Entretien de M. Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'État au tourisme, aux Français de l'étranger et à la francophonie, à France Bleu Béarn le 26 mars 2021, sur le tourisme en zone de montagne pendant la crise sanitaire.

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Intervenant(s) : 
  • Jean-Baptiste Lemoyne - Secrétaire d'État au tourisme, aux Français de l'étranger et à la francophonie

Média : France Bleu

Texte intégral

Q - Bonjour Jean-Baptiste Lemoyne.

R - Bonjour !

Q - Merci d'être avec nous ce matin, vous arrivez aujourd'hui en Bigorre avec un chèque, un gros chèque, votre plan d'aide pour le secteur de la montagne, un plan pour qui ? Uniquement les stations de ski ?

R - Alors non, face au choc qu'a connu effectivement le monde de la montagne, avec l'arrêt des remontées mécaniques, mon message aujourd'hui, il est de dire que l'Etat est là, est auprès de tous les acteurs. D'une part auprès du monde du ski, oui c'est vrai. Et je viens avec ce décret que nous avons pris hier pour indemniser les remontées mécaniques, jusqu'à 70% de leurs charges fixes. Concrètement, c'est 700 millions d'euros d'aides supplémentaires qui, à partir d'aujourd'hui, sont opérationnelles. Et puis au-delà de ces acteurs, il y a également tous les commerces que nous avons souhaité intégrer en stations comme en vallée dans le fonds de solidarité. On essaye de prendre en compte tout le monde parce que c'est vrai que la montagne a connu une avalanche de difficultés ces derniers mois.

Q - On ne va pas refaire le match sans cesse mais tout de même, est-ce que c'était vraiment indispensable après coup de fermer les remontées cet hiver, maintenant qu'on nous dit que dehors, c'est moins risqué ?

R - Mais vous savez, le problème, il n'était pas la remontée en elle-même ; le problème, c'était le fait que beaucoup de monde se serait retrouvé au même moment au même endroit dans des appartements, des studios qui parfois sont petits. Donc le problème, ce n'était pas le ski ; c'était plutôt l'après-ski. Et on voit bien que cela aurait conduit à des brassages de populations très importants et c'est cela que l'on voulait éviter.

Alors on a demandé un sacrifice effectivement à ces acteurs de la montagne. Et c'est pourquoi il était important que l'Etat soit à leurs côtés. Aujourd'hui à date, on en est à 5 milliards d'euros de soutien qui ont été décaissés pour la montagne. Et je vais vous dire, ce n'est pas un don, c'est un dû. C'est un dû parce que nous avons imposé ce sacrifice et aujourd'hui, on veut travailler au rebond de la montagne française.

Et c'est la raison de mon déplacement aujourd'hui à Piau-Engaly, à Loudenvielle, pour consulter sur un plan d'investissement pour la montagne, faire en sorte qu'on puisse aussi, au-delà de ces aides urgentes, travailler aussi à l'avenir de la montagne française. Parce qu'on a envie qu'elle reprenne des couleurs et on a envie aussi d'être sur la première place du podium, reconduire cette première place qui nous a été chipée d'ailleurs par les Autrichiens.

Q - Justement Jean-Baptiste Lemoyne, on va en parler de l'avenir. Est-ce qu'on peut imaginer une reprise de l'activité touristique dès ce printemps ou il faut directement se projeter à cet été ou plus loin même ?

R - Alors j'ai conduit la semaine dernière un certain nombre de concertation avec les professionnels du tourisme, ces secteurs - l'hôtellerie, la restauration, le thermalisme, etc... - pour travailler sur le phasage de la réouverture des activités. Mais je leur ai dit, et ils l'ont bien compris : je ne peux pas donner une date à ce stade parce que regardez, nous sommes aujourd'hui d'abord dans la lutte contre ce virus et ses variants qui sont en train de faire tourner la carte de France au rouge. Et donc notre premier objectif là, c'est, pendant encore 3, 4 semaines, de tenir ensemble, de serrer les coudes, d'être très prudent. Et puis une fois qu'on aura fait ces efforts, le Président de la République l'indiquait hier soir dans son allocution progressivement rouvrir les activités en commençant par tout ce qui est le plein air naturellement. Et puis progressivement retrouver une activité normale grâce aussi à cette vaccination qui monte en puissance.

Mi-avril, on sera à 10 millions de vaccinés. Et c'est ça qui va nous permettre aussi de reprendre une activité ; en tous les cas, il y a eu un "été bleu, blanc rouge" en 2020 qui a très bien fonctionné. Et donc moi, je suis très confiant sur la fin du printemps et l'été naturellement.

Q - Un mot des thermes parce que vous allez parler de ça aussi aujourd'hui. On sait que c'est aussi une des économies de la montagne, une ouverture des thermes prochaine, c'est possible, peut-être dès ce printemps là aussi ?

R - Alors sur les thermes et le thermalisme, c'est vrai que Jean-Bernard Sempastous, d'ailleurs le député est à la tête du groupe d'études, on a beaucoup travaillé avec lui. Moi, je me bats pour qu'ils soient dans la réouverture en première phase, voilà, c'est le message que je porte dans les réunions interministérielles. Aujourd'hui, les arbitrages ne sont pas encore pris mais ce sont des professionnels, je peux attester, qui sont préparés de façon très rigoureuse avec des protocoles sanitaires. Et donc je leur fais toute confiance pour cela mais je ne peux pas encore vous donner la réponse définitive aujourd'hui.

Q - Une dernière question, Jean-Baptiste Lemoyne, pour parler de la situation à Lourdes, évidemment une ville en extrême difficulté, sans pèlerins depuis des mois là aussi. Il y aura encore des aides pour la ville ?

R - Oui alors j'ai présenté en décembre dernier la feuille de route territoriale pour la ville de Lourdes qui est issue du travail que nous avons conduit avec le préfet des Hautes-Pyrénées, travail, vraiment je veux saluer, l'action de l'Etat avec également les acteurs locaux. Et donc nous avons mis le paquet là aussi pour à la fois venir en soutien immédiat des exonérations, des dégrèvements pour que les entreprises puissent tenir debout parce que c'est la deuxième ville hôtelière de France et il n'y a plus de pèlerinages. Donc c'est une chute naturellement de la fréquentation. Et puis également une enveloppe justement de 20 millions d'euros pour aussi venir en soutien aux acteurs économiques, sans oublier les saisonniers parce que les saisonniers, c'est très important. Et on a mis en place un filet de sécurité de 900 euros pour les aider à tenir chaque mois. Et puis, par ailleurs aussi beaucoup d'entretiens individuels pour les aider à retrouver une activité, plus de 1 500 entretiens.

Donc on fait du sur-mesure et on se prépare aussi à une saison à Lourdes estivale, il y a un gros travail qui est fait là aussi pour avoir un été avec beaucoup d'activités et d'animations. Et je peux vous dire que cela sera assez exceptionnel avec la venue d'un certain nombre d'artistes ; je pense à Renaud Capuçon ou à d'autres.

Q - Reprise aussi à Lourdes, on espère. Merci beaucoup Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'Etat chargé du tourisme, d'avoir été avec nous ce matin.


source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 29 mars 2021