Entretien de M. Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'Etat au tourisme, aux Français de l'étranger et à la francophonie, avec BFM TV le 2 février 2021, sur le tourisme confronté à l'épidémie de Covid-19.

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Intervenant(s) : 
  • Jean-Baptiste Lemoyne - Secrétaire d'Etat au tourisme, aux Français de l'étranger et à la francophonie

Média : BFM TV

Texte intégral

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R - Effectivement, il n'y a pas de restriction dans les déplacements entre régions, hormis pour les régions ultra-marines. Cela a été précisé à l'instant. Donc, il y a cette capacité à se déplacer, à partir en vacances. Mais je précise qu'il faut le faire en restant toujours prudent, comme à Noël, les Français l'ont d'ailleurs fait avec beaucoup de responsabilité, c'est-à-dire que si l'on va voir des grands-parents, peut-être ne pas hésiter à se tester en amont, prendre le maximum de précautions. Mais c'est vrai que ces vacances, on le sent bien, beaucoup de Français ont envie de changer d'air, de changer de cadre, de casser le rythme, parce que ce que nous vivons est dur, dur psychologiquement ; et donc, on peut le comprendre.

Mais ce que je veux dire, c'est que je vous parle aujourd'hui, mardi 2 février. Encore une fois, on a un suivi qui est quotidien, hebdomadaire pour l'évolution de tous les indicateurs de santé, et c'est cela qui peut nous conduire, si, à un moment, on voit qu'il y a un emballement, à prendre des décisions. Donc, j'insiste sur le fait que je vous parle aujourd'hui, mardi 2 février, que l'on est en vigilance permanente, et que le Président de la République a fait le choix de la confiance et de la responsabilité. Et donc, je crois que les Français ont cette capacité à pouvoir, encore une fois, changer d'air en prenant toutes les précautions.

Q - Monsieur Lemoyne, excusez-moi de vous interrompre, mais on l'a bien compris : il n'y a pas à ce jour de restriction de circulation. Je pense à ceux qui ont prévu de partir dans trois jours, ce n'est pas dans six mois ! C'est dans trois jours ! A priori, pour ce qui concerne cette première vague, il n'y aura pas de restriction, cela au moins vous pouvez nous le confirmer, pour ce week-end ?

R - Je vous confirme que pour l'instant, ils peuvent partir. Vous savez, le virus, c'est l'inattendu permanent. Le virus ne frappe pas à la porte en disant : Monsieur le Gouvernement, je serai à tel endroit, à telle heure, tel jour. Donc, c'est pourquoi j'insiste sur le fait, et je comprends toutes les complexités que cela engendre en termes d'organisation, mais ce que je veux dire, c'est que, le cas échéant, si à un moment, on voit que les indicateurs s'affolent, si des mesures doivent être prises, naturellement, on tiendra compte du fait que des gens sont partis en vacances, que des gens devront revenir de vacances. Je crois qu'il faut être très pragmatique. Mais déjà, en tous les cas, le signal selon lequel les gens, en prenant toutes les précautions d'usage, je le redis, parce qu'ils l'ont fait à Noël, peuvent effectivement changer d'air et changer de cadre. Ce sont des vacances qui ne sont pas tout à fait comme les autres. Avant, si l'on se reporte aux vacances d'il y a un an ou deux ans, ce sont des questions qui ne se posaient pas. Mais ne serait-ce que changer d'endroit, changer de cadre, je crois que c'est très important pour pouvoir faire face, dans la durée, à une vie qui est un peu différente de celle que l'on a connue, il faut se le dire.

Q - Donc, si je comprends bien, Jean-Baptiste Lemoyne, vous ne mettez pas de restrictions pour que les Français puissent un peu s'aérer, s'oxygéner, mais sans doute aussi parce qu'il y a une sorte d'homogénéité dans le pays. Contrairement à ce que l'on a pu voir dans les précédentes vagues de l'épidémie, où il y avait de très fortes disparités de l'épidémie dans nos régions. Par exemple, l'Ouest était complètement, quasiment épargné.

R - On a une appréciation globale. Certaines régions demeurent en tension. Cela a été dit hier, lorsque nous avons réuni des professionnels de la montagne. Il y a, par exemple, encore des évacuations sanitaires qui se font depuis la r��gion Sud. Il y a certaines tensions encore en région Bourgogne-Franche-Comté. Tout cela mérite un suivi très attentif.

Mais pour continuer sur l'exemple de la montagne. Les remontées mécaniques sont fermées et le demeurent pour l'instant. Pour autant, les Français ont cette capacité à aller à la montagne pour pratiquer du ski de randonnée, de la raquette ; ne serait-ce aussi que pour profiter tout simplement de ces paysages magnifiques. On a une chance folle en France : on a une diversité de paysages, de patrimoines, etc., qui fait qu'il y a une capacité à se ressourcer en allant finalement pas très loin. C'est ce tourisme de proximité bleu-blanc-rouge, qui a bien fonctionné l'été dernier, et qui peut aussi fonctionner, cet hiver, pour apporter aussi un peu de réconfort et de solidarité, d'ailleurs, à des territoires qui souffrent beaucoup compte tenu de certaines fermetures.

Q - Mais vous le savez aussi, les Français sont extrêmement prudents et beaucoup ont renoncé à ces congés de février. C'est ce qu'indique notamment le site PAP (de particulier à particulier) qui a vu ses réservations pour ces vacances de février chuter de 58% en moyenne, moins 66% pour la montagne. La réalité, c'est qu'entre les hésitations du gouvernement et puis le fait que les remontées mécaniques soient fermées, beaucoup disent : "tant pis, on tire un trait sur ces vacances".

R - C'est pourquoi on est conscient du choc économique que cela génère pour ces territoires ; j'étais à Lourdes, il y a quelques semaines, on a annoncé un plan de soutien massif. Avec le monde de la montagne, le Premier ministre hier a réuni les acteurs. Et c'est déjà quatre milliards d'euros qui ont été mis sur la table pour les accompagner. Et on continue à ajuster les dispositifs, parce que ce sont des gens qui ne demandent qu'une chose : travailler. Ce sont des courageux, comme l'a dit Renaud Muselier ; je peux en témoigner. Et ce sont des gens très rigoureux, qui s'étaient préparés. Maintenant, dès lors que l'Etat a pris cette décision, il doit être au rendez-vous.

Le message est très clair : on ne laissera personne de côté. Les compteurs vont continuer à tourner. Aujourd'hui, c'est quatre milliards d'euros de soutien, et cela va surement monter en puissance encore, parce que l'activité partielle va se poursuivre, pour les saisonniers, par exemple. Parce que un certain nombre d'hébergements, l'hôtellerie, la restauration, les résidences de tourisme, on va prendre en charge une bonne partie de leurs charges fixes. Il y a besoin de préserver cet écosystème, et au-delà, d'ailleurs, c'est une décision prise hier, nous allons travailler sur un plan d'investissement pour la montagne française. Parce que la montagne française, il y a quelques années, était numéro 1 sur le podium. Hélas, on s'est fait doubler par les Autrichiens, on s'est fait doubler par les Américains. Donc, il y a un besoin, aussi, de travailler à cette relance de la montagne française. Le Premier ministre a décidé d'y mettre les moyens. Donc, vous le voyez, il y a de l'espoir. La montagne a de l'avenir.

Q - Dernière question : que dites-vous à ceux qui sont concernés par les autres zones ? Ceux qui seront en vacances dans une dizaine de jours, et même un peu plus loin, puisque les vacances s'étalent jusqu'au 8 mars, cette année. Que leur dites-vous ? Attendez, non, ça va aller ?

R - Nous sommes le 2 février. Vous me parlez du 8 mars. Regardez, dans le rétroviseur, il y a un mois : on était le 1er janvier, et le variant britannique, on l'avait découvert, quelques jours avant, on en parlait seulement depuis quelques jours. Et regardez, effectivement, sa croissance, depuis. Voyez, un mois, c'est très long. C'est pourquoi j'insiste sur le fait que je m'exprime aujourd'hui, à date. Nous tiendrons au courant, informerons les Français, le plus régulièrement possible. Parce que l'on sait combien cela est complexe en organisation.

Je tire mon chapeau à certaines organisations dans l'hôtellerie, dans la restauration, dans les entreprises du voyage, qui ont incité leurs adhérents à avoir des conditions commerciales très flexibles, pour pouvoir annuler, reporter, etc. C'est très important pour garder la confiance du consommateur, parce que ce consommateur doit souvent composer avec l'inconnu, avec l'incertitude. Mais encore une fois, c'est ce virus qui génère cet inattendu permanent et on fait au maximum pour s'adapter et tenir informés les Français. Je le ferai très volontiers sur votre antenne, régulièrement.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 8 février 2021