Texte intégral
JEANNE-MARIE MARCOT
Bonjour Agnès PANNIER-RUNACHER.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Bonjour Jeanne-Marie MARCOT.
JEANNE-MARIE MARCOT
Vous étiez donc à Rodez vendredi dernier pour soutenir les salariés de l'usine Bosch qui va perdre 750 emplois et vous avez été prise à partie par un salarié de la CGT qui vous a accusé de ne rien faire pour l'industrie française, gouvernement de merde, c'est ce qu'il a dit à notre micro. Vous imaginiez une telle colère en venant chez nous ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Vous savez si je suis venue vendredi à Rodez et si je suis allée à la rencontre des salariés de la Bosch c'est parce que je partage leur colère et celle de leur famille. Je ne peux me satisfaire de la situation même si nous avons écarté le scénario de catastrophe d'une fermeture immédiate. Donc oui j'entends cette colère puisque je la partage. J'aurais pu rester avec les élus, les représentants du personnel mais cela aurait été me soustraire à mes responsabilités.
JEANNE-MARIE MARCOT
Partager la colère c'est une chose mais quand on est ministre, on est dans l'action forcément, est-ce que vous vous sentez impuissante face à ces suppressions de postes, 750 postes supprimés, on le redit ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Vous savez ça fait deux ans que nous accompagnons l'entreprise, deux ans que nous nous battons pour obtenir des garanties de Bosch, de la charge dans l'usine et que nous accompagnons le projet de diversification. Alors le projet de diversification, une partie devait se faire dans l'aéronautique, on peut se dire que compte tenu de la situation cette partie est freinée, mais nous avons soutenu un projet de diversification dans l'hydrogène. Nous avons soutenu un projet de diversification et financé, quand je dis dans l'hydrogène, c'est également avec du financement public. Nous avons soutenu un projet de diversification dans le conseil, dans l'industrie du numérique qui crée des postes.
JEANNE-MARIE MARCOT
Pardon Madame la Ministre mais 750 postes, c'est gelé ça ou pas ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Donc nous sommes dans l'action et je vous le redis, nous avons évité le scénario catastrophe. Est-ce que c'est suffisant ? Non, ce n'est pas suffisant. Est-ce que nous allons continuer à travailler et à pousser Bosch dans ses retranchements pour pouvoir obtenir plus ? Oui et c'est très exactement ce que nous faisons.
JEANNE-MARIE MARCOT
Zéro départ contraint par exemple, est-ce que ça vous l'avez obtenu du groupe Bosch, est-ce que vous êtes en train de travailler là-dessus ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Oui nous travaillons dessus et nous faisons plus qu'y travailler, nous sommes en train d‘évaluer les différents scénarios qu'ils proposent pour obtenir ce zéro départ contraint.
JEANNE-MARIE MARCOT
Donc il y a une réunion qui est prévue dans les prochains jours, comment ça se passe le calendrier ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors le calendrier, c'est très simple, nous sommes en contact hebdomadaire avec les équipes de Bosch pour obtenir des avancées, des avancées sur trois questions. Première question, le contenu de leur plan industriel, c'est-à-dire qu'aujourd'hui le compte n'y est pas, nous avons besoin d'avoir un plan qui soit suffisamment précis, étayé, crédible, quelles charges, quels injecteurs, quelles bougies, quel plan pour l'hydrogène ? Voilà c'est des éléments derrière lesquels nous devons avoir un nombre d'emploi, une programmation année par année. Deuxième élément, quelle garantie pour les salariés, pour justifier cet objectif de zéro départ contraint, qu'est-ce qu'ils vont mettre sur la table. Et troisième élément, qu'est-ce qu‘ils comptent faire pour faire en sorte que les 750 emplois industriels qui seraient supprimés dans cinq ans, puisqu'on parle d'un projet de plusieurs années, soient compensés par de nouveaux emplois industriels auxquels ils contribueraient en finançant de nouvelles activités. Vous savez que nous sommes en contact avec des industriels sur le territoire…
JEANNE-MARIE MARCOT
Donc ces 750 suppressions de postes sont figées, c'est la question que je vous repose, pardon Madame la Ministre mais on reste sur ces suppressions de postes, il n'y a pas d'espoir, vous n'avez pas essayé de rogner quelques postes auprès de la direction de Bosch ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
C'est ce que je vous dis, c'est que face au plan industriel nous pouvons espérer avoir moins de suppressions de postes, mais de toute façon l'objectif c'est que nous ayons à la fin de cette période de 7 ans, le même nombre de postes industriels sous l'égide Bosch ou sans l'égide Bosch puisqu'il faut aussi accompagner de nouvelles activités sur le territoire. Vous savez en Occitanie nous accompagnons plus de 100 entreprises avec le plan de relance, 100 entreprises, 120 millions d'euros derrière il y a des créations d'emplois systématiquement, donc cette démarche nous devons la déployer plus particulièrement sur le territoire de Rodez.
JEANNE-MARIE MARCOT
Vous avez parlé de la reconversion dans l'hydrogène, vous avez demandé un accord écrit du groupe Bosch sur ces moyens engagés pour l'hydrogène ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Sur l'hydrogène Bosch s'est engagé à faire de Rodez l'usine mère pour des batteries hydrogène dans des camions frigorifiques et évidement ces éléments figureront dans leur projet d'accords avec les organisations syndicales, donc ce sera écrit.
JEANNE-MARIE MARCOT
Combien de postes pourraient travailler dans cette filière ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
C'est un point sur lequel à ce stade j'estime que nous n'avons pas suffisamment de données de la part de Bosch, aujourd'hui c'est une vingtaine de personnes, c'est peu. Si effectivement il y a une ligne de production qui se met en place avec un marché et si l'usine est bien l'usine mère et la principale, cela peut être des dizaines d'emplois en plus, mais là encore, il faut avoir des chiffres, des données, c'est à Bosch de nous les donner.
JEANNE-MARIE MARCOT
Et vous assurez ce matin sur France Bleu Occitanie être en contact régulier quotidien avec la direction de l'usine Bosch de Rodez, merci beaucoup…
AGNES PANNIER-RUNACHER
C'est la direction Europe parce que c'est elle qui prend les décisions.
JEANNE-MARIE MARCOT
Absolument, merci beaucoup Agnès PANNIER-RUNACHER, ministre chargée de l'Industrie.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Merci beaucoup.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 25 mars 2021