Texte intégral
"Mesdames, Messieurs,
Je tiens tout d'abord à remercier la FAO et son Directeur général, l'honorable Qu Dongyu, pour cette invitation à m'exprimer devant vous aujourd'hui, à l'occasion de la journée internationale des légumineuses.
Je souhaite saluer, tout particulièrement et avec respect, sa Sainteté le pape François et leurs excellences Madame Fadbola Yanez, Première Dame de la République d'Argentine et Monsieur Tang Renjian, Ministre de l'Agriculture et des Affaires rurales de la République populaire de Chine. Plus largement, je salue enfin l'ensemble des orateurs et des intervenants.
Je suis ravi de pouvoir vous parler de ce sujet qui me tient particulièrement à coeur. Car, j'en suis convaincu, les protéines végétales, notamment les légumineuses, sont des cultures d'avenir pour notre planète. C'est d'ailleurs pour cela que nous en avons fait une priorité stratégique pour la France avec des investissements massifs que nous lui consacrons.
Nous avons, en effet, établi une stratégie à 10 ans, en lien très étroit avec l'ensemble des acteurs et partenaires de la filière. C'est une dynamique de long terme, boostée dès aujourd'hui par ces investissements publics importants et qui nous permettent de travailler sur l'ensemble de la chaîne, de l'amont à l'aval, sans oublier la recherche – qui est fondamentale – mais également qui doit nous permettre de mener des actions en direction des consommateurs citoyens.
Avec toutes les filières concernées, nous avons donc signé un engagement qui vise un objectif commun : augmenter de 40% les surfaces semées en France avec des espèces légumineuses au cours des trois prochaines années. Je crois énormément en cette méthode, celle de la co-construction avec les acteurs concernés Je crois que c'est cela qui nous permettra d'atteindre cet objectif que nous nous sommes fixés en commun.
L'enjeu est de taille. A l'échelle de la France comme à l'échelle européenne, et plus généralement planétaire. En termes de biodiversité et de climat, grâce à la capacité de ces cultures légumineuses à fixer l'azote de l'air mais également sur le long terme, pour la qualité de nos sols. Je suis d'ailleurs ravi de voir que les initiatives qui visent à encourager ces pratiques se multiplient. Je pense en particulier à l' " Initiative 4 pour 1 000 ", à laquelle je sais que bon nombre d'états participent et notamment l'Argentine qui est un acteur actif dans cette initiative.
Introduire des protéines végétales, qu'il s'agisse de légumineuses ou même de productions fourragères, dans les rotations culturales est un levier que nous devons davantage activer aussi pour développer l'autonomie protéique de nos agricultures.
C'est aussi une question d'habitudes qu'il nous faut faire évoluer. En France, la consommation de légumineuses a été divisée par 4 en 20 ans. Pour renverser cette tendance, le programme national de l'alimentation et de la nutrition 2019-2023, qui fixe les objectifs, principes et orientation de la politique nutritionnelle française, prévoit une augmentation de la consommation de légumineuses au sein de la population. L'objectif est que les citoyens consomment au moins deux portions de légumineuses par semaine d'ici 2023, et bénéficient ainsi de leurs atouts nutritionnels, leur richesse en fibres, en protéines et en vitamines. Pour l'atteindre, la France a mis en place de nombreuses mesures, parmi lesquelles l'une est tout particulièrement destinée aux cantines scolaires. Elle vise à faciliter l'intégration de ces légumineuses dans les repas et à former les cuisiniers de la restauration collective à leur utilisation.
En France, notre action s'inscrit également pleinement dans une dynamique européenne, notamment au travers de la mise en oeuvre du Pacte vert et de sa déclinaison pour le secteur agricole, la fameuse stratégie " de la ferme à la table ". Celle-ci consacre l'intérêt d'une approche globale de l'agriculture et de l'alimentation.
Plus généralement, nous sommes engagés dans la mise en oeuvre de la Politique Agricole Commune, dont les orientations sont en ce moment en discussion avec l'ensemble des parties prenantes. Je peux d'ores et déjà vous indiquer qu'elles seront en pleine cohérence avec notre objectif de développement de la production des légumineuses.
Je sais que la FAO effectue également un travail de grande qualité pour promouvoir la production et la consommation des légumes secs à travers le monde. Je voudrais la remercier pour cela : sur ce point comme sur tant d'autres, sa contribution est essentielle pour atteindre la sécurité alimentaire et nutritionnelle.
Nos échanges de ce jour permettront également, je l'espère, d'alimenter le Sommet des systèmes alimentaires des Nations Unies, qui se tiendra en septembre prochain. Nous aurons d'ailleurs le plaisir d'entendre le Docteur Agnes Kalibata, envoyée spéciale de l'ONU pour ce Sommet, que je salue chaleureusement.
Je veux vous dire que la France est extrêmement attachée à la réussite de ce Sommet. Nous sommes pleinement mobilisés en faveur de la transition vers des systèmes alimentaires durables et des régimes alimentaires sains pour nos concitoyens.
J'aimerais conclure en disant qu'après 2020, 2021 est à n'en pas douter l'année des urgences, en matière sanitaire, en matière climatique, mais aussi pour la préservation de nos eco-sytèmes. En ce début d'année, je ne veux donc former qu'un seul voeu : que 2021 soit l'année des solutions. Et le secteur agricole est bien porteur de solutions pour répondre à ces urgences. Les légumineuses, effectivement, sont un atout pour notre environnement, pour notre climat et pour notre alimentation. Nous avons les ressources individuelles et collectives pour mener ce défi d'implanter plus de protéines et de légumineuses à travers la planète. Ces plantes, ces légumineuses, leur promotion et leur culture, constituent, à n'en pas douter, une part de ces solutions que j'évoquais pour 2021. Et je sais que vous en êtes également convaincus.
Alors pour conclure je voudrais vous remercier, vous remercier pour vos travaux, pour votre action, vous dire que la France est à vos côtés et vous souhaiter d'excellents et de fructueux échanges pour cette journée de travail.
A très bientôt"
source https://onu-rome.delegfrance.org, le 10 mars 2021