Texte intégral
.../...
R - Ecoutez, à ce stade, la réponse est oui. Oui, car nous n'avons pas mis de restrictions aux déplacements inter-régionaux. Donc, c'est vrai que les vacances commencent vendredi soir prochain, il était important de donner une réponse aux Français, sachant qu'il convient de l'assortir aussi des traditionnelles règles de prudence, de vigilance ; les Français en ont fait preuve à Noël. C'est-à-dire que si l'on va visiter les grands-parents, se tester avant, continuer à appliquer les gestes barrières. Prudence et vigilance. De notre côté, au gouvernement, vigilance aussi sur l'évolution de la pandémie, parce que si l'on voit qu'à un moment les chiffres s'affolent, naturellement, nous serons peut-être amenés à prendre des décisions.
Q - Ces décisions peuvent venir du jour au lendemain ?
R - Vous avez vu que l'on a un suivi quotidien et hebdomadaire. Et donc, le virus, on le voit tous, depuis un an maintenant, quasiment, on vit avec l'inattendu. Il ne prévient jamais d'où, quand, et à quel moment il frappe, ni à quelle ampleur. Donc, il est important de pouvoir suivre cela au plus près. Et naturellement, nous tiendrons informés les Français en cas d'évolution. Mais aujourd'hui, pour les vacances qui commencent, à ce stade, on peut s'organiser. Des Français l'ont fait.
Q - Vous ne dites pas, ce soir : "non, attention, levez le pied sur les réservations. Faites-le, quand même" ?
R - Certains ont d'ores et déjà réservé. Je dis qu'il est possible de réserver ; il faut faire, encore une fois, preuve de prudence, de vigilance, dans ces déplacements-là. C'est le pari de la confiance et de la responsabilité qu'a fait le Président de la République, vendredi dernier, parce que vous savez que nombreux étaient ceux qui attendaient un confinement, et ce n'est pas le choix qui a été fait. On est sur un plateau haut, mais pas encore un plateau exponentiel. Donc, par définition, cela veut dire encore cette prudence. Mais je crois que c'est un moment, ces vacances, c'est un moment familial, où l'on se retrouve en famille, avec les enfants, et dans les temps que l'on vit, pouvoir s'oxygéner, s'aérer, c'est aussi important. Et donc, pouvoir aller prendre un bon bol d'air dans les stations de montagne, alors, oui, il n'y a pas les remontées mécaniques, mais on a de magnifiques paysages, on peut faire de la randonnée, sillonner la Côte Atlantique ou les forêts d'Othe dans ce beau département de l'Yonne, tout cela c'est, je pense, aussi attendu.
Q - Il y a cette pression que fait peser le variant anglais, désormais de 15 à 20% des cas de contaminations en Ile-de-France, nous a dit ce matin Rémi Salomon, qui préside la commission médicale de l'établissement de l'Assistance Publique - Hôpitaux de Paris. Cela change la donne ça, de savoir que ce variant, par région et notamment en Ile-de-France, commence à exploser ?
R - C'est pour cela que je dis que l'on est très vigilant sur toutes ces évolutions-là, pour voir, le cas échéant, s'il y a besoin de prendre de nouvelles mesures. Encore une fois, je ne veux pas faire de science-fiction parce que les Français vivent suffisamment dans l'incertitude pour ne pas que l'on en rajoute.
Q - Vous trouvez que ces scientifiques en disent trop ? Qu'il y a trop de communication scientifique ? Ils ont une libre parole, mais vous pensez que cela ne fait qu'ajouter à l'anxiété collective ou pas ?
R - On vit aujourd'hui dans ce monde où tout est su, tout est transparent. Cela crée de l'incertitude chez les Français. Ce que je leur dis, c'est que, face à cette incertitude, 1) nous continuerons à les informer, et 2) les acteurs du tourisme ont, eux aussi, eu à coeur de prendre en compte cette incertitude parce qu'ils ont été nombreux, dans les fédérations de professionnels, à mettre en place des politiques commerciales souples, pour annuler, rembourser, décaler, facilement. Parce qu'aujourd'hui il y a besoin, non seulement de la ré-assurance sanitaire, savoir qu'il y a des protocoles qui fonctionnent bien, mais aussi de la ré-assurance financière, s'assurer que si je réserve un voyage, je ne vais pas me retrouver, derrière, planté.
Q - Vous ne pensez pas qu'il fallait peut-être alléger un petit peu la contrainte sur les professionnels de la montagne, parfois les restaurateurs, sans parler d'ouvrir et de faire courir ce virus, mais peut-être, à la marge, de les assister un peu plus, pour qu'ils puissent respirer ?
R - D'une part, je veux rendre hommage à la créativité et à l'innovation d'un certain nombre de professions. Beaucoup de restaurateurs ont mis en place des systèmes à emporter qui fonctionnent. On a d'ailleurs fait en sorte que l'argent gagné de cette façon-là ne soit pas pris en compte pour les plafonds dans les fonds de solidarité. C'est pour eux, c'est normal. Et puis, par ailleurs, vous parliez de soutien et d'assistance, on est au rendez-vous. Hier, avec le Premier ministre, nous réunissions les acteurs de la montagne, c'est d'ores et déjà quatre milliards d'euros qui ont été mis sur la table pour les accompagner. Et cela va continuer.
Q - Et cela va continuer ? Ils vont suffire, selon vous, ces quatre milliards d'euros ?
R - Cela va continuer, parce que les dispositifs se poursuivent, l'activité partielle pour les saisonniers, le fonds de solidarité, un certain nombre de dispositifs pour les remontées mécaniques. Donc, on va monter, progressivement, à cinq, à six, peut-être à plus, milliards d'euros. Mais il y en a besoin, car cette montagne française, c'est un joyau. On a besoin de la préserver et il faudra repartir fort. Parce que l'on est numéro 3 au monde ; on a l'ambition d'ailleurs de pouvoir, en repartant, peut-être, investir plus, on prépare un plan d'investissement, et reconquérir la place qui était la nôtre.
Q - Ces tests PCR imposés quand on arrive sur le sol français, ces voyages désormais interdits hors frontières. Certains vous disent : "ces mesures-là, il fallait les prendre plus tôt, peut-être" ?
R - Alors les frontières, avec les Etats tiers à l'Union européenne et à l'espace européen, sont fermées depuis déjà belle lurette, depuis plusieurs mois. Il y avait un système de dérogation et là, on a durci, en fait, puisque seuls les motifs impérieux permettent le franchissement de la frontière. Les motifs impérieux ce sont les cas particulièrement graves, que ce soit dans la vie familiale, dans la vie professionnelle. Parce que le but, c'est de restreindre drastiquement ces flux, car, vous le voyez, les variants viennent plutôt d'autres géographies, et on a besoin d'éviter la propagation au maximum.
Q - Ultime question avec vous Jean-Baptiste Lemoyne, les Français désormais privilégient l'été prochain, cette ligne d'horizon-là. Ils ont fait une croix sur les vacances intermédiaires ?
R - Alors, aujourd'hui on est à moins 50% de réservations par rapport à l'année dernière sur les vacances de février. Les vacances de février, c'est seulement 20% des départs pour les Français, un Français sur cinq. Beaucoup restent chez eux, ont d'autres activités. Mais je crois qu'il y aura une envie de retrouver les destinations françaises, un petit peu plus tard. Mais il y a toujours cette possibilité, néanmoins, de circuler. Donc, ce tourisme de proximité peut avoir lieu, mais encore une fois, prudence et vigilance, je le redis à vos auditeurs, c'est cela qui va nous faire gagner.
Q - Message donc, à ce stade, vous l'avez dit et répété, Jean-Baptiste Lemoyne, d'espérance, pour ces vacances de février.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 9 février 2021