police judiciaire sur l'environnement, ils sont là. Donc moi, je veux quand même…
MARC FAUVELLE
Mais ce critère-là n'y est plus, on est d'accord ?
BARBARA POMPILI
Je veux quand même bien marquer que tous ces éléments-là qui ont fait l'objet d'une âpre lutte sont dans le texte…
SALHIA BRAKHLIA
Mais il n'y a plus la grande nouveauté dont vous nous parliez…
BARBARA POMPILI
Après, la question de l'intentionnalité, de la volonté de nuire, c'est une question qui pour l'instant est encore, disons, l'objet de gros débats, mais encore une fois, le texte qu'il est, maintenant, on est à une étape…
SALHIA BRAKHLIA
Vous comptez sur l'Assemblée…
MARC FAUVELLE
Qui n'est donc plus dans le texte aujourd'hui, Barbara POMPILI, j'essaie de comprendre, qui n'est plus dans le texte, vous nous le dites entre les lignes si on comprend bien vos propos ce matin…
BARBARA POMPILI
Absolument, je vous confirme…
MARC FAUVELLE
Oui, il n'est plus dans le texte, mais vous souhaiteriez qu'il y revienne lors de l'examen ?
BARBARA POMPILI
Je confirme qu'on ait un débat là-dessus, je confirme que je souhaite qu'on ait un débat là-dessus au Parlement.
MARC FAUVELLE
Et tant pis pour Geoffroy ROUX DE BEZIEUX…
BARBARA POMPILI
Et puis, le Parlement, mais pour tout le monde…
SALHIA BRAKHLIA
Le président du MEDEF…
BARBARA POMPILI
C'est un débat global. Et ce débat, il doit avoir lieu devant les citoyens et devant leurs représentants.
SALHIA BRAKHLIA
Barbara POMPILI, Georges PERNOUD, on a appris sa disparition ce matin, c'était donc le présentateur historique de l'émission "Thalassa", j'imagine que vous avez regardé en étant plus jeune, comme nous, un mot, vous avez envie de lui rendre hommage ce matin ?
BARBARA POMPILI
Eh bien oui. Vous savez, je crois que ce que je peux dire de lui, c'est qu'il fait partie des gens qui m'ont fait rêver. Et je crois que c'est le plus bel hommage qu'on puisse rendre à quelqu'un, dire qu'il nous a fait rêver.
MARC FAUVELLE
Georges PERNOUD, présentateur pendant 37 ans, de l'émission "Thalassa", qui est donc mort à l'âge de 73 ans. Merci Barbara POMPILI, de nous avoir accompagnés ce matin sur France Info.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 12 janvier 2021